Olivier Adam

Des vents contraires

Citation :

Présentation de l'éditeur
Depuis que sa femme a disparu sans jamais faire signe, Paul Andersen vit seul avec ses deux jeunes enfants. Mais une année s'est écoulée, une année où chaque jour était à réinventer, et Paul est épuisé. Il espère faire peau neuve par la grâce d'une retour aux sources et s'installe alors à Saint-Malo, la ville de son enfance. Mais qui est donc Paul Andersen ? Un père qui, pour sauver le monde aux yeux de ses enfants, doit lutter sans cesse avec sa propre inquiétude et contrer, avec une infinie tendresse, les menaces qui pèsent sur leur vie. Dans ce livre lumineux aux paysages balayés par les vents océaniques, Olivier Adam impose avec une évidence tranquille sa puissance romanesque et son sens de la fraternité.

La première chose que j’ai jamais lu d’Olivier Adam était son recueil de nouvelles passer l’hiver et ce livre commence avec la nouvelle Pialat est mort.
Après lecture je me suis promis – s’il va garder cette qualité, je vais suivre cet auteur pendant longtemps.. et si je pourrais lui demander une faveur – écrire le roman de cette nouvelle.
J’ai tenu ma promesse et je l’ai suivi depuis toutes ses années de livre en livre, et je ne sais pas qui lui a dit pour mon souhait – en tout cas Des vents contraires est le roman que je voulais avoir


Dans ce roman il y a tout d’abord la couleur, toutes les nuances qu’on peut trouver aux alentours de l’Atlantique. Il est fort pour nous faire part de ce qu’il veut qu’on voit. Et puis il y a naturellement la mer, la lumière, les nuages et la pluie.. oui, bien sûre.. aussi la pluie.. parfois il pleut en Bretagne

Et à part qu’on peut considérer ces 250 pages du roman comme déclaration d’amour pour la région qu’il s’est choisi pour vivre, il ne se prive pas de faire aussi un petit clin d’œil dans le roman

Citation :

Il s’emmerdait aux Maldives. Fait beau tout le temps. Un pays imbécile où jamais il ne pleut.

Mais voilà seulement le plan de l’histoire. Le centre est quand même Paul et ses enfants. Paul dont la femme est partie, on ne sait où et Paul qui arrive seulement à s’accrocher à la vie à cause d’une réalité que les enfants lui demandent. Une réalité qu'il s'impose à vivre en attendant le retour de sa femme.

Si vous avez comme moi tendance mouchoir pendant vos lectures - gardez les près de vous.. il m'en a fait dépenser quelques uns


Corina Ciocârlie dans mon hebdomadaire Le Jeudi (malheureusement pas de critique en ligne pour cette semaine) a donné comme titre Une si bruyante solitude au commentaire pour ce livre.
Et elle en dit :
Parmi les 558 nouveaux titres de ce mois de janvier, celui d’Olivier Adam ne risque pas de passer inaperçu. Marée haute, marrée basse : une famille en pleine confusion des sentiments.

Et pour conclure :
Un bonheur empêché, balayé, par les vents contraires, « qui toujours nous échappe et ne prend sa forme qu’au passé » - et dont Olivier Adam a su faire sa marque de fabrique


Ce livre fait aussi partie de la sélection du Monde des livres des 25 meilleurs livres de la rentrée littéraire de janvier.
ICI

J'ai un peu craint de lire ton résumé Kenavo, mais par chance tu ne révèles que très peu de l'histoire. Donc il ne fait que me faire languir encore plus

De toutes façons, j'y vais en toute confiance sachant que c'est surtout la manière de transmettre les émotions qui est particulière chez Adam.
Cette écriture brute et qui frappe fort!

(Et je ne vais pas en dire plus parce que j'ai l'impression de me parodier moi-même après avoir lu Senti et mes commentaires pastichés )

aériale a écrit:

J'ai un peu craint de lire ton résumé Kenavo, mais par chance tu ne révèles que très peu de l'histoire. Donc il ne fait que me faire languir encore plus

les résumés - je laisse les maisons d'éditions les faire.. sont plus doués pour cela
j'aime surtout donner quelques idées lors de ma lecture et mes impressions personnelles..

aériale a écrit:

J'ai un peu craint de lire ton résumé Kenavo, mais par chance tu ne révèles que très peu de l'histoire. Donc il ne fait que me faire languir encore plus

De toutes façons, j'y vais en toute confiance sachant que c'est surtout la manière de transmettre les émotions qui est particulière chez Adam.
Cette écriture brute et qui frappe fort!

