Robert Charles Wilson

shanidar a écrit:

D'autre part je me demande comment on peut adhérer en substance à un livre dont la problématique est basée sur une aberration ?

à savoir : si la Terre est vouée à mourir parce qu'elle va être absorbée par le Soleil, je ne vois pas en quoi s'employer à une terraformation sur Mars changera quoi que ce soit à la fin de l'espèce humaine. Mars fait parti de notre système solaire donc à part reculer le phénomène à un moment donné ou à un autre l'accélération du temps aboutira à la même désintégration...

J'aimerais avoir ce livre entre les mains pour pouvoir le refermer avant même de l'avoir lu !

colimasson a écrit:

shanidar a écrit:

D'autre part je me demande comment on peut adhérer en substance à un livre dont la problématique est basée sur une aberration ?

à savoir : si la Terre est vouée à mourir parce qu'elle va être absorbée par le Soleil, je ne vois pas en quoi s'employer à une terraformation sur Mars changera quoi que ce soit à la fin de l'espèce humaine. Mars fait parti de notre système solaire donc à part reculer le phénomène à un moment donné ou à un autre l'accélération du temps aboutira à la même désintégration...

J'aimerais avoir ce livre entre les mains pour pouvoir le refermer avant même de l'avoir lu !

Quant à moi, je poursuis ma lecture doucement mais surement et celle-ci ne se révèle pas des plus déplaisantes jusqu'à présent. L'écriture ne me rebute pas non plus, rien de particulier à signaler à ce niveau en ce qui me concerne.

Concernant le pourquoi de la terraformation sur Mars (je dois bien avouer que ton commentaire m'avait beaucoup intriguée, ayant du mal à envisager que l'auteur se soit fourvoyé à ce point-là), j'ai trouvé la réponse au fil de ma lecture. Comme tu le sais, quelques mois écoulés sur terre depuis "l'Evénement d'Octobre" (= apparition du Spin) correspondent à des millions d'années en dehors du Spin. Mars vieillit et évolue donc très rapidement, son réchauffement par le soleil en expansion rendant possible le développement de la vie sur Mars par des méthodes que je ne développerai pas ici. L'idée est la suivante : puisqu'on peut implanter la vie sur Mars et que son évolution est super rapide par rapport à la terre protégée par le Spin, on peut espérer donner une seconde chance à l'espèce humaine dans le système solaire. Imagine un peu des millions de générations martiennes pour chacune de nos années sur terre : nous pouvons espérer qu'ils aient développé toutes nos connaissances mais bien plus encore, ayant eu à leur disposition plusieurs millions d'années et de générations supplémentaires pour les améliorer. Des "descendants" martiens plus intelligents que nous qui pourraient aider leurs ancêtres terriens à mieux comprendre l'origine du Spin et... peut-être sauver les terriens et les martiens de la catastrophe annoncée.

Vu comme ça, la théorie développée par Robert Charles Wilson semble bien moins bouffonne, ce que tu sembles confirmer après lecture d'autres informations, je te cite :

shanidar a écrit:

il apparait que la 'terraformation' évoquée dans le livre (le fait d'envoyer des fusées bourrées de bactéries sur Mars qui, lorsque la planète se sera suffisamment réchauffée, pourront se reproduire et créer un éco-système semblable au notre) intéresse beaucoup les scientifiques. Une manière douce de coloniser une autre planète et dans le roman le résultat est très bien décrit et assez surprenant puisque Wilson tient compte du fait qu'il n'y a pas de pétrole sur Mars et que donc les Martiens doivent développer d'autres formes d'énergie (en particulier biologique)(ainsi qu'un contrôle strict des naissances) pour survivre. Hélas il ne développe guère plus... mais sa vision de Mars est convaincante.

Avec ton explication sentinelle, ça semble tout de suite plus crédible

oui, mais c'est un pari qui parait bien léger au regard justement des milliards d'années du cosmos qui passent en quelques jours terriens, puisque l'accélération du temps aboutira à une explosion solaire ou au fait qu'à un moment donné ou à un autre Mars subira le même destin que la terre (absorption), il s'agit juste de repousser le problème dans un espace et un temps différents et les solutions paraissent tout de même bien minces. La théorie du complot est également assez bancale. Disons que j'ai lu d'autres livres de SF qui paraissaient tenir sur des bases plus solides et que Wilson ne m'a pas convaincue...

Disons que ça a au moins le mérite de développer notre réflexion de potentiels physiciens...

