Murakami Haruki

Oui , parce que les 2 romans parlent peu ou prou des mêmes thèmes , donc je me dis que le reste ne doit guère être différent.

darkanny a écrit:

Oui , parce que les 2 romans parlent peu ou prou des mêmes thèmes , donc je me dis que le reste ne doit guère être différent.

Une grande thématique de Murakami, c'est la frontière très perméable entre réalité et monde fantastique (ou fantasmatique). Les personnages vont de l'un à l'autre, passent de l'autre côté du miroir, il y a intrusion de l'étrange, de l'insolite dans le quotidien...
La Ballade de l'impossible est un de ses seuls (le seul?) romans qui soit en gros réaliste.
Mais si le côté fantastique ne t'a pas convaincue dans Les amants du Spoutnik, comme on le retrouve dans la plupart de ses autres romans, tu risquerais peut-être de t'ennuyer en effet.

Nezumi a écrit:

darkanny a écrit:

Oui , parce que les 2 romans parlent peu ou prou des mêmes thèmes , donc je me dis que le reste ne doit guère être différent.

Une grande thématique de Murakami, c'est la frontière très perméable entre réalité et monde fantastique (ou fantasmatique). Les personnages vont de l'un à l'autre, passent de l'autre côté du miroir, il y a intrusion de l'étrange, de l'insolite dans le quotidien...
La Ballade de l'impossible est un de ses seuls (le seul?) romans qui soit en gros réaliste.
Mais si le côté fantastique ne t'a pas convaincue dans Les amants du Spoutnik, comme on le retrouve dans la plupart de ses autres romans, tu risquerais peut-être de t'ennuyer en effet.

Les Amants du Spoutnik n'est pas le meilleur Murakami, je crois... Il y a une atmosphère pas mal rendue, (la partie en Grèce), mais au final, le livre se résume à pas grand chose (et s'arrête trop tôt, de sorte de s'épargner bien des explications) ; de plus, le personnage féminin est à plusieurs reprise incohérent (elle lit beaucoup, et puis brusquement, elle est d'une ignorance crasse ; il faut que je griffonne une petite critique pour expliciter. Globalement, elle est peu nunuche, ce qui doit participer de son charme pour le héros, j'imagine).
La Course au mouton sauvage, c'est aussi du fantastique, mais plus déjanté... c'est du fantastique bien meilleur.

Ah c'est un de mes préférés celui-là (Le Spoutnik) je le trouve particulièrement énigmatique et efficace car concis, et puis il a un côté vraiment déchirant. Le Mouton est super aussi mais un peu too much dans le délirant et le métaphysique, le héros a bien fumé la pelouse du pré (ou grignoté ses champignons).

eXPie a écrit:

Globalement, elle est peu nunuche, ce qui doit participer de son charme pour le héros, j'imagine).

Il faudrait que je le relise, mais il me semble que c'est également son côté un peu paumée et borderline qui fait craquer notre héros. Chez Murakami les femmes sont bizarroïdes et les hommes fascinés par ça. Rarement le contraire.

Nezumi a écrit:

Il faudrait que je le relise, mais il me semble que c'est également son côté un peu paumée et borderline qui fait craquer notre héros. Chez Murakami les femmes sont bizarroïdes et les hommes fascinés par ça. Rarement le contraire.

C'est vrai.
Pour Le Spoutnik, je n'ai pas vraiment aimé la fin ; c'est bien, le non dit, mais là, j'aimerais vraiment qu'elle nous dise ce qui s'est passé, la femme bizarroïde... Bien sûr, il y aurait moins de mystère si elle nous le disait, mais quand même...

Remarque, à la fin du Mouton si on avait plus d'explications aussi, ça ne serait pas de trop. Bonjour l'épaisseur du mystère.

Nezumi a écrit:

Remarque, à la fin du Mouton si on avait plus d'explications aussi, ça ne serait pas de trop. Bonjour l'épaisseur du mystère.

Hé hé, oui, mais c'est tellement déjanté qu'on se doute bien que, bon, on ne saura vraiment pas tout.
Mais la fin de Spoutnik... je ne sais pas... Peut-être est-ce parce que la tonalité générale de Spoutnik tend plus vers le réel que Le Mouton, ça m'a gêné...
Enfin, ça dépend de chacun, ça, bien sûr !

Je n'ai pas lu les Amants de Spoutnik, mais je connais un ami, qui l'avais adoré (il les a pratiquement tous aimés, mais il était quand même réticent face à Saules aveugles, femmes endormies, que je n'ai pas lu non plus ... enfin bref, je m'éparpille une nouvelle fois )

Et sinon, j'aime beaucoup les livres de Murakami pour leur grande part d'implicite à la fin justement. Dans Les chroniques de l'oiseau à ressort par exemple, je ne me sens même pas capable d'en faire un résumé convenable, et à la fin on n'en sait pas spécialement plus qu'au début, pourtant entre les deux, on a pas eu le temps de s'ennuyer, en dépit de l'épaisseur du volume.Ou dans Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil, c'est tout un réseau d'indices qu'on doit tirer au clair à la fin, c'est frustrant sur le coup je trouve, mais ce procédé laisse ce voile fin qui rend la vision trouble vis à vis du récit et qui caractérise tant les livres de Murakami, qui les rend si poétiques, si profonds.
Dans la course au mouton sauvage c'est tout une folie, et on ne s'en lasse pas
Et justement, pour répondre au message d'eXPie, je pense que, de comme tu le décris, j'apprécierai peut être moins Les amants de Spoutnik à cause de ce trait de réel car j'aime chez l'auteur cette frontière floue et démente qui fait vaciller le lecteur dans un monde onirique, en proie à d'immatérielles passions (ce qui est peut être le véritable sujet des Chroniques de l'oiseau à ressort ... mais c'est encore autre chose )

