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| Jérôme Ferrari | |
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Auteur | Message |
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chrisdusud Sage de la littérature
Messages : 2076 Inscription le : 20/04/2008 Age : 56 Localisation : Corse
| Sujet: Re: Jérôme Ferrari Lun 28 Déc 2009 - 16:21 | |
| Balco AtlanticoThéodore Moracchini est un professeur d’ethnologie à l’université de Corte. Il souffre de troubles de la mémoire qui le conduisent à l’internement psychiatrique. Parallèlement un frère et une sœur d’origine marocaine décident de traverser la Méditerranée au péril de leur vie pour trouver du travail en Corse. Entre l’histoire de ces personnages se greffent quelques individus à la recherche d’idéologie, de reconnaissance, à la gâchette facile. Que dire ? Suis partagée : Je retrouve bien le style de Jérôme Ferrari, cette sorte de profondeur qu’il met dans son écriture, les vertiges auxquels sont confrontés ses personnages, les spirales tragiques dans lesquelles ils sont emmenés. Tout ça j’aime. J’aime aussi sa façon de parler de la Corse loin des clichés touristiques…. En revanche, l’histoire prend un appui sur le milieu nationaliste corse et cela ne m’a intéressée que moyennement. Et pour le coup j'ai trouvé cela assez stéréotypé. | |
| | | Emmanuelle Caminade Envolée postale
Messages : 204 Inscription le : 06/11/2009 Age : 74 Localisation : Drôme provençale
| Sujet: Balco Atlantico de Jérôme Ferrari Ven 1 Jan 2010 - 18:58 | |
| Outre la beauté du style, j'ai apprécié la maîtrise vertigineuse de la construction . Le vertige , couplé à la recherche d'harmonie ( accord parfait, équilibre ...) me semble une constante chez Jérôme Ferrari qui a l'art de nous faire entrevoir des abîmes tout en nous maintenant en équilibre sur la crête .... Dans Balco Atlantico , l'auteur s'appuie certes sur le mouvement nationaliste (Je suis mal placée pour juger : pourrais tu préciser les stéréotypes que tu lui reproches sur ce point ? ) mais le propos dépasse la spécificité corse pour s'inscrire dans une réflexion plus large sur l'identité, tant collective qu'individuelle et son rapport avec l'altérité et la mémoire. Balco Atlantico montre les ravages des constructions mensongères d'une image de soi ou d'un groupe, les dangers des mythologies nationales qui réinventent l'histoire à des fins glorieuses , il souligne les processus de dépersonnalisation et de dé-responsabilisation qui en découlent. C'est aussi une réflexion sur le temps, une méditation mystique sur la beauté comme manifestation divine... Pour moi , un très grand livre ![i][b] | |
| | | chrisdusud Sage de la littérature
Messages : 2076 Inscription le : 20/04/2008 Age : 56 Localisation : Corse
| Sujet: Re: Jérôme Ferrari Sam 2 Jan 2010 - 17:58 | |
| - Emmanuelle Caminade a écrit:
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Dans Balco Atlantico , l'auteur s'appuie certes sur le mouvement nationaliste (Je suis mal placée pour juger : pourrais tu préciser les stéréotypes que tu lui reproches sur ce point ? ) mais le propos dépasse la spécificité corse pour s'inscrire dans une réflexion plus large sur l'identité, tant collective qu'individuelle et son rapport avec l'altérité et la mémoire.
Dans mon petit commentaire, je n'ai pas assez insisté pour dire que c'est un très bon livre. J'ai quelques jours de recul sur ma lecture et le livre rayonne encore. Je conseille vraiment la lecture de Jérôme Ferrari. Comme tu le précises, Emmanuelle, ses histoires dépassent le cadre spécifique de la Corse, je l'ai ressenti "Dans le secret" et "Un dieu un animal". Ferrari aime faire vivre ses personnages dans des situations très fortes et placer son histoire dans le cadre du nationalisme corse à un moment de luttes fratricides me gène. Peut être parce que la distance à ce domaine est pour moi assez étroite que je n'ai justement pas ressenti cette universalité, cette transposition possible, celle que j'ai pu percevoir dans ses deux autres livres. Je parle de stéréotypes car c’est à mon sens assez caricatural du milieu indépendantiste, parce que les nationalistes ne sont pas tous violents bien entendu et beaucoup d'entre eux militent contre les dérives extrémistes. | |
| | | Emmanuelle Caminade Envolée postale
Messages : 204 Inscription le : 06/11/2009 Age : 74 Localisation : Drôme provençale
| Sujet: Balco Atlantico de Jérôme Ferrari Ven 15 Jan 2010 - 11:07 | |
| Je pense que Ferrari s'attache à montrer ,justement , les dérives du mouvement nationaliste, l'invention d'une mythologie, la sacralisation de la violence, la dé-responsabilisation ... Il fut lui-même militant dans sa jeunesse et quitta ce mouvement ayant pris conscience de la dépersonnalisation et de la dé-responsabilisation induite par l'appartenance au groupe. Ces thèmes, il les reprend dans Un dieu un animal, aussi bien pour son héros que pour son héroïne Magali, au sein de l'entreprise.
