Henri Bosco

coline a écrit:

tina a écrit:

J'ai passé aujourd'hui un long moment à regarder des photos du Lubéron sur internet car je ne connais pas. (J'ai appris au passage que Camus y avait eu une maison).

Camus et Bosco sont enterrés tous deux dans le cimetière de Lourmarin...

Les dernières volontés de Henri Bosco où il est question d'un certain Sanglier...

« Enfin on chantera tes bêtes : renards, martres, fouines, blaireaux, nocturnes et le sanglier qui est peut-être ton dernier dieu (Mais silence, tu me comprends...)

Pour moi, si quelque jour, je dois tomber loin de ta puissance, je veux qu'on ramène mes cendres à Lourmarin, au nord du fleuve, là où vécut mon père et où, trop peu de temps, j'ai connu les conseils de l'Amitié.

Et que l'on creuse alors sur ta paroi, en plein calcaire, là-haut loin des maisons habitées par les hommes, entre le chêne noir et le laurier funèbre, un trou, ô Luberon, au fond de ton quartier le plus sauvage. J'y dormirai.

Et puisse-t-on graver, si toutefois alors quelqu'un prend souci de mon ombre, sur le roc de ma tombe, malgré ma mort, ce sanglier »

D'une manière générale l’œuvre de Henri Bosco souffre d'un malentendu qui l'associe au mieux au "Mas Théotime" mais le plus souvent à "L'enfant et la Rivière" ou à "L'âne culotte" (tous excellents au demeurant) qui alimentent une image de littérature pittoresque et plus ou moins enfantine. Alors que sa littérature est très élaborée, complexe, héritière du romantisme allemand, pleine de mystères et de références symboliques. On trouve quand même encore quelques uns de ses ouvrages en poche comme Le Sanglier, Sylvius, le cycle de Pascalet (et encore... Le Renard dans l'île dans les rayons littérature enfantine), L'âne culotte, Le Mas Théotime, Hyancinthe, Un rameau de la nuit et Malicroix (ces quatre derniers étant parmi ce qu'il a écrit de plus beau). Par contre tout le reste est à chercher dans les brocantes, sur ebay, amazon... et dans des états aléatoires. L'antiquaire est un roman difficile même s'il peut se lire agréablement au premier degré. Pareil pour Le récif ou pour Une Ombre. Ils ne sont pas réédités et sortent encore moins en poche. J'ai réussi à les trouver tous au fil des années et il m'en reste encore quelques uns à lire (plus beaucoup malheureusement). L'ensemble de cette œuvre est d'une richesse incroyable qui attend toujours plus de reconnaissance même s'il existe de nombreux travaux universitaires, des colloques, un cahier Henri Bosco publié régulièrement avec des analyses... Il est aussi un peu dans l'ombre de Giono qui est évidemment un grand écrivain mais que je trouve moins puissant que Bosco. Le temps le réhabilitera probablement davantage.

L'antiquaire est une authentique œuvre d'initiation (rien à voir avec les pauvres Paolo Coelho et autres confrères, qu'on qualifie abusivement "d'initiatiques" - ce qui est à mourir de rire ).

HB, c'est du solide, du nourri, du crypté, du subtil, bref tout ce qui fait la complexité et la valeur d'une œuvre ésotérique.

A caser dans le même tiroir que Dante, par exemple.

HB est tellement dense que parfois il faut faire une pause (ce que je fais en ce moment), alors que je ressens une forte attraction de continuer, mais "je digère".

D'ailleurs, sauf grosse tuile, je relirai l'antiquaire cette année.

J'ai un peu oublié Giono, lu très jeune.
Mais je ne me souviens pas d'une quelconque allusion ésotérique.
Me trompé-je ?

tina a écrit:

HB, c'est du solide, du nourri, du crypté, du subtil, bref tout ce qui fait la complexité et la valeur d'une oeuvre ésotérique.

A caser dans le même tiroir que Dante, par exemple.

HB est tellement dense que parfois il faut faire une pause (ce que je fais en ce moment), alors que je ressens une forte attraction de continuer, mais "je digère".

Tu risques d'effrayer...
Certains romans de Henri Bosco sont tout de même très accessibles, même à qui ne court pas après l'ésotérisme...comme moi par exemple...

tina a écrit:

J'ai un peu oublié Giono, lu très jeune.
Mais je ne me souviens pas d'une quelconque allusion ésotérique.
Me trompé-je ?

Non. Giono a plus avoir avec la mythologie (grecque notamment). Je les compare surtout en tant que "grands écrivains" provençaux. Il y aurait aussi Mistral et Daudet, dans une moindre mesure Pagnol. Mais la réputation de Giono éclipse celle de Bosco injustement. On le cite avec respect alors que Bosco n'évoque pas grand chose la plupart du temps.

C'est vrai Coline, a trop parler d'ésotérisme on risque d'éloigner de Bosco alors qu'il peut se lire de bien des façons tout aussi agréables. Car il a d'abord la magie d'un style unique.

Le sanglier est tout en symboles. Et réussir à créer une authentique atmosphère avec ce concentré de paraboles, il faut le faire ! Car sans talent, on risquerait de rentrer dans quelque chose d'abstrus.

