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Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Joachim Lafosse Mer 22 Aoû 2012 - 10:01
J'avais moyennement aimé Eleve Libre mais j'irai voir celui-ci ce soir.
darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
Sujet: Re: Joachim Lafosse Ven 24 Aoû 2012 - 12:36
J'y go tout à l'heure.
darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
Sujet: Re: Joachim Lafosse Ven 24 Aoû 2012 - 17:11
A perdre la raison
Un film étouffant tant sur le fond que sur la forme.
Un jeune couple s'installe chez le père adpotif du mari, d'origine marocaine, sa famille étant restée au Maroc.
Le père adoptif est un médecin généraliste un peu mou, seul et argenté qui a pris sous son aile Mounir, donc l'époux, depuis très longtemps, et il va continuer en entretenant cette situation de semi dépendance (les 2 membres du couple ayant chacun une situation, celle de Mounir étant comme par hasard fournie par le médecin) en proposant au couple d'habiter chez lui.
Situation confortable sur le plan matériel, mais terriblement et progressivement très inconfortable avec l'arrivée de nombreux enfants, pas besoin d'explication de texte.
Il n'y aura aucune zone de confort pour le spectateur, vous êtes prévenus, sauf ces quelques moments où l'épouse passe quelques jours au Maroc en compagnie de sa belle famille, une très belle scène ou elle emmène sa belle mère faire trempette dans la mer.
C'est la seule scène où j'ai respiré et où je n'ai pas souffert, tout le reste, la chute morale de la jeune femme vous serre les tripes, le comportement égoïste du mari vous révolte, le faux ami-docteur-père- vous donne la nausée.
De plus la caméra serre au plus près les personnages, comme si elle était en mode zoom permanent, ce qui augmente la tension et le malaise.
Bon, vaut mieux être en forme sinon vous ressortez avec la mine défaite et le moral à zéro.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Joachim Lafosse Ven 24 Aoû 2012 - 18:14
darkanny a écrit:
Bon, vaut mieux être en forme sinon vous ressortez avec la mine défaite et le moral à zéro.
Tu ne conseilles pas vraiment, à ce que je vois.
darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
Sujet: Re: Joachim Lafosse Ven 24 Aoû 2012 - 18:26
Disons que chacun le percevra à sa façon. Je ne peux pas vraiment conseiller un film qui fait du mal, enfin qui m'a mise à mal pour être plus précise.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Joachim Lafosse Ven 24 Aoû 2012 - 18:30
Je crois que tu as très bien rendu ce malaise, et je pense pas avoir envie d'être si mal en allant voir un film.
darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
Sujet: Re: Joachim Lafosse Ven 24 Aoû 2012 - 18:38
Il n'empêche qu'il y a des scènes fortes, émouvantes, comme l'a dit Traversay un peu plus haut, ce passage où Muriel l'épouse conduit en écoutant la chanson de Julien Clerc: femmes je vous aime. Cette scène est proprement déchirante. Admirablement rendue.
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Joachim Lafosse Ven 24 Aoû 2012 - 20:40
Spoiler:
Pour aller un peu dans le sens de darkanny, je trouve que les dernières n'étaient pas nécessaires (l'achat du couteau, l'appel successif des petites filles)
Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: Joachim Lafosse Ven 24 Aoû 2012 - 21:09
Mon impression au festival de La Rochelle : un film souvent irrespirable, porté par ses interprètes (forcément Emilie Dequenne, mais aussi Tahar Rahim et Niels Arestrup). Joachim Lafosse saisit avec beaucoup d'intensité des relations étouffantes qui vont mener au drame. Il n'y a quasiment pas de crescendo, simplement une tension continue particulièrement dérangeante. Le propos tient toujours sur un fil, frôlant les sorties de route mais soutenant un regard qui scrute une souffrance enfouie.
La sensation d'oppression, de malaise, est en effet très présente. Je trouve que Lafosse parvient à tenir son pari avec la rigueur, la maîtrise, la distance nécessaires même si quelques scènes peuvent sembler superflues (je rejoins traversay dans son dernier commentaire).
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Joachim Lafosse Ven 31 Aoû 2012 - 0:11
A perdre la raison
Vous avez tous souligné l'aspect oppressant ou étouffant de ce film et c'est effectivement ce qu'on ressent dès les premières images. Avadoro parle de tension continue et la mise en scène de Lafosse cherche cet effet à tout prix jusqu'au systématisme. Le cadre est constamment obstrué pour écraser les personnages filmés le plus souvent de très près. On aperçoit en permanence un bout de porte, des objets, des ombres ou des nuques qui masquent une partie de l'écran à droite ou à gauche. Il n'y a que dans les échappées marocaines, qui offrent un court apaisement, que le plan s'élargit et que l'héroïne respire auprès de sa belle-mère.
