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Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Joachim Trier Jeu 1 Mar 2012 - 12:10
Joachim Trier est un réalisateur et scénariste norvégien né à Copenhague en 1974. Il est le petit fils du réalisateur norvégien Erik Løchen. Son dernier film en date, Oslo, 31 août a été présenté au Festival de Cannes 2011 dans la catégorie Un certain regard.
Citation :
Filmographie/Index (Cliquez sur les chiffres pour accéder directement aux pages
C’est le dernier jour de l’été et Anders, en fin de cure de désintoxication, se rend en ville le temps d’une journée pour un entretien d’embauche. L’occasion d’un bilan sur les opportunités manquées, les rêves de jeunesse envolés, et, peut-être, l’espoir d’un nouveau départ…
En 1963, Louis Malle adapte le roman de Drieu La Rochelle, Le feu follet, avec un Maurice Ronet magnifique qui trouve là l'un de ses plus beaux rôles. Pour Oslo, 31 août, le cinéaste norvégien Joachim Trier, découvert avec Nouvelle Donne (moyen), dit s'être inspiré librement de ce même roman. En toute honnêteté, sa version ne fait pas le poids face à celle du réalisateur de la Nouvelle Vague. Ce portrait d'un toxicomane repenti est on ne peut plus linéaire, à travers des conversations, des déambulations et des soirées où le pauvre héros du film traîne son spleen existentiel comme un boulet. Trier prétend avoir voulu, pour l'occasion, tracer un portrait de la capitale norvégienne, chose guère évidente à la vision de ce film bavard, pas inintéressant quand il cesse de se prendre trop au sérieux, plus ingrat la plupart du temps. Fils de cinéaste, Joachim Trier semble sincère dans sa démarche, mais il n'a pas encore signé le film profond et passionnant que l'on peut attendre de lui.
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Joachim Trier Jeu 1 Mar 2012 - 20:01
Arabella a écrit:
Moi qui voulais voir Oslo, 31 août, le commentaire de Traversay me donne beaucoup moins envie.
Je l'ai vu à La Rochelle, l'été dernier. L'impression est forcément biaisée par tout un tas de facteurs, dont la fatigue, les 3 autres films de la journée, la qualité des moules avalées à midi, etc. Les critiques sont bonnes voire très bonnes, dans l'ensemble, mais c'était aussi le cas pour le film précédent de Trier, Nouvelle donne. Tu peux essayer, il n'est pas impossible que tu aimes (pas certain non plus).
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Joachim Trier Jeu 1 Mar 2012 - 21:27
Tu ne prends pas trop de risques en disant ça Traversay.
Je pense que je vais quand même me laisser tenter.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Joachim Trier Dim 4 Mar 2012 - 16:40
traversay a écrit:
Oslo, 31 août de Joachim Trier
Citation :
C’est le dernier jour de l’été et Anders, en fin de cure de désintoxication, se rend en ville le temps d’une journée pour un entretien d’embauche. L’occasion d’un bilan sur les opportunités manquées, les rêves de jeunesse envolés, et, peut-être, l’espoir d’un nouveau départ…
En 1963, Louis Malle adapte le roman de Drieu La Rochelle, Le feu follet, avec un Maurice Ronet magnifique qui trouve là l'un de ses plus beaux rôles. Pour Oslo, 31 août, le cinéaste norvégien Joachim Trier, découvert avec Nouvelle Donne (moyen), dit s'être inspiré librement de ce même roman. En toute honnêteté, sa version ne fait pas le poids face à celle du réalisateur de la Nouvelle Vague. Ce portrait d'un toxicomane repenti est on ne peut plus linéaire, à travers des conversations, des déambulations et des soirées où le pauvre héros du film traîne son spleen existentiel comme un boulet. Trier prétend avoir voulu, pour l'occasion, tracer un portrait de la capitale norvégienne, chose guère évidente à la vision de ce film bavard, pas inintéressant quand il cesse de se prendre trop au sérieux, plus ingrat la plupart du temps. Fils de cinéaste, Joachim Trier semble sincère dans sa démarche, mais il n'a pas encore signé le film profond et passionnant que l'on peut attendre de lui.