Quant à moi, retour avec Le Mas Théotime et ça y est, ça se corse, j'arrive sur la fin et j'ai bien failli y passer ma nuit car je veux savoir (j'en suis au moment de la mort de Clodius et de la rencontre avec le juge insupportable, plein de préjugés et de certitudes et le "colporteur" planqué dans le grenier...).

Je suis subjuguée par ce héros solitaire, hyper sensible, également sauvage.

Et puis dans ce livre, le suspens est à la limite du supportable, on sait depuis le début que le ciel va se déchirer, alors on attend.
A l'instar de dame Nature, il exhorte à la patience.

Une vidéo amusante où Bosco, dans sa maison de Nice, évoque rapidement Tante Martine et se met aux fourneaux pour faire des macaronis "à la Bosco" !: Bosco: L'art d'être jeureux

Très bien cette vidéo de "l'enchanteur" Bosco...
En cuisine, il fait surtout de la figuration, non?...

J'ai regardé aussi parce que Bosco était filmé à Nice. Il est touchant ce monsieur. Bosco pour moi, c'est les souvenirs de dictées de l'Ane culotte, c'est dire. Je sais qu'il a écrit d'autre chose mais je n'ai pas pu rentrer dedans. Un peu trop éthéré mais peut-être faudrait-il que je retente, qui sait?

J"ai aimé sa recette de macaronis à la bosco, son amour pour Cochereau, et sa nonchalance tranquille. Il ne faut pas aller contre la vie nous dit il, et il a raison!
J'ai appris que son ancêtre a créé le collège Don Bosco. Ca alors, je ne savais pas (j'y passe tous les jours devant) et à présent je vais enquêter sur cette fameuse Maison Rose (rue de l'abbaye St Pons)

Aeriale a écrit:

J'ai regardé aussi parce que Bosco était filmé à Nice. Il est touchant ce monsieur. Bosco pour moi, c'est les souvenirs de dictées de l'Ane culotte, c'est dire. Je sais qu'il a écrit d'autre chose mais je n'ai pas pu rentrer dedans. Un peu trop éthéré mais peut-être faudrait-il que je retente, qui sait?

Aériale, je te conseille de retenter avec la lecture de Un oubli moins profond, premier tome de ses souvenirs...Il y a déjà tout Bosco dans ces souvenirs d'enfance, et cet ouvrage donne envie de découvrir son oeuvre...Un bonheur!...Et c'est tout simple...

Aeriale a écrit:

J'ai appris que son ancêtre a créé le collège Don Bosco. Ca alors, je ne savais pas (j'y passe tous les jours devant) et à présent je vais enquêter sur cette fameuse Maison Rose (rue de l'abbaye St Pons)

Eh oui, il faut que tu ailles en repérage vers cette Maison rose...Nous t'envoyons en mission...

Le Trestoulas et L'habitant de Sivergues faisant partie des quelques romans qui me restent à lire je comblerai vite cette lacune.

Un rameau de la nuit

Je suis très contente d'avoir, grâce à Marco, découvert Bosco ! Quel beau livre que ce Rameau de la nuit, indescriptible. Je ne vais donc pas décrire le livre ni le résumer, mais donner mes impressions. L'écriture est magnifique, poétique, la nature est sublimée. Sensation de sérénité, de paix sous les forces naturelles et surnaturelles de la terre ; impression seulement !  sous la plume de Bosco, car y règne une épouvantable angoisse qui monte paisiblement, la crainte de voir à chaque instant surgir de nulle part quelque chose ou quelqu'un, une âme ou une Ombre, un double... La mort rode aussi, un enfant est malade, un homme est souffrant...
La nuit est magnifiée, effrayante aussi, palpable car opaque et dense. S'y aventurer c'est risquer de se confondre et de se fondre en elle.
Le jour, c'est la Haute-Provence, Gèneval, petit village perdu, silencieux avec ses rares habitants. C'est la maison de Loselée, emplie de mystère, avec son jardin et au-delà, son parc, où Meyral demeure dans une chambre qui recèle des secrets. Secrets des morts, secrets des amours prêts à surgir eux aussi de la nuit.
J'ai été plus particulièrement sensible à cette époque où Meyral s'installe et va vivre à Loselée, plutôt qu'à l'époque antérieure où il erre sur les quais pour rejoindre l'Altaïr, l'épave au large de Marseille, lieu confiné où les expériences oniriques se confondent avec la vie même. Ce livre est tellement riche que le résumer ou donner ses modestes impressions c'est lui enlever sa part de mystère car les mots pour le décrire seront toujours trop terre à terre.
Je prévois une autre lecture de cet auteur, je suis conquise !

Comme tu en parles bien! C'est un bonheur de te lire   
Ce roman est très mystérieux et très beau. Les cahiers Henri Bosco en proposent de multiples analyses mais rien ne vaut le ressenti individuel malgré le risque de passer à côté de beaucoup de choses.
Si tu veux poursuivre, les indispensables me paraissent être Malicroix, L'Antiquaire et bien sûr le sublime Hyacinthe.

A bientôt sur ce fil   

Y a t-il une différence entre "Hyacinthe" et "Les jardins de hyacinthe" ?