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| Fred Uhlman | |
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+6Harelde coline kenavo monilet Babelle Anne 10 participants | |
Auteur | Message |
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mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
| Sujet: Re: Fred Uhlman Dim 10 Oct 2010 - 21:31 | |
| Mon avis
Coup de cœur pour un livre lu d’une traite, très dense bien que court, remarquablement écrit. Il n’est pas sans me rappeler Silbermann de Jacques de Lacretelle lu alors que j’étais au collège, et relu il y a quelque temps. Deux adolescents que tous séparent vont se lier d’amitié au lycée dans l’Allemagne de l’entre deux guerres. L’un est juif de condition modeste, l’autre est protestant et aristocrate. J’ai beaucoup aimé le personnage de Hans, juif et élevé dans le respect de l’autre, et de la religion de l’autre ; Allemand avant d’être juif. "C’est ainsi que j’avais grandi parmi les juifs et les Chrétiens, laissé à moi-même et à mes idées personnelles sur Dieu, sans croire absolument-ni douter sérieusement- qu’il existât un être supérieur et bienveillant, que notre monde était le centre de l’univers, et que nous étions juifs et gentils, les enfants préférés de Dieu." p48 "Tout ce que je savais, c’est que c’était là ma patrie, mon foyer, sans commencement ni fin, et qu’être juif n’avait fondamentalement pas plus d’importance que d’être né avec les cheveux roux. Nous étions Souabes avant toute chose, puis Allemands, et puis juifs." P 64 Hans est un garçon très mature, préoccupé par les questions spirituelles, Dieu, la religion. Il est d’une sensibilité à fleur de peau, soucieux de plaire, soucieux du regard de l’autre sur lui, et, souhaitant plus que tout être respecté. "Comprends-moi. Je ne me soucie guère de relations sociales avec tes parents, sinon une fois pour cinq minutes, de façon à ne pas me sentir un intrus chez toi. D’ailleurs, je préfère être seul plutôt qu’humilié. Je vaux autant que tous les Hohenfels du monde. Sache que je ne permettrai à personne de m’humilier, fut-il roi, prince ou comte." p 93 (propos qu’il tient à son ami Conrad) Bien qu’élevé dans une famille au regard méprisant à l’égard des juifs, Conrad se désolidarise de ses parents." Ne me regarde pas avec des yeux de chien battus ! Suis-je responsable de mes parents ? Y suis-je pour quelque chose ?" L’Allemagne voit l’ascension d’Hitler et de ses idées extrémistes. Il n’y fait pas bon être juif en temps là. Hans devient un paria, il sera séparé de son ami, et envoyé en Amérique. Bien des années plus tard, il retrouvera son ami………..mais comment ? Un livre émouvant, à lire, relire. Un livre à faire découvrir autour de soi.
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| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Fred Uhlman Lun 11 Oct 2010 - 9:12 | |
| Montée de l'extrémisme, oui. Mais il ne faut pas perdre de vue que nous ne sommes qu'en 1932. Hitler a le vent en poupe mais personne, personne, ne pouvait prédire ce qui allait se passer. Bon nombre d'Allemands sont ensuite revenu de leur enthousiasme initial. Et je vous rappelle qu'à cette époque l'Allemagne connaissait une crise économique sans précédent. On a souvent entendu dire que les Allemands allaient faire les courses avec une brouette (pas pour rapporter les courses, mais pour porter leurs billets de banques qui n'avaient plus aucune valeur tant l'inflation était forte). Je ne veux pas minimiser la folie d'Hitler, mais faire comprendre que la période se prêtait à la montée d'un tel homme. | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Fred Uhlman Lun 11 Oct 2010 - 18:19 | |
| J'ai été surprise de constater que le père de Fred Uhlman était un antisioniste convaincu ... - Citation :
- Cela ne pouvait mener qu'à d'incessantes effusions de sang car les Juifs auraient à lutter contre tout le monde arabe"
Loin de moi l'idée de lancer un débat sur le sujet du P.O, qui personnellement me dépasse, mais son argumentation n'a hélas pas été jusqu'à présent démentie. Sinon, ce livre est effectivement un chef d'oeuvre qui, en très peu de pages, nous fait vivre les heures sombres de la montée du nazisme. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Fred Uhlman Mar 9 Nov 2010 - 8:40 | |
| L’ami retrouvé….un récit si bien écrit, si sobre et …si court que j’aimerais bien retrouver cet auteur dans d’autres écrits. Malheureusement (pour moi), je crois qu’il s’est plutôt tourné vers la peinture ?
