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| Gore Vidal | |
| | Auteur | Message |
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Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Gore Vidal Ven 26 Sep 2008 - 4:23 | |
| J'ignorais complètement qui était Gore Vidal jusqu'à ce que je tombe sur un livre intitulé Palimpseste, mot qui m'a interpellée ,je l'ai lu il y a 2 ans, ai beaucoup aimé ce livre de mémoires, et viens de terminer le deuxième tome, intitulé A l'estime.Voici ce qu'en dit Wikipedia, que je remercie! Gore Vidal (né Eugene Luther Gore Vidal le 3 octobre 1925, décédé le 31 juillet 2012 à Los Angeles) est un romancier, auteur de théâtre et essayiste américain. Issu d'une famille d'hommes politiques influents (son grand-père était sénateur) liée à la dynastie des Kennedy, Gore publia en 1948 The City and the Pillar, livre qui fit scandale parce que c'était le premier vrai roman américain à mettre en scène des personnages clairement homosexuels. Dans les années 1950, il écrit beaucoup pour la télévision, puis devint scénariste à Hollywood pour gagner sa vie. Mais les ambitions littéraires ne le quittent jamais. Il noue des amitiés avec des collègues comme Truman Capote (avec qui, ensuite, il se brouilla à mort) ou Tennessee Williams, fréquente Anaïs Nin aussi bien que Jack Kerouac. Il devint par la suite un des grands stylistes de la littérature américaine. Politiquement, il dénonce fréquemment ce qu'il appelle "la politique impériale" des États-Unis. Pendant une trentaine d’années, Gore Vidal a partagé son temps entre Ravello sur la côte amalfitaine en Italie et Los Angeles en Californie. Pour des raisons de santé, il décida, en 2003, de vendre sa villa de Ravello, appelée La Rondinaia. Aujourd’hui, il vit la plupart du temps à Los Angeles. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Gore Vidal Ven 26 Sep 2008 - 5:00 | |
| Palimpseste -Mémoires traduit de l'anglais par Lydia Lakel A l'estime traduit de l'anglais par Guillaume Villeneuve
Galaade Editions
Il ne s'agit pas d'un récit linéaire d'une existence, mais d'une promenade dans la mémoire, dans les souvenirs suscités par un évènement, politique, culturel, et de beaucoup d'annonces de décès dans le deuxième tome, puisqu'il débute à la mort de Susan Sontag. Il parait que Gore Vidal était pas reconnu pour sa tendresse, et, effectivement, il peut être assez cruel...Je suppose d'ailleurs qu'il rend la monnaie de sa pièce à certains, son premier roman paru en 1948 était le premier à décrire une relation homosexuelle , et ceci était intolérable pour les Etats-Unis de l'époque. Mais le style, le rythme, le sens de l'observation et du petit détail, et surtout le goût de la satire rendent ces récits passionnants de bout en bout pour qui aime la culture américaine! On y croise une infinité de personnages- qu'il aime plus ou moins- comme Truman Capote, Tenessee Williams ,Saül Bellow, Fellini, Greta Garbo, les Kennedy bien sûr, Jack Kerouac, Italo Calvino, Kazan, etc. Et aussi, et toujours sur le même ton satirique, avec le même humour pince sans rire, c'est une mine d'informations sur la politique américaine des 50 dernières années et ses francs succès..
Extraits:
......Bien que Gore ( son grand père ) eût souvent servi les intérêts du pétrole dans son Etat, il ne fut pas rémunéré en retour contrairement à la plupart des autres représentants. des preuves? Il mourut relativement pauvre, ce qui n'est jamais arrivé à aucun sénateur de l'Oklahoma, encore moins à un sénateur qui, comme Gore, avait écrit la législation originale sur la dépréciation des revenus pétroliers, qui rendit les grands pétroliers de Sud-Ouest aussi riches que les Saoudiens d'aujourd'hui, et presque aussi insupportables. Voici à présent la version familiale des évènements. Une société pétrolière voulait exproprier les Indiens de leurs terres. Ceux ci firent appel au Congrès. Gore prit la défense des Indiens. Le groupe pétrolier lui proposa de l'argent pour acheter son vote. Il déclara publiquement devant le Sénat qu'on lui avait proposé un pot -de -vin, sans citer aucun nom. Je pense que ce fut la première et la dernière fois qu'un sénateur brisait l'une des règles non écrites les plus puissantes du club. Le scandale dans la presse n'effraya pas ses corrupteurs. Ils le menacèrent de nouveau, ce qui n'était pas la réaction la plus sage face à un homme doté d'un tempérament aussi féroce et intègre. Il déclara qu'il les accuserait nommément de corruption; Ils décidèrent donc de jouer la carte du harcèlement...Palimpseste p77
Et l'histoire du Guatémala, qui ne s'invente pas..
