Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 B.Traven [Allemagne]

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Bellonzo
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Bellonzo
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MessageSujet: Re: B.Traven [Allemagne]   B.Traven [Allemagne] - Page 2 EmptySam 16 Mai 2009 - 13:05

B.Traven [Allemagne] - Page 2 La-cha10

En fait le fil ne convient pas mais avec lui comment faire?Moins connu que Le trésor...,La révolte... ou Le vaisseau...La charrette est l'un des premiers romans du mystérieux B.Traven.Je ne reviens pas sur son identité pour le moins nébuleuse mais peux déjà vous dire que ce roman est traduit de l'espagnol.D'autres comme Le pont dans la jungle,dans ma PAL,étant traduits de l'allemand.Déjà ça situe,façon de parler,le bonhomme.
La charrette est une sorte de roman générique où le héros,le jeune charretier mexicain Andres,n'est en fait qu'un symbole de la condition précaire,voire misérable,de ces prolos d'Amérique Latine,terre de prédilection de Traven qui mourut à Mexico en 69.On sait les sympathies de l'auteur,parfois peu nuancées,mais cela ne doit pas nous empêcher d'apprécier ce tableau très détaillé de la vie menée par ces forçats sur les pistes arides ou détrempées du Mexique de Porfirio Diaz.Mes pages favorites:celles sur la fête mexicaine,avec son culte de la mort si spécifique et dont sut nous parler Eisenstein par exemple.Et les vieilles légendes indiennes ressurgissent ça et là entre enchiladas et tortillas un brin bourratives.
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MessageSujet: Re: B.Traven [Allemagne]   B.Traven [Allemagne] - Page 2 EmptyVen 14 Aoû 2009 - 20:49

Indianitos

B.Traven [Allemagne] - Page 2 41v5bf10

Toujours un grand plaisir de lecture avec ce diable de Traven.Ce roman se déroule sur une seule nuit,une nuit d'angoisse puis de lamentation,la disparition d'un enfant près d'un modeste pont sur une rivière dans la jungle équatoriale d'Amérique du Sud.C'est le tableau de cette petite communauté d'indiens très pauvres avec quelques gringos de passage.Il y a non loin une compagnie pétrolière mais aujourd'hui c'est bal et l'on attend les musiciens.Quelques heures passent ainsi et le drame se noue.Traven ne nous inflige pas l'éternelle leçon des profiteurs même si l'on connait ses sympathies.Mais il nous brosse les émois,les chagrins et la calme solidarité de ces gens de peu,si intéressants sous sa plume de voyageur.Un auteur qui va pourtant bien au delà de la littérature de voyage,ce qui serait déjà très bien.Une littérature universelle
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MessageSujet: Re: B.Traven [Allemagne]   B.Traven [Allemagne] - Page 2 EmptyDim 23 Aoû 2009 - 21:49

Trésor de la Sierra Madre

hep hep hep... on s'arrête deux minutes pour ce qui va suivre.

première bonne chose : autre maison d'édition que les précédentes lectures, cette fois c'est Sillage, plus agréable objet et présentation, mise en page... biographie et présentation du texte, étiquetté "première traduction intégrale". Et on peut se permettre de s'en réjouir.

deuxième chose, pas mauvaise pour autant, l'autre étiquette est "le chef d'oeuvre de B. Traven", faudrait peut être tous les lire pour savoir, n'empêche je suis content d'avoir déjà fait la connaissance de l'auteur parce que je pense bien que la lecture n'en a été que meilleure. Et oui, c'est du très très bon qu'il nous sert là.

C'est comme un plat un peu simple avec des goûts un peu trop marqués, un dosage un poil excessif, mais ça reste terriblement bon et on le mange de bon coeur le machin, le truc simple qui nourrit et colle le sourire avant de vous pousser dans la plus bête des sieste. Un certain bonheur donc.