à la reflexion, je crois que je trouve le livre bancal parce que Wilson tient absolument à faire évoluer ses personnages dans notre quotidien, ici pas de navettes spatiales, ni de drogues artificielles, pas de clones, ni de génie génétique mais des vélos, de vieilles voitures, des fermes isolées... rien n'évoque l'univers de la SF, même la terraformation est une idée qui n'est pas absurde, seulement voilà, le manque d'informations sur le Spin rend toute l'aventure un peu miraculeuse ou facile et pas vraiment palpitante.

shanidar a écrit:

à la reflexion, je crois que je trouve le livre bancal parce que Wilson tient absolument à faire évoluer ses personnages dans notre quotidien, ici pas de navettes spatiales, ni de drogues artificielles, pas de clones, ni de génie génétique mais des vélos, de vieilles voitures, des fermes isolées...

Et c'est ce que j'aime justement chez l'auteur, ces références multiples aux personnages, à l'intimité et aux émotions même si nous sommes par ailleurs dans un roman SF. Ses romans distillent un certain charme je trouve, qu'on ne retrouve pas toujours dans les autres romans du même genre. Maintenant on adhère ou pas. Idem dans le fait que les solutions envisagées soient souvent bancales (ce que tu nommes un pari bien léger) : nous sommes dans l'impuissance, l'inconnu, les personnages font ce qu'ils peuvent et se plantent souvent. Cette façon humaine et humble de faire face à l'inattendu et l'inexpliqué à l'issue plus qu'incertaine apporte un petit supplément d'âme à ses romans. Et le fait de ne pas tout comprendre (il laisse des blancs j'imagine) ne me gêne pas non plus tant cela se rapproche finalement de notre condition humaine. Je pense que l'auteur tient justement à garder cette part de mystère, en tout cas il a procédé de même dans Blind Lake, roman qui laisse plus de questions que de réponses. Maintenant je ne trouve pas non plus que Robert Charles Wilson soit un auteur incontournable, je trouve simplement ses romans plaisants à lire, ni plus ni moins.

J’ai terminé Spin, et si la première partie est assez poussive, la deuxième se lit beaucoup plus rapidement car plus prenante.

En fait, j’ai le sentiment que Robert Charles Wilson écrit des romans SF comme d’autres auteurs écrivent des romans fantastiques : un événement étrange survient dans le quotidien, et si cet événement se rapproche plus de faits technologiques (références SF) que de faits surnaturels (références fantastiques), ce n’est qu’un prétexte pour mieux analyser le comportement de quelques-uns face à ce phénomène. Il s’éloigne de ce fait des codes du genre SF mais permet d’élargir son lectorat en incluant les codes du genre fantastique (aspects psychologiques et intimistes plus présents avec les sentiments de peur, d’angoisse, des réactions de fuite, mais aussi la nécessité de comprendre et l’instinct de survie).

Donc d’un côté Robert Charles Wilson braque ses projecteurs sur les galaxies et autres trouvailles technologiques, de l'autre il se focalise essentiellement sur deux ou trois personnages au maximum.

C’est sans doute pour cette raison que j’apprécie malgré tout Robert Charles Wilson : je ne suis pas dupe de ses faiblesses mais j’aime bien cette façon d’introduire de la SF dans notre monde d’aujourd’hui en restant au plus près de l’intime de quelques personnages.

Quelques extraits de SPin :

Citation :

Nous sommes tous mortels, mais nous avions la consolation de savoir que l’humanité nous survivrait.

Citation :

Diane s’était agrippée à la foi, Jason à la science.
Et moi à Diane et Jason.

Citation :

Quand les gens arrivent à comprendre à quel point l’univers est grand et la vie humaine courte, leurs cœurs appellent. Parfois c’est un cri de joie : je pense que c’était le cas pour Jason, je pense que c’est ce que je ne comprenais pas chez lui. Il avait un don pour l’admiration. Mais pour la plupart d’entre nous, c’est un cri de terreur. Terreur de l’extinction, de l’absence de signification. Nos cœurs appellent. Peut-être Dieu, ou peut-être juste pour briser le silence.

Citation :

Le temps est un levier utile. L’ingrédient actif est plutôt la vie. Dans l’abstrait, je veux dire, le côté réplication, évolution, complexification. L’habitude de la vie de remplir fentes et crevasses, de survivre d’une manière inattendue. Je crois en ce processus : il est robuste, obstiné.

Citation :

Il existe tant de temps différents. Celui par lequel on mesure nos vies. Les mois et les années. Ou le grand temps, celui qui soulève les montagnes et crée les étoiles. Ou toutes les choses qui se passent entre deux battements de cœur. C’est difficile de vivre dans tous ces temps-là. Et facile d’oublier qu’on vit dans tous.

