Luchino Visconti

bix229 a écrit:

Non Elise.

Et puis je trouve qu'il faudrait éviter de prendre tout jugement négatif pour une attaque personnelle.
De toute façon, j'ai toujours pensé qu'il valait mieux éviter tout jugement critique sur un film ou un livre que les gens aiment.
La preuve est faite s'il en était besoin. Visconti était la seule entorse que
je m'étais permise.
Je m'abstiens désormais...

Sois sans crainte mon brave ! Je suis loin d'être quelqu'un à m'effaroucher si facilement. (C'était une boutade un peu rapide.)
Je suis la première à être critique et virulente quand l'humeur me prend ; aussi je me verrai mal reprocher aux autres ce même travers (même s'ils ont tort ! )

Non, disons que là c'est plus, finalement, de l'incompréhension : je ne vois pas ce qu'il y a de si outré dans le jeu de Bogarde (je veux dire, c'est pas Kinski... hihihi). Son visage est une sorte de masque vivant. Il n'est pas là pour faire réaliste, il est là pour donner à vivre ce qui l'anime. Il incarne, en somme. Je trouve ça très fascinant. Quant au reproche de l'ennui chez Visconti, ça reste un reproche très habituel, je ne suis pas très étonnée, hélas.

Je suis un peu d'accord avec Bix : Le Guépard est un chef-d'oeuvre (surtout la version en Italien, qui a également l'avantage d'être plus longue - elle est disponible, je crois en version 2 DVD, la version française et la version italienne) vraiment très fidèle au livre (même si le réalisateur a coupé la fin, qui se passe à une autre époque, il a eu raison : ça ne serait pas bien passé en film).
Mort à Venise, on peut en penser ce qu'on voudra, bien sûr, on entend tellement la 5° de Mahler dedans que si on n'aime pas... Mais le film est vraiment très différent du livre, même s'il se passe globalement la même chose. Au final, ça n'a vraiment rien à voir, c'est avant tout du Visconti.

C'est vraiment intéressant de comparer ces deux films, deux adaptations en apparence toutes deux fidèles, alors que Mort à Venise, dans l'esprit, s'éloigne radicalement du livre de Mann.

Enfin, je crois.

P.S. : Bix, j'aime bien quand tu critiques, ça fait relancer le débat, et s'interroger. C'est construit et argumenté, ça ne fait de mal à personne.

eXPie a écrit

Citation :

C'est vraiment intéressant de comparer ces deux films, deux adaptations en apparence toutes deux fidèles, alors que Mort à Venise, dans l'esprit, s'éloigne radicalement du livre de Mann.

J'avoue être incapable de situer le degré de fidélité de Visconti par rapport à Mann,cause lu il y a longtemps.Mais ce vif débat montre tout l'intérêt du cinéma de Visconti,dont il ne faut pas oublier les films plus anciens.J'y reviendrai.

Ce que dit Elise sur le jeu de Bogarde est parfaitement soutenable,
plausible. Mais pour elle.
Je crois aussi que j'avais en tete la prestation de Bogarde dans The Servant de Losey...

La vérité -quoi d'étonnant à cela ?- c'est que pour mille et une raisons,
nous ne voyons pas le meme film. Littéralement.
S'en étonne qui veut !

Bix a dit

Citation :

La vérité -quoi d'étonnant à cela ?- c'est que pour mille et une raisons,
nous ne voyons pas le meme film. Littéralement.
S'en étonne qui veut

!

Nous ne voyons pas le même film et en le revoyant,souvent,on ne revoie même pas le même film.Ce qui est vrai chez les cinéphiles,c'est que parfois ils s'érigent volontiers en une dangereuse secte.J'avoue faire partie de celle des amis de Visconti dont pourtant je n'aime pas certains films(Sandra dont je viens de parler par exemple).Mais le dialogue reste possible,heureusement.Et l'humour doit triompher,toujours,sous peine d'hypertrophie du sérieux.

