Nicolas Bokov [Russie]

Je viens de lire avec amusement le petit roman, satire "Opération Betterave" (sorti en 2010), où on retrouve à nouveau une prose, un style qui pourraient rappeler ses débuts en URSS dans les années 60.

Gaston Mba, occupé à Bruxelles et Paris pour la sécurité informatique des données de la CE fait connaissance de la parfaite pianiste Japonaise Tamiko. Les deux forment un couple digne des magazines de glamour ou d'un film d'espionnage. Puis, attaque informatique sur les "données de la betterave de sucre en UE". Gaston découvre vite les sources intervenantes: c'est encore la Russie.
Changement de point de vue: et on accompagne des nostalgiques de l'ancien régime qu ont encore beaucoup à dire. Qu'est-ce qui a vraiment changé? Et on retrouve les critiques anciens envers un régime qui n'hésite pas à prendre les moyens forts: vu que Gaston a pulverisé de loin un tiers des ordinateurs, on se lance à sa poursuite. Comment cela va finir?

Un roman entre persiflage du roman d'espionnage, satire, commentaire politique et histoire d'amour...

Dans certaines reflexions sur les agents sécrets Bokov nous fait découvrir l'héritage de l'URSS, de son point de vue. Il utilise souvent des jeux de mots, des emprunts de noms, de désignations.

Bon divertissement qui se lit rapidemment...

tom léo a écrit:

Je viens de lire avec amusement le petit roman, satire "Opération Betterave" (sorti en 2010), où on retrouve à nouveau une prose, un style qui pourraient rappeler ses débuts en URSS dans les années 60.
Bon divertissement qui se lit rapidemment...

Un livre acide mais pas amer comme l'était Or d'Automne et Pointe d'Argent alors ?

Cachemire a écrit:

tom léo a écrit:

Je viens de lire avec amusement le petit roman, satire "Opération Betterave" (sorti en 2010), où on retrouve à nouveau une prose, un style qui pourraient rappeler ses débuts en URSS dans les années 60.
Bon divertissement qui se lit rapidemment...

Un livre acide mais pas amer comme l'était Or d'Automne et Pointe d'Argent alors ?

C'est ça... Mais il y a aussi des touches d'une histoire d'amour!

Tu le sais - je n'étais pas si dur avec "Or d'autumne...". J'essaie de comprendre ce qui signifie pour cet auteur d'écrire d'une certaine perspective: celui du dissident, ayant perdu sa patrie, ayant été chassé, tout en étant impregné par cette culture. Il peut alors y avoir un mèlange entre nostalgie, amertume et tristesse, n'est-ce pas.

Mais ici on est dans la prose, dans un roman, même si on retrouve alors la critique du système ancien ET nouveau!

tom léo a écrit:

C'est ça... Mais il y a aussi des touches d'une histoire d'amour!

Tu le sais - je n'étais pas si dur avec "Or d'autumne...". J'essaie de comprendre ce qui signifie pour cet auteur d'écrire d'une certaine perspective: celui du dissident, ayant perdu sa patrie, ayant été chassé, tout en étant impregné par cette culture. Il peut alors y avoir un mèlange entre nostalgie, amertume et tristesse, n'est-ce pas.

Mais ici on est dans la prose, dans un roman, même si on retrouve alors la critique du système ancien ET nouveau!

Oui, l'hisotoire sentimentale atténue certainement la côté satirique du livre. C'est évidemment très prégnant, dans l'écriture de Bokov, qu'il soit dissident et très critique vis à vis de son pays. Il me paraît trés important que des auteurs, par le biais du roman (et pas seulement celui de l'essai philosophico-politique) décrivent sans fard une réalité parfois terrible. Faisant appel aux émotions du lecteur plutôt qu'à son intelligence, ils lui rendent cette réalité plus perceptible, presque palpable et suscitent davantage sa compassion le cas échéant ou même son oeil critique.

Je crois que je dois lire ce roman pour atténuer mon regard sévère sur Bokov!

Loin de la Tour Eiffel

Originale : вдали от эйфелевой башни  (Russe, 2015)

CONTENU :
Récit d'un écrivain, père d'une fille née handicapée en France, dans une famille de réfugiés politiques soviétiques. Turbulences de relations autour d'elle, conflits d’intérêts entre les parents et l'administration au sein du foyer d'accueil.

REMARQUES :
Voilà un nouveau livre de Nicolas Bokov, tout récent, qui retrace un « aspect » (?) douloureux de sa vie. Etant père d'une fille handicappée, Marie, aujourd'hui âgée de 39 ans, il parle de sa relation avec sa fille, empreinte de tendresse et respect pour ce qu'elle est, et ce qu'elle n'est pas. Mais plus qu'une relation à deux, ce livre est aussi une sorte d'accusation parfois dure (mais authentique et vraie) contre toutes les absurdités rencontrées quand on veut soulager la vie d'un être cher, dans un établissement régi par des normes, et des fois oubliant complètement sa vocation d'un « chez soi ». Oui, cela rend Bokov des fois solitaire, malheureux, voir amer : comment ne pas se revolter ? Quand éventuellement d'autres ont jeté l'éponge et disent rien à cause d'une dépendance de ces établissements, d'une manque d'assurance, et le sentiments même d'une culpabilité cachée ?

L'écrivain parsème ces moments-là avec des souvenirs d'un passé plus ou moins heureux ou menacé, de réfugié politique en France ou de dissident en URSS. Pour moi c'est profondement parlant, ayant moi-même une sœur handicappé, et me sentant d'autre part, proche du monde d'origine de Bokov.

On souhaite des lecteurs à ce petit livre...

merci Tom Léo, la souffrance, dans tous ces états, un sentiment personnel mais combien universel !