Tom Robbins

des souvenirs ? oui dans Villa Incognito avec le bonhomme qui gouroute un peu dans la villa ça théorise, pas de façon très étendue et dans ce qui semble un mi-chemin entre le sérieux et le sourire... réussi en tout cas !

animal a écrit:

des souvenirs ? oui dans Villa Incognito avec le bonhomme qui gouroute un peu dans la villa ça théorise, pas de façon très étendue et dans ce qui semble un mi-chemin entre le sérieux et le sourire... réussi en tout cas !

Un petit côté Apocalypse Now d'ailleurs, cette villa dans la jungle avec le gourou!

Décidément, on parle plus que de lui (mais bon, c'est un auteur du mois aussi).

Sortie de B is for Beer, son prochain roman, en avril 2009 (son dernier remontant à 2003):

Court (128 pages) et décrit par l'éditeur comme " a hallucinogenic hymn to beer, children, and the cosmic mysteries that sustain us all."
Sur ce site , Robbins précise "Specifically, I've decided to write a children's book. A children's book about beer."

mais c'est super loin avril !!!!

a propos de la remarque sur Apocalypse Now, je dirai que c'est vrai et j'ajouterai qu'il joue bien sur des "stéréotype" ou images déjà faites (comme ce bonhomme grand maitre d'un monde isolé et nouveau)... son personnage flic old school est bon aussi !

C'est surtout la longueur (50 pages!!) et la répétitivité du texte qui ont fini par me faire dire : bon ça s'arrête quand là ?
Ouais ça ressemble à un gros délire de gourou déjanté et rempli de peyotl, mais ça reste très truc théorique à s'enfourner dans coup brutal.
Enfin, je crois avoir terminé ce "passage", tant mieux.

Pour aider à donner une idée du délire philosophico-surréaliste... et parce que j'en suis toujours pas sortie au bout de 60 pages (qu'est ce que je rame du coup pour continuer... je me fais des gourmandises à côté pour tenir le choc)

un extrait, celui que j'ai sous la main

Citation :

"[...]Mais "Nature" est un terme drôlement gigantesque, un de ces mots-éponges si plein de sens qu'on peut en tirer des seaux d'interprétations; et il est inutile de dire qu'à de nombreux niveaux, la nature est ma préférée parce que la nature, à de nombreux niveaux, est la préférée. J'ai eu la chance de redécouvrir à un âge assez jeune ce que la plupart des cultures ont depuis longtemps oublié : que chaque aster dans le champ a une identité aussi forte que la mienne. Ne va pas croire que cette découverte n'a pas changé mon existence. Mais la nature n'est pas infaillible. Elle commet des erreurs. C'est de cela qu'il s'agit dans l'évolution : croissance par tentatives et erreurs. La nature peut être stupide et cruelle. Et quelle cruauté ! Mais c'est bien. Il n'y a pas de mal à ce que la nature soit bête et affreuse car simultanément - et paradoxalement - elle est brillante et superbe. Mais adorer le naturel à l'exclusion du non-naturel est pratiquer du fascisme organique - et c'est ce que pratiquent bon nombre de mes pèlerins. Et dans la meilleure tradition du fascisme, ils sont totalement intolérants à l'égard de ceux qui ne partagent pas leurs convictions ; ils engendrent ainsi les types mêmes d'antagonisme et de tension conduisant à un conflit qu'en tant que pacifistes à tous crins, ils prétendent abhorrer. Affirmer qu'une femme qui se barbouille du jus de baie sur les lèvres est en quelque sorte supérieure à la femme qui se met du rouge à lèvres Reylon est un sophisme; c'est de la merde de putois pleine de sophistique suffisante. Le rouge à lèvres est une composition chimique et le jus de baie également, et tous deux sont aussi efficaces pour décorer le visage. Si le rouge à lèvres présente des avantages par rapport au jus de baie, louons alors cette partie de la techniuqe qui a produit le rouge à lèvres. Le monde organique est merveilleux, mais l'inorganique n'est pas mauvais non plus. L'univers du plastique et de l'artifice offre sa part de surprises magiques."

Mais pourquoi t'obstiner Queenie?...Il y a tant d'autres livres à lire!...
J'ai lu cet extrait...Je capitulerais...

Mordicus a écrit:

Ben je crois que j'aime bien cet extrait.

coline a écrit:

J'ai lu cet extrait...Je capitulerais...

Mordicus a écrit:

(Par contre, sur 60 pages... Je sais pas si je tiendrai...)

C'est LE problème... et c'est sur 80 pages... je crois que ça y est c'est fini.
Il aurait du éparpiller tout ça tout le long du livre, plutôt que ce gros truc d'un coup. ça casse tout : le rythme, la pensée, les sensations... il a beau glisser des trucs sexuels, des trucs plus légers, ça passe mal.

Enfin le film fait plus de 560 pages... alors je lui pardonne.

Mordicus a écrit:

Queenie a écrit:

[...]Enfin le film fait plus de 560 pages... alors je lui pardonne.

Ca veut vraiment dire quelque chose ?

Ahahah, des fois je devrais ranger mon cerveau avant d'écrire.