Pour parler de films anciens de Visconti, j'avais apprécié Senso, avec
Farley Granger et Alida Valli.
Mais c'était il y a très longtemps... Et en Ciné club...
Encore une adaptation littéraire, d'un écrivain italien, Camilo Boito, que je
me souviens avoir lu longtemps après le film. Je crois que c'était édité par
Actes Sud.

bix229 a écrit:

Pour parler de films anciens de Visconti, j'avais apprécié Senso, avec
Farley Granger et Alida Valli.
Mais c'était il y a très longtemps... Et en Ciné club...
Encore une adaptation littéraire, d'un écrivain italien, Camilo Boito, que je
me souviens avoir lu longtemps après le film. Je crois que c'était édité par
Actes Sud.

Ah, Senso ! J'avais tellement intégré le côté "Tennessee Williams" du film que j'avais toujours cru que c'était un scénario de lui (il fait partie des co-scénaristes). Senso est un des Visconti que j'aime le moins ; il comporte les défauts - selon moi - du film trop "littéraire". (Comme Un Tramway nommé désir, qui sans Brando ne tiendrait pas la route une minute.) J'en garde un souvenir pas très engageant, un peu trop bavard, un peu trop "lourd" (manquant de subtilité) comparé à ce que Visconti a pu être capable de faire ensuite.

Cycle Visconti au Champo, à Paris. Vous m'avez persuadée d'aller m'en regarder un ou deux (Sûr mardi prochain je vais voir Mort à Venise déjà).

(J'ai vu Rocco et ses frères, je l'ai trouvé intéressant mais pas "transcendant")

Visconti remonte dans mon estime avec Mort à Venise.
J'ai adoré ces longs plans où on sent le regard extérieur, perdu, d'un être face au bourdonnement de la bourgeoisie. Les détails dans le foisonnement m'ont certainement pas mal échappé, mais c'était vraiment prenant cette ambiance déjà pesante.
Et puis il avait la maîtrise des plans larges ce Visconti. A vous poser une ambiance en un clic.
Les "poursuites" dans les rues de Venise sont extra.

Et l'acteur est terrible. Elise a raison : c'est un masque. On pourrait limite (limite hein) penser à la commedia dell'arte en le voyant. Ses traits qui se décomposent, se déforment, sous le poids de l'attirance et de la frustration. Incroyable comme dès qu'il ressent du désir pour le gamin, la maladie semble déjà l'attaquer. Ce type avait un corps dont il savait user pour la comédie ! Et le coup du relookage-maquillage qui dégouline, le rend crade, et réellement moribond, c'est visuellement très fort.

Même si j'ai trouvé que le gamin était assez fade, j'ai trouvé super qu'il soit toujours filmé d'assez loin, qu'on sente le regard de Gustav distant et captivé.

L'histoire est assez fascinante. J'aime de toute façon quand un être est poussé vers l'auto-destruction, que sa passion le mène à la mort dans une lente et immonde agonie.

Un peu moins accrochée aux digressions sur l'Art. Je les ai bien comprises, ai compris le parallèle avec l'histoire, leur incidence, et leur importance... mais je ne les ai pas "aimées" quand même. ça tombait un peu n'importe comment j'ai trouvé. Et ça faisait un peu trop "justification" du récit par un questionnement hautement important. Et puis trop "nombriliste" aussi, dans le sens où j'avais l'impression que Visconti se servait de ces passages pour nous livrer ses états d'âmes de réalisateur.

Je ne pense pas que Tadzio soit fade.Il est lointain,évanescent,presque une idée.A l'évidence Visconti projette dans Aschenbach sa propre fatigue et ses fantasmes.Je crois que la rupture avec Helmut Berger n'y était vraiment pas étrangère.

C'est ton droit mais une question,à partir de combien d'années un film est-il vieux?

Mordicus a écrit:

J'ai trouvé ça chiant comme... Comme un vieux film chiant avec une musique toute ... chiante.
Mais lent.
Et looong.
Et encore lent...

Bien simple.
Je tenais plus en place sur mon siège!

...Exactement ce que j'ai ressenti la première fois que je l'ai vu
Et ça date de sa sortie ( j'avais 15 ans )

Pour être mortel, ça l'était.
Un des pires souvenirs de mon passé ciné

Il faudrait vraiment que je le revoie avec des yeux adultes pour comprendre un tel engouement.

Idem.