Jean-Marie Blas de Roblès

Là Où Les Tigres Sont Chez Eux
Jean-Marie BLAS de ROBLES

Citation :

Eléazard von Wogau, héros inquiet de cette incroyable forêt d'histoires, est correspondant de presse au fin fond du Nordeste brésilien. On lui adresse un jour un fascinant manuscrit, biographie inédite d'un célèbre jésuite de l'époque baroque. Commence alors une enquête à travers les savoirs et les fables qui n'est pas sans incidence sur sa vie privée.
Comme si l'extraordinaire plongée dans l'univers d'Athanase Kircher se répercutait à travers les aventures croisées d'autres personnages, tels Elaine, archéologue en mission improbable dans la jungle du Mato Grosso, Moéma, étudiante à la dérive, ou bien Nelson, jeune gamin infirme des favelas de Pirambu qui hume le plomb fondu de la vengeance.
Nous sommes au Brésil, dans le pays des démesures. Nous sommes aussi dans la terra incognité d'un roman monstre, dont chaque partie s'ouvre sur un chapitre de la biographie de Kircher, "le maître des cent arts", ancêtre de l'égyptologie et de la volcanologie, inventeur du microscope ou de la lanterne magique.

Où et quand commence l'histoire ? QUand Eléazard reçoit le manuscrit relatant la vie d'Athanase Kircher ? Quand il rencontre Loredana, Italienne, qui partage sa connaissance de Kircher ? Avant ? Après quand on apprend qu'il s'est séparé d'Elaine, mère de Moéma ?
Blas de Roblès semble écrire une histoire qui n'a jamais eu de commencement, qui se déroule immuablement dans ce grand pays qu'est le Brésil. Mais une histoire qui progresse inexorablement vers une fin que l'on sent raipidement tragique, comme si une chappe de plomb s'était abattu sur chaque personnage en relation avec Eléazard.

L'élément déclencheur est assurément la réception par Eléazard du manuscrit, manuscrit de caspar Schott qui relate la vie extraordinaire d'Athanase Kircher. Et de cet élément central partent tous les fils qui composent le roman : Elaine qui part en mission au Matto grosso ; Moéma, sa fille, étudiante, mais surtout noctambule et amatrice d'excès en tout genre ; Nelson qui, mutilé de naissance, économise sou à sou pour acheter un fauteuil, fauteuil dont le prix ne cesse d'augmenter, le rendant inaccessible, Nelson qui rêve de vengeance pour tous les paumés des favelas.... D'autres histoires encore dont les fils se nouent et se dénouent, dont les protagonistes se croisent, s'aiment, se déchirent.

Puis tout s'assombrit, Eléazard perd ses certitudes sur Kircher et les destins des personnages basculent, deviennent pesant. Le roman vire à la tragédie pour les personnages principaux, laissant Eléazard seul face à son incertitude.

J'ai pris beaucoup de plaisir à être happé par le roman, par les différents histoires qui composent le roman. mais la fin tragique m'a énormément pesé, rendant la fin de la lecture difficile. Chaque personnage marqué par le sceau du destin, succombant par là où il a fauté en quelque sorte.

Tu en dis trop Steven ! Je commence à peine le livre et je sais déjà que ça finit mal !

Pas tout à fait ! Je parle de destin tragique et de fin qui m'est apparue pesante et oppressante ! Ce qui ne veut pas dire que le livre finit mal.

Steven a écrit:

Pas tout à fait ! Je parle de destin tragique et de fin qui m'est apparue pesante et oppressante ! Ce qui ne veut pas dire que le livre finit mal.

Excuse-moi, je me suis mal exprimée. Par "finit mal", je voulais dire ( trop rapidement ), que tu as dévoilé que le récit allait "virer à la tragédie pour les principaux personnages, qui vont succomber par là où ils ont fauté."

Ton commentaire est par ailleurs très intéressant ; j'aurais juste préféré avoir une lecture plus "innocente", là je sais que je dois m'attendre à de tristes destins. Peut-être aurais-tu dû utiliser le spoiler ; je n'aurais pas pu m'empêcher de le lire mais je n'aurais pu m'en prendre à moi-même !

Enfin ce n'est vraiment pas très grave, c'était juste une petite remarque. Je ne vais pas pour autant bouder mon plaisir de lire ce livre, et de lire tes commentaires toujours pertinents !

