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| Jean Marie Barnaud | |
| | Auteur | Message |
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coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Jean Marie Barnaud Ven 5 Déc 2008 - 23:34 | |
| Jean-Marie Barnaud est né à Saintes en 1937. Il habite à Mougins. Professeur de lettres et de français à l’origine, il avoue qu’il lui a fallu détruire un rapport d’infini respect à l’égard de la langue pour oser écrire lui-même. Homme de pensée, homme d'enseignement, poète, homme de mer... Jean-Marie Barnaud dirige avec Jean-Pierre Siméon, aux éditions Cheyne, la collection Grands Fonds : "proses inclassables" Collaboration littéraire et critique à de nombreuses revues, en particulier à L’Atelier contemporain et à La Polygraphe. Il fait partie des membres fondateurs du site remue.net où il tient une chronique régulière Bibliographie sélective : - Aux Editions Cheyne : « Poèmes pour grandir » Le Poète et la méchante humeur Collection verte Aux enfances du jour Bleu et quoi d'autre Poèmes 1983-1985 Poèmes 1987-1990 Venant le jour « États provisoires du poème » États provisoires du poème I Livres hors collection - Cheyne, a French Publisher of Contemporary Poetry - Où chaque soleil qui vient est un soleil rieur -Disque-Compact:Cheyne, une maison des voix - Autres : . Soleils épars, suite poétique manuscrite en trois exemplaires, accompagnée d’aquarelles originales par Chan Ky-Yut, Mougins et Ottawa, mars 2002. . Passées, Traces, in Jean-Marie Barnaud, “ pour saluer la bienvenue ”, (Bibliothèque municipale de Charleville--Mézières, Collection Une saison en poésie, 2002) . Le Censeur, roman, (Gallimard, 1992) . Un tombeau pour Félicien, récit épistolaire (Deyrolle, 1996. Voir Verdier, collection Deyrolle) . Contes et légendes de Provence, (Nathan, 1998) . Aral, récit, (Éditions L’Amourier juin 2001) . Récits de la vie brève, nouvelles (Éditions L’Amourier, 2004)
Dernière édition par coline le Ven 5 Déc 2008 - 23:38, édité 1 fois | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Jean Marie Barnaud Ven 5 Déc 2008 - 23:37 | |
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| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Jean Marie Barnaud Ven 5 Déc 2008 - 23:39 | |
| - Marko a écrit:
- Un petit poème? .......
Oui... Je prépare... Et ce n'est pas facile de mettre "qu'un petit poème" car tous se relient au sein d'un recueil...Je n'ai guère le courage de recopier des pages...
Dernière édition par coline le Sam 6 Déc 2008 - 0:41, édité 1 fois | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Jean Marie Barnaud Ven 5 Déc 2008 - 23:53 | |
| Terre en vue
Le plus souvent la joie court sa chance loin des beautés somptuaires se nouant impérieuse à vous soudaine dans le temps gris où le corps s'époumone pieds et poings liés et le dos convulsif Et la voilà chanteuse qui vous dresse pour presque rien rendu enfin au vrai labeur à ce rien de liberté farouche Et pour un peu on volerait porté par elle depuis ces traces menues abandonnées comme autant d'effilures : un éclat de lumière sur le vitrage plombé d'un immeuble un regard dans les reflets d'une vitrine où la foule tressaute un visage posé là comme un phare sur le quai quand la dernière rame vous arrache dans les soubresauts d'un voyage sans autre paysage que sa boucle d'amertume sans aventure pour les corps terrassés des voyageurs indifférents à leur propre rumeur une terre enfin une Italie dans ce profil dépris de soi dépris du temps comme un dormeur qui s'est confié aux dieux du seuil | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Jean Marie Barnaud Sam 6 Déc 2008 - 0:25 | |
| Chroniques de Jean Marie Barnaud: ICI | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Jean Marie Barnaud Sam 6 Déc 2008 - 1:25 | |
