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 Kaikô Takeshi

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bix229
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Arabella
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MessageSujet: Kaikô Takeshi   Kaikô Takeshi EmptyVen 23 Mai 2008 - 15:02

Kaikô Takeshi Romane10

Kaikô Takeshi (開高 健) (1930-1989), romancier, nouvelliste, essayiste, critique littéraire et reporter, est l'un des auteurs japonais les plus importants de la 2e partie du 20e siècle.

Kaikô a grandi dans le Japon de l'immédiate après-guerre, et son œuvre a été marquée par cette période de ruines, de difficultés économiques et de remise en question. Elle a été également nourrie par ses nombreux voyages d'écrivain globe-trotter et les reportages réalisés en Chine, en URSS, dans le Paris de 1968, et pendant la guerre du Vietnam. Cette dernière expérience traumatisera profondément le pacifiste convaincu qu'il était.

Qualifiée parfois d'absconse, cette œuvre traduit sa désillusion à l'égard de toute idéologie, mais également et malgré tout, sa joie de vivre, son intérêt pour le vin et la gastronomie.


(Sources: Wikipédia + Shunkin.net)


Œuvres traduites en français:

* L'Opéra des gueux (1959) Picquier poche
* La Muraille de Chine (1959) Picquier poche
* Romanée-Conti 1935 (1973 et 1978) Picquier poche
* Les Ténèbres d'un été ( 1989) Picquier
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MessageSujet: Re: Kaikô Takeshi   Kaikô Takeshi EmptyVen 23 Mai 2008 - 17:02

Romanée-Conti 1935

Alléchée par la couverture de ce recueil de deux nouvelles (un détail du Bacchus, du Caravage) , intéressée par un bref feuilletage, je m'attendais à des récits épicuriens, célébrant les plaisirs de la vie.

La nouvelle Romanée-Conti 1935 commence de cette manière, mettant en scène deux amis qui se préparent à déguster, cérémonieusement, dans un restaurant désert de Tôkyô, des bouteilles du grand cru de Bourgogne Romanée.
Pendant que l'un évoque l'histoire du prestigieux domaine et ses cuvées légendaires, l'autre, un romancier, contemple et savoure ce rouge à l'"éclat cramoisi" et aux "profondeurs indicibles" semblant receler un "continent, une forêt vierge, un abîme'. Il prend

Citation :
une, deux gorgées pour les savourer. Un vin merveilleux. Mûr à point. Un grain d'une grande finesse, une texture bien lisse, qui se déposait sur les lèvres ou la langue avec la légèreté du duvet. On pouvait le rouler, le casser, le briser, jamais il ne s'écroulait. Et quand, finalement, en le faisant glisser vers la gorge, on essayait de percevoir ce que la goutte dévoile au moment de dévaler le ravin, on ne rencontrait qu'une aisance exempte du moindre trouble. Malgré cette jeunesse, cette rondeur, cette vivacité, il y avait une sensuelle opulence. Une plénitude, mais accompagnée de pureté et de fraîcheur. Comme si derrière un sourire empreint de réserve s'échappaient des éclats d'exubérance. Et de certaines résonances, on ne prenait conscience qu'après disparition du breuvage dans la gorge.

Le vin est tellement personnifié que finit par émerger le souvenir d'une ancienne aventure amoureuse à Paris. Le récit prend alors la forme d'une sorte de méditation amère sur la beauté, la jeunesse et le vieillissement , où les meurtrissures de la "chair" du vin et de celle des femmes vont de pair, où un inattendu poème de Villon fait l'éloge funèbre (en v.o ancien français) d'une beauté flétrie.
Cette nouvelle fait penser aux vanités, ces tableaux allégoriques et macabres évoquant l'impermanence de l'existence humaine et encourageant au "Carpe Diem". Epicurisme peut-être, mais bien peu joyeux, donc.

Dans la deuxième nouvelle, Le Monstre et les cure-dents, c'est aussi une boisson qui déclenche les souvenirs du narrateur, ancien correspondant de guerre au Vietnam. L'évocation du "Saïgon tea", boisson factice consommée par les entraîneuses dans les bars à soldats, va lui rappeler sa rencontre avec le général B., un personnage au physique d'une laideur extrême. Suit le récit de sa fascination-répulsion pour cet homme, sorte de "Fouché" froid et cruel de l'armée vietnamienne (du sud), qui semble incarner, par sa monstruosité et son inhumanité, la guerre elle-même et son cortège d'atrocités commises des deux côtés.