Sinon ,Balco Atlantico est bien un livre qui "rayonne", un livre lumineux malgré la sombre violence qui s'y déploie, un livre qui, paradoxalement, redonne espoir,comme L'idiot de Dostoïevski... | |
| | | Emmanuelle Caminade Envolée postale
Messages : 204 Inscription le : 06/11/2009 Age : 74 Localisation : Drôme provençale
| Sujet: Re: Jérôme Ferrari Lun 1 Fév 2010 - 11:59 | |
| "(...) Depuis le premier, "Variétés de la mort", plus iconoclaste et comique que les suivants, je trouve. Ce n'est peut-être pas le meilleur texte de Ferrari, mais je me souviens très bien de mes rires à la lecture d'une des nouvelles de ce recueil, intitulée "Ethnologues"."
Ce recueil est épuisé et se trouve encore parfois d'occasion. Personnellement j'ai pris grand plaisir à le lire. J'ai beaucoup ri avec "Ethnologues" mais aussi avec "L'huile d'amandes douces", "Concepts opératoires" et "Sol natal"...
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| | | Emmanuelle Caminade Envolée postale
Messages : 204 Inscription le : 06/11/2009 Age : 74 Localisation : Drôme provençale
| Sujet: Re: Jérôme Ferrari Mar 22 Juin 2010 - 15:25 | |
| Où j'ai laissé mon âme, Jérôme Ferrari, Actes Sud, 160 p., sortie prévue le 18/08/2010ISBN 978-2-7427-9320-4 prix indicatif : 17,00€ Présentation de l'éditeur :1957, Alger. Le capitaine André Degorce retrouve le lieutenant Horace Andreani avec lequel il a affronté l'horreur des combats puis de la détention en Indochine. Désormais, les prisonniers passent des mains de Degorce à celles d'Andreani, d'un tortionnaire à l'autre : les victimes sont devenues bourreaux. Autour de Tahar, figure étonnamment christique de la rébellion, les deux hommes evront trouver les armes pour affronter leurs trahisons intimes. A travers trois personnages inoubliables, rassemblés dans la douleur par les injonctions de l'Histoire, Jérôme Ferrari, avec une magnifique intransigeance et dans une écriture somptueuse, invite le lecteur à affronter l'intimidante souveraineté de l'épreuve au prix de laquelle se conquiert toute liberté digne de ce nom. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Jérôme Ferrari Mar 22 Juin 2010 - 20:45 | |
| quelle bonne nouvelle | |
| | | Emmanuelle Caminade Envolée postale
Messages : 204 Inscription le : 06/11/2009 Age : 74 Localisation : Drôme provençale
| Sujet: Jérôme Ferari Dim 27 Juin 2010 - 10:10 | |
| Bonne nouvelle pour les petits budgets et les grands lecteurs :
Dans le secret, le deuxième roman de Jérôme Ferrari et le premier publié par Actes Sud, va paraître très prochainement (25 août 2010) dans la collection de poche Babel. ( Prix annoncé: 6,10 € )
Dernière édition par Emmanuelle Caminade le Dim 27 Juin 2010 - 13:40, édité 1 fois | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Jérôme Ferrari Dim 27 Juin 2010 - 13:12 | |
| de mieux en mieux.. je ne l'ai pas en grand format.. je vais donc attendre un peu | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Jérôme Ferrari Mer 25 Aoû 2010 - 22:51 | |
| Où j'ai laissé mon âme - Citation :
- Présentation de l'éditeur
1957. A Alger, le capitaine André Degorce retrouve le lieutenant Horace Andreani, avec lequel il a affronté l'horreur des combats puis de la détention en Indochine. Désormais les prisonniers passent des mains de Degorce à celles d'Andreani, d'un tortionnaire à l'autre : les victimes sont devenues bourreaux. Si Andreani assume pleinement ce nouveau statut, Degorce, dépossédé de lui-même, ne trouve l'apaisement qu'auprès de Tahar, commandant de l'ALN, retenu dans une cellule qui prend des allures de confessionnal où le geôlier se livre à son prisonnier. Sur une scène désolée, fouettée par le vent, le sable et le sang, dans l'humidité des caves algéroises où des bourreaux se rassemblent autour des corps nus, Jérôme Ferrari, à travers trois personnages réunis par les injonctions de l'Histoire dans une douleur qui n'a, pour aucun d'eux, ni le même visage ni le même langage, trace, par-delà le bien et le mal, un incandescent chemin d'écriture vers l'impossible vérité de l'homme dès lors que l'enfer s'invite sur terre. Jérôme Ferrai n'épargne pas son lecteur. Et pourquoi devrait-il le faire? Il y a des choses graves qu'on peut raconter de façon "jolie".. ce mot est tellement