Dominique Fabre

Dominique Fabre est né à Paris en 1960.

Enfance en famille d'accueil et pension dès l'age de 12 ans.

Il n'est pas inutile de le préciser dans la mesure où son parcours d'enfance

et d'adolescence ressemble à celui d'Edgar, le personnage de Ma vie

d' Edgar et de Fantomes, que j'ai lus et aimés.

Bibliographie :

- Un jour moi aussi j'irai loin

- Ma vie d'Edgar

- Celui qui n'est pas là

- Fantomes

- J'attends l' extinction des feux

- La serveuse était nouvelle

- Le Perron

- Les Types comme moi

- Mon quartier

- Pour une femme de son age.

Dominique Fabre : Fantomes. - Le Serpent à plumes, 2001

Ce roman est la suite logique de Ma vie d'Edgar, tous deux inspirés de la vie de l'auteur.
J'ai beaucoup aimé ces deux livres. Et aussi ce type d'écrivain qui parle si bien de ces enfants un peu "différents", qui ont des "courts circuits" dans la tete... Et de gros besoins d'affection inassouvis.
Edgar enfant, puis Edgar ado, vit avec sa mère Isabelle, qu'on appelait
encore une fille-mère en 1975, parcequ'elle n'avait pas de mari.
D'enfance en adolescence, Edgar cherche son père, puis un père.
Et il quète aussi l'affection de sa mère. Désespérement. En vain.
Faute de les trouver et de pouvoir en parler, Edgar frole des abimes de
désespoir.
Il le dit souvent : je n'ai pas l'impression d'etre vivant.
De chez sa mère à la pension et retour, tel est son parcours sans espoir.
Edgar broie du noir. Il reve souvent, se parle à lui meme, mais il trouve
l'adolescence ennnuyeuse, interminable et il n'a n'a pas vraiment envie de
connaitre la suite.
Il y a eu des parenthèses heureuses pourtant, la famille d'accueil tellement
chaleureuse, mais parenthèse seulement.
Alors Edgar reve à ce qu'il n'a pas : un père présent, une mère complice, rieuse et affectueuse. Une petite amie.

Dominique Fabre connait la douleur d'Edgar et il en parle avec la sobriété
et la retenue de ceux qui savent.
Et pour avoir cette simplicité-là, il faut du temps et du talent.
Une pensée pour Swallow qui devrait apprécier ces deux livres...

Je te remercie bix de nous parler de cet auteur que pour ma part je ne connaissais pas.
J´ai lu quelques extraits sur le Net, la langue est très orale, les personnages de Dominique Fabre sont des invisibles, des oubliés, des anonymes. Il s´agit d´enfance douloureuse, mais peut-être pas nécessairement celle de futurs perdants.

Je vais bientot terminer Les Types comme moi de Dominique Fabre...
Et je le regrette déjà...

Des types comme lui, le narrateur de ce roman, on aimerait en rencontrer
souvent. Lui et tous ceux qui l' entourent, des types comme vous ou moi...

Un vrai coup de coeur... je vais y revenir !

LES TYPES COMME MOI

Dominique Fabre a commencé par parler de gamins et d' ados qui lui ressemblaient beaucoup...
Un peu paumés, un peu déboussolés, un peu différents... En quete éperdue d' affection.

A présent il parle de types comme lui, comme nous, enfin peut etre...
En tout cas des gens de peu, des gens sans histoire... C' est ce qu' il dit le narrateur.
Et comme eux, il ne hausse jamais le ton. Toujours au bord de l' émotion, de l' épanchement.
Comme eux, il n' pas les mots pour le dire ni l' occasion de l' exprimer.
Et ce genre de souffrance silencieuse est parfois terrible à vivre et pire encore, à décrire.

La vie passe, le narrateur a 54 ans. Il a déjà raté beaucoup de choses.
Et il se répète de plus en plus souvent qu' il est trop tard.
Trop tard en tout cas pour avoir une seconde chance d' aimer. D' aimer
d' amour.
Il y a en lui une félure qui grandit chaque jour, où s' engouffrent le stress au travail, la mélancolie, la solitude.

Il a pourtant un fils qu' il aime et qui est une part de lui-meme, tout comme Marc-André son meilleur ami.
Et puis un jour apparait Jean, un autre ami d' enfance, qui lui, a tout raté.
Jean n' a plus que ses souvenirs d' enfance, celui de la petite amie qu' il a connue ado, et puis sa mère qui vieillit à Marseille.
Et quelques photos.
Il refuse d' aller plus loin et gache volontairement les dernières chances
qu' on lui offre. Au lieu d' avancer, il régresse et décide d' aller retrouver
sa mère.