| Où chaque soleil qui vient est un soleil rieurce poème de Jean-Marie Barnaud accompagné de peintures de Laurence Jeannest vient de paraître aux éditions Cheyne. 1863-1864 : au cours de la longue traversée qui le ramène du Japon en Méditerranée, le capitaine d'un trois-mâts goélette rédige, sur son carnet de route, quelques lettres pour sa femme. Voici cinq de ces lettres d'amour, qu'inspirent l'attente du retour et les conditions changeantes, parfois périlleuses, de ce voyage maritime, qui est aussi une navigation intérieure. En exergue: "J'ai à dire quelques mots que j'ai entendus dans la mer profonde, où tant de choses sont tues et tant de choses arrivent." ( Paul Celan) Extraits du livre : Trois-mâts goélette La Bienvenue, 10 décembre 1863 Marie, ma chère femme, vous que le temps me refuse, comme la Formose du petit jour, dont nous doublâmes hier la pointe sud, emportés par le grand frais de nord-est qui souffle en ces temps d'hiver rude, levant sur ce détroit une houle ronde et pleine, Marie, ma chère femme, comme je suis à vous, comme je vous rêve activement devant mes plants de plaqueminiers de Kyushu, contemplant d'émotion celui d'entre eux qui porte le plus beau fruit, diospyros, doux, charnu, musculeux et profond plein de sucs, comme vous l'êtes vous-même au plus secret.En mer ce 22 décembre 1863 [...] Que nous sommes seuls au monde, Marie, toutes îles maintenant fonduesdans l'horizon, que noussommesseuls, chacun dans l'éclat de son désir. Et c'est votre visage que le ciel de mer partout dissémine[...] En mer, ce 10 janvier 1864 [...] Depuis que l'alizée venu du froid nous a pris en écharpe la mer souvent fut grosse, l'équipageet le bateau fatiguent, les yeux nous brûlent à toiser les embruns [...] Marie, quand aurons-nous à nouveau un temps pour l'amour, pour le soulèvement zélé des corps et des âmes, pour la paix qui cependant les abrite quand l'océan se calme et se rassemble en soi.En mer, ce 21 février 1864 [...] Persévérer, est-ce vivre encore... [...] Ces nuits-là, Marie, moi, hébété, je sens du creux du ventre, j'entends, me traverser un cri, je l'entends comme s'il montait du fond des eaux! [...]En mer, ce 4 mars 1868 [...] C'est pourquoi, Marie, il ne faut pas craindre de nous perdre l'un l'autre, comme si le temps, et la distance, et leurs blessures, devaient à jamais brouiller nos visages, et nous rendre étrangers l'un à l'autre.
Est-ce que nous ne sommes pas, tous deux aussi, dans l'éternel. Où chaque soleil qui vient est un soleil rieur. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Jean Marie Barnaud Dim 7 Déc 2008 - 13:14 | |
| J'ai regardé les liens que tu indiques et je suis curieux de le découvrir.
J'ai trouvé ces poèmes:
Aux joyeux harponneurs
Aux joyeux harponneurs de demain le soleil colporteur pose derrière les toits et la courbe du fleuve noir son sac et la moisson du jour en charpie
De ce côté-ci des fenêtres dociles sous les volets roulants on voit les mains se tendre ces pleureuses vers la nuit des écrans et la mort à mâcher la mort aux mille visages
Qui parmi nous jouant des coudes et dansant et riant criant son déni aux adieux à la mort consentie harponnera ce sac ses mensonges sa bêtise froide ses tendresses ses douceurs sans armes et le tiendra depuis l’ombre tendu vers la lumière dont chaque matin recoud les lambeaux
Poème publié dans l'anthologie Une salve d'avenir. L'espoir, anthologie poétique, parue chez Gallimard en Mars 2004
Grasse, La rétive
Rodoart d'Antibes, Guillaume l'ayant fait prince, avec en prime le rocher du Puy dont ils ont chassé, tous deux botte à botte, les Sarrasins, a fait venir un fontainier : quand la sécheresse cuit la terre, que les disettes, les guerres ou la peste creusent et jaunissent les flancs du peuple – dès qu'on murmure, donc – les puissants font danser les sourciers. Celui-ci, un petit malingre, trébuche sur les collines depuis des jours, sa baguette en fanons de baleine arquée devant lui, prédisant où se croisent les veines loin sous terre. On le vénère. Mais on le craint aussi pour la divination: sourcier, sorcier, sonnent de même. Rodoart sent bien que la ville est rétive : il y a cent ans, elle a déjà dit non à Boson, roi des Francs. Rétive, mais riche. Grasse, comme dit son nom. Et donc Rodoart l'a prise. Il a des vues sur elle. Il veut l'étendre vers l'ouest et le nord. Tenir aussi la montagne sous sa paume rude. "Par ici, dit le sourcier, les eaux couleront toujours: pays de cocagne." Et Rodoart se réjouit, voyant aussi de son rocher frisotter la mer au levant et, dans sa tête, sa flotte bénie par l'abbé de Lérins courir jusqu'à Gênes, chargée d'olives, d'huile et de peaux. Et l'or rentrer à flots. "Ne t'abandonne pas aux rêves, lui dit le fontainier : les gens d'ici vous les feront payer. N'aiment pas qu'on les achète, ni qu'on les vende. Secoueurs de jougs. Et rétifs à jamais, ce me semble." | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Jean Marie Barnaud Dim 7 Déc 2008 - 14:14 | |
| J'invite les amoureux de poésie à parcourir ces liens d'une richesse inouïe. Jean Marie Barnaud est passionnant lorsqu'il parle des autres poètes.