Citation :

Comment construire une vie sous la menace de l’extinction ? Cette question a défini notre génération.

sentinelle a écrit:

J’ai terminé Spin, et si la première partie est assez poussive, la deuxième se lit beaucoup plus rapidement car plus prenante.

J'aurais du persister alors. J'avais commencé à le lire en vacances il y a 2 ou 3 ans mais je trouvais l'écriture trop plate et l'histoire un peu trop "littérature pour ados". J'avais abandonné en route. Il a bonne presse pourtant.

Très (trop ?) bonne presse, je ne comprends pas trop l'engouement qu'il suscite, c'est juste plaisant en ce qui me concerne, sans plus mais c'est déjà pas mal finalement.

sentinelle a écrit:

Très (trop ?) bonne presse, je ne comprends pas trop l'engouement qu'il suscite, c'est juste plaisant en ce qui me concerne, sans plus mais c'est déjà pas mal finalement.

Oui, mais généralement on attend plus d'un livre qui a reçu le Prix Hugo !
(ou alors le niveau n'était pas très élevé cette année là ?)

eXPie a écrit:

sentinelle a écrit:

Très (trop ?) bonne presse, je ne comprends pas trop l'engouement qu'il suscite, c'est juste plaisant en ce qui me concerne, sans plus mais c'est déjà pas mal finalement.

Oui, mais généralement on attend plus d'un livre qui a reçu le Prix Hugo !
(ou alors le niveau n'était pas très élevé cette année là ?)

Je ne fais pas trop attention aux prix décernés, pour tout dire, je ne sais pas du tout si ce prix est vraiment synonyme de qualité. Puis au pays des aveugles, les borgnes sont rois alors oui, il est possible que Robert Charles Wilson soit nettement meilleur que d'autres auteurs contemporains de sa génération. Je n'ai pas assez de points de comparaison en ce qui me concerne, le peu de romans SF que je lis sont plus des "classiques" qu'autre chose, donc la qualité est en général assurée mais quant à savoir ce que valent les "jeunes" auteurs de nos jours

Edit : je vois que le prix Hugo a été décerné en 2001 au roman Harry Potter et la Coupe de feu de J. K. Rowling. Mouiiii

sentinelle a écrit:

eXPie a écrit:

sentinelle a écrit:

Très (trop ?) bonne presse, je ne comprends pas trop l'engouement qu'il suscite, c'est juste plaisant en ce qui me concerne, sans plus mais c'est déjà pas mal finalement.

Oui, mais généralement on attend plus d'un livre qui a reçu le Prix Hugo !
(ou alors le niveau n'était pas très élevé cette année là ?)

Je ne fais pas trop attention aux prix décernés, pour tout dire, je ne sais pas du tout si ce prix est vraiment synonyme de qualité. Puis au pays des aveugles, les borgnes sont rois alors oui, il est possible que Robert Charles Wilson soit nettement meilleur que d'autres auteurs contemporains de sa génération. Je n'ai pas assez de points de comparaison en ce qui me concerne, le peu de romans SF que je lis sont plus des "classiques" qu'autre chose, donc la qualité est en général assurée mais quant à savoir ce que valent les "jeunes" auteurs de nos jours

Edit : je vois que le prix Hugo a été décerné en 2001 au roman Harry Potter et la Coupe de feu de J. K. Rowling. Mouiiii

Disons que d'autres Prix Hugo sont plus marquants : la Guerre Eternelle (Joe Haldeman) ; Le Maître du Haut Château (Dick - enfin, c'est un curieux bouquin, disons) ; même deux livres qui auraient pu être mieux (La Grande Porte de Frederik Pohl et L'Anneau-Monde - dont le cadre est fascinant - de Larry Niven) ; il y a aussir eu le fameux Neuromancien de William Gibson (un peu daté ?), le très bon La Stratégie Ender d'Orson Scott Card ; et puis Hypérion de Dan Simmons... etc. (Et American Gods ; il faudrait peut-être que je le lise un jour).

Quand Rowling a eu le prix, ça a créé une belle polémique, je me souviens...

Et bien je n'en ai lu aucun (à part le fameux Harry Potter et la Coupe de feu ).
J'ai bien essayé Le Maître du Haut Château mais j'ai vite abandonné (peut-être à tord).
Par contre La Stratégie Ender d'Orson Scott Card est dans ma PAL !