Sherman Alexie

Nezumi a écrit:

Ton commentaire me rappelle de le faire!

oui.. et elle parle de Colum McCann.. comment résister à ce moment là?
je note

Nezumi a écrit:

C'est dans ce recueil qu'il y a une jeune indienne nommée Corliss ? Il y en a un extrait dans le manuel de 1e qui m'a toujours donné envie d'en lire plus.
Ton commentaire me rappelle de le faire!

Oui, c'est dans la première du recueil Moteur de recherche. Qui est très très très bien. Histoire d'une fille indienne qui a voulu s'émanciper de son existence d'indienne (faire peu d'études, rester dans sa réserve...etc...), qui du coup se retrouve seule (parce qu'elle n'arrive pas à être proche des blancs non plus, à cause de leurs a priori), et qui se découvre une passion pour un auteur de poésie spokane. Parce qu'elle est dingue de poésie, que dans sa famille on s'est toujours moquée d'elle pour ça, et donc elle veut retrouver ce poète qui serait de la même tribu qu'elle (très étonnée également de ne pas le connaître, étant donné le microcosme spokane).
La plume d'Alexie dans cette nouvelle est très ciselée, va droit au but, et le personnage féminin est terrible.

kenavo a écrit:

Nezumi a écrit:

Ton commentaire me rappelle de le faire!

oui.. et elle parle de Colum McCann.. comment résister à ce moment là?
je note

C'est une vague impression d'une lointaine lecture.

En plus, du coup, dans Moteur de recherche y'a plein de petits "hommages" aux livres qui devraient parler aux Parfumés :

Citation :

A la bibliothèque de l'université de l'Etat de Washington, sa version de la forêt de Sherwood, Corliss écuma les rayons poésie. Elle entretenait une liaison tumultueuse passionnée avec cette bibliothèque. Le nombre colossal d'ouvrages lui confirmait toute la magie dont elle avait été privée durant la majeure partie de son existence, et elle désirait lire chaque livre de chaque étagère. Une tâche impossible, certes, herculéenne, mais Corliss voulait lire jusqu'à en mourir. Elle voulait être enterrée dans un cercueil rempli de poches d'occasion.

Citation :

Corliss se demanda ce qui arrivait à un livre qui demeurait trente ans sur une étagère de bibliothèque sans être lu. Est-ce qu'un livre qu'on ne lisait pas pouvait encore mériter le nom de livre ? Si un arbre s'abat dans une forêt et qu'il est réduit en pâte à papier dans le but de fabriquer un livre qu'on ne lira jamais, là où il n'y a personne pour le lire, est-ce que cela s'entend ?

Merci pour les extraits! Je vais le lire prochainement, c'est sûr maintenant!

 
Dix petits indiens de Sherman Alexie Traducteur : Michel Lederer
Albin Michel collection Terres d'Amérique.
ISBN : 9782226154965

Présentation de l'éditeur.« Une voix irrévérencieuse, sardonique, mais sentimentale et rebelle (...) Imprévisible, inclassable, Sherman Alexie nous rappelle le jeune Philip Roth. » Joyce Carol Oates

« Quel genre d'Indien est capable de perdre la raison devant un livre de poèmes ? Eh bien, elle était ce genre d'Indien, exactement ce genre d'Indien, et le seul genre d'Indien qu'elle savait être » : la première nouvelle, dans laquelle une jeune femme part à la recherche d'un poète disparu, donne le ton de ce recueil audacieux. Dans une Amérique désormais fragilisée par la menace terroriste, tout peut être source de divisions : les sexes, les races ou les classes sociales. À la fois drôle et grave, mais toujours radicale dans son exigence de justice et de liberté, la voix de Sherman Alexie, récemment récompensé avec Richard Ford par le Bernard Malamud Award for Excellence in Short Fictio n, puise à la source même de l'expérience humaine. C'est la voix d'un irréductible, d'un magicien de la langue qui nous offre, avec Dix petits Indiens, son livre le plus étonnant.

Mon commentaire.

Neuf nouvelles, une seule à la barre : Y a-t-il un témoin ?

Avant l'action, l'histoire est d'une banalité déconcertante. Elle ressemble à celle que vivent des millions de cons citoyens d'une ville grande ou petite. Le mot terroriste fout la trouille dès qu'il franchit la porte de notre univers proche. L'action du terrorisme est de saborder notre navire qui, même s'il prend l'eau, un peu, a le mérite de naviguer en tout lieu par tout temps. Quelqu'en soient les raisons, l'acte est cruel, car meurtrier. L'onde de choc provoque les dégâts non visibles en partie ceux que nous relate l'auteur.

Seconde lecture, apparait forte, la présence de l'Indien dans ce monde américanisé. Issus d'un peuple exterminé, luttent vaillant, debouts et obstinés les rares résistants diffuseurs d'une culture abandonnée voire gadgétisée. La comptine dix petits indiens nous le révèle, n'en resterait qu'un seul représentant, le cycle de survie se veut perpétuel : tu cultives, tu sèmes, tu récoltes, image idoine, même si chez Sherman, son rapport avec la nature est très urbanisé (pour ne pas dire inexistant.)

