Valéria Bruni Tedeschi

Actrices

Réalisé par Valéria Bruni Tedeschi
Avec  Valeria Bruni Tedeschi, Noémie Lvovsky, Mathieu Amalric  ,Louis ( et Maurice) Garrel, Valeria Golino

A l'origine du film Actrices, il y a une histoire vraie, un traumatisme vécu par Valeria Bruni Tedeschi alors qu'elle jouait au théâtre le rôle de Natalia Petrovna dans Un mois à la campagne, de Tourgueniev  : au bout de quelques semaines, le metteur en scène l'a remerciée, et  remplacée par son assistante.
Elle en a fait un film dans lequel Noémie Lvovsky joue le rôle de l’assistante du metteur en scène Matthieu Almaric.

Pour la réalisatrice, ce film parle  d'une femme qui se sent au milieu de sa vie et qui a l'impression tout à coup de se réveiller. Comme si elle avait dormi toute sa vie, ou vécu en songe, hors de la réalité. C'est une actrice. Jouer est son métier. Elle a beaucoup vécu sur scène. Aimé sur scène. Souffert sur scène. Désiré sur scène. Dans sa vie, elle est seule. Elle n'a pas d'enfant. Pourquoi en est-elle là ? Au fond, elle ne le sait pas. La mort de son père ? De son premier amoureux ? La présence envahissante de sa mère ? Le temps a passé sans qu'elle n'ait le temps. Le temps de quoi ? D'avoir le temps. "La vie est un songe" pourrait vraiment être le titre de mon film."


Deuxième film autobiographique, qui a du en agacer certains , qui ont parlé de nombrilisme.. Moi, pas du tout, j'ai beaucoup aimé cette comédie dans laquelle Valeria Bruni Tedeschi recompose et analyse son passé, et ces deux femmes, toutes les deux très touchantes,  qui rêvent , finalement, de chacune  prendre le rôle de l'autre. Le côté décalé de l'actrice-réalisatrice y fait beaucoup, c'est plein d'inventions,  d'autodérision , souvent drôle .
Et puis l'association des Noces de Figaro et de Glenn Miller dans la BO est tout à fait réjouissante!

Dans les bonus, un document montrant Patrice Chéreau dirigeant 19 jeunes comédiens de l'école du Théâtre des  Amandiers qui préparent Platonov d'Anton Tchekhov  ( traduit par Elsa Triolet) ;
Au festival d'Avignon en 87 ici

Encore un que j'ai raté!...

J'aime bien cette actrice...Valeria Bruni-Tedeschi...Un charme un peu "à l'ouest"...
Et il n'était pas mal son premier film Il est plus facile pour un chameau...
Mais j'aurais préféré, je crois, ce sujet-là...

Un château en Italie

Citation :

Louise rencontre Nathan, ses rêves ressurgissent. C’est aussi l’histoire de son frère malade et de leur mère, d’un destin : celui d’une grande famille de la bourgeoisie industrielle italienne. L’histoire d’une famille qui se désagrège, d’un monde qui se termine et d’un amour qui commence.

Ce que l'on ne peut reprocher à Valeria Bruni Tedechi c'est de ne pas savoir de quoi elle parle puisque ses films ont pour principal sujet elle-même et son histoire familiale. De l'autofiction qui, dans Un château en Italie, prend parfois une tournure énervante. Quoiqu'elle soit la première à se moquer de ses tourments de "pauvre petite fille riche." C'est aussi le caractère volontiers décousu du film qui agace un tantinet. Une histoire d'amour, un désir d'enfant, un frère très malade, une succession familiale à organiser. Entre autres. Bruni Tedeschi aime Tchekhov et elle réussit parfois à donner un tour mélancolique autant que tragicomique au cheminement de son héroïne qu'elle incarne avec le naturel qu'on lui connait. Louis Garrel n'est pas mal en jeune ténébreux mais on retiendra surtout sa parentèle italienne et aussi l'interprétation de Xavier Beauvois dans un second rôle qui sert de révélateur anxieux. La preuve que la réalisatrice sait aussi faire preuve de recul et d'auto-dérision. Mais ce n'est qu'un des ingrédients de ce film dont l'étanchéité du scénario n'est pas la qualité première.

J'avais gardé une impression de franche sympathie mais de décousu et brouillon pour Il est plus facile pour un chameau...
Du coup, j'avais hésité avec Actrices (puis comme j'aime pas Almaric, ça m'avait décidé pour un non, je n'y vais pas), j'hésite moins pour celui-ci, je me dis qu'elle a forcément gommé ses défauts mais a priori non... En même temps, il se dégage quelque chose de tellement sympathique de cette femme, et de ses projets... j'hésite, encore.

Un château en Italie

Je signale tout de suite que j'ai beaucoup aimé ce film, et que mon avis est peut être très subjectif.Alors que je n'avais pas du tout accroché au Chameau.

Le côté décousu ne m'a pas du tout gêné, c'est comme dans la vie, plein de choses arrivent en même temps à certains moments, les choses ont l'air de se précipiter, parce qu'il y a des instants cruciaux, tout est lié, l'envie d'enfant est aussi criante chez Louise, parce que la mort de son frère se rapproche. C'est un moment de crise, de toutes les crises, tout ce qui est essentiel est tout d'un coup présent et à affronter à la fois.

La bande annonce m'avait fait penser qu'il s'agissait d'une comédie, si celle-ci est présente, il s'agit avant tout d'une histoire triste, de deuil, de séparations, de pages qui se tournent. Louise et son frère sont deux grands enfants, gâtés, qui ont jusque là refusé de grandir, dans un monde protégé, dont ils n'ont pas voulu voir les signes de la fin. La maladie de Ludovic (le frère) en même que temps que des soucis financiers qui vont obliger la famille de se séparer d'une partie de ses biens, dont le fameux château familial font éclater la bulle. Le moyen de se défendre est justement l'humour, une façon de doux délire, le rire aux moments les plus poignants. D'où le fait de se raccrocher à cette histoire d'amour un peu foireuse et à une frénétique envie de procréer, tout en sachant que cela risque de ne pas aller bien loin.

