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| Jorge Amado [Brésil] | |
| | Auteur | Message |
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Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Jorge Amado [Brésil] Sam 22 Nov 2008 - 12:08 | |
| Jorge Amado (1912-2001) Né le 10 août 1912 à Itabuna (Bahia), il est confronté dans son enfance à la violente conquête des terres du cacao, et les souvenirs de ces événements vont marquer son œuvre. Il fait ses études à Salvador, où l’un de ses professeurs du collège de jésuites détecte sa vocation littéraire. Il devient très jeune journaliste, poursuit sans grande conviction des études de droit à Rio de Janeiro et publie en 1931 son premier roman, Le pays du carnaval. Les choses se compliquent pour lui avec le deuxième Cacao, saisi par la police de la dictature de Getulio Vargas. A partir de là, sa vie d’écrivain sera indissociable de son engagement politique, et de son appartenance au parti communiste. Il est arrêté plusieurs fois et il est contraint de fuir le Brésil, d’abord en Argentine, puis en Uruguay. En 1945, lors d’une tentative de démocratisation du Brésil, il est élu député. Mais le parti communiste est très rapidement de nouveau interdit et son mandat est cassé. Jorge Amado retrouve les chemins de l’exil, et continue à militer de l’étranger. Il retrouve définitivement le Brésil en 1952, et prend du recul par rapport à ses engagements politiques antérieurs. Son œuvre connaît plusieurs phases successives. D’abord un roman naturaliste et engagé, où il décrit la vie des petites gens exploités, aussi bien à la campagne qu’à la ville. L’aspect documentaire et idéologique est compensé par les personnages, généreux et débordants de vitalité, ces romans sont marqués par l’humanité et la poésie qui font que la matière sociale de ces œuvres ne les fait pas sombrer dans le misérabilisme ni dans le didactique. Parmi les œuvres de cette période, on peut citer Cacao, Sueur, Bahia de tous les saints (où il met en valeur la présence africaine) , Mar morte, Terre violente, La terre aux fruits d’or. Pendant ses périodes d’exil, son propos se radicalise et de naturaliste son roman devient prolétarien, d’engagée sa littérature devient explicitement partisane, et vise la dénonciation sociale. Il y évoque les grèves, les révoltes paysannes, la barbarie nazie, la guerre d’Espagne. Il reçoit en 1951 le prix Lénine. On peut citer Les terres du bout du monde, Les souterrains de la liberté. Il faut tout de même remarquer qu’il écrit relativement peu pendant cette période, se réservant pour l’engagement politique. Enfin la parution en 1958 de Gabriela, girofle et cannelle marque une rupture dans son œuvre. Ses derniers romans sont marqués par la sensualité et l’humour, « la grande kermesse bahianaise », mais la satire sociale est toujours présente, même si les livres de la dernière période ne sont plus marqués par le drame et une préoccupation politique explicite. Jorge Amado va utiliser au maximum ses capacités de conteur, dégager les aspects plaisants et insolites du réel, la magie du quotidien, son univers est en partie magique,ses personnages de prédilection restant les petites gens à qui il donne leurs lettres de noblesse. Il s’attache aussi à restituer la culture brésilienne dans sa diversité culturelle, en accordant une grande importance aux sources africaines. On peut citer Les pâtres de la nuit, Dona Flor et ses deux maris, Les deux morts de Quinquin-la-Flotte, Tereza Batista. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Jorge Amado [Brésil] Sam 22 Nov 2008 - 12:09 | |
| La boutique aux miracles Publié en 1969, ce roman appartient à la dernière période de l’auteur, celle où il a abandonné l’expression explicite d’un message politique. Il s’agit de nous raconter de la vie de Pedro Archango, pauvre métis appariteur à la faculté de médecine, mais aussi écrivain, dont l’œuvre est complètement ignorée par ses compatriotes, jusqu’au moment où un célèbre professeur américain le remet à l’honneur. Devenu tout d’un coup une gloire nationale, il s’agit maintenant de savoir qui est cet homme mort depuis pas si longtemps. Nous suivons donc à la fois la véritable vie de Archango et la biographie officielle en train de se constituer et qui n’a pas grand-chose à voir avec la véritable existence du nouveau héros national. Il faut dire qu’il n’était guerre présentable, buveur, coureur de jupons, et en plus avec des idées sur les mélanges de races, qui ne sont pas vraiment au goût des respectables professeurs. Et il faut dire que de son vivant, aucune reconnaissance de son travail littéraire ne lui est venue dans son pays, qu’il a du vivre dans la misère, et qu’il habitait au moment de sa mort dans un bordel. Décidemment il faut arrange au mieux pour la rendre plus présentable cette vie. On est en terrain connu, la vie haute en couleurs, des petites gens, dont les qualités de cœur et l’humanité s’opposent à l’égoïsme et à la sécheresse de ceux qui ont réussi, qui disposent du pouvoir de décider. C’est vif et enlevé, on s’attache aux personnages, il y a des passages très drôles. En même temps, il y a un arrière fond d’amertume, Jorge Amado ne se faisait aucune illusion sur l’évolution de la société, ni sur la nature humaine. Un agréable moment de lecture, même s’il n’y a pas de véritable surprise dans ce roman, un petit quelque chose au goût d’inédit, qui en ferait un moment exceptionnel. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Jorge Amado [Brésil] Sam 22 Nov 2008 - 16:28 | |
| - Arabella a écrit:
- Un agréable moment de lecture, même s’il n’y a pas de véritable surprise dans ce roman, un petit quelque chose au goût d’inédit, qui en ferait un moment exceptionnel.