Je n'arrive pas vraiment à extraire au sein d'un recueil de Jean Marie Barnaud un poème seul, ni même deux...Tant ils ne disent rien, en les isolant, du tout extraordinaire duquel ils procèdent. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Jean Marie Barnaud Dim 7 Déc 2008 - 14:55 | |
| - coline a écrit:
- Où chaque soleil qui vient est un soleil rieur
ce poème de Jean-Marie Barnaud accompagné de peintures de Laurence Jeannest vient de paraître aux éditions Cheyne.
Extrait de la post-face intitulée Lignes de foi. Une clé pour la compréhension du sens de ces lettres. "Cependant la poésie, c'est vrai, aide à tenir. Non pas tant celle qu'on écrit -au risque du plagiat parfois, ou de l'impudeur- que celle qu'on a reçue de la langue, venue du corps absent des autres, elle qui pourtant fut leur corps... Oui, la poésie m'a tenu, au cours de ces nuits d'insomnie où le temps vous met ailleurs, infiniment présent et actif dans la tête, d'une si grande acuité de présence que c'est comme si l'on touchait de près la mort et sa blessure; et alors le poème, qui vient de si loin, plus loin que toute plainte, ce poème, c'est, derrière ses images, et presque malgré ses images, au rythme, au rythme seul, qu'il vous renvoie. Et qu'ainsi il vous sauve.""Je cherche maintenant, comme un homme qui s'est égaré, et peut-être même comme un homme perdu, la confiance qui me manque pour inventer la légèreté, croyant contre toute raison disposer d'encore quelques jours pour les trouver et pour les dire, ces "quelques mots entendus dans la mer profonde, où tant de choses sont tues et tant de choses arrivent" * "Je me suis souvenu des hommes de mer, élémentaires d'âme et de corps, ces vivants morts qui sillonnent ma peau et que mon sang reconnaît et salue, comme malgré moi.""Ces cinq lettres, je les ai écrites dans ma tête à Nice, au cours de plusieurs villégiatures imprévues. Mieux vaudrait dire plutôt que c'est la mer qui me les a données: de la fenêtre de ma chambre, à deux cents mètres à peine des galets, je voyais à l'est, tous les matins de grands beaux temps, émerger le soleil tout rond, rouge comme les kakis de mon jardin qui flambent en automne, et je suis tombéamoureux de la répétition- ce qui serait pour moi la seule manière d'aimer le monde. [...] Je voyais une longue ligne, une trace plutôt, un sillage, partir de cette chambre bleu aseptique en direction du soleil qui, à cette heure-là, couvrait à l'extrême orient la pleine activité de midi. Et cette ligne s'effilait tranquille, depuis mes yeux encore éblouis par la nuit psychotrope, jusque là-bas, plus loin que l'Inde et que la Chine,vers le Japon... [...] Je ne sais qui est l'homme qui parle dans ces lettres que la mer au pied de ma fenêtre m'a données. Mais lui aussi fait retour. Peut-être devons nous faire retour un jour ou l'autre, comme Ulysse. [...] Quelque chose, depuis toujours, vient à lui, à nous, c'est ce soleil rieur."( Jean Marie Barnaud) * (citation de Paul Celan) | |
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| | | | Jean Marie Barnaud | |
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