"Voilà un film qui, au lieu de nous divertir aimablement comme tant d'autres, semble nous demander pourquoi on vit, nous rappeler pourquoi on meurt. D'une beauté foudroyante, d'une lucidité perçante, Oslo, 31 Août est une perle rare. " (Louis Guichard, Télérama)
Si vous ne devez voir qu'un seul film en ce début d'année que ce soit celui-là. Je l'ai trouvé magnifique de simplicité limpide et de tristesse contenue. Il dégage une sorte de douloureux désenchantement en faisant le portrait d'un jeune homme dépressif qui tente de se rattacher au monde qui l'entoure sans y parvenir le temps d'une journée et d'une nuit. Je ne dirais pas que le film est "bavard" mais il a quelque chose de littéraire dans cette façon de regarder le monde, de l'écouter et de ne pas parvenir à se sentir en phase. Lorsqu' Anders écoute les gens autour de lui il ne voit qu'artifice et illusion (ou ce mur infranchissable qui le sépare des autres), quand on lui parle de littérature il ne peut que constater l'impossibilité d'une pensée forcément étrangère et subjective à nous venir en aide, s'il entrevoit le début d'un renouveau amoureux à travers le sourire d'une étudiante il anticipe probablement déjà la fin et la séparation, enfin même la musique mélancolique de Haendel ne peut que le bercer quelques instants avant l'irréparable. Il est irrémédiablement seul. Tout cela raconté au cours d'une traversée de la ville d'Oslo du jour au crépuscule puis du crépuscule à l'aube. Une ville loin du cliché touristique et dont on ressent la pulsation jusqu'au coeur de ce parc Vigeland qui pourrait offrir une aurore libératrice mais probablement déjà trop tard. La bande son est très élaborée et variée sans chercher l'illustration (Darkanny il faut y aller!). Une atmosphère qui me poursuit après la projection avec une sensation à la fois aérienne et cafardeuse. Un très beau film.
Dernière édition par Marko le Dim 4 Mar 2012 - 18:40, édité 1 fois
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Joachim Trier Dim 4 Mar 2012 - 18:12
Merci Marko, du coup je retrouve toute ma motivation et ce sera demain soir.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Joachim Trier Mer 7 Mar 2012 - 22:45
Je viens de voir Oslo, 31 août et je suis partagée. Sur le moment, c'est incontestablement un film qui fonctionne, il y a des moments très réussis, beaucoup d'émotion. Mais voilà au final, cela sonne un peu creux. Tous ces moments, qui sont censé nous montrer le personnage, le cerner, fonctionnent plus sur le principe du morceau de bravoure que dans un tout cohérent, avec une montée en puissance. La fin est là dès le départ. Pourquoi pas, mais les raisons ne sont pas plus claires à la fin qu'au début, il n'y a pas de gradation, d'inéluctable qui progresse. On est plutôt dans l'attendu, dans l'uniforme. C'est peut être un peu dur ce que j'ai écrit, parce que sur le coup j'ai vraiment adhéré au film, mais en sortant j'ai vraiment regretté le film que cela aurait pu être, incontestablement il y avait de quoi faire une excellente oeuvre et là je reste sur ma faim devant quelque chose d'honorable sans plus. Dommage.
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Joachim Trier Mer 7 Mar 2012 - 22:53
Arabella a écrit:
Je viens de voir Oslo, 31 août et je suis partagée. Sur le moment, c'est incontestablement un film qui fonctionne, il y a des moments très réussis, beaucoup d'émotion. Mais voilà au final, cela sonne un peu creux. Tous ces moments, qui sont censé nous montrer le personnage, le cerner, fonctionnent plus sur le principe du morceau de bravoure que dans un tout cohérent, avec une montée en puissance. La fin est là dès le départ. Pourquoi pas, mais les raisons ne sont pas plus claires à la fin qu'au début, il n'y a pas de gradation, d'inéluctable qui progresse. On est plutôt dans l'attendu, dans l'uniforme. C'est peut être un peu dur ce que j'ai écrit, parce que sur le coup j'ai vraiment adhéré au film, mais en sortant j'ai vraiment regretté le film que cela aurait pu être, incontestablement il y avait de quoi faire une excellente oeuvre et là je reste sur ma faim devant quelque chose d'honorable sans plus. Dommage.
