Tom Robbins

Re-merci.

Comme je le dis ailleurs, j'adorerais que Robbins fasse ou dise quelque chose qui déstabilise bien l'exaspérant Busnel.

J'ai visionné cette partie de l'émission, et Tom Robbins s'y montre plutôt sage même si quelques comparaisons un peu provoc arrachent un petit rire crispé à Busnel.
Rencontre sympathique mais trop courte avec cet écrivain pince-sans-rire qui ne fait pas son âge (la fantaisie et le non-conformisme conservent bien visiblement), on y découvre sa maison dans le Puget Sound (l'endroit des US où je voudrais trop aller!) décorée de bric à brac évoquant l'univers de ses romans.

J'ai retranscrit quelques unes de ses réponses à propos du roman pour lequel il était interviewé, le dernier traduit en français mais son premier publié aux USA (1971), Une bien étrange attraction.

Citation :

Présentation de l'éditeur:
Fausse gitane mais vraie voyante, la belle Amanda et son mari John Paul Ziller, artiste et magicien inséparable de son babouin, ouvrent un zoo et un stand de hot dogs au bord de l’autoroute. Là, ils rétablissent le cirque de puces comme art populaire et le culte de la fécondité comme religion ultime.Quand débarque leur ami Plucky Purcell, ancien joueur de football et dealer à ses heures, les ennuis commencent. Ayant par accident infiltré une armée secrète du Vatican, Plucky s’est retrouvé à Rome où il a découvert le corps momifié du Christ oublié dans une catacombe. Après l’avoir dérobé et ramené aux États-Unis, il vient le cacher dans leur zoo et remet l’avenir de la civilisation occidentale entre leurs mains. Mais le FBI et la CIA veillent.

A propos de la religion, et de son attitude provocatrice envers elle:

T.R: Ma famille était très religieuse et on m’a enseigné qu’il fallait que Jésus soit mon héros le personnage le plus important du monde, l’homme le plus important de tous les temps et j’y croyais . Jusqu’au jour où à 7 ou 8 ans peut-être j’ai vu mon 1er film de Tarzan et quand j’ai vu Tarzan…Tarzan m’intéressait ! Il m’émouvait, il m’excitait tellement plus que Jésus. Et je m’en sentais coupable. Ce que j’ai essayé de faire dans ce roman, c’est de mettre un terme à ce sentiment de culpabilité que provoquait chez moi le fait de préférer Tarzan à Jésus. Et donc dans mon livre il y a une rencontre entre Tarzan et Jésus.

Sur la métaphore, qui est sa marque de fabrique :

T.R: A certains égards, c’est une manière de s’amuser avec le langage. D’un autre point de vue, je pense qu’une métaphore, si elle est juste et si elle est étonnante peut rendre plus intense pour le lecteur l’expérience de l’endroit, de la personne ou de la chose qu’on décrit.

Sur des métaphores telles que « Le hot-dog est le pilier de la démocratie américaine »:

T.R: Il y a une frontière très étroite dans mes livres entre ce qui relève de l’ironie et ce qu’on sent au plus profond de son cœur. Le hot-dog est extrêmement égalitaire, il est très économique et il est omniprésent. Le hot-dog est partout. C’est facile à trouver, c’est facile à préparer, et à un autre niveau, ça me fait aussi penser à Jésus, le Christ, l’enfant dans la crèche dans les tableaux anciens où Jésus bébé est couché dans une mangeoire. On dirait le hot-dog dans son petit pain, mais sans moutarde.

Sur les attractions de cirque:

T.R: Pendant mon enfance, dans cette petite ville rurale du sud, les étés étaient longs, chauds et très ennuyeux. C’était triste et il n’y avait pas grand-chose à faire. Et puis un jour tous ces camions sont arrivés en ville. Ils ont monté des chapiteaux et il y a eu de la lumière. Il y a eu des manèges, avec la grande roue, il y a eu de la musique. Et le fait d’avoir observé cette transformation m’a poussé à créer une littérature capable de transformer les choses. Cette réalité ordinaire pouvait très vite se transformer en réalité extraordinaire. Il suffisait juste d’avoir un projet précis, une philosophie…

Merci Nezumi pour ce topo sur Tom Robbins! J'ai regardé l'émission la semaine dernière, j'étais très curieuse de découvrir cet auteur dont vous parlez souvent et il m'a paru conforme à mes attentes
Provocateur c'est clair, surtout lorsqu'il donne sa version du hot dog et compare Tarzan au petit Jesus

Mais il faut absolument que je lise Même les cow girls ont du vague à l'âme...

aeriale a écrit:

Mais il faut absolument que je lise Même les cow girls ont du vague à l'âme...