Avec ses personnages tourmentés au passé lourd, ses métaphores puissantes et nombreuses, l'écriture de Kaikô semble se trouver à l'étroit dans le cadre de ces courtes nouvelles, de ce mince recueil. Cela m'a un peu gênée et n'en fait pas une lecture facile.
Mais je m'en souviendrai sûrement, ainsi que de la grande ouverture vers l'extérieur de l'auteur, de sa francophilie certaine et son curieux épicurisme désabusé.


Dernière édition par Nezumi le Ven 23 Mai 2008 - 17:25, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Kaikô Takeshi   Kaikô Takeshi EmptyVen 23 Mai 2008 - 17:04

Impressions mitigées alors. Cela me permettra de ne pas rajouter un titre à ma LAL Wink
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MessageSujet: Re: Kaikô Takeshi   Kaikô Takeshi EmptyVen 23 Mai 2008 - 17:10

Pas forcément. Peut-être que d'autres en auront une perception différente, et en particulier les connaisseurs en œnologie (dont je ne fais pas partie ^^).

C'est surtout un univers fortement subjectif (et un peu abscons, comme le disent certains critiques) qui va donc susciter des réactions très personnelles. Ce qui m'a gênée pourra plaire à d'autres lecteurs. C'est curieux, en tout cas.
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MessageSujet: Re: Kaikô Takeshi   Kaikô Takeshi EmptyVen 23 Mai 2008 - 17:13

Vue la taille de ma LAL, Nezumi, rajouter un nouveau titre demande des critiques enthousiastes, passionnées et convaincues à 100%. En en plus j'ai tendance à te faire confiance Wink
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MessageSujet: Re: Kaikô Takeshi   Kaikô Takeshi EmptyVen 23 Mai 2008 - 17:16

Arabella a écrit:
En en plus j'ai tendance à te faire confiance Wink

Merci Wink. Moi itou.
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MessageSujet: Re: Kaikô Takeshi   Kaikô Takeshi EmptyVen 23 Mai 2008 - 19:50

Ah oui, curieux univers (et curieux auteur ; et ironique sa mort d'un cancer de l'oesophage... peut-être avait-il mangé trop de bonnes choses ?)
Romanée-Conti 1935, je l'ai lu deux fois ; à l'issue de la première fois, je n'ai pas su écrire de critique, je ne savais pas comment tourner tout ça.
Je l'ai relu quelques mois plus tard, et là, c'est allé mieux.

Mais je crois préférer :

La Muraille de Chine - récit d'un fugitif (rubô-ki, roman traduit du japonais par Jacques Lalloz ; 109 pages, 1959, traduction de 1992).
Ce court roman a été écrit en une nuit, précise Jacques Lalloz dans son introduction. Il est dédié "à F.K." : il s'agit évidemment de Franz Kafka, sous le signe de qui se place l'histoire, qui se situe officiellement en Chine au III° siècle avant J.-C., mais comme il s'agit d'une allégorie, elle évoque parfois très fortement (à moins que ce ne soit le contraire) Des Milliards de tapis de Cheveux, le très bon roman de Science-Fiction de l'Allemand Andreas Eschbach.
Le narrateur, un jeune Chinois, dont le père est mi-agriculteur, mi-commerçant, vit dans une ville protégée par une muraille qui permet de protéger la ville des trop nombreux réfugiés qui cherchent à manger. La région - et donc la ville - passe sous le contrôle d'un général, puis d'un autre, à un rythme soutenu :
Citation :
"Un général s'éloignait-il en entraînant son armée qu'un autre apparaissait, presque sur ses talons. Nous ne savions même pas de quelle contrée ils arrivaient ni quel genre d'hommes ils étaient. Il surgissaient soudain d'au-delà des champs et se ruaient dans notre direction, bardés de fer et poussant leurs cris de guerre. Lorsque retentissaient les cris d'alarme du haut des tours, les classes s'interrompaient, des convulsions s'emparaient de la ville, c'était une ruée générale sur les objets de valeur et les vivres pour les fourrer dans un trou de mur, sous un plancher, ou les enfouir dans son jardin." (page 31).
La muraille est constituée de pavés de terre crue, qu'il faut maintenir.
Tout le monde, à quelques exceptions près, participe donc à ce travail éreintant.
Citation :
"Le soir, à l'heure où la nuit commençait à répandre son insidieux flot bleuâtre, nous portions nos regards sur la muraille rehaussée, puis, satisfaits, regagnions nos demeures en emportant nos outils. Retrouverai-je jamais cette limpide et brutale sensation de dilatation qui nous envahissait durant ce fulgurant laps de temps où, dans une ultime seconde de résistance au sommeil, nous nous retournions sur nos couches en un mouvement alangui ? Nous gémissions aux craquements bienfaisants de nos échines, murmures équivoques à la suite desquels nous nous métamorphosions en une sorte de rivière étincelante qui traversait les murs et s'échappait par les fenêtres. Et dans cet instant infini, empli de la senteur de paille brûlée, la ville se dissolvait". (page 21).
Voilà un auteur qui sait écrire !