Excuse-moi Invité ! Tu as raison j'aurais dû employer le spoiler ; mais j'ai exprimé mon ressenti à la fin de ma lecture. Peut-être que toi tu n'auras pas le même. Bonne lecture.

Oh, ne t'inquiète pas, Invité ! Ca ne finit pas vraiment mal! Mais ce qui est triste, c'est que ça finit!

Là où les tigres sont chez eux

J’ai lu ce gros pavé - près de 800 pages - comme un roman feuilletonesque, reprenant chaque jour ma lecture en lisant un chapitre ou deux, contente de retrouver tous ces personnages et de poursuivre mon voyage dans le temps - à la lecture du manuscrit inédit trouvé à la Bibliothèque nationale de Palerme, datant du XVIIe siècle et portant sur le très célèbre (à son époque du moins) Athanase Kircher, mais également dans l’espace - le Nordeste brésilien contemporain occupant la place centrale de ce récit dantesque (surtout dans sa dernière partie) et picaresque à la fois.

Ce roman est très difficile à résumer de par sa richesse, sa complexité, son foisonnement et son érudition : roman d’aventure mais aussi psychologique, philosophique, historique, politique, il y en a pour tous les goûts ! Sachez néanmoins que nous suivons la destinée de plusieurs personnages plus ou moins entremêlés et que l’auteur ne se prive pas de faire quelques parallèles entre l’époque baroque et la société contemporaine, que ce soit au niveau des croyances, des rites, des prises de drogues hallucinogènes, de la quête des origines et de la vérité, de la recherche d’un savoir et d’un idéal souvent trompeur et finalement assez décevant. Sachez également que ce roman sombre petit à petit dans une certaine noirceur et un pessimisme certain, pouvant désarçonner et troubler quelque peu le lecteur…

Un regret tout de même : j’aurai aimé mieux connaître les personnages, qui manquaient parfois un peu d’épaisseur et d’espace pour se mouvoir et se développer comme ils l’auraient mérité. Cela peut sembler paradoxal vu le nombre conséquent de pages du roman mais il aurait peut-être fallu soit restreindre le nombre de personnages soit leur laisser plus d’espace pour leur permettre de se déployer pleinement, ayant eu trop souvent le sentiment de les survoler alors que j’aurai tant voulu m’attarder un peu plus à leurs côtés. Même frustration en ne sachant pas trop ce que deviendront certains personnages à la fin du récit, ayant eu l’impression de les abandonner un peu trop rapidement à mon goût.

A noter que les éditions Zulma nous offrent là un beau livre dans tous les sens du terme, ayant eu beaucoup de plaisir au toucher des pages et de la couverture. Et bien oui, je suis sensible à ce genre de détails qui apportent un plus et qui participent grandement à mon plaisir de lectrice ;-)

Et pour terminer ce billet, une petite citation piochée dans ce roman fleuve, tellement pleine de véracité et de bon sens :

Citation :

« La certitude d’être dans son bon droit est toujours le signe d’une vocation secrète pour le fascisme ».

Prix Médicis 2008, Prix de la Fnac 2008 et Prix Jean Giono 2008.

Très beau commentaire Invité.
Et merci pour le site !

Merci pour ton commentaire Invité, sublime...
et c'est décidé, je vais emporter ce roman avec moi en vacances.. j'aurais le moment idéal dont tu parles  

Citation :

Il est préférable de lire cet ouvrage dans un temps resserré, pour ne pas se perdre dans le foisonnement des intrigues et bien saisir les imbrications des différentes histoires

Bravo Invité !! Je viens de découvrir ton commentaire et de me replonger avec délices dans l'histoire et ses méandres !

D'accord avec tout ce que vous dites (l'érudition, la richesse des intrigues, l'intérêt d'un roman exotique et aussi le petit bémol sur le manque d'épaisseur de certains personnages) mais j'ai surtout été très surprise et très prise par les personnages féminins, lesquels sont tous traités avec beaucoup de rudesse, de hardiesse et de beauté. L'auteur parle très crûment des femmes, elles sont dans son livre maltraitées, tuées, souillées, elles atteignent des états limites d'impureté qui les amènent à une pureté paradoxale, à une beauté étrange, comme involontaire. Toutes sont passionnantes à étudier, à voir évoluer, elles sont secrètes ou alcooliques, lesbiennes mais pas trop, avilies mais belles ! Chapeau pour cette audace.

