Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Christiane Veschambre

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coline
Parfum livresque
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MessageSujet: Christiane Veschambre   Christiane Veschambre EmptyMer 27 Aoû 2008 - 23:35

Christiane Veschambre Snb10816

Christiane Veschambre est née en 1946 à Paris.
Elle a publié :
- Le Lais de la traverse (éd. des Femmes),
- Orées in Manger (ouvrage collectif, éd. Yellow now)
- Passagères (éd. Ubacs)
- La Griffe et les rubans (éd. Le Préau des collines)
- Haut jardin (éd. Le Préau des collines)
- Elle a co-dirigé la revue Land, et fondé, avec Florence Pazzottu, la revue de poésie Petite.
Le numéro 6 de la revue Le préau des collines consacre un dossier à l'ensemble de son travail.
- Qu’est-ce que je vais faire à manger ? (éditions du Rouergue)
- Robert et Joséphine

« Les "Racines" de mon écriture s’enfoncent, au moins pour partie, dans la terre de ma mère, née dans un petit village de Bretagne au début du XXe siècle d‘une mère atteinte de débilité et d’un père qui ne l’a pas reconnue. »
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coline
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MessageSujet: Re: Christiane Veschambre   Christiane Veschambre EmptyMer 27 Aoû 2008 - 23:45

Les mots pauvres

C'est le texte que j'ai entendu dire par Didier Sandre...J'ai pensé qu'il lui avait donné une force bien supérieure encore à celle que je lui avais trouvé bien que les mots de ce récit soient d’une grande richesse .
.
Comment une jeune femme se réveille un matin en ayant perdu sa voix...

Quatrième de couverture :
Se réveiller un matin muette, et donc soudain exclue du cours familier des choses, et arrachée pour une grande part au commerce des autres, telle est l’expérience limite que vit la narratrice des « Mots pauvres ».
Or, loin de l’anéantir, l’événement la renvoie à une solitude essentielle, et comme primitive, au cours de laquelle elle renaît à elle-même, libérée des pièges de l’amour-propre et des masques où l’enfermait jusque-là le souci de paraître, s’ouvrant enfin à un rapport juste et confiant avec le monde.

Extraits de " Les mots pauvres "

« L'autre matin je me suis réveillée muette. Je ne m'en suis pas aperçue tout de suite parce que j'étais seule dans la chambre. Je me sentais heureuse de la journée à vivre. Emplie d'un sentiment de liberté et de légèreté. Je me suis étirée en baillant, sans bruit, je me suis levée, je suis allée décrocher un vêtement dans la salle de bains et je me suis dirigée vers la cuisine où je t'entendais chanter. J'ai poussé la porte, je t’ai souri, tu m’as appelé par mon nom et je t’ai répondu par le tien . C’est-à-dire que j’ai ouvert la bouche, j’ai formé avec mes lèvres les deux syllabes aimées, et aucun son n’en est sorti. Tu as ri, d’abord, de me voir répéter ma mimique silencieuse, tu t’es avancé vers moi pour me prendre dans tes bras et tu t’es arrêté.Tu m’as demandé ce que j’avais, je n’ai pas pu te répondre. Finalement j’ai pris sur le buffet le papier où on inscrit les commissions et j’ai écrit : “Je ne peux plus parler.” Et je me suis mise à pleurer. »

« Avant de devenir muette, je ne savais pas lire la poésie. Je me souviens que le poème se déroulait au-devant de moi, comme de l'autre côté d'une infranchissable fenêtre. Au mieux, la poésie m'impressionnait. Je pensais n'être pas suffisamment intelligente pour elle.

À présent, il me semble au contraire qu'elle est consentement à la simplicité. Qu'elle ne demande, à celui qui la lit, que de s'abandonner. De se quitter.

Je choisis des textes de langue étrangère. Sur la page de gauche est imprimé le poème dans sa langue, sur la page de droite dans sa traduction. Et chaque matin je lis un poème, ou deux, à haute voix. Je veux dire: à haute voix intérieure et parfois même, pour la langue du poème, en remuant mes lèvres et disposant ma bouche comme pour la proférer. Car, même si je suis impuissante à la faire sonner, la langue continue de vivre en moi. Et de sentir ainsi l'espace intérieur de ma bouche varier suivant les sons de la langue étrangère, ceux qu'aucune habitude ne m'a rendus familiers, me redonne, plus fort qu'avant, le sentiment de la chair du langage. Après seulement j'en viens au poème traduit. Le sens alors offert me semble l'enfant possible, parmi d'autres, de ma première et charnelle lecture.

Il m'arrive même depuis quelques jours une chose étrange. J'ai entrepris la lecture de poèmes russes. Je ne connais rien au russe et les vers sur la page de gauche, alignant les lettres d'un alphabet qui m'est inconnu, étaient appelés à rester entièrement silencieux pour moi. J'ai cependant obstinément commencé chaque matin par parcourir des yeux, guidée par la longueur de chaque vers, la coupe des mots et le signe de ponctuation, la page de gauche avant de me rendre à celle de droite. Et peu à peu j'ai eu l'impression d'entendre le poème, de le lire vraiment en russe, comme si faire ainsi confiance portait sa récompense: sur la page de gauche, le poème m'ouvre à un secret dont, sur la page de droite, je découvre une incarnation. »
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MessageSujet: Re: Christiane Veschambre   Christiane Veschambre EmptyJeu 28 Aoû 2008 - 0:07

Robert et Joséphine
Le texte a fait l’objet d’une commande de la Scène Nationale Évreux Louviers, où il sera prochainement mis en scène.

Un texte partiellement en prose, partiellement composé de poèmes...
L'évocation du père et de la mère, des gens de très humbles conditions à travers la guerre. Des taiseux. DEs gênés. Des timides.
Ils sont morts. Leur fille voudrait construire à partir d'eux deux petites figurines qu'elle déposerait sur un tumulus...
Finalement elle écrit ce texte, elle, leur fille, l'Agrégée de Lettres.
Un texte déroutant auquel , finalement j'aurais bien vu le titre "Les mots pauvres".
La grammaire rognée jusqu'à l'os...
UN sEntiment de grandedéception pour moi...Je voudrais voir au théâtre...

"À l'étage du vaisseau
près de la gare Joséphine a sa chambre
de bonne

à côté
Robert a la sienne
de garçon
de café

le soir
c'est facile
c'est la vie même
le vif
des eaux bondissantes
de se rendre visite"



figurines sur tumulus

Elle
c'est la non-née
Lui
c'est le joyeux

vif
sa joie
comme la balle sur le jet d'eau
danse
au-dessus
du détroit
sans fond

pour la non-née
mon amour
sans objet
ne tient dans
aucun bras
m'est douleur
illimitée
sans âge
et sans

Histoire




"j’ai mon grognon
dit l’enfant
tu me l’enlèves ?

Joséphine pose
un poing fermé
sur le petit plexus
le vibrionnne
et
tortillon bien planté
vivement le retire

je l’ai eu ?
encore ! dit l’enfant
déjà soulagée
un peu
de l’indicible énigme :

qui creuse
le nid du grognon ?
et qui détient
le tire-grognon ?
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