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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Margaret Atwood Ven 12 Juin 2015 - 7:50
pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
Sujet: Re: Margaret Atwood Sam 13 Juin 2015 - 11:12
Je voulais le lire et avais trouvéCaptive, "á la place", qui m'avait un peu déçue. J'aurais du commencer par La servante écarlate. Je vais le chercher.
shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
Sujet: Re: Margaret Atwood Dim 14 Juin 2015 - 10:15
Aucun doute pia : ça devrait te plaire !
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Margaret Atwood Mar 23 Juin 2015 - 21:28
Merci Shanidar pour ce beau commentaire qui souligne toute l'ambivalence soulevée et interrogée par le roman.
Pia, bonne lecture, je pense aussi que ça devrait te plaire.
pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
Sujet: Re: Margaret Atwood Mer 24 Juin 2015 - 8:21
Je le retiens dans un coin de ma mémoire.
Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
Sujet: Re: Margaret Atwood Mer 24 Juin 2015 - 22:00
eh bien après un tel commentaire, je ne peux que le noter aussi ! merci Shanidar
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Margaret Atwood Dim 6 Nov 2016 - 18:03
En couverture : Martial Raysse : 14 juillet, tableau à géométrie variabe, 1965.
- La Servante écarlate (The handmaid's tale, 1985). Traduit de l'anglais (Canada) par Sylviane Rué. Pavillons poche. 511 pages. Prix Arthur C. Clarke 1987 Le livre commence par plusieurs citations, dont celle-ci, Genèse, 30 : 1-3 :
Citation :
"Rachel, voyant qu'elle-même ne donnait pas d'enfants à Jacob, devint jalouse de sa sœur et elle dit à Jacob : « Fais-moi avoir aussi des fils, ou je meurs. » Jacob s'emporta contre Rachel, et dit : « Est-ce que je tiens la place de Dieu, qui t'a refusé la maternité ? » Elle reprit : « Voici ma servante Bilha. Va vers elle et qu'elle enfante sur mes genoux : par elle j'aurai moi aussi des fils. »"
Le roman, narré à la première personne, se déroule aux Etats-Unis dans un futur très proche ou, plutôt - car quelques années ont passé depuis sa parution - dans une réalité alternative et dystopique. Une secte religieuse a pris le pouvoir, c'est une dictature particulière dans laquelle les hommes dominent. Les femmes n'ont plus de liberté. Les Epouses (de gens de pouvoir, semble-t-il) vivent une vie mondaine en se recevant les unes les autres. Des femmes sont employées de maison (appelées les "Marthas") ; celles qui ne sont plus utiles (et qui ne peuvent pas ou plus avoir d'enfants) sont envoyées dans des Colonies où elles font des travaux usants, et dangereux. A cause de la pollution, la natalité est en forte baisse et les enfants qui naissent sont fréquemment anormaux. Les femmes susceptibles d'avoir des enfants sont formées (par des Tantes) et placées pour un certain temps dans la maison de gens voulant mais ne pouvant pas avoir d'enfants. Ce sont les Servantes Ecarlates.
Citation :
"J'ai trente-trois ans. J'ai les cheveux bruns. Je mesure un mètre soixante-huit sans chaussures. J'ai du mal à me rappeler de quoi j'avais l'air. J'ai des ovaires viables. [...] Les hommes sont des machines à copuler, disait Tante Lydia, et pas grand-chose de plus. Ils ne veulent qu'une chose. Vous devez apprendre à les manipuler, pour votre propre bien. À les mener par le bout du nez ; c'est une métaphore. C'est la voix de la nature. C'est le dessein de Dieu. Il en est ainsi. Tante Lydia ne disait pas vraiment cela, mais c'était implicite dans tous ses propos." (page 242).
Natasha Richardson dans le film réalisé par Volker Schlöndorff et adapté par Harold Pinter (1990).
Le roman, écrit à la première personne, raconte l'arrivée de la narratrice dans une maison pour ce genre de service. Elle est une Servante écarlate, vêtue de rouge, mais avec des ailes blanches autour du visage, de sorte qu'on ne puisse voir son visage (Schlöndorff, dans son adaptation, n'a pas retenu ce détail : ne pas voir le visage d'une actrice pendant une partie du film a dû être jugé préjudiciable). Elle se remémore des souvenirs, ce qui permet d'éclairer un peu le lecteur sur ce qui est arrivé. Pour maintenir du suspens, comme trop souvent dans les romans anglo-saxons, je le crains, elle ne nous dit pas exactement et clairement ce qui est arrivé, jusque vers le milieu du roman (en gros, la page 290). Alors, le lecteur a pas mal de détails : comment la révolution a commencé, comment les femmes ont perdu leurs droits... Pourquoi seulement au milieu du livre, et pas au début ? Il n'y a pas d'explication valable à cela, juste que c'est une ficelle romanesque. Ça rajoute peut-être de l'intérêt de lecture, mais ça fait tout de même perdre de la force au livre : c'est un ressort romanesque, artificiel.
Le roman n'est pas inintéressant lorsque le lecteur découvre au fur et à mesure l'organisation en place (l'artifice est efficace), mais il est quand même souvent trop long (notamment les passages sur le bonheur perdu d'avant la révolution religieuse) et finalement assez décevant.
