Olivier Adam

Prochainement dans les bonnes librairies..... à lire sans modération .

Mon avis bientôt ici même

Les lisières

Les lisières, Olivier Adam
Flammarion (22 Août 2012)
464 pages

4ème de couverture :

Citation :

Entre son ex-femme dont il est toujours amoureux, ses enfants qui lui manquent, son frère qui le somme de partir s'occuper, «pour une fois», de ses parents, son père ouvrier qui s'apprête à voter FN et le tsunami qui ravage le Japon où il a vécu les meilleurs moments de sa vie, tout semble pousser Paul Steiner aux lisières de sa propre existence. De retour dans la banlieue de son enfance, il doit se confronter au monde qui l'a fondé et qu'il a fui. En quelques semaines et autant de rencontres, il va se livrer à un véritable état des lieux personnel, social et culturel.
Dans ce roman ample et percutant, Olivier Adam embrasse dans un même souffle le destin d'un homme et le portrait d'une certaine France, à la périphérie d'elle-même.

Citation :

« Et puis il semblait acquis que je ne serais jamis non plus d’ailleurs, j’étais condamné à errer au milieu de nulle-part. »

Citation :

« Manon avait toujours été cette enfant aux grands yeux bleus écarquillés, pleine d’allant et de fantaisie, si légère que je redoutais parfois qu’elle ne fût ma fille, moi qui avait tant de mal à me mouvoir dans ce monde, à lui faire confiance, moi qui était si lourd et emprunté, comme un emmuré vivant. »

Je ne dirai rien de l’histoire, le mot de l’éditeur suffit. C’est d’avantage un rendu d’atmosphère et de contexte que je souhaite rendre. Ce livre se vit, et se ressent plus qu’il ne se raconte.
Jusqu’à présent Olivier Adam nous avait habitués à des romans relativement courts, dans lesquels ses personnages nous étaient plus vite dévoilés. Cette fois, Olivier Adam prend le temps d’amener les faits et ses protagonistes dans un roman plus épais, plus lourd également, plus dense dans l’atmosphère.
Comme toujours Olivier Adam campe des personnages dépressifs, torturés, mal dans leur vie, et dans la vie ; mais il le fait avec beaucoup de sensibilité, d’intelligence, et de réalisme.
J’ai senti ce roman comme un ouvrage infiniment plus personnel que les autres tant dans le vécu des faits d’actualité qui parsème les pages et qui lui donne son authenticité, que dans le vécu des aléas de la vie qui frappent Paul, François, et les autres….Il y a dans le « Je » de Paul , la voix d’Olivier Adam. Fait-il comme Paul un retour sur lui, solde-t-il ses comptes, digère t-t-il les secrets du passé ?
Si l’écriture est toujours aussi agréable à suivre, elle m’a semblé moins prompte à une lecture exclusive et continue. Il faut, à mon avis prendre son temps, digérer, pour mieux s’imprégner, et apprécier.

-Les lisières-

Citation :

Je ne dirai rien de l’histoire, le mot de l’éditeur suffit. C’est d’avantage un rendu d’atmosphère et de contexte que je souhaite rendre. Ce livre se vit, et se ressent plus qu’il ne se raconte.

Mimi tu as tout bien dit. Sans aucun doute le roman qui m'a le plus touchée parmi la trentaine que j'ai eu l'occasion de découvrir cet été, le plus intense et aussi le plus personnel à ce jour, de l'auteur. Cette fois-ci Adam va au fond des choses, creuse la partie la plus intime de son personnage, sans artifice ni la moindre complaisance. Il n'épargne personne et encore moins son double, ce Paul Steiner qui ne se remet pas d'avoir laissé partir sa femme, par sa faute, et qui cherche encore la force de se battre parce qu'il veut y croire, malgré La Maladie comme il la nomme, tapie derrière et prête à l'avaler. Je ne trouve pas de suite les mots pour rendre hommage à ce texte, je ne sais d'ailleurs pas si je les trouverais d'ici peu, mais ce dont je suis certaine c'est que peu d'auteurs parviennent à affronter leur mal avec autant de sincérité, de lucidité et de rage mêlées. Un grand coup de chapeau à monsieur Adam. Si je le vois je lui dis en face

Aeriale a écrit:

Sans aucun doute le roman qui m'a le plus touchée parmi la trentaine que j'ai eu l'occasion de découvrir cet été, le plus intense et aussi le plus personnel à ce jour, de l'auteur.

