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| Olivier Adam | |
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Auteur | Message |
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Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Olivier Adam Dim 7 Oct 2012 - 18:49 | |
| - Igor a écrit:
- Livre inoubliable qu'elle recommande fortement!
Igor et Madame I, merci pour vos deux commentaires, quel plaisir de vous lire! Ressentis à chaud, comme je les aime, reflètant une empathie immédiate et l'impression d'une proximité, d'une évidence qu'un ami aurait mis en mots, simplement, sans fioritures inutiles, mais porté par cette vérité intérieure qu'Adam s'obstine à préserver. Etre au plus près des gens et des mots, ne pas s'enfoncer dans le confort, rester à l'écoute du monde...C'est ce qui ressortait de son discours le week end dernier à Manosque, et c'est ce qui le caractérise le mieux, je crois. Vous me donnez fortement envie de le relire | |
| | | krys Sage de la littérature
Messages : 2093 Inscription le : 06/09/2009 Age : 65 Localisation : sud ouest
| Sujet: Re: Olivier Adam Dim 28 Oct 2012 - 14:01 | |
| Les lisières Paul, écrivain, a cette particularité de n'être jamais là : même présent, il reste absent. Il a tout oublié de son enfance jusqu'à l'âge de dix ans. Il se souvient avoir failli se jeter dans le vide. Plus tard, il se sent toujours en décalage avec le mode de vie et de pensée de sa famille, les principes rigoureux de son père, le pragmatisme froid de sa mère, anxieuse et muette. Au lycée, il s'est toujours senti à l'écart, n'osant avouer des goûts musicaux, cinématographiques et littéraires différents. Habitant un quartier populaire, sa notoriété d'écrivain le pousse à fréquenter un monde intellectuel et riche. Mais là encore, il se sent déphasé, n'ayant pas le même vécu. Sa femme le met dehors, excédée de cette absence perpétuelle. Voici le premier roman d'Olivier Adam qui ne m'a pas fait éprouver un profond sentiment de déprime. Et pourtant, le narrateur est lui-même poursuivi par ce qu'il nomme "la maladie", sorte de malédiction qui le pousse vers le désir de mort. A l'occasion de la maladie de sa mère, il retourne vers sa famille et les lieux de son enfance, cherchant à comprendre ce qui le ronge et le fait toujours se sentir étranger, et le pousse à aller se réfugier dans de lointaines contrées. Le récit évoque les milieux populaires, les classes laborieuses qui se sentent méprisées par le monde politique, les souffrances d'un homme déchiré et incompris, tant par sa famille que par ses nouveaux amis. La plume d'Olivier Adam est marquée par l'univers marin : la mer est toujours présente, mais d'une façon lourde, humide, froide, propice à la mélancolie. On est pris dans une sorte de brume glacée qui nous fait prendre conscience de notre solitude. Un charme amer, mais magique. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Olivier Adam Lun 19 Nov 2012 - 22:27 | |
| Les lisières
Roman d'une grande ambition, et qui atteint dans l’ensemble son objectif, les lisières nous trace le portrait sans concession, c'est le moins qu'on puisse dire, d'une société occidentale et tout particulièrement française, sans repères, sans « nourriture » affective ou culturelle, dans l'impasse, amère et épuisée, qui se raccroche désespérément à des fantoches. Mais c'est aussi (et surtout ?) le magnifique portrait d'un homme torturé de naissance, dépressif chronique, frappé au sceau de l’infamie par ce que, jamais bien nulle part, il a quitté son milieu, sa banlieue, abandonné ses amis, éloigné ses parents. Et qui plus est… pour devenir écrivain. Invivable, totalement immature certes, mais déchirant dans sa maladresse à vivre et son obstination à sombrer, à s’auto-ostraciser. Époustouflant personnage de roman, décourageant un à un tous ses partenaires de vie, se désespérant d’être lui-même, Paul Steiner traçe à la première personne un portrait d'écrivain maudit, poète en dérive au sein d'une société consumériste et pragmatique. - Citation :
- Personne ne sait vraiment quand exactement les fissures deviennent des failles, puis se muent en gouffres infranchissables
. Olivier Adam traduit plutôt bien par ses mots la litanie obsédante du mal-être, des doutes et interrogations de Paul . Il utilise habilement pour cela les altération et questionnement répété. Et les descriptions de la nature (mer ou foret), où Paul trouve à se ressourcer sont également très réussies. Pourquoi ce roman m’a t’il assez largement emballée, et a-t'il plu à tant de lecteurs ? C'est parce qu'en Paul, on retrouve, magnifiés, hyperboliques, notre part d’inaptitude sociale, nos doutes, nos inquiétudes, nos interrogations parfois désespérées, nos espoirs déçus, nos projets inaboutis. On se sent infiniment compris et on se paye le luxe de voir que malgré tout on ne s'en sort pas si mal. Par moment il m’a quand même assez agacée avec sa façon de porter toute la misère du monde