La narratrice, déjà adulte pendant la révolution, a encore en mémoire le monde d'avant la révolution : elle ne croit donc pas tout ce qu'on lui dit, contrairement à d'autres. Quand on subit un bourrage de crâne idéologique depuis l'enfance, on est amené à croire n'importe quelle ineptie. Cela fait partie des nombreux thèmes qui auraient pu être creusés. Mais alors, que pensent les employées de maison ? agissent-elles par peur ? on n'en a pas l'impression. Adhèrent-elles à l'idéologie officielle ? On ne le sait pas. Finalement, elles semblent ne pas vraiment exister : elles sont là pour faire le boulot, sans se poser de questions. Le Commandant, chez qui notre héroïne est placée, justifie le système, mais avec des arguments qui paraissent tirés par les cheveux. De toute façon, il est l'un des grands bénéficières du système, il peut donc faire semblant de croire ce qu'il veut. Mais la masse des hommes, alors ? On voit à un moment que le mari de la narratrice s'accommode très facilement de la perte de pouvoir des femmes. Là, il y avait vraiment quelque chose à explorer, à creuser, sur les relations hommes-femmes... Mais non. On a curieusement plus l'impression d'être dans une petite secte que dans un grand pays.
On est très loin de la profondeur et de la complexité de 1984, et j'ai beaucoup de mal, avec ce livre, à m'imaginer Atwood pouvant remporter un Prix Nobel.
Bande-annonce du film de Schlöndorff :
Dernière édition par eXPie le Mar 15 Nov 2016 - 21:49, édité 1 fois
Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
Sujet: Re: Margaret Atwood Lun 7 Nov 2016 - 7:33
Shanidar a adoré, toi ce n'est pas le cas Expie ; donc le lire pour se faire une opinion !
shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
Sujet: Re: Margaret Atwood Lun 7 Nov 2016 - 10:01
Je crois que ce livre est un peu dans le style d' Esprit d'hiver de Kasischke, on plonge ou on reste sur la berge... Je comprends les réticences d'eXPie, elles m'ont parcourue quelques fois mais je suis rapidement passée outre parce que l'histoire de ces servantes me semblaient vraiment fascinantes. Je crois me souvenir que dans le livre la grande majorité des Servantes suivent aveuglément les protocoles qui leurs sont imposés, c'est plus ou moins ce que j'ai fait en tant que lectrice et ce qu'eXPie a refusé. C'est lui le Rebelle !!
Quant à cette histoire de ficelle romanesque, c'est toujours extrêmement délicat de marquer une frontière, de définir un territoire connu et un autre inconnu qu'il faut dévoiler. C'est un peu la même ritournelle quand on rencontre quelqu'un... On se dit tout, tout de suite ? Bah non, et c'est peut-être dans cet interstice que se fait ou pas la 'vraie' rencontre, celle qui fait écho, difficile de savoir ce qui fait fusion et ce qui repousse.
domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
Sujet: Re: Margaret Atwood Lun 7 Nov 2016 - 10:59
J'avais moi-même plongé dans l'histoire sans avoir les réticences d'expie parce que cette soumission des servantes me semblait complètement conditionnée et aussi dans une atmosphère chargée de menaces très lourdes. Pas d'autre choix que la soumission en quelque sorte. Et puis aussi parce que le ton est donné dès les départ : c'est de l'anticipation dystopique. On y adhère ou pas, une fois accepté le postulat de départ, on entre facilement dans le roman.
J'ai aussi le sentiment que c'est un livre qui plait davantage aux femmes qu'aux hommes, elles s'y sentent sûrement plus directement concernées, pour des raisons que j'ai du mal à expliquer il touche à quelques chose de profond en elles. Mais ma lecture date un peu (beaucoup),alors mes impressions ne sont plus très aiguisées.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Margaret Atwood Lun 7 Nov 2016 - 22:35
On ne sait pas si la majorité des Servantes suit aveuglément ce qui est dit, je crois que non, en fait. Mais elles sont très prudentes, et le système est fait en sorte qu'elles ne puissent pas facilement communiquer les unes avec les autres. On sent quand même une résistance globale, elles semblent se serrer les coudes. Elles agissent en sorte de sauver leur peau, mais la plupart ne me semblent pas adhérer au système.
Le caractère peut-être trop romanesque est en quelque sorte justifié vers la fin ; j'ai alors pensé qu'Atwood avait senti qu'il y avait des éléments trop "romanesques", et qu'elle avait recouru à un stratagème... De plus, elle s'est heurté à un problème, celui de la description d'une société en voulant garder le point de vue d'une servante, forcément isolée. Je me suis demandé si ça n'était pas ça le problème pour moi, qu'elle aurait dû écrire le livre à la troisième personne, tout en restant très proche de la Servante-héroïne, bien sûr : cela lui aurait permis de mieux décrire certains rouages de la société, de faire part de réflexions qui ne seraient pas simplement des pensées de l'héroïne.
Comme l'écrit Dom, il est bien possible que le livre touche plus les femmes que les hommes ; c'est finalement assez logique vu le thème, mais je pense que si elle avait plus creusé les réactions des hommes lors de la révolution, le livre aurait touché plus profondément tout le monde.
Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
Sujet: Re: Margaret Atwood Mer 9 Nov 2016 - 21:55
C'était intéressant de lire ton point de vue sur ce livre eXPie. Même si personnellement je garde un souvenir précieux de ce livre, je peux comprendre tes réticences. As-tu tout de même apprécié la lecture ?
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Margaret Atwood Jeu 10 Nov 2016 - 0:27
Heyoka a écrit:
C'était intéressant de lire ton point de vue sur ce livre eXPie. Même si personnellement je garde un souvenir précieux de ce livre, je peux comprendre tes réticences. As-tu tout de même apprécié la lecture ?
Certains passages, oui, mais j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de longueurs (le livre fait quand même 500 pages)... je ne suis probablement pas fait pour la littérature américaine/canadienne, finalement, ça a dû jouer aussi... (Station Eleven, lu peu de temps auparavant, ne m'a pas enthousiasmé malgré de nombreuses très bonnes critiques - c'est curieux : les deux livres ont remporté le Prix Arthur C. Clarke).