Je corrige donc :
Enfin le livre fait plus de 560 pages... alors je lui pardonne.

Même les cow-girls ont du vague à l'âme.

Bon, j'ai un peu distillé mon enthousiasme et ma déception tout au long de ce fil, il est temps d'un bref résumé.


C'est terriblement super, et je vais faire en sorte d'en lire d'autres de Robbins.
C'est une plongée impressionnante au cœur des Etats-Unis. J'en ai pris plein les yeux, les oreilles, les pieds et les pouces.

L'histoire de cette fille, qui, puisqu'elle a des pouces immenses, décide de vivre "selon eux" et donc de passer sa vie à faire du stop, passer sa vie en mouvement.
J'aime bien comme Robbins s'intéresse aux rencontres, aux transformations, à l'évolution des personnalités selon leur environnement, selon ce qu'ils ont eu à la naissance et ce qu'ils en ont fait.

Et j'aime l'électricité des corps en révolution : les cow-girls qui font claquer du fouet, le Chinetoque qui bondit dans tous les sens des théories qu'il ne veut garder que pour lui, Sissy qui suit l'instinct de ses Pouces...

C'est toujours en mouvement, il se passe toujours quelque chose. De temps en temps, on s'arrête et on dit des trucs un peu plus "profond" sur la vie, la place de l'homme, de la nature, de la femme, du corps, du sexe, de l'amour, sur la politique aussi.
(Parfois ça prend des plombes et ça peut devenir chiant... voir les 60 pages de théorie à avaler d'un coup)

L'impression que la liberté n'existe que sans attache et sans personne, en étant toujours ailleurs que là où l'on veut nous garder.

Un brin de folie aussi, (évidemment), avec limite une guerre civile, des grues à protéger.


Il décrit avec vraiment plein de légèreté. C'est une sorte de ballon qui saute partout, écrase au passage des trucs, mais qui continue quand même à rebondir.

Et c'est drôle !


Franchement y'a tout dans ce livre !

Quelques bouts choisis parmi tous les autres :

Citation :

« Elles étaient dans les collines, à présent. Le soleil baissait. Emportant son tambourin sous le bras, le vent rentra chez lui pour dîner. L'herbe perdit le tempo et se recoucha. Une solitude américaine, qui n'est pareille à aucune autre solitude au monde, se répandait tout autour de la Cadillac, sortant du sol qui se refroidissait et de l'air même. Une solitude d'une douce puanteur, rouge comme les pieds d'un représentant fatigué que ses chaussures font souffrir ; une solitude aux relents de sueur, de bière et de frites ; une solitude hantée par des rêves d'enfance et des fantômes d'Indiens – un isolement de crépuscule qui se love comme un serpent de brume surgissant de la valise cabossée du continent américain. Et la limousine traversait le silence comme une fraise de dentiste. »

Rencontre avec Ze Cow-Girl : Jellybean Bonanza (quel nom!)

Citation :

« [...] Sissy faisait tomber d'une pichenette l'ultime gouttelette du gazeux nectar du bon docteur et se tapotait les lèvres pour en enlever une dernière trace de chocolat, un poing heurta la porte qui s'ouvrit pour laisser place aux petites boucles, aux petites dents et aux petits seins d'une cow-girl si ravissante que Sissy en rougit rien qu'à la regarder. Elle portait un Stetson tanné orné d'une marguerite, une chemise de satin vert brodée d'étalons cabrés aux naseaux crachant des flammes oranges, un foulard, un boléro d'un cuir aussi blanc qu'un cadavre, une jupe du même cuir cadavérique et si courte que si ses cuisses avaient été les aiguilles d'une pendule la jupe aurait été à minuit moins cinq, et une paire de bottes Tony Lama travaillées à la main dont la pointe était si effilée que vous auriez pu vous curer les dents avec. Des éperons d'argent étaient fixés à ses bottes et, ceignant sa taille mince, juste au-dessous de son petit ventre dodu, une ceinture cloutée de turquoises, d'où pendait un étui et un habitant d'étui, un authentique six-coups au canon long comme des mauvaises nouvelles de la clinique. Elle montrait des cuisses de miel en marchant, ses seins rebondissaient comme des petits pains gonflés à l'hélium et, entre des joues rouges dont la tendre chair prenait son temps pour mûrir, elle affichait un petit sourire qui avait de quoi rappeler aux minéraux et aux plastiques leurs anciennes origines vivantes. »

Fierté des Pouces :

Citation :

« Tu sais bien que j'ai toujours été fière de la manière dont la nature m'a singularisée. C'est pour les gens que la société déforme que j'ai de la peine. Nous pouvons supporter les expérimentations de la nature et, si elles ne sont pas trop ignobles, les tourner à notre avantage. Mais la déformation sociale est sournoise et invisible ; elle transforme les gens en monstres – ou en souris. Mais je vais bien. Tu comprends, ça fait onze ans et quelques mois que je bouge sans arrêter, et je crois que je suis un rien épuisée. Je devrais peut-être me reposer un moment. Je ne suis plus aussi jeune qu'avant. »