(Et je ne vais pas en dire plus parce que j'ai l'impression de me parodier moi-même après avoir lu Senti et mes commentaires pastichés )

N'empêche, j'ai découvert cet auteur grâce à toi Aériale , et je crois que je vais très certainement craquer pour celui-ci un jour ou l'autre pas très lointain

Ceci est un commentaire qui est - contrairement à son titre - pas gentil.
Mais - je ne peux le nier, il a raison.. en quelque sorte..
Ceci me disqualifiera comme 'lectrice' - apparemment j'aime plus ce qui est littéraire à ce qui est littérature
Tant pis, dans le cas d'Olivier Adam j'assume


Olivier est gentil

Yann Moix
15/01/09

Olivier Adam n'a pas de chance. Lire son roman après Les Voyageurs du temps, de Sollers, c'est un peu comme tomber sur une chanson de Raphaël en sortant d'un concert de Lou Reed. On tombe de haut. Ce que je dis ne vise pas à blesser Olivier, que je ne connais pas personnellement et qui ne m'a rien fait. Le problème vient peut-être de moi plus que de lui. Mais il est vrai que j'ai de plus en plus de mal avec les romans qui racontent des histoires qui auraient pu indifféremment se dérouler en 1938, en 1954 en 1979 ou en 2024. Je ne crois pas à l'intemporalité d'un récit : non pas que Des vents contraires ne se déroule pas aujourd'hui, mais c'est un aujourd'hui désincarné. Un aujourd'hui narratif, mais vide de toute vision. Adam a des histoires à raconter, mais il n'a rien à dire. Ce que je dis n'est pas méchant : je préfère, de toutes mes forces, les digressions intimes, les sorties de route fulgurantes, les parenthèses visionnaires, les catalogues inopinés de subjectivité, les intrusions perpétuelles du moi, fût-ce au sein d'un récit ficelé, aux trames impeccables et appliquées, aux chapitres studieusement imbriqués, aux paragraphes scolairement respectueux de l'intrigue. Bref, je préfère la littérature à ce qui est littéraire.

La littérature, je serais bien incapable de vous dire ce que c'est. Mais je sais une chose : c'est qu'elle n'est jamais « littéraire ». Je n'accuse pas Olivier Adam de préférer la narration au fourre-tout : raconter une histoire est quelque chose de très difficile, et les efforts de notre ami, pour vains qu'ils m'apparaissent, sont louables. Mais je prétends que ne pas raconter une histoire est plus difficile encore, et c'est là que l'écrivain se sépare du romancier. Pour l'écrivain, l'histoire est secondaire : elle est un scénario prétexte, une colonne vertébrale pratique pour faire passer non pas en contrebande mais de manière assumée une véritable pensée. Pour moi, Olivier Adam, ce sont des scénarios écrits en français. C'est-à-dire dans une langue correcte, avec toutes les naïvetés, les lourdeurs, les clichés que cela comporte inévitablement parfois. Chez Adam, quand on bâille (ce fut souvent mon cas) c'est évidemment « à s'en décrocher la mâchoire ». Et lorsque la mer s'étend c'est à… C'est à ? Je vous le donne en mille : « à perte de vue », bien sûr. Et, dans la même phrase, l'air qu'on respire est inéluctablement « frais et chargé d'embruns ». On trouve encore de petites nunucheries comme : « Pendue au téléphone, Nadine irradiait d'une lumière quasi religieuse » ou encore, carrément pathétique et ado : « Je l'ai écouté un long moment me parler des temples déserts et traversés par le vent, du cimetière des pauvres où se pressaient mille bouddhas de pierre, de l'étang du Daikaku-ji et des paysans courbés dans les rizières, des pavillons de bois et de la forêt de bambous de Sagano, du pont sur la lune à Arashiyama et des lumières d'Osaka. » C'est ça, que j'appelle du littéraire.

Qu'on ne me fasse pas le coup de « c'est juste une phrase isolée sur deux cent cinquante » car un écrivain est précisément quelqu'un qui est incapable de commettre une seule phrase douteuse. Le romancier, lui, est avant tout un scénariste qui tente, çà et là, d'apporter ce qu'il croit être de la valeur ajoutée littéraire en s'emmêlant dans les adjectifs, les périphrases, les descriptions qui meublent.

