Dan Fante

Apparemment pas de fil sur Dan Fante, le fils de John Fante.



Sa carrière d'écrivain a semble-t-il commencé tardivement, l'auteur parait très discret quant à son âge (que je n'ai trouvé indiqué nulle part), mais il me parait avoir la soixantaine, et son premier roman (Les anges n'ont rien dans les poches) n'est paru que dans les années 90 (et je crois que l'on doit cette trouvaille à un éditeur français, soit dit en passant). Ont suivis deux autres romans, et des recueils de poèmes non traduits en français.

Je l'ai découvert l'an dernier, après une longue période d'hésitation, j'avais en effet la crainte d'avoir affaire à un ersatz de son père, même si j'avais lu des avis plutot élogieux à son sujet. Ne parvenant pas à me procurer son premier roman (épuisé, à quand une réédition ??), je me suis rabattu sur "En crachant du haut des buildings" qui je crois est son troisième et à ce jour dernier roman.



La surprise a pour moi été de trouver un auteur qui non seulement ne cherchait pas à plagier son père, mais qui en plus avait des choses fortes à raconter. Pour prendre un raccourci, "En crachant du haut des buildings" aurait plus à voir avec Factotum de Bukowski qu'avec n'importe quel roman de John Fante. Le style de Dan est beaucoup plus apre que son père, parfois même un peu glauque, ce qui le rapproche de ce qui semble être son Maître (il le cite à plusieurs reprises dans ce roman) : Hubert Selby Jr.

"En crachant..." nous présente un Bruno Dante (l'alter ego de Dan Fante) fraichement débarqué à New York, enchainant les petits boulots minables (et souvent pénibles), entrecoupés de cuites et autres dépravations, pour tuer le temps, oublier sa vie, et soigner au moins temporairement ses névroses. Le récit d'un asocial, donc, avec tout ce que son inaptitude à s'intégrer peut apporter de lucidité lorsqu'il s'agit de juger ses contemporains et leurs travers.

Merci pour ce fil Hank,
je l'ai déplacé chez les auteur étasuniens à découvrir - afin que 2 autres parfumés viennent sur ce fil pour faire un petit commentaire qu'ils ont aussi lu cet auteur, il va y rester

et gratulation en passant - tu viens de passer au stade de votant avec tes 80 messages +

kenavo a écrit:

et gratulation en passant - tu viens de passer au stade de votant avec tes 80 messages +

je ne sais pas trop ce que ça m'apporte, mais merci, miss Hepburn

Hank a écrit:

kenavo a écrit:

et gratulation en passant - tu viens de passer au stade de votant avec tes 80 messages +

je ne sais pas trop ce que ça m'apporte, mais merci, miss Hepburn

Merci pour la miss..
Votant - du moment que Queenie ou Portouverte vont être en ligne, tu vas tout d'abord changer de couleur et puis tu auras accès au vote du mois - pour décider des auteurs du portail - du 21 jusqu'au dernier de chaque mois, il y a des votes concernant les auteurs qu'on voudra avoir sur le portail (tu peux retrouver tout cela dans la section "Bureau de vote")
(à partir de 200 messages tu peux toi même aussi nominer des auteurs pour le portail )

en attendant de parler de "La tête hors de l'eau" (qui m'a encore bluffé), une info que je viens de trouver :

Deux nouveaux bouquins sont annoncés pour cette année, le premier intitulé "Régime sec" est prévu pour le mois d'avril selon le site de la Fnac, et le second, Sonoma, pour lequel la date n'est pas précisée. Les deux bouquins sortiront apparemment chez 13e Note, un éditeur que je ne connais pas...

Si quelqu'un a d'autres infos, je suis preneur.