La Montagne de minuit

Citation :

Présentation de l'éditeur
Au coeur de ce roman d'initiation, un personnage hors du commun : Bastien, gardien d'un collège de jésuites et secrètement passionné par tout ce qui concerne le Tibet et le lamaïsme. Tenu à l'écart de son voisinage pour d'obscurs motifs, le vieil homme vit plus solitaire qu'un moine bouddhiste. L'aventure commence à Lyon, par la rencontre entre le vieux sage et Rose, nouvellement emménagée avec son petit Paul. Cette dernière se fascine pour l'étrange personnage et très vite s'attache à lui au point de lui permettre d'accomplir le rêve de sa vie : un voyage à Lhassa, occasion de somptueuses descriptions depuis les terrasses du Potala. Les rencontres nécessaires, mises en scène par le hasard, y révèleront à coup sûr le secret des existences. Orientaliste rompu aux plus savantes jongleries de l'imaginaire, Jean-Marie Blas de Roblès nous embarque à la découverte de nos plus troubles fascinations, quand occultisme et quête mystique flirtent dangereusement avec la bête immonde. Vérités et mensonges, fautes et rédemption s'enlacent et se provoquent dans ce roman qui interroge avec une désinvolture calculée les « machines à déraisonner » de l'Histoire contemporaine.

Dernière phrase dans ce livre, et je vous promets, je ne révèle rien en la citant:
J'entends bien, mais je fais quoi, moi, avec tout ça?
Et voilà aussi ce que je me demande après 168 pages
Je n'en sais pas!
J'ai lu un livre qui fait du "plaisir", parce que l'écriture est très bien.. cela coule agréablement, on ne se heurte pas, de belles phrases...
Mais le début m'est un peu trop naïve et la suite trempe dans l'ésotérisme-occultisme. Tibet light en une leçon?
Il s'est certainement renseigné sur son sujet, il livre dans "l'annexe" du livre en 10 pages plus d'informations utiles que pendant tout le roman d'avant.. mais s'il a voulu dévoiler toute un tas de fausses rumeurs qui circulent pour le Tibet et le Nazisme.. il s'est drôlement sorti pour le faire..

rare que je sors aussi peu enthousiaste d'une lecture, mais ici la rencontre ne s'est vraiment pas faite

kenavo a écrit:

Dernière phrase dans ce livre, et je vous promets, je ne révèle rien en la citant:
J'entends bien, mais je fais quoi, moi, avec tout ça?

rare que je sors aussi peu enthousiaste d'une lecture, mais ici la rencontre ne s'est vraiment pas faite

J'ai fini la lecture de "La montagne de minuit",hier et je suis dans les mêmes sentiments que kenavo après avoir tourné la dernière page...Pourtant la première moitié du livre se lit bien,très bien même et d'un seul coup,j'ai eu l'impression de ne plus savoir où j'allais : ça partait dans toutes les diections : le tibet,le nazisme, même une allusion à Da Vinci code....
Je n'étais pas le bon lecteur pour ce livre....ou je m'en étais fait une fausse attente en ayant lu la quatrième de couverture.
J'avais prévu de lire "Là où les tigres sont chez eux" ensuite, mais ....

Noémie a écrit:

J'avais prévu de lire "Là où les tigres sont chez eux" ensuite, mais ....

bon, celui-là va quand même rester dans mes plans de lecture (et zut.. je voulais déjà le lire l'année dernière.. le temps passe trop vite ) si tu regarde un peu les commentaires des parfumés qui ont lu ce livre, il est d'une toute autre veine.. en tout cas je le suppose en lisant les avis.. je vais en tous les cas ne pas rester sur cette première lecture de lui.. un peu déçue

kenavo a écrit:

Noémie a écrit:

J'avais prévu de lire "Là où les tigres sont chez eux" ensuite, mais ....

bon, celui-là va quand même rester dans mes plans de lecture (et zut.. je voulais déjà le lire l'année dernière.. le temps passe trop vite ) si tu regarde un peu les commentaires des parfumés qui ont lu ce livre, il est d'une toute autre veine.. en tout cas je le suppose en lisant les avis.. je vais en tous les cas ne pas rester sur cette première lecture de lui.. un peu déçue

oui,j'avais lu les critiques des Parfumés : je l'imagine un peu sur le style de la première partie de "La montagne de minuit",enfin,j'espère cette écriture fluide qui donne envie de toujours continuer... On va faire un lecture en commun,kenavo ??