Murakami Haruki

C'est vrai qu'en relisant ta phrase, du coup je comprends mieux

Le but de toute lecture c'est d'abord d'en retirer du plaisir sans l'analyser

Moi j'avais interprété, analyser la lecture ....et évidemment tu parles de plaisir, pas besoin d'analyser un plaisir effectivement

Tant pis si c'est incohérent

j'avais encore mal lu, je pensais que tu voulais dire : tant pis si la lecture est incohérente
alors que tu parlais du sentiment de plaisir

Bon le matin je ne suis pas au top, mal réveillée, j'aurais mieux fait de m'abstenir.

Non non mais c’est moi qui m’exprime mal. Evidement que tant que le plaisir est là, il n’y a pas besoin de chercher plus loin (quoi que j’aime bien aussi savoir ce que j’aime). Le plaisir ne vient pas de nulle part, c’est quelque chose de complexe et de très personnelle et environnemental. Le miens est souvent lié à une résonnance entre l’œuvre et moi. Ca peut venir d’une multitude de raisons, mais je ne lis jamais à l’aveugle (20 heures pour un livre tel que 1Q84, j’essaye de me renseigner si pour moi ça vaut le coup). Pour prendre mon pied, il faut souvent une certaine profondeur que l’incohérence inhibe chez moi (je ne parle pas de l’absurde intentionnelle). Mais du coup je décroche vite. Je voulais juste quelque indice sur cette œuvre sans m’en dévoiler l’histoire, sur les points qui me plaisent : Ambiance, finesse, immersion, beauté, réflexion, singularité…

Il y a tant à lire et trop peu de temps. C’est frustrant.

Pour ma part, je pense que l'on peut éprouver du plaisir, en particulier par la lecture, de différentes manières. Cela peut être un ressenti immédiat, complètement instinctif, mais le plaisir peut venir par une réflexion, par une analyse de l'oeuvre, l'activité de comprendre peut en elle-même être une source de plaisir. En ce qui concerne Murakami, je pense toutefois que ce n'est pas le genre d'auteur avec qui on peut connaître ce genre de choses; soit d'emblée il plaît et embarque, soit une analyse, une tentative d'explicitation plus poussée ne pourra qu'éloigner d'avantage le lecteur de ses livres. Donc Setzene, il faut que tu plonges, et soit tu aimes, soit non, et aucune explication ne te ferra apprécier plus. Et comme le plaisir instinctif ne se commande pas, il vient ou pas, dans le deuxième cas il ne te restera qu'à abandonner cet auteur.

Tout à fait d'accord avec Arabella. D'autant plus avec 1Q84 qui nécessite de laisser son esprit cartésien au vestiaire et d'accepter de ne pas tout comprendre, en se laissant emporter dans un univers flottant où rien n'est avéré. Soit effectivement l'on est fasciné et l'on s'abandonne aux sortilèges de l'écriture de Murakami, ce qui fut mon cas, soit l'on s'ennuie vite j'imagine devant une histoire, double en fait, aux contours insaisissables. Comment, dans ces conditions, conseiller ou non ce(s) livre(s) ? Mais si immersion il y a, elle est totale et source de délices indicibles.

bix229 a écrit:

Arabella a écrit:

darkanny a écrit:

bix229 a écrit:

Le but d' une lecture est d'abord d' en retirer du plaisir sans l' analyser et tant pis si c' est incohérent !

Oulà je ne me retrouve pas du tout dans ce type de lecteur.

Moi non plus, je crois de toute façon qu'il y a autant de lectures que de lecteurs, et qu'on a parfois tendance à prendre pour universel ce qui nous est particulier.

Mais MOI NON PLUS je ne m' y retrouve pas, c' était juste un petit paradoxe pour essayer de mettre fin à un questionnement. Curieux comme on peut interpreter un détail !
Ceci dit, la notion de plaisir je la maintiens et puis meme, sommes nous toujours cohérents quand nous avons du plaisir ? Et devons nous l' analyser pour savoir s' il est justifié...
Il y a comme un malentendu, je le sens !

ça me rappelle un sujet de philo qu'on avait eu en terminale: "Faut-il nécessairement expliquer une oeuvre d'art?" Et à partir de là on entre dans un vaste débat! Est-il plus important de ressentir que de comprendre? En tout cas plaisir et quête de sens, ou de références, ne me semblent pas incompatibles, bien au contraire. On manque parfois de "bagages" pour apprécier une oeuvre dans toute sa richesse mais après une lecture plaisir intuitive on peut chercher à s'éclairer un peu. Elle n'en acquiert alors que plus de relief. On passe à côté de tant de choses en s'attaquant à certains auteurs. D'où l'intérêt de redécouvrir des oeuvres au fil des années et de nos expériences, de nos recherches aussi parfois. Et qu'il reste toujours une part d'ombre à l'arrivée probablement tant mieux!

nezumi a écrit:

Tu as raison, cette complaisance lasse (les innombrables fois où la copine de Tengo lui "caresse les testicules" de façon machinale alors qu'ils devisent au pieu!) et déçoit un peu.
Il y a toujours eu des scènes de sexe chez Murakami, et jusque là elles intervenaient plus ou moins pour une raison. Mais ici cette insistance assez gratuite fait se poser des questions.

