Henri Bosco

Marko a écrit:

coline a écrit:

MALICROIX

Bosco nous émerveille puis il happe le lecteur en le faisant vivre et ressentir tout autant que le héros. Il y a tension mais il n’y a pas tourmente ( même au moment de l’extraordinaire tempête).

Cette séquence de tempête est un morceau d'anthologie à l'image de la scène des étangs dans Hyacinthe. Trouvons des extraits!!!!

Oui...Mais ce sont des pages...Et tu sais bien que je ne tape que d'un doigt...

Malicroix (extrait)

Voici le début de la fameuse tempête...Elle dure sur plusieurs pages...Morceau d'anthologie comme l'a dit Marko...
Ce que j'aime c'est que les descriptions chez Henri Bosco ne donnent pas seulement à voir...elles donnent à ressentir...

"La première plainte de l’être nocturne ne fut, sur le chaume du toit, qu’un frôlement. Le vent flotta. On fit flotter les feuilles. On entendit frémir la cime des arbres, et, très douces, sous deux poussées, frissonner, au faîte du chaume, les pailles sensibles. Puis tout se tut. Mais un bruissement s’éleva à quelque distance de la maison, et le monde des branches tressaillit. Un souffle. La forêt ondula nerveusement. Et un sourd murmure courut au-dessus de l’île enveloppée d’ombre. La poussée s’aviva, puis trois ou quatre petits coups frappèrent les brindilles. Elles fléchirent par milliers sous la pression du souffle et une frange d’air se détacha de la masse humide des arbres. Une faible mais universelle agitation troubla le repos de la nuit. Cette rumeur montant de tous les horizons mit en mouvement une marée mystérieuse, où les murmures se mêlaient d’un faible vent horizontal et des branches innombrables. La rumeur détacha quelques bouffées plus fortes et le frottement d’un air neuf hérissa les pailles du toit, dispersa quelques feuilles. Le vent prit forme et se mit à tâter la maison, les arbres.[…] Le vent prit de l’humeur et lança un appel au Nord où d’autres vents lui répondirent. La nuit s’effaroucha un peu partout et les vaporeuses constructions de la pluie vacillèrent lentement. Sur les immensités de la nappe des eaux un mouvement de translation déplaça des massifs de ténèbres humides et l’énorme sphère des pluies offrit le flanc à des pointes de vent vives, sifflantes. Le temps commença à tourner sur les eaux sauvages et on entendit les premières bises qui s’engouffraient dans les déchirures des nuages échevelés."

Malicroix (extrait)

"[…] Le vent grandissait par saccades et déjà des cheminées d’air créaient des tourbillons brefs. Sous les coups de plein fouet qui cinglaient la toiture, la maison, en prévision de la tempête imminente, se tassait. Une voix gutturale gronda dans le canon sonore du foyer éteint.[…] Par-dessus nous, enflant la voix, les premiers vents de choc se mirent à hennir avant de s’enfoncer dans les nuages, et des colonnes d’air s’ébranlèrent à leur suite, tumultueusement. Sur le troupeau impétueux des vents, de vifs appels de trompe retentirent. Les vents, dans toute l’étendue de la plaine immense, dévalèrent en vagues moutonnantes. Des spirales ascensionnelles firent, en ululant, tourner des pans entiers de vapeurs sombres et des vents livides jaillirent du ciel. Le toit des nuages craqua, sous la poussée des trombes. Un balancement d’arbres éplorés d’un bout à l’autre couvrit l’île, ruisselante d’humidité. Le bloc colossal des vieilles nuées, ébranlé par le souffle, commença, pesamment, à pivoter sur le plat pays et les eaux du fleuve. Pendant quelques secondes, les vents firent répit. Et puis une voix s’éleva, la voix impérieuse du Vent-Maître. Alors du Nord jusqu’à la mer frissonna l’espace, et la tempête commença. »

Ces deux extraits ne sont que les prémices d'une tempête grandiose...

Malicroix (extrait)

Dans un autre registre, qui me touche profondément, il fallait que Henri Bosco soit d’une grande sensibilité pour rapporter si justement dans son récit ce qui se dit entre les êtres au cœur même de leurs silences :

« Dans un mois je serai reparti et je m’obstinais à me taire. Mais se taire ne suffit pas quand on retient dans sa pensée un secret lourd. Sa présence impose à la voix, aux mots, aux idées mêmes que l’on livre pour donner le change, un accent singulier ; et, malgré soi, on trahit l’existence d’un mystère. A quelques signes, je comprenais bien qu’Anne-Madeleine, ignorant ce que lui refusait cette arrière-pensée, en soupçonnait pourtant la présence entre nous. Son inquiétude, quelquefois, me devenait sensible. Elle jugeait que, pour m’obliger au silence, le dessein que je lui cachais devait la concerner peut-être, et cruellement…Mais à mon silence, elle aussi, répondait par le silence. Quand la force d’une émotion, en nous enveloppant, nous donnait le désir de nous délivrer par une parole, souvent ce silence-fantôme s’interposait entre nos âmes. Nos murmures les plus secrets, les plus pénétrants, s’y perdaient et laissaient sous-entendre une voix réticente. Nous prolongions alors l’effusion de paroles pour feindre de nous dire que nous nous disions tout. Mais nous laissions inachevées nos confidences. »

Merci Coline pour ces très beaux passages! Peux-tu indiquer les pages où se déroule la tempête? Pour ceux qui voudraient la lire (à défaut de lire ce livre merveilleux en entier).

