- kenavo a écrit:
- shanidar a écrit:
- depuis hier jusq'au dimanche 7 nov, à Nantes : Rencontres littéraires suisses et autrichiennes, organisées par Impressions d'Europe.
tiens, Nezumi pourrait faire un tour
site
surtout que je vois qu'il y aura demain après-midi Alain-Claude Sulzer (click) et Matthias Zschokke (click)
Nezumi y a donc fait un tour pour vous et voici les notes qu'elle a prises.
« Alain-Claude Sulzer et Matthias Zschokke : petites proses entre amis »
Rencontre animée par Isabelle Rüf, journaliste littéraire au Temps, Genève.Avant que les 2 auteurs et la modératrice entrent dans la salle, une voix tonitruante venue du plafond me fait sursauter en annonçant jovialement qu’ «
il sera surtout question d’humour » dans cette rencontre.
L’animatrice annonce que les auteurs, bien que tous deux d’expression allemande (Sulzer est de Bâle et Zschokke de Berne) s’exprimeront en français.
La rencontre commence par une lecture de
Leçons particulières de Alain-Claude Sulzer, un extrait sur les sentiments et réflexions d’une femme qui soupçonne son mari de la tromper et qui a ensuite un rapport sexuel avec lui. Un extrait trop long, et qui a mangé trop de temps sur le débat. Par ailleurs la lectrice avait choisi un ton surexcité et limite hurleur qui ne convenait pas trop à l’atmosphère intimiste mais glacée du passage.
L’animatrice fait ensuite résumer l’intrigue par l’auteur : ça se déroule dans les années 60, c’est sur un couple qui bat de l’aile, lui plus jeune qu’elle d’une quinzaine d’années, et d’origine étrangère, un pays de l’Est qui pourrait être la Tchécoslovaquie. Ils se sont connus par les leçons d’allemand qu’elle lui donnait et mariés, mais maintenant le couple ne communique plus.
Et là, l’animatrice a une idée assez malencontreuse, elle demande à Alain-Claude Sulzer comment il se situe par rapport au vote sur l’expulsion des étrangers criminels, et si la montée du populisme en Suisse l’inquiète. Alors qu’il parlait jusque là dans un français impeccable (il vit en France, en Alsace), Sulzer se lance dans des explications gênées et embrouillées, totalement incompréhensibles. Un ange passe, puis il ajoute qu’il n’est pas là pour parler de politique. Gros moment de solitude pour l’animatrice, qui fait semblant de se plonger ses fiches avant de se tourner vers l’autre invité (« Alors, Matthias Zschokke !!? »).
Bien dommage tout ça, car on en apprendra pas plus sur l’univers de Sulzer et sa façon de travailler. Jusqu’à la fin il restera sur une réserve polie, intervenant peu. Peut-être est-ce son caractère, mais je pense que cette question l’a refroidi (plus tard il dira même qu’il a été « mis dos au mur », ambiance…).
Zschokke en dira bien plus, mais son français n’étant pas aussi bon il a souvent recours à l’allemand et parfois ce n’est très clair. C’était courtois envers les auditeurs de s’exprimer dans leur langue, mais le recours à un traducteur occasionnel n’aurait pas été de trop. Dommage là aussi, car visiblement ce qu’il avait à dire semblait vraiment intéressant. Un personnage bien sympathique, ce Matthias Zschokke par sa simplicité et son auto-dérision. Alors qu’il semble complètement plongé dans ses réflexions au début du débat, il s’anime tout à coup quand il prend la parole et déclare lui-même qu’on ne peut plus l’arrêter une fois lancé, comme les personnages de ses pièces qui parlent beaucoup.
Il dit trouver son inspiration dans des choses banales mais insolites du quotidien, comme une chaussure abandonnée qu’il a vue dans la rue à Nantes (« Comment peut-on perdre une seule chaussure ? ») ou « les miettes de pain dans les sourcils d’un enfant ». Malheureusement, à cause de ses problèmes d’expression, je n’ai pas trop compris ce qu’il disait sur sa façon de travailler ou sur Berlin (où il vit).
L’extrait lu vient de
Maurice à la Poule, une scène assez surréaliste chez un chirurgien esthétique et là, le ton animé de la lectrice passe mieux.
Ce qui ressort des questions par rapport à leur pays d'origine :
Sulzer et Zschokke se déclarent stupéfaits d’avoir été récompensés par des prix prestigieux en France, pour le 1er le prix Médicis étranger 2008 pour
Un garçon parfait, et le 2nd le prix Femina étranger 2009 pour
Maurice à la poule, alors qu’ils n’ont pas été tellement reconnus jusqu’ici dans les pays d’expression allemande.
Sulzer dit que son pays est plutôt « la langue », même s’il admet que c’est une banalité. Zschokke vit depuis longtemps à Berlin mais reconnaît qu’avec l’âge il se rapproche de son pays natal, et avec humour ajoute qu’il en vient même à apprécier un peintre paysagiste très connu pour ses peintures à base de filles à tresses blondes, souvent utilisé sur les emballages de chocolat quand il était petit.
Sur leur filiation littéraire :
Sulzer ne s'en reconnait pas trop, mais Zschokke se déclare éperdu d’admiration pour Walser.
Un auditeur pose une question sur Ludwig Hohl, en disant qu’il vient d’être réédité en France et rencontre beaucoup de succès. Zschokke dit que cet auteur figure au « firmament littéraire » suisse, mais explique poliment qu’il est d’un accès difficile. Sulzer est plus franc en déclarant qu’
Ascension lui est tombé des mains après une dizaine de pages.
En conclusion, une rencontre avec deux auteurs que je ne connaissais absolument pas et qui se sont révélés intéressants et sympas, je suis d'ailleurs repartie avec
Maurice à la poule et
Un garçon parfait. Mais un demi-ratage au niveau traduction et animation, dommage, surtout par rapport à Sulzer.