Pour en revenir aux testicules de Tengo (pas que Nezumi ou moi faisions une fixette là-dessus mais il se trouve que ces attributs sont souvent cités dans 1Q84), j’ai l’impression que la maîtresse plus âgée caresse gentiment (terme repris textuellement) les testicules de son jeune amant comme une mère tapoterait gentiment la tête de son jeune enfant, histoire de l’apaiser et de le réconforter en quelque sorte. Une question de point de vue j'imagine. Difficile en tout cas de ne pas se marrer lorsqu’on tombe sur ces passages, cela me rappelle toutes les références à l’abdomen du roman La princesse de glace de Camilla Läckberg. A chaque auteur son point névralgique visiblement

Euh oui, bon, je sors

Quand on vous disait qu'il ne fallait surtout pas analyser Murukami

Arabella a écrit:

Quand on vous disait qu'il ne fallait surtout pas analyser Murukami

Il vaut mieux effectivement se laisser porter par l'ambiance sans trop se poser de questions sous peine de dévier très rapidement son attention vers d'autres horizons

sentinelle a écrit:

nezumi a écrit:

Tu as raison, cette complaisance lasse (les innombrables fois où la copine de Tengo lui "caresse les testicules" de façon machinale alors qu'ils devisent au pieu!) et déçoit un peu.
Il y a toujours eu des scènes de sexe chez Murakami, et jusque là elles intervenaient plus ou moins pour une raison. Mais ici cette insistance assez gratuite fait se poser des questions.

Pour en revenir aux testicules de Tengo (pas que Nezumi ou moi faisions une fixette là-dessus mais il se trouve que ces attributs sont souvent cités dans 1Q84), j’ai l’impression que la maîtresse plus âgée caresse gentiment (terme repris textuellement) les testicules de son jeune amant comme une mère tapoterait gentiment la tête de son jeune enfant, histoire de l’apaiser et de le réconforter en quelque sorte. Une question de point de vue j'imagine. Difficile en tout cas de ne pas se marrer lorsqu’on tombe sur ces passages,

ah ah, bonne analyse il y a de ça en effet! Oui, ce n'est pas nous mais Murakami qui fait une fixette là-dessus manifestement, drôle d'idée car ces phrases frôlent le ridicule...
Sinon ce personnage de Tengo est plutôt sympathique et attachant (ce qui explique sûrement l'affection tapoteuse de sa maîtresse ).

1Q84 Livres 1 et 2

Impressions mitigées pour ce roman que j'ai trouvé plaisant à lire mais légèrement décevant, et dont je ne comprends pas le statut de livre-phénomène au Japon.
Une fois de plus Murakami excelle à montrer la perméabilité entre le monde réel et une autre dimension, tissant un malaise insidieux et progressif mais étrangement agréable.
Et comme toujours le style est épuré, précis, envoûtant.
Murakami nous ressert donc la même recette éprouvée et appréciée, mais on ne va pas bouder son plaisir, cela fonctionne. Le mystère est habilement entretenu, les révélations progressives nous empêchent de décrocher façon Lost mais nous laissent sur notre faim, suffisamment en tous cas pour avoir envie de lire le prochain tome à paraître.
Par contre, que de répétitions et de longueurs! Les mêmes passages sont reproduits plusieurs fois, voire copiés-collés, quand le personnage se souvient d'une conversation, récapitule ce qui s'est passé...Pas étonnant que le roman soit aussi monumental... Ce gonflage artificiel m'a plutôt déçue de la part de Murakami, qui nous a habitués à plus de consistance (consistance épurée oui je sais c'est paradoxal).
Quant à la réflexion sur l'écriture et la fiction, la mise en abyme, le roman dans le roman, les multiples références littéraires etc c'est certes bien pensé et intégré à l'histoire (de fantasy à la base...) mais rien de révolutionnaire, rien en tout cas qui puisse justifier d'en faire un livre culte.

Voilà voilà, pas si mal mais je placerais 1Q84 un cran en dessous de ses autres romans...

nezumi a écrit:

Voilà voilà, pas si mal mais je placerais 19Q4 un cran en dessous de ses autres romans...

Peut-être que le troisième volume va te faire changer d'avis ?

J'ai plongé à 100 pages en dessous de la couverture. 1Q84 me laisse neutre. Je sais pas vraiment si ça suffit pour juger, mais je pense que je vais en rester là.

Marko a écrit:

"Faut-il nécessairement expliquer une oeuvre d'art?"

Expliquer, non, mais comprendre... Pour être art pour nous, il faut qu'il y ai une part de nous, un point de départ qui nous lie à l'oeuvre.

eXPie a écrit:

Peut-être que le troisième volume va te faire changer d'avis ?

Va savoir! j'espère qu'il aura limité les répétitions dans celui-là...à un moment il nous fait même le coup des citations multiples, ça m'a rappelé le forum...

nezumi a écrit:

eXPie a écrit:

Peut-être que le troisième volume va te faire changer d'avis ?

Va savoir! j'espère qu'il aura limité les répétitions dans celui-là...à un moment il nous fait même le coup des citations multiples, ça m'a rappelé le forum...

Je me demande parfois si les éditeurs des écrivains à succès n'osent pas leur dire qu'il faut couper, ou qu'il font mauvaise route, qu'il faut revoir des passages...
En tout cas, ça va me faire hésiter avant de me lancer dans les 1000 ou 1500 pages du roman...

Je suis en train de lire le tome 1 et pour l'instant, je suis captivée :) les deux histoires sont habilement menées. On retrouve bien sûr les mêmes thèmes que dans ses autres romans, sans beaucoup d'originalité, mais tout le côté poétique et incongru de certains détails est présent, et c'est agréable.