Encore un coup de chapeau à ceux qui se dévouent pour lire les livres de la rentrée !
Il faut un courage et un dévouement que je n'aurai jamais !

Jamais entendu parler de ce type avant de vous lire. Un de plus vous me direz...
Vos avis m'ont intéressé, le sujet du livre me plait, du coup je suis allé faire un tour chez les marchands:
Deux courtes interview de M. Adam en ligne.
ici

Merci pour les liens, Igor, je pense qu'il te plairait, vraiment ( Je ne dirais pas la même chose pour Expie, ou alors il aurait bien changé ) car c'est un récit à la fois très personnel mais qui s'ouvre sur quelque chose de beaucoup plus large, ce qui en fait un texte très humaniste en somme.

Comme Adam l'explique dans son interview chez Flammarion, le personnage incarné par Paul Steiner (et qui a tous les traits de l'auteur) n'a plus de chez lui au début du roman, il se trouve sans refuge, et est ramené au même moment sur les terres de son enfance, sa mère hospitalisée. Là bas les gens qu'il croise, famille, amis, vagues connaissances, lui signifient bien qu'il n'est plus des leurs non plus, qu'une distance dûe à sa vie d'écrivain s'est creusée, et qu'il n'est pas apte à partager leur quotidien, leurs problèmes d'argent etc...Il se sent donc à la lisière, à la fois en dedans et en dehors de cette réalité là.

Citation :

Je suis un être périphérique. Les bordures m'ont fondé. Je ne peux appartenir à quoi que ce soit, je suis sur la tranche

C'est à la fois un récit intime donc, puisque Adam nous dit tout de ses obsessions, de ses fuites et de ses manques, mais il dresse aussi, au travers de la vision de cet homme à la reconquête de ses marques, un portrait d'une frange de la population, cette partie qui en fait le coeur alors que lui en est rejeté sur la marge.

Plus j'y pense, et plus il m'émeut ce livre. J'ai envie de me l'acheter et le relire très vite.

interview qui fait vraiment plaisir de le découvrir à partir de quelques questions tout à fait bien posées

et en plus j'ai eu la confirmation que je le trouvais bien changé dans les interviews posté par Igor, la dernière foir que je l'ai vu au Festival à Saint Malo il n'avait pas cet aspect... maigre

Encore un auteur que je n'ai pas lu et que j'aimerais découvrir.
Les parfumés sont de terribles tentateurs.
Je ne m'en sortirai jamais !

A l'abri de rien
Cinq ans après, je découvre ce texte et Olivier Adam par la même occasion.
Retour en arrière donc sur ce forum plein de ressources pour une lecture de vos commentaires que j'emprunte volontiers pour exprimer mon ressenti.

coline a écrit:

Cette histoire, je l’ai trouvée criante de vérité…Je n’arrivais pas à la lâcher…Dès les premières lignes, je voulais savoir ce qui allait advenir de Marie, de sa famille…

monilet a écrit:

tout ce qui arrive autour elle et tout devient étrange, presque irréel de réalité ou de sur-réalité, à la limite de l'absurde.
C'est très fort.
On finit par se demander où est la norme.

Aeriale a écrit:

Sans pathos ni romance, il nous projette dans son récit suivant un rythme haletant, où l'émotion surgit à chaque détour .
Tout est juste, précis, son écriture est sous tension.
...
Un roman tres beau et dur .Un bel hommage à ces ombres oubliées de la vie et à ceux qui donnent la leur aux autres .

sentinelle a écrit:

j'ai lu d'une traite A l'abri de rien, premier roman que je lis de l'auteur.
...
Olivier Adam nous fait un très joli portrait de femme. Marie est quelqu'un qu'on n'oublie pas, peut-être parce qu'elle est en chacun de nous aussi.