Oui, absolument!

Nezumi a écrit:

aeriale a écrit:

Mais il faut absolument que je lise Même les cow girls ont du vague à l'âme...

Oui, absolument!

Yes ! D' ailleurs je me demande si je n' ai pas deux exemplaires, je peux chercher si ça t' interesse,
Aériale...

Bix 229 a écrit:

Yes ! D' ailleurs je me demande si je n' ai pas deux exemplaires, je peux chercher si ça t' interesse,
Aériale...

Oh ce serait sympa oui Bix! Si ça ne t'embête pas je veux bien...merci!

Ca y-est, à force de farfouiller, je l' ai retrouvé Tom Robbins, je vais te l' envoyer, Aériale !

Un recueil de 20 interviews (en anglais) qui sortira courant février 2011. Je l'achèterai probablement et ferai tourner si ça intéresse du monde.

J’ai découvert Tom Robbins grâce à Nezumi (mais j’ai remonté le fil et il semble qu’elle n’ait pas converti que moi ) avec le livre Même les Cow-girls ont du vague à l’âme.

Cela fait déjà un petit moment que je l’ai lu mais il m’avait laissé une sensation bizarre après la première lecture, alors je l’ai laissé reposer un petit moment et j’y suis retournée récemment, pour le feuilleter à nouveau et relire certains passages intéressants (et Dieu sait s’il y en a dans ce livre !).

Donc, impression un peu floue après la première lecture. Après coup, je me dis que c’est normal : je l’ai lu assez rapidement et il y a une telle quantité d’informations, de péripéties, de digressions et d’ironie à encaisser que le résultat est forcément déstabilisant ! Tom Robbins n’y va pas de main morte avec ses lecteurs. Pas une page où il nous laisse tranquille, où il nous permet de décrocher et de nous permettre de rêvasser un peu paresseusement (j’avoue être une mauvaise lectrice parfois ).
Il y a toujours un développement philosophico-scientifico-politique (et autres mélanges bizarres) sur une théorie jamais entendue jusqu’alors pour nous ramener à la réalité du livre.

Du point de vue de l’originalité et de la personnalité de l’auteur, pas de problème donc ! Je n’ai pas lu ses autres bouquins mais je pense que son style est reconnaissable de loin.
Les métaphores prêtent parfois à sourire, mais elles sont trop nombreuses et alourdissent parfois l’histoire qui, même sans cela, ne pourrait sans doute pas prétendre se lire comme du petit lait . C’est même parfois un peu lourd, avec l’impression que Tom Robbins veut en faire des tonnes, mais comment le lui reprocher ? Il se rattrape ensuite avec une petite thèse bien tordue tirée d’on-ne-sait-où (son cerveau est maléfique !) qui fait toujours plus ou moins réfléchir, malgré son air de ne pas y toucher…

Petite déception par contre pour le personnage de Sissy qui est étrangement le moins sympathique de tous (alors qu’elle est censée être le centre de l’histoire non ?). Je lui préfère largement le Chinetoque et toute la bande des médecins qui se triturent les méninges pour arriver à comprendre son cas. Mais la pauvre Sissy, à part ses pouces, n’a pas grand-chose pour elle… Impression de rester face au même personnage du début jusqu’à la fin.
Deux pouces disproportionnés ne suffisent pas à faire une héroïne de roman…

Bref, cette seconde lecture à tête reposée m’aura permis d’apprécier davantage l’écriture de Tom Robbins . Ce livre mérite que l’on revienne dessus…

Quelques passages que j’ai bien aimés …

Une théorie de la loose bien rassurante pour les gens qui connaissent souvent l’échec :

Citation :

« Mais les projets sont une chose et le destin une autre. Lorsqu’ils coïncident, c’est le succès. Mais il ne faut pas tenir le succès pour un absolu. On peut d’ailleurs se demander si le succès est une réaction adéquate à la vie. Le succès élimine autant d’options que l’échec. »

Des descriptions réjouissantes et ravissantes…

Citation :