Sauf que c'est pas si bête. C'est extrêmement bien foutu et balancé. Une histoire de pauvres types plus ou moins honnêtes qui ont besoin d'argent, juste ce qu'il faut pour un toit, un verre et une gamelle, voir un peu plus pour se mettre à l'abris. Un type, puis deux, puis trois... et l'or. Et la folie qui l'accompagne mélange d'avidité et de peur. L'évolution qu'on sent venir est salement bien mené avec nos zozos aux caractères bien trempés et quelque peu ombrageux. Plaisir.

Et des histoires, comme des contes qui illustrent l'ensemble et amènent le prochain développement, des histoires d'or, des histoires de bandits (cruels !)... des histoires d'indiens aussi... et l'incontournable penchant de l'auteur pour égratigner les avidités systématique d'une Eglise volontiers cruelle ou d'un capitalisme pompeur de pétrole et d'énergie humaine. ça pourrait être simple et manquer de fond si Traven n'avait pas un horrible talent pour aller chercher la faiblesse chez chacun. Bon ou moins bon il ira vous trouver une graine véritable de crapulerie et vous expliquera nons sans provoquer la sympathie la belle plante que cette graine donnera si l'occasion se présente. (on finira éventuellement par se demander si la sympathie est méritée rire )

L'humour est noir et l'humanité réelle. D'arrangements en arrangements, et en arrangement avec la réalité on se prend dans les dents un formidable récit d'aventure humaine agrémenté de quelques visions d'un rustique bon sens. L'irréel d'un Mexique harrassant dont tous les acteurs sont croqués avec une perspicace désinvolture servi sur un plateau (ou tout ce qui fera l'affaire).

Pas facile d'espérer donner envie sans trop en dire... il prend le temps Traven de planter un décor et des personnages pour faire évoluer les idées et plus encore son récit, il n'hésite même pas à en abandonner en route, à changer de direction et à poursuivre. (<- et c'est drôlement bon).

ça m'a semblé un parfait mélange du meilleur du Vaisseau des morts (pour sa grandeur un peu déglinguée et mystique et de la Révolte des pendus pour ses Indiens et le grain de folie des personnages...

Vraie bonne lecture, valeur sûre pleine de ruse et de sagesse (? ... s ? ) et à lire par gros morceaux pour se lécher les doigts... Cool

singe

(extrait quand il fera jour ...)
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MessageSujet: Re: B.Traven [Allemagne]   B.Traven [Allemagne] - Page 2 EmptyDim 23 Aoû 2009 - 21:55

Très bienle Trésor de la Sierra Madre, c' est mon préféré...
Le film de Huston avec Bogart, pas mal non plus...
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MessageSujet: Re: B.Traven [Allemagne]   B.Traven [Allemagne] - Page 2 EmptyDim 23 Aoû 2009 - 21:57

je suis encore un peu plus curieux de voir le film parce que franchement à le lire on ne peut pas imaginer une adaptation qui ne soit différente et avec de grosses coupes.
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MessageSujet: Re: B.Traven [Allemagne]   B.Traven [Allemagne] - Page 2 EmptyDim 23 Aoû 2009 - 23:52

Ton commentaire sur ce livre donne vraiment envie Animal ! Et j'ai commencé à bien lire à partir de cette phrase :

animal a écrit:
Trésor de la Sierra Madre

[...]
C'est comme un plat un peu simple avec des goûts un peu trop marqués, un dosage un poil excessif, mais ça reste terriblement bon et on le mange de bon coeur le machin, le truc simple qui nourrit et colle le sourire avant de vous pousser dans la plus bête des sieste. Un certain bonheur donc.

[...]