Le Bibliomane a écrit:

...son chemin va croiser celui d'êtres qui, plus encore qu'elle, vivent comme des fantômes.
Eux, ce sont les « Kosovars » comme on les appelle par ici, ces réfugiés de partout et d'ailleurs venus s'échouer sur ces côtes du Pas-de-Calais dans l'hypothétique espoir d'atteindre un jour l'Angleterre.
...
Depuis, ils vivent comme des ombres, avec la peur pour seule compagne, peur des policiers, de leurs insultes, de leurs chiens et de leurs matraques...
Alors ils rôdent, de jour comme de nuit, comme des spectres, sous la pluie, dans le froid, à l'abri de rien.
...
...récit âpre et douloureux où s'expriment toutes les contradictions et toutes les carences d'une société basée sur la prédominance de la notion de l'Avoir sur celle de l'Être. Un très grand roman.

J’arrête là les emprunts pour ajouter que ce M. Adam est impitoyable, il balaye d'une lumière crue la laideur qui envahie chaque jour davantage notre environnement. Si nous n'avons pas une foi aveugle dans le consumérisme, oui, je pense que la folie sera la seule échappatoire.
Il éclaire aussi le glissement progressif vers une forme de totalitarisme et de pensée unique où l'étranger focalise toutes les peurs, toutes les haines.
Il pointe la méchanceté médiocre des représentants de l'autorité (police, justice, économie).
Plus terrible encore, il raconte l'expulsion d'un paradis du temps de l'insouciance et nous projette vers notre anéantissement.
Un espoir toutefois pour Marie qui à la toute dernière page entrevoie une once de beauté propice à sa résurrection.

Découverte qui m'a beaucoup impressionnée, j'avais choisi ce livre parce que la quatrième de couverture appelait une histoire moins intimiste que pour ses autre livres disponibles. Elle l'est et c'est même le centre du livre. La façon de raconter ce trouble et cette abime est très directe.
J'ai aimé cette écriture et ses autres livres m’attirent.

Aeriale a écrit:

Plus j'y pense, et plus il m'émeut ce livre. J'ai envie de me l'acheter et le relire très vite.

Pareil, c'est un livre qui m'a été prêté, et bien entendu, j'aurai mon mien , rien qu'à moi

Jamais lu cet auteur, mais vos posts me motivent, surtout son dernier livre.
Aucune médiathèque de mon entourage ne l'a, c'est agaçant à la fin ! On en parle partout !

tina a écrit:

Jamais lu cet auteur, mais vos posts me motivent, surtout son dernier livre.
Aucune médiathèque de mon entourage ne l'a, c'est agaçant à la fin ! On en parle partout !

Il vient tout juste de sortir. laisse-leur un peu de temps. Et dans la plupart tu dois pouvoir faire des suggestions d'achats au pire.

Des vents contraires
Je ne suis pas fan d’Olivier Adams (malgré que j’ai lu presque tous ses livres), je trouve ces histoires tristes , sans espoir avec des moments un peu confus ; il passe d’un sujet à un autre sans transition, laissant le lecteur un peu désorienté pendant quelques lignes.

Ce roman n’est pas plus gai que les précédents et pourtant j’ai pris plus de plaisir à le lire, je me suis laissée porter par les descriptions des paysages, l’auteur a une belle plume et sait bien rendre le décor dans lequel évoluent ses personnages. Ceux-ci sont aussi très attachants, ils n’ont rien des héros, au contraire, ils sont très ordinaires comme le commun des lecteurs.

ces récits sont toujours dans le même style, des personnages paumés suite à une expérience traumatisante ; Paul se retrouve seul avec ses deux enfants après la disparition de sa femme ; il survit en se répétant sans cesse : « ça va aller ».

C'est un livre sur la paternité : le camionneur qui enlève son enfant car il a envie d’être avec lui ; Alex, son beau frère qui accepte que sa femme le trompe pour être papa…

Que les amateurs de Olivier Adam ne ratent pas La grande Librairie la semaine prochaine!