Roger Martin du Gard

Au milieu du tome 1 des Thibault et je m'installe pour un moment dans ce doux canapé car c'est le plus long roman français de tous les temps (en plusieurs tomes bien évidemment) après l'oeuvre singulière de Proust.

Comme toute saga et s'agissant d'un très long roman, il y a une période d'adapatation où l'on se demande toujours si on va en venir à bout, si parallèlement on ne loupe pas des lectures plus courtes et passionnantes, etc etc...
Et bien passé ce moment d'interrogation et de doute, la réponse est non.
On ne loupe rien car on s'immerge avec bonheur dans ce roman foisonnnant et plus intense au fur et à mesure des chapitres.
Et c'est un retour sur ce début de vingtième siècle si riche en événements, au travers de l'évolution d'une famille bourgeoise, catholique, la figure du père Oscar Thibault, brutal et autoritaire, plane sur chaque chapitre.
La famille de Fontanin viendra en contrefigure, protestante, plus tolérante, où le père volage et absent contraste forcément avec le père Thibault, drappé dans ses convictions et sa rigueur religieuse.

Les fils et filles de famille vont nouer des liens, se fréquenter et passer à travers l'adolescence avec remous et interrogations.
Jacques, le fils cadet des Thibault, vient d'être reçu à Normale et j'attends avec impatience ses prochaines décisions sur son avenir, étant le personnage le plus touché par son adolescence, en butte avec sa famille et cet énorme rocher pesant que représente pour lui sa vie actuelle.

Ayé j'ai fini, et je ne regrette pas de m'être embarquée dans cette histoire.
Les 876 pages sont passées toute seules, sans le moindre accroc.

Je ne vais pas résumer, c'est trop dense mais on pénètre de plein pied dans une famille bourgeoise, parisienne du début du 20ème siècle, avec l'accent mis sur le parcours des deux jeunes Thibault, Jacques le rebelle tourmenté, qui, malgré son succès refusera d'entrer à Normale, et son frère Antoine, conservateur, médecin ambitieux et passionné que tout oppose, mais qui réussiront à travers les épreuves à se retrouver.

C'est d'une facture classique, jamais ennuyeux, mais très sérieux, l'humour n'abonde pas, c'est le moins que l'on puisse dire, ambiance corsetée par un catholicisme austère, qui ne souffre pas l'existence de pensées différentes.

Même si le père n'est pas le sujet principal, c'est la figure cachée et l'ultime représentant de cette austérité et de ce climat oppressant dans lequel les deux jeunes frères ont évolué et ont tenté de se faire une place.
Les personnages secondaires font évoluer le récit et permettent de comprendre l'époque, le contexte social, et les transformations importantes de ce début de siècle.
A la fin du tome 1, on est à l'aube de la 1ère guerre mondiale.
Donc je sais ce qui me reste à faire, lire au moins le tome 2 en 2014, même densité je pense.

Je vois que tu as des projets pour 2014 : finir les Thibault, puis enchaîner avec L'homme sans qualités.
Cela devrait te prendre une bonne partie de l'année.
S'il te reste un moment, je te suggère Les hommes de bonne volonté.   

Mais pourquoi pas ? Et enchaîner avec l'Ulysse de James Joyce tiens
L'année 2014= l'année des pavés.
C'est dit.