Et ensuite, plein de trucs qui me disent qu'il faut que je regarde ce livre de plus près.
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MessageSujet: Re: B.Traven [Allemagne]   B.Traven [Allemagne] - Page 2 EmptyLun 24 Aoû 2009 - 7:39

Moi j'en suis à cinq Traven et je ne sais pas quel est le meilleur mais je les ai tous aimés.Le film est excellent et à l'évidence les personnages sont hustoniens au possible.
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MessageSujet: Re: B.Traven [Allemagne]   B.Traven [Allemagne] - Page 2 EmptyLun 24 Aoû 2009 - 14:08

extrait, un peu tiède par rapport à d'autres passages mais absolument dans le principe et dans l'ambiance :

Citation :
- J'ai l'impression, dit Dobbs, qu'il ne nous reste plus qu'à vendre notre peau le plus cher possible et, au dernier moment, quand ils sauteront dans la tranchée, d'envoyer en enfer autant de ces fils de garce que nous pourrons.
- N'oublie pas de garder une balle pour te faire sauter la tête, ajouta Curtin. Je prie tous les saints du bon Dieu pour ne pas être fait prisoniier. Si on ne peut pas se tirer une balle, mieux vaut se donner un coup de poignard - ce sera toujours plus agréable que de se faire écorcher par eux. Fasse le ciel que nous ne tombions pas entre les mains de ceux que nous avons blessés."
Très pâle, Lacaud essayait vainement de sourire à toutes ces plaisanteries. Howard qui le regardait avec commissération, lui donna une claque dans le dos en disant : "Eh bien, mon gars, si tu me l'avais demandé plus tôt, je te l'aurais dit tout net, l'or coûte toujours très cher, quels que soient la façon dont tu le trouves et l'endroit où tu le trouves." A ces mots, Curtin eut une idée : "Peut-être nous laisseraient-ils tranquilles si nous leur donnions nos provisions et nos fusils.
- Non ma jolie, répondit Howard, tu les connais mal. Ce peuple a passé quatre siècles à vivre dans des conditions où il ne servait à rien de faire confiance à qui que ce soit, où il était inutile de se construire une maison, de déposer ses petites économies à la banque ou de les investir dans une entreprise honnête. Ils ne te traiteront pas mieux que ne les ont traités, pendant quatre cents ans, l'Eglise, le gouvernement espagnol et celui du Mexique. Ils predndront ton or et tes armes quand tu les leur proposeras, et ils te promettront de les laisser partir si tu le souhaites. Mais en aucn cas ils ne tiendront parole. Quoi qu'ils disent, ils te tortureront, afin de s'assurer que tu leur as donné tout ce que tu avais. Puis ils te tueront, parce que tu pourrais les dénoncer. S'ils n'ont jamais su ce qu'était la justice, ne t'attends pas à ce qu'ils l'apprennent ici. Personne n'a jamais été loyal envers eux; comment pourraient-ils l'être envers toi ? Il est impossible qu'ils tiennent leurs promesses, puisque celles qu'on leur a faites n'ont jamais été tenues. Ils se contenteront de prononcer un Ave Maria avant de te massacrer, ils se signeront, et il en ira de même quand ils auront fini. Nous ne serions pas très différents d'eux si nous avions été les victimes, nous aussi, au cours des quatre cents dernières années, de la tyrannie et de la superstition, du despotisme, de la corruption et d'une religion pervertie.
- Je me demande, intervint Curtin, pourquoi ils ne nous ont pas sorti plus tôt cette vieille ruse de Peaux-Rouges.
- Eh bien, fit Dobbs avec un grand sourire, les Indiens sont plus fainéants qu'une vieille mule. Ils étaient trop paresseux pour fabriquer directement leurs barricades. Ils ont essayé de nous attraper sans effort mais, quand ils se sont rendu compte qu'ils n'y parviendraient pas, ils se sont décidés à employer les grands moyens. Je parie qu'ils nous maudissent de leur donner tant de peine."
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MessageSujet: Re: B.Traven [Allemagne]   B.Traven [Allemagne] - Page 2 EmptyDim 5 Déc 2010 - 19:36

Le trésor de la Sierra Madré.

Me voilà plongé dans un grand livre d’aventure qui nous conte l’histoire d’hommes à la recherche de la fortune.