J'ai noté d'autres passages que je vais ajouter.

Marko a écrit:

Merci Coline pour ces très beaux passages! Peux-tu indiquer les pages où se déroule la tempête? Pour ceux qui voudraient la lire (à défaut de lire ce livre merveilleux en entier).

La tempête: P 128 à 136.

coline a écrit:

Marko a écrit:

Merci Coline pour ces très beaux passages! Peux-tu indiquer les pages où se déroule la tempête? Pour ceux qui voudraient la lire (à défaut de lire ce livre merveilleux en entier).

La tempête: P 128 à 136.

Merci j'y arrive! J'en ai gardé un souvenir très fort!

Marko a écrit:

coline a écrit:

Marko a écrit:

Merci Coline pour ces très beaux passages! Peux-tu indiquer les pages où se déroule la tempête? Pour ceux qui voudraient la lire (à défaut de lire ce livre merveilleux en entier).

La tempête: P 128 à 136.

Merci j'y arrive! J'en ai gardé un souvenir très fort!

Ce passage est, je pense, inoubliable...

En fait, je n'ai cessé de souligner, surligner plein de très beaux passages...Il me tarde de voir ceux que tu auras, toi, sélectionnés pour les présenter...

Marko a écrit:

Lourmarin
On peut y voir le beau château que Bosco a contribué à restaurer et qu'il a décrit dans son premier roman Pierre Lampédouze.

Le château paraît enchanté. Sur ses lignes horizontales, il est bâti dans l'or des forces souveraines. C'est un grand être de sérénité dans lequel, depuis quatre siècles, la pierre et la pensée équilibrent leurs rêves.
Et Lampédouze marche au milieu du soleil. Il gravit le chemin de ronde. Il franchit une grille. Il entre.
La solitude tout entière accueille l'étranger qui porte sa douleur. L'étranger passe sous la porte; il gravit l'escalier, un escalier puissant qui se tord en spirale comme une pierre de Puget et qui, dans son élan sublime, va s'épanouir au sommet, sous le toit de la tour majeure, comme s'il soutenait une voûte céleste.
Lampédouze pousse une porte.
Une grande salle apparaît. Elle donne sur deux façades, l'une vers le Nord, dans le lierre, où l'on voit à travers les fenêtres ouvertes quelques mas endormis au pied du Luberon; l'autre, vers le bleu nuancé de l'horizon portant ses bois de pins, ses cyprès et ses chênes, des colombiers sur les collines, quelques aires, des meules de paille, un coteau où poussent des vignes, et surtout ces petits oliviers bien taillés qui paraissent poussés dans un jardin de France, un vieux jardin où, sur la route, au coeur de la Provence, le carrosse du Roi pourrait passer.

Depuis que ce fil est ouvert, je veux bien découvrir cet auteur.. et avec tes photos j'ai encore plus envie, merci en tout cas pour le partage

kenavo a écrit:

Depuis que ce fil est ouvert, je veux bien découvrir cet auteur.. et avec tes photos j'ai encore plus envie, merci en tout cas pour le partage

C'est un plaisir de partager et de faire du coup remonter le fil de ce merveilleux auteur...

Extra les photos!!! Lourmarin est vraiment un lieu à visiter (par tous les temps ).

Et il ne faut pas oublier d'aller à la librairie le thé dans l'encrier! On y trouve la plupart des cahiers sur Bosco.

Marko a écrit:

Extra les photos!!! Lourmarin est vraiment un lieu à visiter (par tous les temps ).

Et il ne faut pas oublier d'aller à la librairie le thé dans l'encrier! On y trouve la plupart des cahiers sur Bosco.

le thé dans l'encrier! de quoi plaire

Merci pour ces photos superbes Coline!
Je connais un peu Lourmarin et j'adore ce village. Mais je ne connaissais pas cette petite librairie...merci pour l'adresse Marko

Marko a écrit:

Extra les photos!!! Lourmarin est vraiment un lieu à visiter (par tous les temps ).

Et il ne faut pas oublier d'aller à la librairie le thé dans l'encrier! On y trouve la plupart des cahiers sur Bosco.

Incontournable en effet...
J'aime beaucoup le nom de cette librairie.
De petite taille et très cosy...Libraire sympathique et thé excellent...
Et tout Bosco!...