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Fred Uhlman Mar 9 Nov 2010 - 8:58 | |
| histoires d'exil (ina.fr) Ce lien, un peu long, mais qui m'a procuré le plaisir d'entendre de vive voix Fred Uhlman. Poignant. |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Fred Uhlman Mar 9 Nov 2010 - 9:29 | |
| - Dom a écrit:
- j’aimerais bien retrouver cet auteur dans d’autres écrits.
dans sa bibliographie il y a encore 2 autres titres, mais je ne sais pas s'ils ont été traduit: - The making of an Englishman - Reunion et No coward soul is mine (une histoire en deux parties) | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Fred Uhlman Mar 9 Nov 2010 - 9:45 | |
| merci Kenavo, mon lien est devenu tout joli..... |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Fred Uhlman – Réunion Mar 18 Déc 2012 - 9:30 | |
| Réunion
Original : Reunion (Anglais, 1971)
CONTENU : Stuttgart, 1932 : deux garçons de 16 ans se rencontrent dans un lycée d'une certaine réputation. L'un, Hans Schwarz, est le fils d'un médecin juif, l'autre, Conrad, issu d'une lignée aristocratique très connue et respectée. Ils surmontent une certaine timidité et se lient d'amitié. Mais leur lien est de plus en plus perturbé par les événements historiques de l'époque : la montée du nazisme. Ils ne peuvent pas dans la durée ignorer ce qui se passent autour d'eux et malgré eux, leur amitié reçoit un coup, s'endort ou et terminé par le départ en exil de Hans...
REMARQUES : Peut-être s'agit-il bien d'une lecture obligatoire dans des écoles (?), mais pour ma part, je ne connaissais pas de tout ce livre, et je l'ai reçu l'autre jour par un proche : Lis-le ! Tu verras... Eh bien : je l'ai lu et j'étais, et je reste, ébloui par l'histoire, la langue...
Cette nouvelle en 19 chapitres numérotés de un à six pages sur une petite centaine de pages en général est vite lu, mais quelle belle maîtrise de ne dire que l'essentiel, de ne pas se perdre. Et d'un coup le livre dit plus que l'épaisseur laisse supposer. Le narrateur, Hans Schwarz de descendance juive alors, raconte l'histoire de son amitié avec Conrad de Hohenfels d'un moment, à peu près 25 à 30 ans après : c'est à dire courant, fin des années 50.
Le récit débute en Janvier 1932 : Le narrateur Hans est un fils de Juifs très assimilés : ils ont étroitement et sans discussion possible d'abord des citadins de Stuttgart, puis des Souabois, des Allemands et puis, quelque part, des Juifs. Probablement, dit en passant, rien à comparer avec le Judaïsme de l'Europe orientale, très marquée par son identité, dans un certain écart (et mis à l'écart...). Sa culture est la culture allemande, si riche en références. Il fréquente un lycée de grande réputation, une école assez exclusive avec des « von », des barons et princes, mêmes des fois assez dépravés. Puis un nouvel élève est introduit : Conrad de Hohenfels, issu d'une grande maison aristocratique, melé depuis des siècles avec l'histoire tant étudiée et admirée. Ce garçon de même âge rayonne une tranquillité, une élégance, une conscience de soi, une vrai « aristocratie du coeur ». Les deux garçons, finalement un peu solitaires, se lient d'amitié et rapidemment deviennent inséparable. Ils partagent l'amour pour un certain humanisme et savoir classique. Leurs références sont Hölderlin et les classiques ! Leur amitié est d'une grande délicatesse, voir d'amour réciproque. Ils partent pour des petites sorties de randonnées, si typique pour une Allemagne d'autrefois, s'arrêtant dans des petits maisons d'accueil, restant pour une nuit. S'y dégage une certaine légèreté, un savoir vivre qui semble d'un autre époque. Est-ce que quelque chose, se demande-t-on, a disparu définitivement ?