Très intéressant ce livre cela débute de façon burlesque, on fait connaissance avec le premier personnage du livre Dobbs qui traine en ville en mendiant de l’argent, un jour il rencontre le deuxième personnage de livre Curtin. Les deux ils décident d’aller travailler sur des forages de pétrole.

Ce travail ne leur rapporte rien à cause de la filouterie du patron, ils retournent en ville font la connaissance du troisième personnage du livre, Howard un vieillard qui a longtemps travailler sur des mines d’or.
De là ils leur viennent l’idée puisqu’ils ne sont que de pauvre bougres en ville d’aller dans la Sierra Madre terre très hostile pour les hommes mais qui est riche en or.

Le livre nous raconte les mois passés dans la mine d’or à extraire le précieux métal.

Les trois héros du livre vivent repliés sur eux même obligés de se supporter, parmi les trois il y en a un qui apportera le mal dans le groupe. Il y a de belles scènes qui tourne à la paranoia, et aussi on les voit solidaires entre eux lorsqu'il y a un danger qui les menaces.

J’ai trouvé très bien ce livre qui est un grand roman d’aventure ou tout simplement en bon divertissement, avec au début des situations burlesque qui nous font rire et peu à peu plus le livre prend forme plus il y a un fond qui nous fait réfléchir sur les hommes et leur nature à se mentir, à agir par la violence. Vers le milieu du livre il y a une attaque de train par des bandits qui est saisissant, époustouflant, j’ai trouvé extraordinaire la façon dont c’est raconté, un grand moment. Il y a aussi une critique sur le pouvoir destructeur de la religion chrétienne venue d’Europe sur les indiens mexicains, cela tourne carrément au pamphlet. L’auteur nous décrits aussi les conditions de vie misérable, la lutte sans merci entre les bandits, les indiens mexicains, le pouvoir militaire ou tout se règle sans procès mais plutôt avec une cartouche. C’est une peinture sociale de l’époque.
Et il y a l’or et l’influence néfaste sur les hommes, il suffit d’un seul homme pour que cela tourne mal, même si les autres sont honnêtes.

Un très bon livre tout public je le vous conseille, comme noël approche c’est un livre idéal à mettre sous le sapin.
Merci à Animal qui a pensé que je penserai que ce livre me plairait. Dans le mille bravo.

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MessageSujet: Re: B.Traven [Allemagne]   B.Traven [Allemagne] - Page 2 EmptyDim 5 Déc 2010 - 19:43

Je ne connaissais que de nom à cause du film (que je n'ai même pas vu), et je croyais que c'était un western.
Roman d'aventure divertissant avec un fond de critique sociale, ça donne envie, je note!
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MessageSujet: Re: B.Traven [Allemagne]   B.Traven [Allemagne] - Page 2 EmptyDim 5 Déc 2010 - 20:15

Hé oui critique sociale qui n'est pas douce, l'auteur enfonce bien le clou. C'est aussi une qualité du livre.
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MessageSujet: Re: B.Traven [Allemagne]   B.Traven [Allemagne] - Page 2 EmptyDim 5 Déc 2010 - 20:22

me voilà content. c'est un très très bon souvenir en lui-même et de souvenir de lecture, vraiment de celles qui emportent !
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MessageSujet: Re: B.Traven [Allemagne]   B.Traven [Allemagne] - Page 2 EmptySam 11 Aoû 2012 - 14:42

B.Traven [Allemagne] - Page 2 97827011

Rosa Blanca

Roman de critique sociale mais divertissant ? La Rosa Blanca est une hacienda que son propriétaire refuse obstinément de vendre à la Condor Oil Company une grande société américaine qui possède tous les terrains autour et compte plus ou moins en extraire du pétrole. Côté Mexique d'abord Hacinto Yanez le paysan Indien explique pourquoi cette terre dont tous dépendent est invendable. Les familles en dépendent. Côté Amérique un long portrait de Mr Collins, directeur de la Condor Oil Company : son parcours, sa maitresse, ses besoins toujours plus grand en argent. Une fin tragique et encore la guerre au Mexique.