L'histoire est un portrait quasi clinique de l'emprise insidieuse et vénéneuse d'un homme pervers (Niels Arestrup) sur un jeune couple dont l'épouse ira jusqu'à un suicide altruiste manqué (puisqu'elle tue ses enfants et rate son propre suicide). Je ne révèle rien puisqu'on connait le dénouement dès le début. C'est un fait divers que Lafosse s'est approprié très librement pour revenir à son sujet de prédilection qui est la perversité. Déjà dans "Elève libre" on voyait des adultes obtenir des moments intimes avec un jeune adolescent sous prétexte de l'éduquer et de l'ouvrir à la sexualité. La perversité finissait d'ailleurs par s'inverser. Ici Niels Arestrup maintient ces 2 jeunes gens sous son emprise pour mieux les asservir. On suggère une attirance homosexuelle avec son fils adoptif (elle est probable) et il lui autorise tout ce qu'il désire mais en s'assurant de le garder constamment à ses côtés quitte à briser sa belle-fille qui s'enlise dans les mailles de sa toile d'araignée.
Ce film est donc radical et réussi dans sa mise en scène même si ce dispositif d'écrasement du plan m'a lassé à la longue. Je suis moins convaincu par le propos qui est fabriqué et n'évite pas la manipulation. Cette perversité est assénée de manière frontale et sans nuance comme la passivité quasi totale de l'héroïne. Et l'enjeu autour de la thérapie potentiellement salvatrice qu'elle entreprend avec cette femme psychiatre et qu'il parasite pour l'en éloigner est un peu artificiel (d'autant que le fait qu'il vive avec elle ne change rien à la psychothérapie... elle pourrait au contraire l'éclairer sur sa perversité). Par contre tout le contexte de mariages arrangés et d'opposition des cultures crée une dimension sous-jacente intéressante. Le choix de l'héroïne d'en adopter les coutumes est sa seule tentative d'émancipation malheureusement insuffisante.
L'ensemble reste intéressant mais désespérant.
A noter une très belle bande son classique qui va de Caldera à Haydn et Scarlatti et crée un climat de mélancolie arienne qui contraste avec la violence de l'image. Sans oublier l'incroyable scène sur la chanson de Julien Clerc qui a du valoir à Emilie Dequenne son prix d'interprétation à Cannes (Catégorie Un certain regard). Elle est formidable dans le film comme Niels Arestrup.
Scarlatti par Cecilia Bartoli:
(vous pouvez vous passer des images!)
Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
Sujet: Re: Joachim Lafosse Mer 5 Sep 2012 - 9:01
-A perdre la raison-
Marko a écrit:
Vous avez tous souligné l'aspect oppressant ou étouffant de ce film et c'est effectivement ce qu'on ressent dès les premières images. Avadoro parle de tension continue et la mise en scène de Lafosse cherche cet effet à tout prix jusqu'au systématisme. Le cadre est constamment obstrué pour écraser les personnages filmés le plus souvent de très près. On aperçoit en permanence un bout de porte, des objets, des ombres ou des nuques qui masquent une partie de l'écran à droite ou à gauche. Il n'y a que dans les échappées marocaines, qui offrent un court apaisement, que le plan s'élargit et que l'héroïne respire auprès de sa belle-mère.
J'ai en effet noté cela, et cela participe bizarrement à cet effet d'enfermement, de pression, et de malaise, comme si on était sans cesse derrière la porte et qu'on épiait leurs moindres gestes. Ils ne sont jamais libres, ils vivent un peu à leur insu, tout passe par l'assentiment du père adoptif (terriblement bien joué par Niels Arestrup)
Cette impression est donc très bien rendue, ces rapports de dépendance sont également bien suggérés dans toute la première partie, et la distance respectée sans tomber dans le trop plein, au début. Mais je suis un peu comme Marko, ce fim m'a paru pesant vers la fin, un peu trop systématique à la longue, et la passivité de l'héroïne a fini par me plomber, m'enlevant toute émotion. (jusqu'à la scène dans l'auto qui ne m'a pas retournée, comme vous) Je me demande si à trop vouloir respecter cette rigueur le cinéaste ne s'éloigne pas de la folie sous jacente qui finit par habiter la jeune femme.
Un sujet de toutes façons très délicat à traiter, Lafosse s'en sort plutôt correctement mais je n'est pas été emballée plus que ça et j'avais surtout hâte d'en sortir!