L'été 1946, je quittai mon emploi d'éditeur associé chez E.P. Dutton, à NY. Comme l'Europe était toujours fermée aux touristes, je me dirigeai vers le sud. Je voulais sortir de NY et de ce qui avait été pour moi une prison à perpétuité..... .A mon arrivée à Guatemala City, j'avais 20 ans. ......Le Guatémala commençait à prospérer. Le vieux dictateur Ubico, un client des EU , avait été chassé. Un professeur de philosophie, nommé Arévalo, venait d'être élu président après une élection libre. Il était socialiste démocrate, ou quelque chose comme ça. Il avait mis des jeunes gens au gouvernement, avait apprivoisé l'armée, et se montrait plein de tact avec le plus gros employeur du pays, la société américaine United Fruit...
La personnalité la plus intéressante du coin était sans conteste Mario Monteforte Toledo. Agé de moins de trente ans, c'était un intellectuel énergique et svelte , qui écrivait de la poésie....Président du Congrès guatémaltèque, Mario était partout considéré comme un futur président de la République. Du point de vue des idées, il était vaguement socialiste, comme tous les jeunes à l'époque. En ce qui me concerne, fidèle à ma famille, j'étais bien entendu férocement "tory". Nos disputes étaient splendides.
Mario commençait à parler politique: "Il se peut que nous ne restions pas très longtemps. -Nous....qui? -Notre gouvernement. Nous allons devoir trouver de l'argent. Le seul endroit où on peut en trouver, c'est "el pulpo". El pulpo signifiait "La Pieuvre", également connue sous le nom de United Fruit Company, dont les recettes annuelles représentaient le double de celles de l'Etat guatémaltèque. Les employés de United Fruit avaient récemment lancé un mouvement de grève; ils demandaient, les égoïstes, à être payés 1,50 dollar par jour pour leur passionnant travail. " Qui pourra vous empêcher des les ponctionner?" J'étais naïf. C'était il y a longtemps, et l'Amérique venait de devenir le leader du monde libre. " Votre gouvernement. Qui d'autre? Ils ont laissé Ubico au pouvoir toutes ces années. Maintenant, ils s'apprêtent à nous remplacer." J'étais abasourdi. J'avais vaguement entendu parler de nos nombreuses interventions en Amérique centrale par le passé. Mais c'était du passé. Pourquoi nous embarrasser avec ça maintenant? Nous controlions la plus grande partie du monde. " Pourquoi nous intéresser à ce qui se passe dans un si petit pays?" Mario me regarda avec compassion-pour ma bêtise. "Les hommes d'affaire. Comme les propriétaires de United Fruit; Ils s'y intéressent, eux. Ils ont longtemps payé nos politiciens. Ils paient encore les vôtres. Je te rappelle que l'un de vos sénateurs siège au conseil d'administration de el pulpo"
..Je connaissais bien les sénateurs. -Lequel? Mario resta dans le vague. " Son nom est en trois parties, comme le nôtre. Il est de Boston, je crois....... - Henry Cabot Lodge? Je ne peux pas le croire." Lodge était un ami de la famille. Petit, j'avais parlé poésie avec lui- son père était poète. Des années plus tard, en tant qu'ambassadeur de Kennedy au Vietnam, Lodge organiserait l'assassinat des frères Diem. Tandis que nous buvions de la bière et que la lumière déclinait, Mario me décrivit le piège dans lequel se retrouvait un petit pays comme le Guatémala. Je ne peux pas dire que je le pris très au sérieux. Avec le monde entier sous notre emprise ( à l'exception des diaboliques Soviets), il n'était guère dans l'intérêt de notre nation de renverser un voisin démocratique, quand bien même son gouvernement irritait le conseil d'administration de United Fruit. Mais en ce temps là, je n'avais pas encore compris à quel point les entreprises contrôlaient le gouvernement de notre propre république déclinante. De nos jours, bien sûr, tout le monde sait comment l'empire qui en est issu, avec son économie militaire, contrôle le monde des affaires. Le résultat final est à peu près le même pour le reste du monde; simplement les massacres sont plus étendus qu'auparavant, et nous ne nous contentons plus de faire des dégâts chez nos petits voisins, mais sur chaque continent. A l'époque, je n'avais pas réalisé que Mario me donnait une idée de roman: un dictateur ( comme Uribo) revient d'un exil aux EU, comme candidat de la Pieuvre, pour reprendre le pouvoir. Je raconterais cette histoire à travers les yeux d'un jeune ancien combattant américain ( comme moi) qui rallie le général par amitié pour son fils. Plus je méditais cette histoire, plus j'en voyais la complexité. Je l'aie intitulée Dark Green, Bright Red. Les Green, père et fils, représentaient la multinationale, sombres figures qui hantaient la jungle verdoyante; le rouge vif symbolisait le sang, mais aussi la possibilité qu'un communiste, un rouge, prenne le pouvoir. Les couleurs primaires ne cessent de se transformer. On ne peut pas se fier aux apparences de cette histoire; " Aucun roman sur- ou venu de- l'Amérique latine n'a eu de succès en langue anglaise." En 1950? mon éditeur avait raison.......