C'est ce que j'avais pensé de Bahia de tous les saints. J'ai eu l'impression que Amado donnait au lecteur ce qu'il attendait, sa ration d'exubérance, de personnages hauts en couleurs, et bien sûr le côté politique (plus apparemment, dis-tu, que dans La boutique aux miracles). J'avais été un poil déçu, par rapport à la notoriété du livre, je voulais du chef-d'oeuvre, j'avais eu "seulement" un bon livre. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Jorge Amado Sam 22 Nov 2008 - 16:37 | |
| C'est ça Amado, un excellent romancier populaire, qui peut décevoir si on le compare avec Machado de Assis ou Guimaraes Rosa, mais on peut aimer les trois. Il y a chez lui beaucoup de fraicheur, de malice et de sympathie pour les humbles. Et il sait raconter. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Jorge Amado [Brésil] Sam 22 Nov 2008 - 16:51 | |
| Je pense que dans Bahia de tous les saints il y a déjà l'amorce des derniers romans d'Amado, comme quoi les découpages en périodes ont toujours un côté artificiel. Mais j'ai le souvenir très net d'un côté beaucoup plus social (plus peut être que politique) dans Mar Morte que dans La boutique aux miracles.
Je suis d'accord avec eXPie, il y a côté chez lui de donner au lecteur ce qu'il attend, le folklore bahianais, les personnages haut en couleur, les pauvres tellement sympathiques et finalement plus heureux que les riches et les puissants, mais comme le dit Bix, c'est un conteur, on peut avoir envie de temps en temps de se faire tout simplement plaisir sans trop de complications.
Mais Guimaraes Rosa est d'une autre richesse et complexité, mais évidemment il demande une autre concentration au lecteur. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Jorge Amado [Brésil] Sam 22 Nov 2008 - 21:52 | |
| J'avais cru qu'il y avait une nouvelle traduction de Dona Flor, mais apparemment c'est la nouvelle politique de Stock, qui réédite en grand format ses livres poches épuisés. Ils font ça pour Amado (Dona Flor, Les Deux morts de Quinquin-La-Flotte), mais aussi pour Lagerkvist...
J'avais commencé à voir Dona Flor, le film, mais je n'ai vraiment pas accroché. Amado en film, je ne suis pas sûr que ça passe très bien. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Jorge Amado [Brésil] Sam 22 Nov 2008 - 22:42 | |
| - eXPie a écrit:
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J'avais commencé à voir Dona Flor, le film, mais je n'ai vraiment pas accroché. Amado en film, je ne suis pas sûr que ça passe très bien. Dona Flor et ses deux maris c'est ça?... Je ne le trouve plus dans ma bibliothèque...mais je n'avais pas accroché non plus à ce roman... | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Jorge Amado [Brésil] Dim 23 Nov 2008 - 16:17 | |
| - coline a écrit:
- eXPie a écrit:
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J'avais commencé à voir Dona Flor, le film, mais je n'ai vraiment pas accroché. Amado en film, je ne suis pas sûr que ça passe très bien. Dona Flor et ses deux maris c'est ça?... Je ne le trouve plus dans ma bibliothèque...mais je n'avais pas accroché non plus à ce roman... Oui, c'est bien ça, Dona Flor e Seus Dois Maridos (pour ceux qui parlent brésilien, c'est-à-dire pas moi). Le film, ça devait être la version de Bruno Barreto... | |
| | | tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
| Sujet: Re: Jorge Amado [Brésil] Jeu 1 Déc 2011 - 22:06 | |
| J'ai fini Suor. Il date des années 20/30. Donc un contexte particulier, celui du rêve encore possible d'une libération pour le prolétariat. A travers le quotidien d'un immeuble de locataires, puant(s) et misérable(s), on est plongé dans la pauvreté évidemment matérielle et affective du petit peuple. Des femmes lessiveuses, des hommes mendiants, des prostituées... Chacun gagnant au jour le jour sa maigre portion de repas. Il y a les rats, la chaleur, les commérages, la crasse. L'humour aussi. Au fond, un condensé d'humanité. On se salue, on se raconte des histoires, on rêve même parfois. D'épouser un homme riche pour quitter la boue. Ou d'être trapéziste. Voilà un rêve de gloire et de paillettes étonnant, non ?
Au milieu de tous ces profils poussifs, tuberculeux et fatalistes, un révolutionnaire, qui lit ce qui vient de Russie et tente d'insuffler la révolte aux opprimés.
Cela marche un peu. Quelques gouttes d'espoir, mais la fin laisse penser que la nature humaine est immuable et que tout pauvre ne rêve que d'une chose : être à la place du riche.
Vision simpliste ? Peut-être.
Mais on apprécie la vivacité du récit, ses dialogues et ses couleurs, incarnées ici par un formidable métissage, tissé sur un réseau de superstitions spirites ou vaudoues.
Le troublant Brésil. | |
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| | | | Jorge Amado [Brésil] | |
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