Ainsi dans ses chapitres cette nouvelle est une description merveilleuse d'une amitié pure, en temps de conflits grandissant. Mais ceux-ci commencent à entrer de force dans la vie du lycée et des garçons. A lasuite d'une humiliation ils trouvent une plus grande distance entre eux, jusqu'au départ de Hans en exil. La lettre d'adieu de Conrad est bien sûr signe de leur ancienne amitié, ais aussi, à l'époque, encore empreinte par un espoir partagé par tant d'Allemands que l'arrivée des fascistes va faire renaître l'Allemagne... Et puis ? Pas de nouvelles, mais la distanciation de ses origines allemandes aux Etats-Unis. Jusqu'à ce qu'un jour Hans réçoit une nouvelle, un signe qui lui fera comprendre comment l'histoire de Conrad avait continué...
Important pour nous de voir le profond lien qui unit cette famille juive assimilée à l'Allemagne : on s'identifie avec l'histoire, la culture, la musique, la langue, l'éducation hunamiste, classique. Et en plus, le père, combattant de la première guerre mondiale, avait reçu la « Croix de fer », la plus haute distinction militaire. Comment se définir autrement ? On est Juif par descendance, mais c'est seulement un aspect. Donc, quel enracinement.
Le récit reste prenant jusqu'à la dernière phrase, littéralement jusqu'au dernier mot.
Oui, un « must ».
Il est évident (à mon avis) que l'auteur Uhlman transforme un vécu en littérature, voir en hommâge. Un signe pourrait être que ce livre reste unique sur la liste de ses œuvres : il s'est fait connaître comme peintre, après avoir été d'abord en exile à Paris (comme marchand d'art), Espagne et puis l'Angleterre.
Mais l'autre aspect, c'est que certaines données de la nouvelle correspondent à sa vie. Cela fait réflèchir que l'école frequenté par Uhlman à Stuttgart est la même qui fut l'établissement d'un certain Claus Schenk Graf von Stauffenberg, donc l'acteur central (au moins de point de vue de visibilité) de l'attentat contre Hitler en Juillet 1944... Cela ne peut pas être un hasard...
L'autre livre en lien avec Uhlman est plutôt une (auto-)biographie, me semble-t-il. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Fred Uhlman Mar 18 Déc 2012 - 9:34 | |
| - tom léo a écrit:
- Cela fait réflèchir que l'école frequenté par Uhlman à Stuttgart est la même qui fut l'établissement d'un certain Claus Schenk Graf von Stauffenberg, donc l'acteur central (au moins de point de vue de visibilité) de l'attentat contre Hitler en Juillet 1944... Cela ne peut pas être un hasard...
tout à fait, c'est aussi ce que j'ai pensé lors de ma lecture.. mais n'importe les faits biographiques, cela reste un livre à part.. et contente que tu viens de le découvrir et en sors si enthousiaste.. | |
| | | unmotbleu Sage de la littérature
Messages : 1329 Inscription le : 08/03/2013 Age : 65 Localisation : Normandie Rouen
| Sujet: Re: Fred Uhlman Jeu 30 Jan 2014 - 17:30 | |
| Je viens de finir "l'ami retrouvé" un livre fort sur cette période de l'histoire, sur l'amitié aussi. Ayant lu attentivement vos commentaires je ne ferai pas mieux. C'est un livre vite et facilement lu mais des plus marquants. complètement en accord avec les commentaires de Harelde (page1) et de Tom Léo (page2) . | |
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| Sujet: Re: Fred Uhlman | |
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| | | | Fred Uhlman | |
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