Richard Ford

simla, c'est dommage que tu aies été déçu dans une lecture face à laquelle tu sembles avoir eu beaucoup d'attentes...

Effectivement. J'avais vu cet auteur à la Grande Librairie et il en parlait d'une façon intéressante, et la quatrième de couverture promettait beaucoup...mais promesse non tenue. D'autant que j'en ai lus d'autre de lui, beaucoup plus "prenants".

Tant pis   

Canada

J'ai mis du temps à entrer dans ce roman tant Richard Ford détourne les attentes du lecteur. Le titre promet d'abord des grands espaces, un idéal mais le Canada représenté est bien davantage une toile de fond, longtemps hors d'atteinte. Le récit est tout aussi trompeur car si son ouverture laisse imaginer un volumineux roman d'apprentissage et d'initiation, le fait divers servant de prélude prend une place tellement importante qu'il relègue souvent à l'arrière-plan le parcours du jeune Dell Parsons.
Il faut accepter cette frustration, d'autant plus que la description répétée et minutieuse du quotidien privilégie l'anecdote. Ford évite volontairement une ampleur, un vertige pour s'interroger sans cesse autour de l'héritage d'un acte fondateur (le hold-up des parents) sur la vie d'un adolescent qui cherche à se construire.

Dell Parsons est longtemps le spectateur de sa propre vie et doit affronter l'échec de ses parents pour le dépasser. Canada n'est alors plus un périple, une évasion mais l'instant d'un présent décisif où Dell est confronté à lui-même. J'ai été sensible à cette parenthèse et à cette prise de conscience, même si Richard Ford s'attache à priori à des détails insignifiants tout en repoussant au maximum la perspective de rebondissements. La dimension apparemment statique de l'intrigue consolide l'impression que la vie est façonnée par les déceptions et les espoirs toujours reportés. C'est l'expérience personnelle de Dell et de sa soeur qui leur a permis, avec beaucoup d'humilité, de saisir des opportunités.

Mordi, essaie de lire Jim Dodge, c' est nettement plus déjanté !
L' Oiseau canadèche, Not fade away, Stone junction. Tous en français malgré leur titre.

Mordicus a écrit:

Merci Bixounet !

 De rien ! Tu reviens en automne. Là on te sens grogneuneuse...

J'ai eu pas mal de difficultés à terminer Canada aussi - c'était il y a quelques mois. Je ne pense pas le relire J'ai lu récemment une interview de Ford où il disait en substance que le personnage de Dell pouvait sembler un peu déconnecté de ce que peut être un enfant/adolescent réel (sans déc' ?) mais que c'était normal, il ne connaissait pas les enfants, il n'en avait pas, il n'en avait jamais voulu parce qu'il n'aimait pas les enfants, il n'aimait pas leur présence, les enfants c'est chiant, c'est sale, c'est bête et ça prend tout votre temps (c'était mieux dit mais en substance c'était ça) C'est un point de vue comme un autre, honnêtement je m'en fiche, chacun fait ce qu'il veut avec ses organes mais c'était dit d'une manière qui m'a mise un peu mal à l'aise

aïe, mon beaup' me l'a offert dernièrement et au vu des commentaires j'ai peur de manquer de courage...

Si tu veux une idée du style : https://orbispictura.wordpress.com/2015/02/08/saisons-2/

Courage shanidar

moui mais alors plutôt cet hiver, au coin du feu, sous un plaid et une fois fini l'ensemble de La Recherche du temps perdu...

Tu nous diras

ah, mon pauvre Richard...
en effet, c'était étrange qu'il ait choisit de raconter un livre du point de vue si atypique pour lui... il excelle mieux dans d'autres écrits...

je trouve surtout dommage que bon nombre de lecteurs l'ont découvert via Canada est ont une fausse impression de lui...

après Updike et Roth, il est la voix majeure de l'Amérique qui fait "chroniqueur" pour nous raconter ce qui se passe dans ce pays

Via son alter ego Frank Bascombe, il partage depuis presque 30 ans les états d'âmes de ce peuple et, oui, je sais, c'est un fait, il est plus bavard que Roth et Updike, mais ce cycle est tout simplement trop bon

et je vais même plus loin et j'ose dire que si un de ces jours le comité Nobel littéraire daigne regarder encore une fois via l'Amérique pour leur prix, ils ne peuvent faire d'autre choix que Richard Ford

cela se voit trop que je l'adore??

Naaan t'inquiète on n'a rien remarqué