Le narrateur lui, fait la connaissance de Marie qu'il a rencontrée sur Internet et qui est malade, mais qu' il aime bientot. Et qui l' aime aussi.
Ainsi renait une vie qui semblait s' éteindre. Une vie précaire, mais réelle.
On est contents pour lui.

Que voulez-vous, ces histoires de type comme lui, j' aime. Parce que les types comme lui, ce sont peut etre les meilleurs d' entre nous.

Marie lisait beaucoup. Quand j' arrivais elle dormait souvent aussi.
Dès qu' elle a pu se relever après l' opération, elle s' est occupée d' elle,
de se maquiller, elle ne voulait pas se laisser faire.
Je suis allé au rez de chaussée du Printemps avec un tube de rouge à
lèvres, elle voulait que je lui trouve le meme. ça m' a bien plu de faire
ça. Elle mettait du parfum, le Chanel 5 elle supportait encore.

- Je ne sens pas la maladie, c' est vrai ? Tu ne mentirais pas ?

Ses copines passaient presque chaque jour...
Je les voyais débarquer avec des fleurs ou des bonbons.
Quand elles partaient, Marie donnait tout ça aux infirmières, aux aides soignantes qui nettoyaient les couloirs et les chambres.
Peu à peu, à la voir vivre comme ça, presque à la dérobée, je me disais qu' elle était une vraie chance pour moi.


Dominique FABRE - Les Types comme moi. P. 163

J'aimerais revoir Callaghan

Bix 229 a écrit:

Dominique Fabre connait la douleur d'Edgar et il en parle avec la sobriété
et la retenue de ceux qui savent.
Et pour avoir cette simplicité-là, il faut du temps et du talent

Je crois que Bix résume ici le style de Dominique Fabre: simplicité, sobriété, talent.

L'auteur nous raconte l'histoire d'un copain d'internat, Jimmy Callaghan, un de ceux qui épatent parce qu'ils sont différents. Un peu anglais, un peu frondeur, pas mal rêveur et fugueur aussi, "Calla" fumait des Benson et faisait le mur pour aller voir les filles, ou simplement s'asseoir sur un tronc d'arbre mort. Vingt ans plus tard il le recroise, muni seulement d'une grosse valise et dormant sur un banc public.
Retour sur leur jeunesse, miroir de leurs désillusions, ce roman n'a d'autre ambition que de nous parler de ce petit quelque chose qui relie les hommes, de ce qu'on laisse derrière soi, ces années qui nous déterminent lorsqu'on est encore adolescent et que l'on voit en grand.

Premier livre de la Liste Inter qui m'a enfin parlé après les cinq autres, tour à tour fastidieux ou alambiqués. Il part aussi d'un retour sur le passé mais qui ici s'écrit simplement, avec sensibilité et une infinie justesse. L'histoire plate en surface se cache dans les petits riens de la vie, voilà un écrivain qui pour moi dégage beaucoup plus d'authenticité que tout ce que j'ai pu lire jusqu'à présent. Avec une écriture dépouillée qui laisse passer l'émotion directe, Fabre au final en dit bien plus que d'autres. Au travers de ces types cabossés par la vie il cherche à nous communiquer ce qui nous unit, le souvenir, l'amitié, les rêves de jeunesse, l'espoir de liberté et les illusions tenaces.

Un beau roman sur la nostalgie lorsqu'elle illumine, comme une petite musique douce qui nous accompagne quand les feux de la ville s'éteignent et que l'on reste seul avec ses pensées et les idéaux que l'on a toujours gardés. La mélancolie c'est le bonheur d'être triste disait Victor Hugo, moi j'ai vraiment aimé cette musique là...

Merci Aériale !
Et ça me fait plaisir pour Fabre ! C' est vrai que son oeuvre est marquée douloureusement par
une enfance solitaire.. Une mère, jolie, mais top obsédée par le désir de plaire, un père
absent et inconnu.
Les pensionats, les familles d' accueil, la solitude et les pulsions suicidaires...
Il en a beaucoup parlé dans Ma vie d' Edgar et Fantomes...
De cette enfance et adolescence, Fabre semble avoir gardé une nostalgie durable et de la tendresse pour tous "les types comme lui."

Les types cemme moi, oui, celui-là je suis sur qu' il te plaira, Aériale !

aériale a écrit:

Un beau roman sur la nostalgie lorsqu'elle illumine, comme une petite musique douce qui nous accompagne quand les feux de la ville s'éteignent et que l'on reste seul avec ses pensées et les idéaux que l'on a toujours gardés. La mélancolie c'est le bonheur d'être triste disait Victor Hugo, moi j'ai vraiment aimé cette musique là...

et ce que tu en dis me donne envie de voir de plus près..
j'avais remarqué lors de la sortie, à cause de la couverture maintenant je note

bix229 a écrit:

Les types cemme moi, oui, celui-là je suis sur qu' il te plaira, Aériale !