faux, mais son écriture est de telle sorte que je ne peux le dire autrement. Atroce, terrible, grave.. voilà les faits, mais ce qu'il en fait est sublime, extra et mémorable. Autant que j'avais pensé que le livre de Laurent Mauvignier, Des hommes allait devenir une référence pour l'assimilation de la guerre d'Algérie, je pense que Jérôme Ferrari l'a écrit. Deux hommes brisés par la guerre en Indochine, deux soldats qui vont prendre un chemin différent lors de la guerre en Algérie, mais n'importe leur comportement, ils ont perdu leurs âmes.. probablement longtemps avant d'arriver sur le nouveau lieu de guerre. Et j'ai pensé à Abu Ghraib en lisant ce livre.. n'importe le lieu, n'importe le pays, n'importe l'année, la guerre change les hommes et le plus souvent pas en quelque chose de bien joli. pour ce livre, un monument à mon avis! Quel auteur! À suivre de toute urgence! | |
| | | Emmanuelle Caminade Envolée postale
Messages : 204 Inscription le : 06/11/2009 Age : 74 Localisation : Drôme provençale
| Sujet: Jérôme Ferrari Lun 30 Aoû 2010 - 13:54 | |
| Bonjour, Je reprends mes activités après de longues vacances et découvre avec plaisir que je ne suis pas la seule à avoir apprécié ce livre magnifique !
Où j'ai laissé mon âme, le dernier livre de Jérôme Ferrari est un roman philosophique qui part d'un sujet historique encore sensible - l'institutionnalisation de la torture et des exécutions sommaires pendant la guerre d'Algérie à l'occasion de la bataille d'Alger - pour aborder la question universelle du bien et du mal. C'est une interrogation sur le courage et la lâcheté, la liberté et la responsabilité, la fraternité , la foi et le pardon ...
Avec habileté l'auteur recourt à la puissance poétique des grands mythes qui ont imprégné la culture européenne et sa combinaison des textes fondateurs judéo-chrétiens ayant trait à la damnation et à la rédemption avec le mythe Faustien revisité par Boulgakov s'avère magistrale.
Comme toujours chez Ferrari, le fond et la forme sont en adéquation parfaite. La construction , hautement signifiante , épouse le contenu, tout comme le style, magnifique, qui se déroule en une mélodie continue jusqu'à une apothéose finale douloureuse, mais apaisée, harmonieuse, résonnant comme L'enchantement du Vendredi Saint.
Un grand livre profondément humaniste !
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| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Jérôme Ferrari Lun 30 Aoû 2010 - 13:57 | |
| - Emmanuelle Caminade a écrit:
- Bonjour,
Je reprends mes activités après de longues vacances et découvre avec plaisir que je ne suis pas la seule à avoir apprécié ce livre magnifique ! Bonjour, contente de te retrouver.. et surtout contente de lire ton commentaire qui exprime bien mieux ce que ce livre offre comme lecture.. je suis encore toute émue par ces pages... | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Jérôme Ferrari Mar 21 Sep 2010 - 17:03 | |
| "Où j'ai laissé mon âme", de Jérôme Ferrari : par-delà le bien et le mal
LE MONDE DES LIVRES | 16.09.10 | Christine Rousseau Au coeur du roman, le capitaine Degorce interpelle ses soldats sur l'art de conduire un interrogatoire : "Messieurs, dit-il, la souffrance et la peur ne sont pas les seules clés pour ouvrir l'âme humaine. Elles sont parfois inefficaces. N'oubliez pas qu'il en existe d'autres. La nostalgie. L'orgueil. La tristesse. La honte. L'amour. Soyez attentifs à celui qui est en face de vous. Ne vous obstinez pas inutilement. Trouvez la clé. Il y a toujours une clé." Hors de l'effroi qu'elle inspire, cette harangue résume assez bien la démarche d'un romancier - par ailleurs professeur de philosophie - qui ne cesse d'explorer l'âme humaine dans ses recoins les plus sombres, les plus retors, grâce à une écriture ardente, épurée et lyrique. Que l'on pense à Balco Atlantico (Actes Sud, 2008), beau roman sur la mémoire tragiquement mythifiée, ou à Un dieu, un animal (Actes Sud, 2009), qui, dans le fracas des guerres modernes - stratégiques ou économiques -, mettait en scène des êtres égarés. Avec son sixième roman, Jérôme Ferrari pousse son exploration plus loin encore, jusqu'au coeur de l'abîme. C'est là qu'ont été entraînés deux hommes, deux frères d'armes enfantés par la guerre.