Puis vient le moment où la Chine est unifiée par un Empereur, qui met au point un système bureaucratique de fonctionnaires qui "administrent, mais ne gouvernent pas. [...] L'empereur s'étant ainsi prémuni contre l'émergence de héros dans les régions, il déclara fondée la dynastie" (page 45). Il fait construire une immense capitale, ainsi qu'une muraille gigantesque. Tout ceci nécessite de la main d'oeuvre...

Un très bon court roman sur un système totalitaire. D'où peut venir l'espoir d'une libération ?
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MessageSujet: Re: Kaikô Takeshi   Kaikô Takeshi EmptyVen 23 Mai 2008 - 20:21

eXPie a écrit:

Un très bon court roman sur un système totalitaire. D'où peut venir l'espoir d'une libération ?

Oui, il a l'air intéressant cet auteur, bien engagé dans son époque et possédant un style puissant (mais qui ne me parle pas trop).
N'hésite pas à nous donner tes impressions sur Romanée-Conti 1935, maintenant que tu les as définies Wink.

J'avais vu kek'part que ce type de cancer touchait davantage les Japonais à cause de l'absorption fréquente de thé brûlant. Triste fin, en effet.
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MessageSujet: Re: Kaikô Takeshi   Kaikô Takeshi EmptyVen 23 Mai 2008 - 22:57

Mmmm... en me relisant, j'ai vu que ma critique de Romanée-Conti 1935 était assez digressive, pas mal référencielle. Je vais tâcher de raccourcir (note: j'ai échoué)

Le récit Romanée-Conti 1935 (soixante pages) commence ainsi
Citation :
"Un dimanche d'hiver, tard dans l'après-midi, deux hommes étaient assis face à face dans le restaurant d'un gratte-ciel d'acier et de verre. Cirée avec soin, la lourde table en bois de châtaignier, aux dimensions respectables, luisait comme un lac, les veines du bois reflétaient l'ombre d'un vase orné d'une rose. Deux bouteilles de vin étaient posées là, l'une debout, l'autre couchée dans un panier. Ils étaient seuls dans la salle." (page 7).
Un administrateur d'entreprise (40 ans) et un romancier (41 ans), qui se connaissent depuis longtemps, se sont réunis pour boire deux vins : La Tâche 1966 - un côte de Nuit du domaine de Romanée - et surtout un Romanée-Conti de 1935 (l'histoire se déroule en 1978).
La dégustation suit une espèce de cérémonie pour laquelle les deux hommes se sont préparés : le romancier n'a pas fumé depuis le matin et n'a pas bu de whisky la veille, une sorte d'exploi pour lui.
Citation :
"Le serveur souleva délicatement la bouteille qui était debout pour l'approcher d'un verre. Le romancier suivit des yeux les mouvements de cette main d'une plaisante sécheresse, maigre, ossue et assurée. Fais attention. Il ne faut pas heurter le verre. Et le problème, c'est la dernière goutte. Comment la remettre dans la bouteille sans la laisser couler. Sinon, elle glisse du goulot vers les flancs et vient poisser l'étiquette. Elle la transforme en « papier tue-mouches ». Il faut, en versant, donner au bon moment un petit mouvement vers l'extérieur à la bouteille. C'est Pagnol qui le dit, sans sa trilogie marseillaise, lors de cette scène où le père transmet à son fils l'art de fréquenter les bistrots. Comme on peut être tracassé par des petites choses avant de boire !" (pages 10-11).
Les deux hommes entament la première bouteille (La Tâche 1966), discutent. A propos du vin, d'abord :
Citation :
"J'avais le cerveau imbibé de vin ! Mais comme c'était des crus d'exception, jamais l'ivresse n'a été pénible. Si le vin est bon, on peut boire et manger sans en souffrir. Bien au contraire, on éprouverait plutôt une sensation de légèreté. C'est ce que j'ai bien compris." (page 12).
(je m'en souviendrai dans mon choix de ma bouteille du matin, quand j'hésite devant ma cave à vins sourire )