Hank a écrit:

Deux nouveaux bouquins sont annoncés pour cette année, le premier intitulé "Régime sec" est prévu pour le mois d'avril

Voilà qu’on se rapproche de la date : prévu pour le 17. avril :

Citation :

Régime sec (Short Dog en VO, du nom de ces petites flasques pour alcools forts et rêveurs fragiles).
Huit histoires décapantes où l’on croisera un chauffeur de taxi à bout de souffle, un macho battu par sa femme, un chien minuscule et méchant, une masseuse nympho qui écarte les cuisses au milieu des embouteillages… Portrait défait de L.A. sous JB, gueule de bois, addiction à la détresse et solitude vaporeuse, fumées suintant d’amour tremblé. Du grand art.

Pas de nouvelles en ce qui concerne Sonoma

Je viens de me procurer "Regime Sec" (au passage, si quelqu'un de chez 13e Note me lit un jour, je trouve que le prix de 19 euros est un peu excessif pour un ouvrage de moins de 150 pages, surtout en comparaison du bouquin de Mark Safranko sorti chez le meme éditeur, au même prix, mais 2 fois plus épais). Le travail d'édition est assez soigné, et l'intro signée Dan Fante lui-meme est vraiment intéressante, elle a au moins le mérite d'éclairer un peu ma lanterne sur son histoire, avec des détails que je n'avais pas encore lu jusqu'à présent, notamment sur son parcours du combattant pour trouver une maison d'édition dans son pays.

Concernant le 2eme bouquin prévu chez 13e Note, il est annoncé pour le mois d'octobre, sous le titre "Bons baisers de la grosse barmaid".

Une double actualité pour Dan Fante

D'abord, la sortie le 15 septembre chez 13e Note d'un nouveau recueil de poèmes : De l'alcool dur et du génie.



Et puis du 23 au 26, il sera en visite en France, pour participer au Festival America qui se tient à Vincennes.

Citation :

Son festival

* Los Angeles-Chicago

jeudi 23 septembre 19:00-21:00
Barry GIFFORD, Dan FANTE
* La mort ou la vie

samedi 25 septembre 17:00-18:00
Dan FANTE, Nick FLYNN, Barry GIFFORD, Sergio GONZÁLEZ RODRÍGUEZ
* Los Angeles scène 2

dimanche 26 septembre 12:00-13:00
Dan FANTE, James FREY, Richard LANGE
* Fante, père et fils

dimanche 26 septembre 14:00-15:00
Dan FANTE
* Documentaire : Made in Fante

dimanche 26 septembre 15:00-16:00
Dan FANTE
* Comme un père

dimanche 26 septembre 17:00-18:00
Dany LAFERRIÈRE, Barry GIFFORD, Nick FLYNN, Dan FANTE

Dan Fante sortira ses mémoires aux Etats-Unis l'an prochain (il y sera apparemment beaucoup question de son père). Pour l'instant rien de prévu en France, mais on peut supposer que 13e Note le publiera.

Et sinon, il travaille sur un nouveau livre, qui risque de s'éloigner de ce qu'on connait de lui, vu qu'il le présente comme un polar.

Limousines blanches et blondes platine



L'orientation du catalogue de 13e Note me laisse un peu dubitatif, avec des auteurs comme Mark Safranko ou Tony O'Neill, des amis de Dan Fante, et des écrivains qu'il dit admirer, mais des écrivains qui me semblent, pour le peu que j'en ai lu à la dérobée dans les librairies, des écrivains qui me semblent donc un peu trop soucieux de leur image sulfureuse, au détriment d'une sincérité que je cherche désormais partout, marqué que je suis par les exemples de Bukowski ou, dans un autre genre - mais pas si différent au fond - Léautaud.