En 1942, Andréani a 16 ans. Il voit dans l'exaltation provoquée par le meurtre d'un jeune Italien son destin tracé en lettres de sang. Au même moment, Degorce entre dans la Résistance. Arrêté par les nazis, torturé, déporté à Buchenwald, ce catholique pratiquant fait le choix des armes à sa libération, pour sauver ce qui peut l'être de "la beauté du monde (...) dût-il s'en détourner, et ne pas en jouir".
C'est en Indochine, dans l'humidité poisseuse de la mousson et d'une défaite, que les deux soldats vont se rencontrer, dans un camp vietminh. Là, ils nouent des liens indéfectibles. Des liens de sang et de mémoire qu'une autre guerre va défaire, au cours de trois jours emplis d'effroi et de peur. Trois jours tissés des doutes et des interrogations d'un homme passé du statut de victime à celui de bourreau.
Nous sommes en 1957 et la bataille d'Alger fait rage entre le FLN, qui multiplie les attentats, et l'armée française chargée d'y mettre un terme. A cette fin, tous les moyens sont bons. A commencer par la torture que pratiquent sans états d'âme le lieutenant Andréani et sa section spéciale, basée à Saint-Eugène. Une "porte ouverte sur l'abîme", où Degorce envoie ses prisonniers.
"Il n'y a plus de mots"
Le 27 mars, après de longs mois de traque, Degorce arrête enfin le chef de la rébellion. Mais, loin de l'apaiser, la capture de Tahar (personnage inspiré par Larbi Ben M'Hidi) lui laisse le goût amer d'une défaite. Car, imperceptiblement, quelque chose s'est insinué en lui, l'éloignant des siens, de sa femme, à qui il ne parvient plus à écrire, mais aussi de la Bible, dont la lecture ne lui procure plus aucun réconfort. "Il n'y a plus de mots pour Dieu. Il n'y a plus de mots pour les miens."
Dépossédé de tout, c'est vers son ennemi Tahar - figure aux allures christiques - que Degorce va se tourner pour lui confier son histoire, ses doutes et son désarroi. Et pour trouver, pense-t-il, sinon un pardon, du moins un apaisement.
Un répit que cherche aussi le lecteur, ballotté entre les errements intérieurs de Degorce, converti en tortionnaire, la voix sereine de Tahar et celle d'Andréani, chargée de rage, de rancoeur et de dépit contre celui qui l'a trahi. Une voix qui s'élève en un contre-chant implacable de froideur et de lucidité. "Nos missions n'étaient pas différentes. (...) Nous étions des soldats, mon capitaine, et il ne nous appartenait pas de choisir de quelle façon faire la guerre (...) moi aussi, j'aurais préféré le tumulte et le sang des combats à l'affreuse monotonie de cette chasse aux renseignements, mais un tel choix ne nous a pas été offert. (...) Vous vous demandez encore comment il est possible que vous soyez devenu un bourreau, un assassin. Oh, mon capitaine, c'est pourtant la vérité, il n'y a rien d'impossible : vous êtes un bourreau et un assassin. Vous n'y pouvez plus rien, même si vous êtes encore incapable de l'accepter. Le passé disparaît dans l'oubli, mon capitaine, mais rien ne peut le racheter."