Puis ils entament la deuxième bouteille :
Citation :
"Le flux franchit ses lèvres pour pénétrer dans sa bouche où il fut lentement broyé. Il fut sassé par les dents, la langue, les gencives. Il fut distribué, pétri, avant d'être rassemblé à nouveau. Le romancier demeurait assis, tous ses sens en éveil, l'ouïe aiguisée, et il observait attentivement le courant qui, sur sa langue, se scindait en plusieurs ruisseaux, en gouttes, en masses, se repoussant avant de s'attirer." (pages 22-23).

La bouteille sera-t-elle à la hauteur de l'attente ?

Le vin fait ressurgir des souvenirs au romancier qui se remémore ses années au Quartier Latin, à Paris, et d'une femme, à qui il avait dit qu'il passait ses journée à boire et qui lui avait répondu :
Citation :
"A vingt ans, on ne choisit pas.
A trente, le bourgogne vous séduit.
A quarante, le carmel, ou encore le bordeaux.
A cinquante, on ne boit plus, on apprécie." (page 43).

(note : Bon, j'en suis au Bourgogne, le Bordeaux pourra encore attendre un peu !)

Seul un excellent vin a la vertu de faire surgir ainsi certains souvenirs, tel un génie... de sa bouteille ! (facile, c'est vrai, j'assume).


Un très bon récit, très bien écrit, plein de sensations gustatives et de remarques goûteuses. Allez, une petite dernière, pour la route : "La lie. En quelque sorte les taches de vieillesse du vin." (page 53).

On sent le véritable amateur de pinard !

Bernard Pivot, dans son Dictionnaire Amoureux du vin (Plon, 476 pages), fait mention de l'oeuvre de Kaiko, à l'entrée Romanée-Conti. Il cite les propos de l'écrivain spécialiste de cuisine française Richard Olney (1927-1999), qui décrit la dégustation qu'il fit d'une bouteille de la même année et qui est sensiblement différente. Mais les conditions de conservation des bouteilles diffèrent. Bernard Pivot, heureux propriétaire d'une Romanée-Conti 61 résume le récit et cite Kaiko : "Celui de 61 est une perfection, l'admiration est seule de mise". Pivot écrit : "Me voici donc avec en cave une romanée-conti 1961, introuvable sauf au domaine et chez les collectionneurs. Je ne la collectionnerai pas, je la boirai. Mais quand ? Avec qui ? J'ai quelques idées. Attention de ne pas engager une course de lenteur que je pourrais perdre... "(page 370).

Comme quoi le vin amène quasiment inévitablement à une réflexion sur le temps : le temps qui bonifie... mais qui peut également détruire.

Et hop, on dévie sur un manga : on notera l'existence du très sympathique manga Sommelier (de Joh Araki, Kaitani Shinobu et Hori Ken-Ichi).
Dans le volume I, la dixième nouvelle est intitulée "Un vin centenaire". Une fois n'est pas coutume, la voici résumée en entier, sans rien en cacher. Un homme, propriétaire d'une boutique de fuits et légumes concurrencée par la grande distribution, dépense toute la fortune acquise au cours de sa vie pour acheter aux enchères un Mouton Rotschild 1869, antérieur à l'épidémie de phyloxera, est-il dit. Quel goût peut-il avoir ? « Nous allons savoir si ce vin est digne de symboliser votre existence », dit le sommelier à l'acheteur. Ils ouvrent ensemble la bouteille. L'homme goûte et éclate de rire. « Il est redevenu "eau". 100 ans... Il a amplement dépassé sa période de maturation, il est fané. Le "mouton", d'un rouge pourpre, s'est métamorphosé en un jus brun sans saveur. L'alcool et les arômes ont disparu. Il n'a plus aucun goût. »

Eh oui, en plus de la réflexion sur le temps, et les tours du Destin, il faut savoir accepter un revers de fortune.