Le portrait du capitalisme et de ses dérèglements est acide et sans pitié avec dans les moments forts une crise boursière avec victimes construites de toutes pièces (je pense qu'on aura rarement écrit aussi simplement un sale truc pareil) et une fête démesurée. Deux aspects d'une société un peu folle ou se stimulent argent et pouvoir tout en laissant de la place à une particulière humanité dans les rapports étranges de ce couple fou qui en veut toujours plus. La part d'implication ou de dédouanement moral est loin d'être absente et constitue l'un des sels noirs de cette histoire.

Roman social et socialiste très très appuyé mais efficacement écrit. S'il est incontestablement très engagé il ne fait pas non plus dans l'angélisme même dans la contemplation de cette vie paisible et rurale des Indiens, c'est pourtant avec une profonde mélancolie dans cette vie rude et simple mais aussi douce qu'il va ancrer les racines du livre et d'une grande partie de son œuvre. L'ombre de la lutte plane sur le livre et sur d'autres (La révolte des pendus pour en citer un lu précédemment) mais c'est le soleil d'une vie commune apaisée qui donne la chaleur. C'est un constat triste pour les Indiens du Mexique et amer sur les relations entre ce pays et son grand voisin.

Déroutant car se passant essentiellement du coté américain (mais quel effet de contraste aussi) et parce que très explicite de par son orientation politique revendiquée il exerce néanmoins sur le lecteur une étrange fascination.
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MessageSujet: Re: B.Traven [Allemagne]   B.Traven [Allemagne] - Page 2 EmptySam 11 Aoû 2012 - 19:23

extrait choisi volontairement pendant la crise mentionnée dans le commentaire et juste après une de ces articulations. comme ça je crois que ça un aperçu valable du style, du ton, et de l'ambiance tout en en gardant énormément en réserve pour les lecteurs éventuels :

Citation :

L'agitation grandit dans le pays. Des économistes, de grands industriels, des banquiers se mirent à écrire de beaux articles dans les journaux. Tous aboutirent à cette conclusion que la disette de charbon, qui se faisait maintenant sentir sérieusement, était la seule raison de cette crise survenue si vite et d'une manière si inattendue, et que la crise serait bientôt terminée si l'on pouvait remédier à cette pénurie de charbon. Celle-ci était maintenant réelle. Car si tous les mineurs faisaient grève, il ne resterait dans quelques semaines plus le moindre morceau de charbon.
Dans leurs manchettes, les journaux conjuraient le gouvernement d'intervenir en médiateur et de mettre à tout prix fin à la grève. Mais cette proposition se heurtait à l'opposition de centaines de grandes compagnies et de milliers de grands industriels qui prétextaient qu'en intervenant dans la grève, le gouvernement attenterait à la liberté du commerce et du travail et, par suite, à la sacro-sainte constitution.
Le gouvernement ne fit d'ailleurs pas mine d'intervenir. Il prit la seule décision dont un gouvernement semble être capable réellement : il envoya des miliciens et des mitrailleuses dans les districts où il y avait des grèves. On insulta les soldats et on leur jeta des pierres, parce que leur présence excitait les grévistes. Aussi les cortèges de grévistes furent sérieusement étrillés. Tantôt ici, tantôt là. Et tous ceux qui redoutaient le spectre de la disette de charbon - c'était la population toute entière, défalcation faite des grévistes - s'écriaient : " C'est fort bien que le gouvernement rétablisse l'ordre et casse la tête aux anarchistes ; les grévistes vont sans doute revenir à la raison."
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Bédoulène
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MessageSujet: Re: B.Traven [Allemagne]   B.Traven [Allemagne] - Page 2 EmptyDim 31 Aoû 2014 - 10:09

La révolte des Pendus

Là, comme dans des lectures précédentes qui traitent de révoltés se  retrouve l'exploitation de l'homme par l'homme, avec la complicité (réelle ou muette) de l'église,  quel  que soit le pays.