Quand on ne pense pas, qu'on n'a pas dressé une fois pour toutes son univers, bâti avec ses tripes, ses défauts, sa personnalité personnelle, on est sans cesse condamné à remplir avec des mots, à préciser la teneur de l'air, la hauteur des chênes, la couleur des volets qu'on vient de repeindre, ou les effets d'un parfum, c'est un cercle sans fin. Ce n'est pas une vie. Je le répète, je n'ai contre Olivier Adam aucune acrimonie, aucune haine. Je le prends seulement comme cas d'école d'une « littérature » ornementale qui rappelle les bibelots sur la télé des grands-mères. C'est suranné, c'est rassurant, c'est confortable. C'est écrit face à la mer, mais ça ne fait pas de vagues. C'est gentil, c'est poli, c'est policé. Ça préférera toujours Gide à Proust, Aragon à Céline, Eluard à Artaud. Des vents contraires, soigneusement posé sur votre bureau, au calme, ou sur la table de votre cuisine, c'est plus rustique, attendra bien sagement des articles élogieux, un prix littéraire et quelques lectrices émues. C'est tout le mal que je souhaite à Olivier. Car il ne dérange personne. Et c'est précisément ce qui me dérange chez lui.

source: ICI

Décidément, ce Moix m'insupporte au plus au point, que ce soit sur un plateau télé ou dans ses articles ; le genre de type qui se gargarise de ses propres mots et de sa méchanceté affichée.
Il se veut subversif, il n'est que ridicule. Encore un beau soufflé médiatique...

Armor-Argoat a écrit:

Décidément, ce Moix m'insupporte au plus au point, que ce soit sur un plateau télé ou dans ses articles ; le genre de type qui se gargarise de ses propres mots et de sa méchanceté affichée.
Il se veut subversif, il n'est que ridicule. Encore un beau soufflé médiatique...

je suis aussi plutôt d'accord avec toi sur le personnage de monsieur Moix.. mais - comme je l'ai dit - il y a certains aspects dans son commentaire qu'on ne peut pas nier..
et puisque je voulais aussi donner une possibilité de voir une autre version de la lecture de ce livre ...

Je viens de l'annoncer au Café Littéraire - le nouveau PAGE des Libraires est disponible - malheureusement il n'est pas en ligne et le grand interview avec Olivier Adam est un peu trop grand pour vous taper le tout mais j'ai bien aimé ceci:

Page: Dans ce dernier roman, les paysages bretons tiennent une grande place. Ils sont parties prenantes du roman. J'ai l'impression que ce livre n'aurait pu se passer ailleurs?
Olivier Adam: J'irai même plus loin. Ce roman est né de ces lieux, de cette côté. J'ai emménagé à Saint-Malo, il y a trois ans exactement. Et j'ai commencé à écrire ce livre à la même époque, dans l'éblouissement de ces paysages,, pis dans la lumière changeante de l'hiver. Fixer cet éblouissement, ces couleurs, la douceur sauvage des pointes, des presqu’îles, des falaises, en photographe, c'était l'envie première [...]


et puis j'ai bien ri en lisant:

Page: Si je vous dis qu'il émane de ce livres un désespoir lumineux, un ciel chargé de nouages noirs et lourd d'où émerge un soleil brillant et rasant, sommes nous d'accord?
Olivier Adam: Un jour, j'ai lu sur un blog: "Adam, il est chiant, il fait la météo à toutes les pages". Ce n'est pas faux. [...]

(j'espère qu'il lit aussi des forums )

kenavo a écrit:

et puis j'ai bien ri en lisant:

Page: Si je vous dis qu'il émane de ce livres un désespoir lumineux, un ciel chargé de nouages noirs et lourd d'où émerge un soleil brillant et rasant, sommes nous d'accord?
Olivier Adam: Un jour, j'ai lu sur un blog: "Adam, il est chiant, il fait la météo à toutes les pages". Ce n'est pas faux. [...]

(j'espère qu'il lit aussi des forums )

En tout cas, je lui avais parlé de Parfum à Manosque!
Mais voilà pourquoi je l'apprécie tant: pour ce genre de remarque

Quant au Yan Moix qui l'assassine -en répétant trois fois qu''il ne lui veut pas de mal - ce n'est pas le même qui est cité sur le café littéraire comme faisant partie des trois bides de l'année

Amertume... jalousie...vacuité?

Je suis d'accord avec Armor Argoat en tout cas

Citation :

Décidément, ce Moix m'insupporte au plus au point, que ce soit sur un plateau télé ou dans ses articles ; le genre de type qui se gargarise de ses propres mots et de sa méchanceté affichée.
Il se veut subversif, il n'est que ridicule. Encore un beau soufflé médiatique...