Allez, passons au deuxième récit, Le Monstre et les cure-dents,qui se déroule à Saïgon.
Un journaliste, le narrateur, éprouve un sentiment de fascination-répulsion pour le Général B., qu'il a vu pour la première fois dans un bar. Petit, laid, protégé par des gardes du corps dévoués.
Citation :
"Lui-même était petit, émacié, les épaules étroites ; la main qui tenait son verre était fine et fragile comme une main d'enfant ; mais son visage avait une laideur qu'on eût pu qualifier de monstrueuse. [...] Accouplez un vautour à une grenouille dans un marécage poisseux et sinistre : vous aurez pareille créature" (pages 76-77).
Le général B. semble à la fois professionnel, cruel, efficace, et d'une certaine manière honnête (il paye ses consommations). Il fait ce qu'il juge nécessaire.
Citation :
"Homme de cabinet, intellectuel fort doué et cultivé, en même temps qu'ange exterminateur sadique et inacessible à la pitié, guerrier incorruptible et courageux, toujours en campagne : autant de traits contradictoires qui paraissaient rassemblés dans ce petit corps d'une extrême laideur."(pages 85-86). Cet homme fascine et obsède le narrateur : "Il y avait un secret, mais lequel ? Impossible de le saisir." (page 86).
Un portrait original, jusqu'au détail final.
Encore un très bon récit, sans doute plus marquant que Romanée-Conti, dans le sens où il est moins "vaporeux". Ce que je veux dire par là : souvenirs, impressions... Ici, on a un être au final pathétique, et quasi mystérieux par son côté "droit" : il massacre, mais dans une optique bien définie, il agit selon ce qu'il croit être juste. C'est un monstre d'une certaine façon, mais la fin, les détails le rendent pathético-touchant.


Rappelons que Kaiko, journaliste, a assisté au procès Eichmann en 1961 et qu'il s'était rendu à plusieurs reprises au Viêt-nam en 1964.

Du coup, Nezumi, je ne suis pas sûr d'avoir vraiment bien défini mes impressions. Si cela avait été le cas, j'aurais fait plus court...
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MessageSujet: Re: Kaikô Takeshi   Kaikô Takeshi EmptySam 24 Mai 2008 - 9:48

Elles sont bien claires, je trouve. Et c'est pas si mal de mettre plusieurs extraits!
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MessageSujet: Re: Kaikô Takeshi   Kaikô Takeshi EmptySam 24 Mai 2008 - 20:59

Je crois que tu nous restitue très bien eXPie les impressions que tu as éprouvé, et tu nous communique aussi les incertitudes que cette lecture a provoqué en toi. J'ai en fait de plus en plus la sensation que je ne vais pas forcement aimer, cela me semble très cérébral.
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MessageSujet: Kaiko Takeshi   Kaikô Takeshi EmptySam 24 Mai 2008 - 21:08

Bien raisonné, Arabella. Ces nouvelles m'ont laissé de marbre...

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MessageSujet: Re: Kaikô Takeshi   Kaikô Takeshi EmptySam 24 Mai 2008 - 21:47

bix229 a écrit:
Bien raisonné, Arabella. Ces nouvelles m'ont laissé de marbre...

colibri


Après ton avis, je crois que je vais (presque) définitivement remettre cette lecture nonnon
Il y a tellement de livres que j'ai vraiment envie de lire... bounce
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MessageSujet: Re: Kaikô Takeshi   Kaikô Takeshi EmptySam 24 Mai 2008 - 23:35

Cérébral, ce n'est pas le terme que j'emploierais, car l'auteur aimant la bonne bouffe, il y a beaucoup de sensations.

De plus, l'auteur a écrit d'autres livres, dont la plupart sont malheureusement non traduits (ou difficilement disponibles, sauf dans certaines bibliothèques : l'Opéra des Gueux, Ténèbres d'un Eté), d'ampleurs plus importantes, qui peuvent changer l'idée que l'on aura pu se faire de cet écrivain.

Mais, d'un autre côté, lorsqu'il a écrit un livre dont toute l'histoire est racontée du point de vue du goût (sauf erreur de ma part), le cérébral et le sensitif se rejoignent (il y a un petit côté Oulipo dans la démarche). Si on n'accroche pas, on n'en garde que le côté cérébral, et si on accroche, je crois que le côté sensitif l'emporte.
Enfin, je crois.
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MessageSujet: Re: Kaikô Takeshi   Kaikô Takeshi EmptyDim 25 Mai 2008 - 0:18

bix229 a écrit:
Ces nouvelles m'ont laissé de marbre...

Voilà, c'est ça! En dépit d'un parti-pris sensuel, le lecteur n'est pas touché.
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