Dan Fante, lui-même, au fil des découvertes, n'est pas sans me poser problème. Si la sincérité fait globalement partie de sa démarche, à certains moments, dans ses poèmes ou dans ses romans, des détails laissent place à la perplexité. N'en rajoute-t-il pas un peu parfois ? Certainement, mais au fond, comme tout le monde, et même les plus insoupçonnables. Léautaud lui-même considérait qu'écrire revenait toujours à fausser plus ou moins. Mais chez les auteurs les plus doués, on ne remarque guère ces arrangements avec la vérité. Chez Dan Fante, l'affaire reste anecdotique, ce roman, comme les précédents, expose ses difficultés d'adaptation aux règles sociales, qui puisent en partie leurs origines dans l'alcool, dans ses excès comme dans son manque. Difficultés rencontrées au travail, dans sa sexualité chaotique, bref, dans toutes ses relations avec les autres, et tout ce mal-être ne sonne pas faux dans ses mots.

Dans ce livre, Dan Fante revient sur la période où il était chauffeur de maître à Los Angeles. L'occasion de balancer quelques vacheries sur le monde hollywoodien, de régler les comptes de son père dont l'expérience de scénariste n'a pas été très heureuse ? Non, plutôt de dénoncer la vacuité d'un monde dont la raison d'être est de tromper tout un chacun : les spectateurs bien sûr, mais aussi quiconque se frotte plus ou moins à leur business, comme Fante dans ce récit. A trimballer les "stars", Fante est aux premières loges pour subir leurs caprices. Parfois, on reconnait aisément les célébrités visées, comme Jennifer Lopez (rebaptisée Lopisse dans le récit) en hystérique saccageuse de limousine.

Ce récit est aussi le commencement d'une fin pour Dan Fante. La fin d'une période chaotique et floue, à se chercher. C'est le récit de l'alcoolique en rédemption qui trouve une certaine sérénité dans l'écriture. Mais c'est aussi un roman qui parait atteindre les limites de son inspiration autobiographique. Quand Bukowski était capable de resservir la même histoire présentée un peu différemment sans lasser, Dan Fante paraît un peu tourner en rond. La différence tient peut-être dans l'art qu'avait Bukowski à rendre ses récits universels, à les enrichir d'aphorismes cinglants et autres réflexions ayant valeur de vérités brutes, évidentes. Dan Fante, lui, s'en tient aux faits. D'une certaine manière, on pourrait lui reprocher de ne pas suffisamment aller au bout des choses, et en même temps, l'écrivain captive, par le rythme de ses phrases, par son talent indéniable pour raconter une histoire, la sienne, dans un flot d'émotion constant, une émotion qui ne dit pas son nom, qui ne parade pas, mais qui heurte. En ce sens, il rappelle un certain John.

Une info en passant :

son premier roman - Les anges n'ont rien dans les poches (Chump Change) - sera réédité en octobre prochain chez son éditeur actuel 13e Note, sous le titre raccourci Rien dans les poches.

A mon avis, il s'agit de son meilleur livre, avec La tête hors de l'eau.

John avait un fils ? Et lui aussi écrit une sorte d'autobiographie romancée ! J'ai quelques livres à lire, mais certains de ses livres feront partie de mes acquisitions. Que conseilles-tu pour commencer ?

Je pense que Dan Fante est même plus dans l'autobiographie que ne l'était son père, qui jouait d'un roman à l'autre avec la composition de sa famille par exemple.
Bon, Fante père, à mon sens, est plus intéressant que Fante fils, en tout cas, sur l'ensemble de son oeuvre. Ce qui n'enlève rien au talent du fils, du moins, en considérant ses 3 premiers livres, parce que la suite est tout de même un peu plus dispensable.

Donc, si j'avais un conseil à te donner, ce serait de lire ses 3 premiers livres, en commençant peut-être par La tête hors de l'eau et Les anges n'ont rien dans les poches (ce dernier est sur le point d'être republié comme mentionné dans mon dernier message, et c'est sans doute le livre ou son père est le plus présent, puisqu'il y évoque ses derniers jours).

Et si tu es sensible au style et à l'univers de Dan Fante, ça devrait assez naturellement te mener à celui de Charles Bukowski, et plus durablement je pense.

Merci du renseignement ! Si en plus il peut me conduire à un grand que je n'ai jamais lu, je suis plus que preneur !