Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Walker Percy

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eXPie
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percy - Walker Percy - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Walker Percy   percy - Walker Percy - Page 2 EmptyLun 18 Juin 2012 - 22:01


Les acteurs, les films lui semblent plus réels que lui. La vie elle-même ne devient réelle qu'à travers les films et les acteurs.
A un moment, il voit William Holden, qui passe à côté d'un jeune couple.
Citation :
"Maintenant ils reconnaissent Holden. Elle le pousse du coude. Un instant le garçon paraît tout ragaillardi ; mais la rencontre de Holden ne lui est pas vraiment d'un grand secours. Bien au contraire. Il ne peut que comparer la resplendissante réalité de l'acteur à son existence vague et précaire." (page 23).
Tout ce passage, dans lequel Holden va demander du feu, est très drôle. Le jeune homme réussira-t-il à "exister aussi pleinement qu'Holden" ? (page 24)
Dans le même ordre d'idée :
Citation :
"Elle fait allusion à un phénomène propre au cinéma et que nous avons appelé certification. De nos jours, quand quelqu'un vit quelque part, dans un quartier donné, l'endroit n'est pas certifié en ce qui le concerne. Vraisemblablement il y vivra tristement et le néant qui est au-dedans de lui finira par s'étendre et par vider de sa substance le quartier tout entier. Mais s'il voit un film qui montre son propre quartier, il lui sera possible, au moins pour un temps, de vivre comme quelqu'un qui vit Quelque Part plutôt que Nulle Part." (pages 63-64).

Il y a sans cesse des références, des comparaisons à des films, des acteurs, c'est vif, intéressant, drôle et en même temps on se demande ce qui va se passer... Notre héros souffre d'un traumatisme lié à la guerre ; sa jolie cousine, plus perturbée que lui, a été traumatisée par un décès récent. Sa tante compte sur lui pour la calmer, la canaliser.

Notre héros est très attiré par les femmes. A propos de sa nouvelle secrétaire :
Citation :
"Mais elle a cette beauté redoutable faite de propreté et de bonne santé. Ses fesses sont si belles qu'une fois, alors qu'elle traversait la pièce dans la direction du réfrigérateur, mes yeux se sont emplis de larmes de gratitude. C'est une de ces beautés villageoises dont le Sud est si prodigue. Nées des étreintes d'un papa rougeaud et d'une maman au visagé figé, dans les maisons les plus minables des villes les plus minables, elles poussent par millions, ces beautés anglo-saxonnes, ces mignonnes aux joues vermeilles. Plus communes que les moineaux, on les trouve, comme les moineaux, dans les rues, dans les parcs, sur le seuil des maisons. Personne ne les regarde avec émerveillement, personne ne les aime avec tendresse. Bientôt chassées du nid, elles se posent dans les villes pour y rester et personne ne les regrette. Leurs hommes ne leur accordent aucune attention, bien moins en tout cas qu'ils n'en accordent à l'argent. Mais moi je les regarde avec émerveillement ; je ne peux pas me passer d'elles ; je les aime avec tendresse." (page 65-66).

Et puis, il semble se préciser qu'il va se passer quelque chose...
Citation :
"Depuis quelque temps déjà, le sentiment grandit en moi que tout le monde est mort." (page 96).
D'où une certaine (mais relative) déception. En fait, le livre est une suite de rencontres de différentes personnes, avec l'histoire de ces personnes, leur passé, leurs relations avec lui. Si l'on suit uniquement les faits du présents, il ne se passe pas grand chose d'important.
De plus, l'aspect enlevé, les nombreuses références cinématographiques, les phrases qui claquent sont beaucoup plus rares dans la deuxième moitié du livre.
J'aime quand même bien :
Citation :
"Il y a dix ans, je me suis lancé à la poursuite de la beauté, sans accorder à l'argent la moindre pensée. J'écoutais les airs ravissants de Mahler et je sentais la maladie au plus profond de mon âme. Maintenant je suis à la poursuite de l'argent et, dans l'ensemble, je me porte beaucoup mieux." (page 179).

Alors, oui, il y a le mal-être de notre cinéphile, il y a le mal-être de sa cousine, l'interrogation sur ce que l'on peut faire et/ou doit faire de sa vie, vivre pour gagner de l'argent ou pas, chercher à se rendre utile ou pas, les traditions... mais le ton vraiment original et enlevé de la première moitié du livre me semble être moins présent, comme si finalement tout était un peu trop simple.
Mais c'est peut-être de ma faute : je devais m'attendre à quelque chose de plus démonstratif.

J'ai donc vraiment beaucoup aimé la première moitié du livre, excellente, la deuxième étant "seulement" bien, comme si Walker Percy avait par moments oublié la cinéphilie du cinéphile.
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Walker Percy
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