Le dernier opus de Yann Moix a été un flop. Je l'ai lu et moyennement aimé. Franchement, il devrait balayer devant sa porte avant de larder de "gentillesses" Olivier Adam!

On peut être mauvais écrivain (j'ai jamais lu Moix hein, je parle "en général") mais très bon critique, même avec une sorte de pointe de jalousie ou d'envie (selon vous), ça n'empêche pas un point de vue intéressant et peut-être lucide sur certaines choses.

A prendre en considération je pense.

Queenie a écrit:

On peut être mauvais écrivain (j'ai jamais lu Moix hein, je parle "en général") mais très bon critique, même avec une sorte de pointe de jalousie ou d'envie (selon vous), ça n'empêche pas un point de vue intéressant et peut-être lucide sur certaines choses.

A prendre en considération je pense.

Certainement Queenie..... je n'aime pas les attaques contre mes petits chouchous et Olivier Adam en fait partie mais

Chatperlipopette a écrit:

Certainement Queenie..... je n'aime pas les attaques contre mes petits chouchous et Olivier Adam en fait partie mais

Queenie tu as raison sur le fond.
Mais je suis exactement comme Chappy

Je dirais même que les bons critiques sont souvent des écrivains ratés déçus

aériale a écrit:

Chatperlipopette a écrit:

Certainement Queenie..... je n'aime pas les attaques contre mes petits chouchous et Olivier Adam en fait partie mais

Queenie tu as raison sur le fond.
Mais je suis exactement comme Chappy

Je dirais même que les bons critiques sont souvent des écrivains ratés déçus

Je donne aussi raison à Queenie.. et en ce qui concerne Olivier Adam je rejoins Aériale et Chatperlipopette
Mais - je veux aussi vous dire pourquoi j'ai mis ce commentaire de Yann Moix sur ce fil - tout d'abord je trouve qu'il y a une très grande différence entre Le Figaro (journal) et Le Figaro suppléments livres - que je m'achète presque tous les jeudi et qui est parfois d'une plus grande qualité que Le Monde des Livres le vendredi - donc, je me dis, s'ils donnent une partie de leur première page à cet écrivain-critique, il ne peut pas être totalement à côté de tout
et surtout vous devez imaginer - je venais de terminer ce livre, je vous ai mis un commentaire plus qu'enthousiasmée - et puis je tombe sur cette critique.. du coup je me suis posée des questions.. je me voyais en « mauvaise lectrice » qui était passée à côté de quelque chose.. mais surtout je voulais vous montrer une autre vue sur ce livre – pour donner en quelque sorte deux différentes idées.. parce que je ne voudrais jamais me présenter comme quelqu’un qui détient la vérité

Je n'aime pas Moix (l'homme, car l'écrivain, je le snobe avec soin depuis toujours... ), mais j'ai trouvé son analyse très intéressante. Le distinguo qu'il fait entre la littérature et le style littéraire, c'est en général précisément ce qui fait que j'adhère ou non à un bouquin. Pour faire court, les raconteurs d'histoires avec un "beau style" et de grandes phrases tirées au cordeau et des paragraphes entiers pour décrire la disposition des meubles dans un salon, ce genre d'écrivain m'emmerde. Céline disait que ces romanciers avaient perdu la partie d'avance depuis l'invention du cinéma, et c'est vraiment le sentiment que j'ai, ce style avait sans doute sa légitimité au XIXeme, mais de nos jours, il est simplement devenu inutile à mes yeux.

Le problème avec Moix, c'est qu'il me semble dénigrer ce qu'il fait lui-meme. Je ne l'ai pas lu (peut-etre aurais-je des surprises en le lisant ?), mais il ne m'a jamais donné l'impression, en faisant la promo de ses bouquins, d'avoir des choses particulièrement mémorables à raconter, et de se distinguer des habituels vendeurs de soupe qui se croisent sur les plateaux télé ; pour tout dire, je le plaçais au meme niveau que Adam... et à des années lumière de Céline qu'il cite en référence dans son texte.

Enfin que les admiratrices d'Olivier Adam se rassurent, Moix n'a pas fait un traitement de faveur particulier à leur chouchou, cette semaine, il se tape Djian, et c'est largement plus saignant, il ne prend pas les précautions d'usage du type "je n'ai rien contre machin mais..."