sur ses épaules, j’avais envie de lui botter un peu les fesses, mais, en tout cas dans les 3 premiers quarts, ce n'était que des passages fugaces, la maîtrise du récit d'Olivier Adam m’emmenait vite sur des rivages plus indulgents, car, même s'il le fait dans l'excès… cet homme se pose les bonnes questions. Pendant un moment, sur la fin (la fin de la 2e partie), ça tourne en rond, il en fait un peu trop, Adam, il y va vraiment à la louche , son numéro d’écrivain incompris et de misanthrope mal léché, ses petits règlements de compte deviennent bourratifs . Il s'approprie les stéréotypes stigmatisants qu'il reproche tant aux autres. La rage devient fiel. Il perd la grâce. La souffrance n’autorise pas tout ce mépris. J'aurais globalement aussi aimé un peu plus d'humour (il en a quand il décrit la bibliothèque de Sophie) et de compassion pour tous ces personnages que Paul trouve si détestables, le livre n’en aurait été que plus attachant . Mais finalement, c'est nettement le sentiment positif qui l'emporte, on est accroché par ce vrai livre de littérature populaire, accessible, intelligent, émouvant, qui aurait gagné à être un peu plus maîtrisé (mais aurait alors sans doute été moins sincère), un roman sombre d'un pessimisme désespéré, à réserver pour des heures où on se sent solide. Car c’est un roman, n’est –ce-pas ? | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Olivier Adam Mar 20 Nov 2012 - 8:43 | |
| Merci pour ce commentaire finement analysé, topocl. Je vois que Adam a tout de même largement réussi à te toucher. Comme tu dis on peut être agacé devant cette incapacité à prendre la vie à bras le corps, ou sa possible tendance à stigmatiser (mais qui de nous n'en n'est jamais coupable?) il faut tout de même lui reconnaître une honnêteté désarmante, et surtout une extrême clairvoyance. Cet homme nous force à regarder les choses bien en face.
Même si le personnage lui ressemble comme un double, Adam insiste bien sur le fait qu'il s'agit d'une fiction. La voix de Paul est bien la sienne, mais les évènements sont autres... | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Olivier Adam Mar 20 Nov 2012 - 10:51 | |
| Pendant ma lecture, j'ai pensé à Les corrections de Franzen pour sa relation avec ses parents, et à Tu verras de Nicolas Fargues pour celle avec ses enfants. | |
| | | MartineR Main aguerrie
Messages : 364 Inscription le : 10/09/2010 Localisation : essonne
| Sujet: Re: Olivier Adam Jeu 22 Nov 2012 - 10:50 | |
| Je viens de terminer la lecture de LisièresJe suis très partagée sur ce roman ( un peu de fiction, beaucoup d'autobiographie), il faut lui reconnaître le fait de bien poser les problèmes des (grandes) banlieues, des milieux en difficulté minés par le chomage, les formations scolaires qui l'ont amenés; les non-dits, Par ailleurs je connais bien V..y C......n, Juvisy et les autres villes autour.. Son style est très <<< Psy >>>, on y retrouve une logghorée avce des phrases sans fin, et par moment des phrases très courtes.... Je ne sais pas s'il va mieux après cet accouchement; personnellement je préfère lire un bon ouvrage de socilogie avec des enquêtes valables ,bien étayées C'est le premier livre d'Adam que je lis mais je ne pense pas y retourner | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Olivier Adam Mer 5 Déc 2012 - 10:28 | |
| Les lisières
Paul Steiner (Olivier Adam lui-même) est un écrivain déchiré, écorché vif, mal dans sa peau. Séparé de Sarah depuis six mois, il ne voit plus ses enfants qu’un week-end sur deux. Il n’accepte pas cette situation. Ses enfants lui manquent cruellement et il est toujours amoureux de sa femme. Cette situation est temporaire a-t-il l’habitude de dire. Sauf que madame ne l’entend pas de cette oreille : elle semble revivre. Oui, il admet qu’il est impossible à vivre. Continuellement dans ses livres, peu attentif aux siens. Pas vraiment là. Un penchant pour l’alcool et le kayak qu’il pratique autour des îlots bretons auprès desquels il réside. Car cet écrivain s’est réfugié en Bretagne, fuyant la banlieue populaire et pavillonnaire dans laquelle il a grandit (de travers). Issu d’un milieu ouvrier, ses parents n’ont pas été très expansifs : son père arborait continuellement son air agacé et distribuait généreusement ses coups de pieds au cul ; sa mère, triste et effacée, n’a jamais su lui dire qu’elle l’aimait. Très tôt, il s’est trouvé différent des autres. Préférant le tennis au foot ou au vélo, aimant le jazz et la musique classique, passionné de lecture… il ne se reconnaît pas dans les siens. Jusque dans leurs convictions politiques : son père vire facho et vote pour le FN, son frère qui a réussi ne jure que par Sarkozy alors que lui-même est résolument à gauche. Les réunions de famille virent immanquablement à l’engueulade. Aussi a-t-il pris l’habitude de ne plus quitter son littoral que contraint et forcé… une fois ou deux par an, et pour une courte visite de quelques heures.