As-tu vu Le feu follet de Louis Malle (pour moi, l'un de ses meilleurs films) ou lu Drieu ? J'ai ressenti également une sorte de vacuité dans le film de Joachim Trier. Marko, si tu aimes son cinéma, tu dois voir son film précédent, Nouvelle donne (Reprise en V.O) qui m'a fait le même effet. C'est un réalisateur très littéraire, en tous cas. A La Rochelle, l'an dernier, j'ai beaucoup apprécié sa conférence (c'était la première fois que l'un de ses films était présenté en même temps que l'un de ceux de son grand-père, cinéaste des années 50, que l'on pourrait qualifier de brechtien).
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Joachim Trier Mer 7 Mar 2012 - 22:59
Non, je n'ai pas vu le film de Louis Malle, mais je me suis fait la réflexion que je devrais, ou lire Drieu, mais là je suis un peu plus réservé après l'essai d'un autre de ses livres que j'ai très vite abandonné. Mais le film de Malle je vais essayer de mettre la main dessus.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Oslo, 31 août [Joachim Trier] Mer 7 Mar 2012 - 23:36
traversay a écrit:
Marko, si tu aimes son cinéma, tu dois voir son film précédent, Nouvelle donne (Reprise en V.O) qui m'a fait le même effet.
Je l'ai commandé immédiatement après avoir vu Oslo et je l'ai reçu aujourd'hui J'ai regardé quelques images du départ et il semble avoir quelques afféteries agaçantes mais je prendrai le temps de le voir tranquillement.
Arabella a écrit:
Tous ces moments, qui sont censé nous montrer le personnage, le cerner, fonctionnent plus sur le principe du morceau de bravoure que dans un tout cohérent, avec une montée en puissance.
Ce que j'aime dans ce film c'est justement cette fluidité qui ne cherche pas un climax mais qui est un détachement tranquille et douloureux du monde et des autres. Il y a dans certaines formes de dépression ce sentiment de devenir spectateur de sa propre vie, de ne plus parvenir à se connecter au monde environnant. Le film le montre magnifiquement avec une tonalité élégiaque qui ne cherche pas le lyrisme ou l'agitation. Il se retire délicatement, sans éclats en dehors de quelques soubresauts illusoires, juste avec une tristesse infinie qu'il exprime à la fin en jouant au piano. ça ne me semble pas creux d'autant plus que le cheminement épouse celui de sa vie passée et actuelle dans une ville qu'il a aimée et qu'il redécouvre une dernière fois. Un jour et une nuit qui sont l'équivalent d'une vie. Il y a de très beaux moments comme cette discussion avec cette jeune femme qui fête son anniversaire et qui elle aussi se sent détachée de ce qui se passe autour d'elle. Il se passe comme une "reconnaissance" entre eux qui permet un apaisement temporaire mais insuffisant. Et plein d'autres instants suspendus avec beaucoup de grâce. Ce film est une méditation sur le spleen existentiel et sur la dépression comme état d'âme. Il en explore les fondements affectifs, littéraires, sensoriels. Je le trouve magique.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Joachim Trier Jeu 8 Mar 2012 - 8:56
Evidemment que chacun va rester sur son impression. Comme je l'ai dit, je trouve qu'il y a des beaux moments, mais de par la construction du film, je les trouve gratuits, et finalement superficiels. La jeune femme dont c'est l'anniversaire, par exemple. Certes cela est touchant sur le moment, mais frustrant aussi, parce que l'on se sait rien d'elle, et ce qu'elle dit ne prendrait vraiment sens, si on la connaissait un peu mieux. Là comme cela (la peur de vieillir, être le seul couple à ne pas encore avoir d'enfants..) c'est presque banal au final, quand on a dépassé le premier niveau de l'émotion, parce que les acteurs étant très bons, ils arrivent à toucher dans l'instant. Mais l'instant passé, désolé, j'ai eu le sentiment de quelque chose de superficiel et de creux au final. Et le film n'est qu'une collection de ce genre de moments, sans vraiment de lien entre eux, puisque tu reconnais toi même qu'il n'y a pas de progression, je dirais d'approfondissement. Mais je sais que personne ne va convaincre l'autre.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Joachim Trier Jeu 8 Mar 2012 - 11:11
Une interview du réalisateur qui évoque sa cinéphilie et les influences de son propre cinéma: Joachim Trier
Il m'a donné envie de voir ce film qu'il résume comme étant la rencontre virtuelle entre Terence Malick et les films Dogme. Il le cite parmi les films les plus importants de ces 20 dernières années:
ADIEU FALKENBERG de Jesper Ganslandt
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Joachim Trier Jeu 8 Mar 2012 - 11:33
Arabella a écrit:
Et le film n'est qu'une collection de ce genre de moments, sans vraiment de lien entre eux, puisque tu reconnais toi même qu'il n'y a pas de progression, je dirais d'approfondissement.