Dans l'entrelacs des temps, des lieux qui disent la permanence de la violence aveugle, meurtrière, se dessine un chemin aride et déserté, hors du monde. Un calvaire qu'arpentent deux hommes, face à eux-mêmes et à leurs démons... De cette plongée dans l'abîme, troublante et terrifiante, de cette quête impossible menée par-delà le bien et le mal, ressort cependant une certitude : celle d'avoir lu un des romans les plus saisissants de cette rentrée.
source | |
| | | Emmanuelle Caminade Envolée postale
Messages : 204 Inscription le : 06/11/2009 Age : 74 Localisation : Drôme provençale
| Sujet: Jérôme Ferari Mer 22 Sep 2010 - 11:13 | |
| Où j'ai laissé mon âme, de Jérôme Ferrari
Je me permets de citer l'analyse d'Angèle Paoli sur son blog Terres de femmes : UNE DOUBLE RÉDEMPTION LITTÉRAIRE
à lire ici
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| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Jérôme Ferrari Mar 28 Sep 2010 - 13:33 | |
| -Où j'ai laissé mon âme-Comme le précise Emmanuelle et Kena, c' est l'histoire de trois personnages unis par l'atrocité de la guerre. Une guerre qu'il est difficile de nommer en fait, car elle parait perdue d'avance. Trois hommes au mental très différent. Andreani, loyal envers sa cause et qui se sent trahi par son capitaine chez qui il ne reconnait plus la ferveur qu'il admirait autrefois. Degorce, rongé par la honte, perdu au point de chercher un semblant de réconfort auprès de Tahar, l'ennemi à la figure christique qui sait qu'il va mourir mais restera vainqueur. - Citation :
- Ne pas m'arrêter c'est mauvais. M'arrêter c'est peut-être pire. Il n'y a que des mauvais choix Pour nous capitaine c'est le contraire. Si nous gagnons ici c'est bon. Si nous perdons, si vous arrêtez tout le monde c'est aussi bon. Un martyr est mille fois plus utile qu'un combattant.
Jusqu'où peut aller l'homme avant qu'il ne se transforme en monstre? Que laisse t'il derrière lui lorsque les rôles se renversent? Doit on continuer à se battre pour servir une même cause et suivre sa loi, ou bien se parjurer et glisser vers l'abîme. Des questions jalonnent le récit et le lecteur va suivre ces trois jours de doutes et de torpeur, entrecoupés de flash backs et des pensées de Degorce, trois jours d’arrestations suivies d'interrogatoires pervers et inhumains que seul justifie la cause d'un camp. - Citation :
- Il est question du sens de notre mission Moreau, il est question de ce qui la justifie, et c'est très simple, vraiment très simple. Notre action n'a de sens que parce qu'elle est efficace, elle n'est acceptable d'un point de vue moral que parce qu'elle est efficace et qu'elle nous permet de sauver des vies..
Mais peut-on tout justifier? Telles sont les questions qui torturent l'esprit de ce capitaine, balloté entre sa mission de 'flic' qu'il n'a pas choisie et sa conscience qui le taraude. Qui le laisse par dessus tout désorienté au point qu'il n'ose répondre à sa femme ni ouvrir la bible.. - Citation :
- Il n'y a plus de mots pour Dieu. Il n'y a plus de mots pour les miens
C'est donc vers l'ennemi qu'il se retourne cherchant une absolution, du moins une écoute et une réponse. Mais malgré les remords teintés de respect devant cette forte figure, Degorce n'est sans doute pas dupe de lui-même, et la voix de son lieutenant résonne comme une évidence. implacable et sans appel. - Citation :
- Nos missions n'étaient pas différentes. Nous étions des soldats, mon capitaine, et il ne nous appartenait pas de choisir de quelle façon faire la guerre. Moi aussi, j'aurais préféré le tumulte et le sang des combats à l'affreuse monotonie de cette chasse aux renseignements, mais un tel choix ne nous a pas été offert. Vous vous demandez encore comment il est possible que vous soyez devenu un bourreau, un assassin. Oh, mon capitaine, c'est pourtant la vérité, il n'y a rien d'impossible : vous êtes un bourreau et un assassin. Vous n'y pouvez plus rien, même si vous êtes encore incapable de l'accepter. Le passé disparaît dans l'oubli, mon capitaine, mais rien ne peut le racheter
Une lecture puissante, fiévreuse et magnifique, qui secoue certaines valeurs et malmène le lecteur comme à chaque fois qu'il est question de sonder les âmes. Et surtout qui nous force à regarder derrière le miroir, là où se cachent les vérités les moins glorieuses. Un auteur dont il faudra désormais compter sans aucun doute! | |
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| | | | Jérôme Ferrari | |
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