Autoportrait de l'auteur en coureur de fond

Petite livre assez plaisant qui se démarque nettement de tout ce que j'avais lu de l'auteur jusqu'à présent : il est dans l'autobiographie, datée, précise, mais pas linéaire chronologiquement. On suit l'auteur depuis qu'il est devenu auteur et qu'il s'est mis à courir pour ne pas prendre trop de poids en restant assis à sa table d'écrivain. Les sensations qu'il ressent comme coureur sont décrites précisément, en parallèle avec le travail d'écrivain, Murakami nous précisant qu'il voit une certaine similitude dans les deux types d'efforts.
Certains passages, descriptions de courses sont un peu longs, mais semblent nécessaire pour comprendre la construction de la personnalité de l'auteur. D'autres, comme la description des sensations de l'auteur en courant le marathon "originel" (Athènes-Marathon) sont ciselés au plus près et enthousiasmants.
Le tout fait un joli autoportrait qui semble quand même romancé. Et, derrière certains passages, j'ai crû déceler (mais je peux me tromper, c'est peut-être son caractère réel) de la fausse modestie : son trop plein d'insistance à rappeler qu'il ne fait pas partie des grands auteurs, ou qu'il reste un coureur de fond modeste (qui a quand même achevé un ultramarathon de 100 km). Mais la lecture reste plaisante.




Dernière déception, l'absence totale d'évocation d'un moment dès plus pénible de sa vie (déni de réalité, peut-être). Les quelques mois où Haruki Murakami fut kidnapper par un gang étrange et détenu contre son gré, menacé par une grande blonde qui le menaçait avec un parapluie léopard. Alors que cet évènement semble avoir joué un grand rôle dans l'écriture de plusieurs romans, il n'y consacre aucune ligne dans cet autoportrait.

Steven a écrit:

Et, derrière certains passages, j'ai ressenti (mais je peux me tromper, c'est peut-être son caractère réel) de la fausse modestie : son trop plein d'insistance à rappeler qu'il ne fait pas partie des grands auteurs, ou qu'il reste un coureur de fond modeste (qui a quand même achevé un ultramarathon de 100 km).

C'est vrai, tu as raison, on peut parfois percevoir comme de l'auto-satisfaction dans son ton. En tout cas j'aurais sa forme physique et son talent je serais contente de moi.
Ou alors c'est de la politesse asiatique (bienvenue dans mon humble masure, je vous présente mon crétin de fils etc).

Steven a écrit:

Autoportrait de l'auteur en coureur de fond
Dernière déception, l'absence totale d'évocation d'un moment dès plus pénible de sa vie (déni de réalité, peut-être). Les quelques mois où Haruki Murakami fut kidnapper par un gang étrange et détenu contre son gré, menacé par une grande blonde qui le menaçait avec un parapluie léopard. Alors que cet évènement semble avoir joué un grand rôle dans l'écriture de plusieurs romans, il n'y consacre aucune ligne dans cet autoportrait.

Merci pour le compte-rendu. Il faudra bien que je lise, mais j'avais quelques réticences. Quant à l'absence du kidnapping dans le livre, il est certain que l'auteur n'était plus un coureur de fond mais au fond du trou. Ceci explique peut-être cela.
Quoi qu'il en soit, son dernier roman 1Q84 est en train de faire un carton invraisemblable au Japon. 2 gros volumes en plus. Je ne sais pas quand on pourra lire ça en France.

1Q84 ? Je serai assez curieux de voir quel titre ça va donner en français.
Le titre japonais de l'autoportrait de Murakami se traduirait par "Ce dont je parle quand je parle de courir", inspiré d'un titre de Raymond Carver "What we talk about When we talk about love".
Ce dernier roman a paru en France sous le titre "Parlez-moi d'amour" C'est quand je lis ça que je regrette de ne pas pouvoir lire en langue originale (au moins en anglais.)

Steven a écrit:

1Q84 ? Je serai assez curieux de voir quel titre ça va donner en français.

1N84?

traversay a écrit:

Quoi qu'il en soit, son dernier roman 1Q84 est en train de faire un carton invraisemblable au Japon. 2 gros volumes en plus. Je ne sais pas quand on pourra lire ça en France.

Un ou deux ans après la parution au Japon, avait dit l'éditeur quelque part...
Il vaut mieux prendre le temps de faire une bonne traduction et une bonne relecture...

Steven a écrit:

Autoportrait de l'auteur en coureur de fond
Petite livre assez plaisant qui se démarque nettement de tout ce que j'avais lu de l'auteur jusqu'à présent : il est dans l'autobiographie, datée, précise, mais pas linéaire chronologiquement
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Dernière déception, l'absence totale d'évocation d'un moment dès plus pénible de sa vie (déni de réalité, peut-être). Les quelques mois où Haruki Murakami fut kidnapper par un gang étrange et détenu contre son gré, menacé par une grande blonde qui le menaçait avec un parapluie léopard. Alors que cet évènement semble avoir joué un grand rôle dans l'écriture de plusieurs romans, il n'y consacre aucune ligne dans cet autoportrait.

Je crois que je le préfère dans le flou et l'irréel, je ferai l'impasse. Merci pour ces précisions Steven.

PS: Pour le reste, je connais bien une femme à parapluie léopard mais elle n'est ni si blonde, ni si grande, donc tu dois confondre avec une certaine petite Nezumi, très chouette par contre!)