Oui on ne se convaincra pas mutuellement (c'est parfois dommage au demeurant) mais ça n'est pas inintéressant non plus d'argumenter chacun avec son ressenti.
Je n'ai pas besoin d'en connaître davantage sur les personnages (mais sur le personnage principal, dont on adopte le point de vue subjectif, on en perçoit quand même déjà beaucoup). L'essentiel est sensoriel et la seule chose que je puisse répondre à ta remarque c'est ce qu'en dit le cinéaste lui-même: “J'aime que le cinéma soit aussi une vibration, comme du jazz.” C'est ce que j'ai ressenti. Cette vibration qui nous dit plus sur son personnage et sur cette ville que ne le ferait un approfondissement psychologique ou biographique des différents protagonistes. On entre par effraction et on capte cette vibration, ces émotions qui nous rendent plus "intime" ce personnage que si on en savait davantage sur son parcours de vie. Mais c'est ce qui me touche au cinéma, ce qui le démarque de la littérature là où la plupart des films sont justement trop illustratifs. Dans "Le cheval de Turin" que tu as adoré (et qui n'a évidemment rien à voir) on ne sait rien non plus des personnages, de leur vécu, de leur histoire. Le film y est une oeuvre d'art qui cherche une dimension métaphysique. Dans Oslo il cherche à capter un état d'âme de façon plus impressionniste tout en adoptant une mise en scène influencée par la Nouvelle Vague. Le mélange est intéressant. Il s'inspire apparemment beaucoup de Cléo de 5 à 7 d'Agnès Varda notamment. Et pour ce qui est de "l'approfondissement" il y a quand même notamment parmi d'autres quelques conversations avec son meilleur ami qui posent pas mal de questions sur le sens de la vie, l'engagement de chacun et l'illusion potentielle de toutes choses.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Joachim Trier Jeu 8 Mar 2012 - 11:43
Traversay: Tu as vu La chasse d'Erik Lochen, le grand-père de Trier? L'éditeur le présente comme le meilleur film Norvégien de tous les temps! Rien de moins
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Joachim Trier Jeu 8 Mar 2012 - 12:17
Marko a écrit:
Traversay: Tu as vu La chasse d'Erik Lochen, le grand-père de Trier? L'éditeur le présente comme le meilleur film Norvégien de tous les temps! Rien de moins
Oui, je l'ai vu. Très intéressant, avec ses personnages qui s'adressent au spectateur.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Joachim Trier Jeu 8 Mar 2012 - 18:44
On ne se convaincra pas Marko, parce qu'il s'agit de ressenti, et là pas forcement d'argumentaire qui tienne.
Et je crois qu'il vaut mieux que j'arrête de discuter du film, parce que plus je mets à formuler mon ressenti, plus je lui trouve des défauts. Je vais finir par être très méchante, et ce serait d'autant plus dommage, que lors de la séance j'ai quand même été accrochée, et j'y pris un certain plaisir.