Bouli Lanners

Les géants

Citation :

C’est l’été, Zak et Seth se retrouvent seuls et sans argent dans leur maison de campagne. Les deux frères s’attendent encore une fois à passer des vacances de merde. Mais cette année là, ils rencontrent Danny, un autre ado du coin.

Il faudrait que quelqu'un dise à Bouli Lanners que son pays est la Belgique et pas ... l'Amérique ! Dans Les géants, il filme les champs, les plaines et les vallons wallons (et luxembourgeois, aussi) comme si c'était le Minnesota ou l'Ohio. Et la moindre rivière devient aussi large que le Mississippi. C'est le côté sympathique du film qui n'oublie pas non plus le confort de nos oreilles avec une B.O de derrière les fagots. Soit trois gosses, donc, entre 13 et 15 ans, livrés à eux-mêmes, loin de la civilisation, qui ne trouvent la paix qu'au coeur de la forêt. Les trois petits cochons, c'est bien de cela dont il s'agit, un vrai conte naïf où le monde extérieur regorge d'ogres patibulaires et dangereux tandis que veille discrètement une bonne fée (Marthe Keller). Bien, mais il n'y a que peu à se mettre sous la dent, tant le scénario est rachitique. L'humour grotesque est rare, bien davantage en tous cas que dans Ultranova et Eldorado, nettement mieux charpentés. Ce n'est pas qu'on s'ennuie, car l'image est belle, mais on tourne en rond et on ne va à peu près nulle part. Attachant ce petit voyage initiatique mais très, très léger.

Ah j'aurais voulu l'adorer ce Les Géants !
Je ne ferais que l'apprécier.
Il est doux, une chouette musique :



De magnifiques plans de paysages (Et oui, comme le dit Traversay, Bouli Lanners américanise à merveille son plat pays. Moi j'aime. J'aime ce vert un peu flou, un peu humide. Ces grands champs de blés où des voitures viennent se planquer. Des cabanes en plein milieu d'une forêt-rivière, qu'on dirait un coin d'Bayou. Ces escapades en barque sur des étendues d'eau qui font penser au Mississipi et à Tom Sawyer.
C'est beau, tout simplement. Vraiment réussi. pas un truc de trop, de travers, de faux. C'est juste incroyable qu'un type réussisse à rendre le monde qui l'entoure aussi onirique, éthéré, et bien concrêt.


Pour l'histoire.
Ça tourne en rond, ça n'avance pas comme il faut, ça hésite, ça ne franchit pas les limites du petit cadre gentillet. Dommage : ça sentait le grain de folie, l'envie de faire tout péter. Des films d'enfants laissés à eux-même il y en a quelques-uns, quelques perles incroyables. Bouli Lanners reste sur le côté.

Pourtant les acteurs sont bons, les petits idées de scénarios intéressantes... alors qu'est-ce qu'il cloche ?

Peut-être qu'il n'a pas pris assez le temps de faire mûrir les émotions, les moments. Le film dure à peine 1h25. Une demie heure de plus à s'attarder sur eux, peut-être que ça aurait donner un peu plus de densité.


Tout de même un bon moment avec Les Géants. Attendons le prochain, que Bouli Lanners nous refasse un petit miracle à la Eldorado.

Les premiers les derniers

Je pourrais presque copier-coller ce que je disais de Eldorado. Décalage conventionnel, imagerie américaine ré-appropriée de façon assez conventionnelle, l'incurable tendance à la comédie triste. Cependant les acteurs sont très bons et attachants, le rythme est même plutôt bon et la Beauce fantôme c'est une bonne idée (ça c'est un film pour Darkanny !), et puis c'est pittoresque (caser le monorail sans caser d'éoliennes ça ne doit pas être facile quand même. Le film garde son simili mystique sous le coude façon encore discrète et le glissement professionnel et émotionnel de nos deux professionnels est forcément sympathique.

Mes gros regrets sont pour la musique (pas mon truc le folk mou chouinant) et l'image façon gris métallique, assombrie... très gros regret, plus nature ça aurait été tellement mieux je pense. Heureusement les très beaux ciels se sortent bien de ce traitement.

Et si vous avez aimé Eldorado ce film devrait vous faire du bien.

(Côté parc automobile, si vous amuse, vous serez servis aussi).

Bande-annonce (optionnelle, c'est sans doute mieux de ne pas la voir) :