Quatre ans après la publication du livre, le sénateur Henry Cabot Lodge accusa Arbenz, le successeur démocratiquement élu d'Arévalo, d'être communiste car il avait exproprié certaines des terres en friche appartenant à United Fruit au profit d'une centaine de milliers de familles guatémaltèques. Arbenz versa à l'entreprise ce qu'il jugeait être une somme équitable, bien que ridicule: la valeur qu'ils avaient eux-même indiquée au fisc. L'empire américain ( inspiré par la doctrine de la Sécurité nationale) entra alors en action. La CIA rassembla une armée et bombarda Guatemala City. L'ambassadeur américain, Peurifoy, se comporta comme Mr Green dans mon roman. Arbenz démissionna. Peurifoy nomma le chef d'état-major de l'armée guatémaltèque président de la République, avant de lui remettre une longue liste de "communistes" à fusiller . Le chef de l'état-major refusa en ces termes: " Vous feriez mieux de vous assoir dans le fauteuil présidentiel et de hisser la bannière étoilée sur le toit du palais." Peurifoy choisit alors un autre militaire pour représenter les intérêts de la Pieuvre comme de l'empire. Depuis, le Guatémala est un champ de bataille, où le rouge très vif affronte le vert impérial le plus sombre. On découvrit bien plus tard qu'Arbenz n'avait absolument aucun lien avec les communistes, mais la "désinformation" avait été tellement complète que peu d'Américains réalisèrent à quel point leur gouvernement leur avait menti, gouvernement qui s'était désormais placé au dessus des lois et, pire encore, au dessus de la raison. Cinq ans plus tard, à Cuba, Castro renversa nos verts et imposa sa marque rouge vif- quelque peu ternie à présent. ......... | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Gore Vidal Lun 29 Sep 2008 - 18:30 | |
| Le moment que tu as ouvert ce fil, je voulais mettre un mot - mais je l'ai oublié jusqu'à maintenant Puisque j'ai découvert à l'âge de 15 ans Anaïs Nin et que j'étais fascinée par quelqu'un qui écrivait un journal tout comme moi je le faisais à ce moment, j'ai "mâché" ses millions de pages de journaux intimes tout au long de mon adolescence - et le personnage Gore Vidal était omniprésent... mais après tant d'années j'ai 'oublié' Anaïs Nin et malheureusement aussi beaucoup des personnes autours d'elle qui étaient bien plus intéressantes qu'elle - mais je ne le réalisais que trop tard | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Gore Vidal Lun 29 Sep 2008 - 19:13 | |
| Ah, j'ai lu aussi les journaux d'Anaïs Nin, Kenavo, mais je n'avais aucun souvenir non plus de Gore Vidal! | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| | | | Héri Envolée postale
Messages : 193 Inscription le : 16/04/2008 Age : 32 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Gore Vidal Lun 29 Sep 2008 - 20:34 | |
| C'est drôle, il y a quelque jour à peine j'ai noté le nom de cet auteur en voyant qu'il avait écrit un livre La Fin des Libertés, mon TPE (travaux personnels encadrés, comptant pour le bac ^^) étant sur le sujet, je voulais le consulter. Et voilà que je le retrouve ici chez les parfumés. En tout cas c'est un auteur que je suis sûre de lire | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Gore Vidal Mer 1 Aoû 2012 - 10:33 | |
| Décès de Gore Vidal le 31 juillet (pneumonie). Citation mise en avant sur Google particulièrement bien choisie : - Citation :
- I'm exactly as I appear. There is no warm, lovable person inside.
Beneath my cold exterior, once you break the ice, you find cold water. | |
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| Sujet: Re: Gore Vidal | |
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| | | | Gore Vidal | |
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