Le coctail  de tous ces ingrédients a très bien fonctionné avec moi, mais vu les réactions un peu mitigées, je ne conseillerais pas forcément ce film à tout le monde. Il faut aimer les mélanges, et le discursif.

Prévu d'aller le voir parce que j'aime beaucoup Valéria en général. Merci pour vos commentaires, ça me donne encore plus envie.

Je pense Epi que c'est le genre de film qui pourrait te toucher.

Un château en Italie


Comme Arabella j'ai aimé ce film digressif et parfois confus (pour reprendre le terme que Valeria utilise elle-même dans son film) au sens d'une confusion des sentiments et des émotions. On sent qu'elle a tourné avec Chéreau et on retrouve cette façon de capter le trouble, les hésitations, l'agitation hystérique comme les moments d'accalmies d'une vie. C'est parfois décousu et libre mais j'ai accepté ces glissements avec une alternance de fous rires et de douceur. Le scénario est parfois un peu fabriqué et on voit les coutures mais je me suis pris au jeu. Avec Louis Garrel elle cabotine avec enthousiasme et ce grain de folie que j'adore chez elle. On est tout le temps entre l'artifice et la sincérité. Car c'est aussi un film sur le métier d'acteur, ce "pantin" au service de la mise en scène, et sur la difficulté à être soi en dehors de ces rôles de composition. De fait entre jeu et vérité il y a une porosité que le film rend bien avec légèreté ou emphase. Ce n'est pas parfait mais c'est très rafraichissant en jouant constamment sur les ruptures de ton et le doux-amer. A noter une bande son très intéressante et en grande partie classique qui m'a fait découvrir Giuseppe Martucci que je ne connaissais pas et qui m'a fait modestement penser à Mahler. J'ai beaucoup ri et j'ai été ému. Mission accomplie.

 Je craignais un peu ton verdict...

Bizarre, dans la bande son j'aurais pensé que tu craque sur les chansons italiennnes... 

-Un chateau en Italie-



Moi aussi, j'ai beaucoup aimé ce film, disons qu'il m'a touchée malgré, et peut-être même surtout, grâce à ses défauts. Cet aspect décousu dont vous parlez, je trouve comme Arabella et Marko qu'il lui donne plutôt de la véracité, de la vie, et un surcroit d'empathie qui m'ont d'emblée fait aimer l' histoire de cette famille un peu bizarre, détachée des réalités, et pourtant très aimante. Leur réactions peuvent nous paraître complètement loufoques, voire hystériques (cf l'épisode chez le conseiller fiscal, celui du ventilateur à l'hôpital ou même de la mère qui refuse d'admettre que son fils est mort) mais ce sont bien celles de personnes épargnées par les contingences matérielles, flottant dans un univers aseptisé, qui d'un coup se retrouvent face à l'inéluctable.

Valéria Bruni Tedeschi a cette faculté finalement pas si fréquente de pouvoir faire un retour sur elle-même et ses origines, elle peut en rire ou en pleurer dans le même temps, s'analyser et reconnaître sa part de folie, c'est cela que je retiens. On suppose qu'elle s'est largement inspirée de sa relation avec Louis Garrel, et son besoin frénétique dans le but d'enfanter a des relents de vécu indéniables. Pas de trace de Carla mais sans doute y a t'il moins à en dire.

Un chouette beau film, triste et gai, qui m'a embarquée de bout en bout, par sa fraîcheur, sa sincérité et son allant. Tout comme Arabella je ne le conseillerai pas à tout le monde mais pour ceux qui aiment ce genre de cinéma où le ressenti prime sur la construction, n'hésitez pas!






NB: Et d'accord avec vous pour la bande son, aux petits oignons..

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Commentaire constructif : j'ai aimé. Sté cool.

Aeriale a écrit:

On suppose qu'elle s'est largement inspirée de sa relation avec Louis Garrel, et son besoin frénétique dans le but d'enfanter a des relents de vécu indéniables.

Et de la mort de son frère. C'est d'ailleurs un peu terrible de voir sa propre mère rejouer la mort de son fils dans le film même si c'est fait avec beaucoup de pudeur et toujours ce grain de folie. Le film est hanté par cette mort derrière les facéties. Et il y a ce dernier saut enfantin de Louis Garrel qui redonne le sourire.

Marko a écrit:

Aeriale a écrit:

On suppose qu'elle s'est largement inspirée de sa relation avec Louis Garrel, et son besoin frénétique dans le but d'enfanter a des relents de vécu indéniables.

Et de la mort de son frère. C'est d'ailleurs un peu terrible de voir sa propre mère rejouer la mort de son fils dans le film même si c'est fait avec beaucoup de pudeur et toujours ce grain de folie. Le film est hanté par cette mort derrière les facéties. Et il y a ce dernier saut enfantin de Louis Garrel qui redonne le sourire.

Oui, j'y ai pensé tout le long du film, le rôle tenu par sa mère qui en fait est celui qu'elle a dû traverser, est de loin le plus dur. Chapeau. Je ne peux me l'expliquer que comme une thérapie. Il faut effectivement ce grain de folie pour arriver à le revivre...

Et tu as raison de souligner la dernière image, très joyeuse. On reste sur cette image en suspens, comme une incitation à capter les moments de bonheur dans l'instant. C'est un belle hommage à la vie, malgré tous les moments de tristesse qu'elle contient.

Oui c'est tout à fait ça.