" Mais Dieu qui est venu sur terre deux mille ans auparavant pour sauver les hommes, a sans doute oublié les Indiens."

Qui dit "opprimés" dit "révoltés" et c'est bien cette révolte que dans ce livre l'auteur nous conte, celle des Indiens du Mexique.


Dans l'enfer qu'est une "montaria" pour les Indiens on retrouve aussi des "classes" sociales, le patron (patroncito) le chef  ou Jefe, ses contremaîtres ou capataces, ensuite viennent les artisans (sellier, cuisinier etc.....) et les exploités les Indiens nommés chamulas.

"Les maîtres, les Cachupines, les Espagnols, les Ladinos et les Chinos blancos des cafetales allemands étaient des dieux contre lesquels un péon indien n'eut jamais osé se révolter. Ce n'était ni par lâcheté ni par l'esprit d'un pardon qu'ils agissaient ainsi. Ils savaient qu'il y a des dieux et des serviteurs. Et qui n'était pas dieu ne pouvait être qu'un serviteur obéissant et soumis."

La forêt est aussi exploitée par l'homme, l'acajou est d'un grand profit et est exporté, les grands exploitants étaient souvent des étrangers d'ailleurs (Américains, Allemands..)
Les exploités devaient fournir 3 à 4 tonnes de « trozas » rondins par jour, le lecteur peut imaginer facilement le chantier d’abattage.

Ce pays à cette époque est sous la dictature d'un vieux "cacique", lequel adopte toutes les "suggestions" des grands propriétaires. La révolte gronde dans toutes les régions, mais seuls les patrons le savent, les Indiens ne savent ni lire, ni écrire et donc facilement exploitables.

"Si le trône du vieux vacille et s'effondre, alors toute la République sera en feu. Et, comme depuis des années, personne n'a appris à penser, parce que c'était interdit de penser, elle brûlera jusqu'à ce que tout soit consumé et nous avec."

La violence répond à la violence, c'est pour cela que la révolte va être meurtrière.

Mais après avoir si longtemps baissé la tête, donné l'échine, les Indiens des exploitations avaient besoin d'un révélateur pour oser se libérer, c'est un enseignant qui peine avec eux qui va les inciter à la révolte.
Donc là,  la reconnaissance du "savoir" est une force libératrice.

"Mais quand l'opprimé commence à prendre conscience que sa vie est devenue semblable à celle des animaux, qu’il lui est impossible de leur ressembler davantage, alors les limites sont déjà franchies. Alors, l’homme perd toute raison et il ait comme un animal, comme une brute, pour tenter de retrouver sa dignité d’homme. »

Certains tels les péones de la petite exploitation que rencontrent nos révoltés  font  une révolution pratique, c’est-à-dire uniquement à leur profit comme le constate et  regrette l’un des protagonistes,  El Pofesor.

« Une révolution qui explique et qui a besoin d’être motivée n’est plus une révolution. Elle n’est qu’une lutte pour la propriété et les emplois. La vraie révolution, celle qui est capable de changer les systèmes, elle est au fond  du cœur des vrais révolutionnaires. Le vrai révolutionnaire ne pense pas au profit personnel qu’il peut retirer d’une révolution. Il démolit le système social au milieu duquel il souffre et voit souffrir les autres hommes. Il se sacrifie et meurt pour le détruire et pour réaliser d’autres idées. »

Le lecteur ne connaîtra pas le dénouement de cette « révolution », mais il apparait que tous  ces révoltés sont conscients qu’à présent ils ne doivent et ne peuvent que continuer dans leur engagement.

J’aime que l’auteur ait laissé la liberté au lecteur d’imaginer une fin à son goût à ses idées.

Je reviendrais pour d’autres lectures.


Dernière édition par Bédoulène le Mar 25 Nov 2014 - 9:50, édité 1 fois
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