Mais cette fois, la situation est différente. Sa mère est à l’hôpital pour plusieurs jours et son père, en homme de cette génération, est incapable de se débrouiller dans une cuisine. Pour la première fois depuis plus de vingt ans, Paul va devoir séjourner dans la maison de son enfance pour s’occuper du vieil homme. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette perspective ne l’enchante guère. Sans réellement le vouloir, il revoit certains de ses amis d’enfance qu’il avait quitté du jour au lendemain et auxquels il n’a plus jamais donné de nouvelle : Stéphane qui en période d’essai au Simply du coin, Eric son meilleur ami à l’époque et qui est infirmier en hôpital psychiatrique, Sophie son amour de jeunesse devenue mère au foyer, hystérique et nymphomane… Certains d’entre eux ont lu ses livres, vu les films dont il a écrit le scénario. D’autres, non. Mais tous se souviennent de l’adolescent marginal et tourmenté qu’il était.
Dans un livre qui semble largement autobiographique, Olivier Adam fait le point sur ses souvenirs de jeunesse, sur sa famille, sur cette banlieue dont il est issu. Ses parents peu aimants, ce frère avec lequel il ne partage presque rien, ce quartier qu’il exècre, la précarité dans laquelle se débattent ses habitants, le peu de cas que fait d’eux ce gouvernement de droite qui ne s’intéresse qu’aux riches, la crise économique qui n’arrange rien, les élections présidentielles qui doivent avoir lieu l’année suivante, la montée du Front National, les primaires socialistes, les mésaventures de DSK… Et le drame au Japon, pays qui l’attire, qu’il a déjà visité à de nombreuses reprises et dans lequel il avait projeté de s’installer pour un an avec femme et enfants. Un livre un peu fourre-tout qui me donne l’impression de n’être qu’un premier jet, un texte avant le travail d’épuration de l’auteur. Car l’auteur étale, bavarde à n’en plus finir et se répète fréquemment. Comme il le reconnaît lui-même, son écriture est laborieuse et lourde. Il se plaint beaucoup et jette sur son entourage un regard que j’ai souvent trouvé suffisant : un enfant vivant en périphérie du monde et devenu un misanthrope accompli. Seuls sa femme et ses enfants semblent trouver grâce à ses yeux. Tous les autres subissent ses critiques tantôt acerbes, tantôt condescendantes : sa famille raciste, ses amis qui se sont irrémédiablement enterrés dans ce petit coin déshérité de l’Ile-de-France alors que lui est parvenu à s’en extraire, ses confrères bon chic bon genre jusqu’au bout des ongles.
Un personnage pour lequel j’ai eu de la peine à éprouver une certaine empathie. Un personnage certes torturé et auquel j’accorde quelques circonstances atténuantes mais qui ne m’a jamais paru sympathique. Une atmosphère dense, opaque et qui met à mal le lecteur que je suis. Lecture difficile que j’ai terminée au courage en lisant certaines digressions en diagonale et notamment ses continuelles suites interminables d’énumérations qui émaillent trop fréquemment son texte. Une déception.
Dernière édition par Harelde le Ven 7 Déc 2012 - 9:21, édité 2 fois | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Olivier Adam Mer 5 Déc 2012 - 10:56 | |
| Bien que j'aie aimé les lisières, je me reconnais assez dans les remarques que tu fais, Harelde. je pense que la limite entre l'adhésion/lacompassion et l'agacement sont vraiment ténues ici. | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Olivier Adam Mer 5 Déc 2012 - 11:13 | |
| - topocl a écrit:
- Bien que j'aie aimé les lisières, je me reconnais assez dans les remarques que tu fais, Harelde. je pense que la limite entre l'adhésion/lacompassion et l'agacement sont vraiment ténues ici.
Ouf... je me sentais un peu seul ! | |
| | | Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
| Sujet: Re: Olivier Adam Mer 5 Déc 2012 - 13:46 | |
| Ah! se sentir seul... C'est une des problématique de ce livre non ? | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Olivier Adam Mer 5 Déc 2012 - 14:01 | |
| Certes, Igor, mais je sens Harelde un tout petit peu plus adapté socialement que Paul Steiner. | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: Olivier Adam Mer 5 Déc 2012 - 17:50 | |
| Harelde, je suis hors sujet, mais tant pis. Cela fait plusieurs fois que je regrette de ne pas pouvoir lire attentivement tes commentaires ; mes yeux se noient... Pourrais-tu aérer tes textes, si possible ? Sache que ce serait grandement apprécié. |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| | | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Olivier Adam Jeu 6 Déc 2012 - 9:39 | |
| Suffit de sauter une ligne après chaque paragraphe, ça change tout! | |
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| Sujet: Re: Olivier Adam | |
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| | | | Olivier Adam | |
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