« Le parquet de danse luisait de bave tandis qu’y boitaient, chancelaient, glissaient et ballottaient les orteils de crabe et les talons de poulet de plus d’une vingtaine d’organismes désaxés, déglingués et bancals, et que dans le rougeoiement des lanternes chinoises faites à la main, palais fendus, bec-de-lièvre, mâchoires décrochées, tics, convulsions, bouches écumantes, yeux égarés, narines dégoulinantes et crânes pointus se trémoussaient sur divers tempos inspirés par un disque de Guy Lombardo et les modèles cinétiques de ceux qui étaient sur la piste. »

Des interventions fréquentes (et toujours pertinentes !) de l’auteur :

Citation :

« L’auteur n’est pas très fixé quant à l’existence ou non de ce qu’on appelle exagération. Notre cerveau nous permet d’utiliser une fraction tellement minuscule de ses ressources qu’en un sens, tout ce que nous ressentons est en réduction. Nous n’employons les drogues, les techniques yogiques et la poésie –et mille autres méthodes plus maladroites encore- que pour nous efforcer de ramener les choses à la normale. »

Tom Robbins et sa vision des livres :

Citation :

« L’auteur n’est pas très fixé quant à l’existence ou non de ce qu’on appelle exagération. Notre cerveau nous permet d’utiliser une fraction tellement minuscule de ses ressources qu’en un sens, tout ce que nous ressentons est en réduction. Nous n’employons les drogues, les techniques yogiques et la poésie –et mille autres méthodes plus maladroites encore- que pour nous efforcer de ramener les choses à la normale. »

Et pour terminer (j’ai gardé le meilleur pour la fin ), un passage où Robbins s’emballe carrément ! Un peu excessif le bonhomme mais il ce doit être son côté flatteur-gentleman

Citation :

« Le nez qui s’offense des forts parfums du con n’est pas un nez fait pour ce monde, et devrait plutôt renifler de l’or sur les trottoirs récurés du Paradis. Le vagin embaume la vie et l’amour et cætera. O vagin ! Ton encens salé, ta fauve odeur de champignon lunaire, tes profonds relents de miel de crustacé qui se brisent comme des vagues contre l’acier froid de la civilisation ; vagin, fais besogner notre nez dans l’extase, et laisse-nous mourir en respirant les mêmes odeurs qu’à notre naissance ! »

Bon, ben impression mitigée alors ?
Mais dans l'ensemble tu as l'air d'avoir bien aimé, c'est cool, j'espère que tu en liras d'autres.
Il faut d'ailleurs que je continue ma mission de conversion, vite je prends ma pile de Robbins et je vais cogner aux portes du voisinage façon témoin de Jéhovah...

Faut en essayer un autre Colimasson ! C'est obligé ! Parce que c'est de la tuerie en pages ! (et en plus si ce n'est "que" Sissy qui t'a ennuyée, c'est rattrapable)

Queenie a écrit:

Faut en essayer un autre Colimasson ! C'est obligé ! Parce que c'est de la tuerie en pages ! (et en plus si ce n'est "que" Sissy qui t'a ennuyée, c'est rattrapable)

Tout à fait d'accord, les romans de Robbins fourmillent de personnages plus délirants les uns que les autres. Coli, tu en trouveras bien un plus intéressant que Sissy.
Et d'accord aussi pour la "tuerie en pages".

Vous en faites pas trop pour moi !

Mon impression avait peut-être l'air d'être mitigée mais je suis bien plus enthousiaste que ça ! (j'ai juste quelques difficultés à transmettre mes impressions correctement )
Bon, c'est vrai que Sissy était pas top... Mais je suis totalement motivée pour lire un autre bouquin de Robbins, ça c'est sûr !

Queenie, je crois que tu avais eu un avis plutôt mitigé toi aussi concernant Même les cow-girls ont du vague à l'âme, non ?

colimasson a écrit:

Vous en faites pas trop pour moi !

Mon impression avait peut-être l'air d'être mitigée mais je suis bien plus enthousiaste que ça ! (j'ai juste quelques difficultés à transmettre mes impressions correctement )
Bon, c'est vrai que Sissy était pas top... Mais je suis totalement motivée pour lire un autre bouquin de Robbins, ça c'est sûr !

Queenie, je crois que tu avais eu un avis plutôt mitigé toi aussi concernant Même les cow-girls ont du vague à l'âme, non ?

Que Nenni !
(Juste un moment de creux de Tartine de Socio-Psycho-Philosophie. Minime)

"Les seuls échanges réellement magiques et poétiques qui se produisent dans cette vie se font entre deux personnes."

Tom ROBBINS : Meme les cow girls ont du vague à l' ame.