Oui, déjà celui là il me plait beaucoup Bix! J'ai lu ce que tu disais sur son parcours et je comprends mieux son côté un peu nostalgique, comme s'il avait du mal à grandir. Dans ce dernier livre la mère de Callaghan ressemble à la sienne et le père est absent...
Ce qu'il écrit est profondément touchant, il arrive à communiquer beaucoup de chaleur avec peu de mots et sans emphase. J'ai vraiment apprécié après tout ce fatras qui encombrait la lecture des précédents Inter, mais je ne suis pas sûre que son charme opère sur tout le monde. Il faut être sensible à cette petite note si particulière. Mes amies l'ont trouvé fade et sans intérêt pour l'instant...Moi c'est mon coup de coeur!

kenavo a écrit:

et ce que tu en dis me donne envie de voir de plus près..
j'avais remarqué lors de la sortie, à cause de la couverture maintenant je note

Kena, je crois que tu pourrais aimer par contre. Il y a un peu de Modiano chez lui, cette atmosphère, mais il est plus "présent". Note le oui

Chaque mois, Dominique Fabre tient une chronique dans Le Matricule des Anges, et c'est ainsi que j'ai découvert 'sa petite musique' comme vous dites si bien. Chaque mois, il donne au lecteur des nouvelles de chez lui et chez lui c'est un immeuble boulevard des Maréchaux, avec vue sur le Franprix et les petites gens. Personnellement j'ai un peu de mal avec sa manière de dire les choses, c'est un peu trop sec, un peu trop frontal pour moi, le malheur qu'il décrit est si palpable que j'en suis mal à l'aise. Mais je tenterai bien quand même la lecture d'un de ses romans ! A voir !

Non Shanidar, je ne trouve pas que son style est sec, mais pudique, tout en émotion retenue et je
crois que c' était la seule façon de parler d' Edgar, l' enfant, puis l' ado, et tous les adultes
qui ont vécu comme Edgar, privés très tot d' amour et de tendresse.
Et qui se sont retrouvés seuls et démunis dans la vie.

Je n'émets cette opinion que d'après les chroniques, je ne connais pas les romans de Fabre et quand je veux parler d'un style 'sec', je veux dire qu'il n'y a pas de place pour l'emphase chez Fabre, l'écriture est brute, instantanée, quasiment orale :

par exemple :

" J'ai rencontré Alain (Demouzon) en bas de la médiathèque Melville. Il y ramenait des bouquins. On a bien papoté, c'était sympa. "

ou bien :

"Hier j'ai croisé Hakim en bas de chez moi ! J'étais trop content de le voir. Il a 20 ans maintenant. Il faisait la police dans la classe de 3ème, il était ceinture noire de karaté. (...)"

voilà pourquoi je parle de style 'sec', il est dénué de toute fioriture, du fatras esthétique dont certains s'habillent et qui moi me convient plus...
mais attention, derrière chaque phrase des chroniques, chaque rencontre, chaque tranche de vie se cachent une émotion très forte, très dense, à fleur de peau, une émotion qui tenaille et ne peut pas laisser indifférent (pour cela nous sommes, je crois, absolument d'accord...).

D' accord Shanidar !
Si tu n' as pas lu ses romans, commence si tu veux, par le début, c' est à dire Ma vie d' Edgar, Fantomes, le premier aussi, on comprend mieux ses autres livres...

En oubliant peut etre J' attends l' extinction des feux, des nouvelles qui semblent un peu des
brouillons de ses premiers livres ou des redites...

Shanidar a écrit:

voilà pourquoi je parle de style 'sec', il est dénué de toute fioriture, du fatras esthétique dont certains s'habillent et qui moi me convient plus...mais attention, derrière chaque phrase des chroniques, chaque rencontre, chaque tranche de vie se cachent une émotion très forte, très dense, à fleur de peau, une émotion qui tenaille et ne peut pas laisser indifférent (pour cela nous sommes, je crois, absolument d'accord...).

C'est vrai qu'il a un style brut je dirais, sans emphase aucune, et certains peuvent trouver son écriture fade ou sans relief du coup, mais elle me convient vraiment bien par contre à moi aussi!

Essaie Shanidar, peut-être tomberas tu toi aussi sous le charme? Je te le souhaite en tout cas. Et ravie qu'il soit parmi les auteurs du mois

Merci à vous deux, je craignais un peu qu 'on ne lui donne pas sa chance...