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Joachim Lafosse Mer 5 Sep 2012 - 10:35
Aeriale a écrit:
J'ai en effet noté cela, et cela participe bizarrement à cet effet d'enfermement, de pression, et de malaise, comme si on était sans cesse derrière la porte et qu'on épiait leurs moindres gestes. Ils ne sont jamais libres, ils vivent un peu à leur insu, tout passe par l'assentiment du père adoptif.
c'est exactement ça. On a le sentiment que quelqu'un observe chaque scène par le trou de la serrure ou à distance. C'est un procédé qu'il utilise à chaque plan pour nous étouffer et générer un climat de paranoïa. Mais ça devient répétitif. Par contre ça donne aussi l'impresson d'être dans la tête de l'héroïne dont le déséquilibre potentiel est suggéré. On la voit notamment alterner des phases d'abattement et d'excitation comme pour montrer la possibilité d'une bipolarité ou d'une schizophrénie latente. Mais la perversité de Niels Arestrup reste une réalité dont le spectateur est le témoin.
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: Joachim Lafosse Mer 5 Sep 2012 - 10:56
Je trouve que ça donne en effet l'impression qu 'on regarde de l'extérieur et qu'on voit des choses plus "intérieures" qui seraient insoupçonnable. on est dans la situation de ces voisins interrogés après un fait divers et qui disent "c'était un garçon charmant, jamais on ne se serait doutés...". les murs cachent en effet des choses insoupçonnables. L'effet est assez saisissant, mais, il est vrai plutôt pesant. Ce qui est très fort dans le film, c'est à quel point ces gens sont ordinaires au premier abord, mais chacun cache un monde en lui , une demande d'amour qui n’est jamais comblée et qui lui fait accepter de lui-même ou des autres, l’inacceptable; Les personnages sont vraiment nuancés, tous a priori aimables, mais chacun a sa part de responsabilité
Et ce film m'a réconciliée avec Nils Arestrup, qui dernièrement ne faisait pas dans la subtilité
MezzaVoce Envolée postale
Messages : 290 Inscription le : 13/07/2012 Age : 59 Localisation : Lyon
Sujet: Re: Joachim Lafosse Jeu 6 Sep 2012 - 14:22
Je l'ai vu hier et suis encore sous le choc. Un film étouffant, qui installe peu à peu le malaise et le doute, tant chez Murielle que chez les spectateur : on se décompose peu à peu avec elle. Grand plaisir de retrouver Émilie Dequenne dans un tel rôle, sorte de grande sœur de Rosetta (dans la solitude, le désarroi, l'absence de recours), qu'elle interprète de manière tout aussi impressionnante.
Plaisir, aussi, de retrouver le "duo" Arestrup/Rahim dans une interprétation, là encore, de très haut niveau.
Digression personnelle : Que penseront les médias et les gens ? Une femme sans doute déjà déséquilibrée, mariée à un marocain sans doute graine d'islamiste et de machiste. D'ailleurs, depuis quelque temps, elle portait une djellaba ma bonn' dam". Et à côté, ce pauvre docteur qui leur a tout donné, tellement généreux... le pauvre... il ne méritait pas ça.
Un contrepied audacieux, aussi : l'heureuse parenthèse au Maroc, là où la présence d'autres femmes permettent à Muriel d'échapper à son enfermement psychologique.
La fin, notamment avec les enfants, me paraît indispensable.
Aeriale a écrit:
la passivité de l'héroïne a fini par me plomber, m'enlevant toute émotion. (jusqu'à la scène dans l'auto qui ne m'a pas retournée, comme vous) Je me demande si à trop vouloir respecter cette rigueur le cinéaste ne s'éloigne pas de la folie sous jacente qui finit par habiter la jeune femme.
Ça correspond pourtant tout à fait à la réalité d'une personne victime d'un pervers narcissique : elle est encore vivante mais prisonnière de liens invisibles.
Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
Sujet: Re: Joachim Lafosse Ven 7 Sep 2012 - 8:52
MezzaVoce a écrit:
Aeriale a écrit:
la passivité de l'héroïne a fini par me plomber, m'enlevant toute émotion. (jusqu'à la scène dans l'auto qui ne m'a pas retournée, comme vous) Je me demande si à trop vouloir respecter cette rigueur le cinéaste ne s'éloigne pas de la folie sous jacente qui finit par habiter la jeune femme.
Ça correspond pourtant tout à fait à la réalité d'une personne victime d'un pervers narcissique : elle est encore vivante mais prisonnière de liens invisibles.
Je comprends oui, la lente manipulation dont elle est l'objet lui enlève toute initiative, elle devient complètement apathique (en plus bourrée de médocs) à part quelques subites manifestations de joie bien rares (à la fête de l'école ) signe de sa dépression. Mais disons, je trouve que c'est difficile à transcrire dans une durée impartie sans tomber dans le répétitif, en tout cas j'ai eu du mal à l'appréhender émotionnellement, je n'ai eu que cette sensation de pesanteur, de malaise, et comme Darkanny je suis sortie de là achevée.