Je ressens à la lecture de cette nouvelle comme un besoin de la part de l'auteur de donner un peu de lui-même suite aux attentats du onze novembre. Chaque Américain s'est senti blessé au sortir de ce drame, et il me semble que Sherman se devait de participer à son niveau en publiant ce récit.
La peur rapproche les êtres au point de se toucher, se caresser, s'aimer, juste le temps de se rendre compte que d'autres individus vivent à proximité. Sans l'écoute ni le voir, ton voisin demeure indifférent. Sherman rend l'Homme responsable de toutes ses actions aussi minimes soient-elles,
Personne n'est innocent,
mais nous sert un discours défaitiste :
Alors, pourquoi s'étonner que des hommes précipitent des avions sur des immeubles.
L'auteur se livre à conjuguer les déraisons d'un fatalisme affligeant.

Avec cette allégorie des bienfaits du vivre ensemble, l'héroïne secouée par les effets de la bombe arrivera-t-elle à convaincre son hôte ?
Oui, mais pas assez longtemps.

Dix petits indiens

recueil de nouvelles donc. je ne sais pas si c'est de l'assemblage ou autrement ?

lecture dans le cadre de la chaine de lecture. je ne regrette pas le changement d'air mais je vais devoir être franc et avouer que je suis beaucoup resté en dehors.

plus souvent agacé qu'intéressé ou ému. ça ne m'empêche pas d'avoir marché par intermittence, ma nouvelle préférée étant l'avant dernière qui tient plus de l'histoire/fable dans son ton pour cette histoire d'un SDF qui tente de récupérer le costume de sa grand-mère mais picole un peu trop volontiers.

Je retiens aussi un peu d'intérêt pour l'image composite "d'indiens modernes" mais sans plus.

Et maintenant il faut que je tente malgré tout d'expliquer mon impression (qui pourrait venir du fait que c'est ma première lecture de l'auteur ?).

C'est homogène et très pot pourri : un peu d'universitaire (gloire au poète et à la littérature), tranquillement désenchanté, un peu de 11 septembre, un peu de sexe et divers orientations, un peu de sport (américain), un peu de social, un peu de mal bouffe, un peu de winners corrompus.

Avec un style direct et décontracté mélange (obligatoire maintenant ?) de réalisme et de naïveté travaillée façon ado un peu paumé mais profond quand même. ponctué d'une ratatouille de "tu vois ?" et "autres OK ?", "D'accord ?"

Vision désenchantée certes mais qui à force de piquer des évidences (surtout) m'a donné l'impression d'une écrasante banalité, celle d'un moule assumé d'une modernité américaine entre ses travers nostalgiquement chéris (et dénoncés) (Mc Do, KFC, ... ), sa lucidité (tous pourris les petits gars) et des restes improbables de rébellions (avec des fragments d'histoire). Finalement tous pareils Blancs, Noirs ou Foncés. Surtout tous pareils dans ce contenant voir ces idées réglementaires ??? avec un rachat par touches d'hommages-références ?

Ma lecture s'est comme qui dirait déguisée en anecdote énigmatique. huhu.

Je ne pense pas non plus que la traduction trucide le texte.

Bien aimé aussi son Frank Snake Church... qui n'aurait pas été pire avec une barque moins chargée. ça fait plat maison en boite le bazar...

Hum.

Mine de rien, je réfléchis depuis un moment à ton post Animal. Je n'arrive pas à mettre le doigt sur : est-ce que ça vient du format nouvelles de Dix petits indiens, ou si un autre livre (roman) d'Alexie te ferait le même effet.

Pour le côté survolé, djeun, et pot pourri, je suis assez d'accord, même si j'ai apprécié. Globalement, dans les livres d'Alexie il s'agit de jeunes, de toute façon, avec le côté désabusé à pointer des évidences. Ça me rappelle tous les livres d'ados (Slam d'Hornby et Moins que zero d'Ellis, par exemple. Ou Nowhere côté cinéma avec Araki) : c'est tout de même un âge avec plein de certitudes, plein de clichés-raccourcis, à vouloir se trouver une identité.

Donc.
En réfléchissant, je pense que c'est l'auteur qui te déplait, plus que ce livre là en particulier. Bien sûr, tu pourrais tenter Indian Blues ou Indian Killer, qui sont très différent, tout de même, avec une vraie densité dans l'ambiance en tout cas, qu'il n'y a pas trop dans les nouvelles. Mais il reste qu'il est très proche de thèmes très basiques.

Par contre, pour l'idée d'entrer dans le moule, je ne sais pas trop. Je trouve que ce n'est pas si évident. Que ce n'est pas juste un Tous pareil mais à se rebeller de temps en temps. Il me semble qu'il y a un peu plus là-dessous. Un vrai questionnement sur le mélange. Sauf, que, oui, ça ne concerne finalement pas que "l'étranger dans son propre pays" mais des tranches d'âge, des personnalités. Et alors, oui, c'est là où on est tous pareils, à chercher un moyen d'être dans l'ensemble, intégré et soi-même.
Je trouve qu'Alexie touche vraiment quelque chose là, dans une certaine simplicité qui évite de plomber plus qu'il ne le faudrait des questionnements avec lesquels on vit chaque jour. Parce que ce n'est pas non plus la fin du monde d'être à part et en dedans en même temps.


Je reste tout de même curieuse de savoir si un roman t'aurait plus emballé... j'avais visé les nouvelles, en me disant que ce serait moins pénible si ça n'accrochait pas, mais je n'avais pas envisagé le côté "superficiel" qui pouvait ressortir de ces formes courtes.

mouais mais tous pareil, avec la marge acceptée d'individualité (revendiquée en fait, dans sa marge), coulé dans un moule : cette forme aux ingrédients systématiques d'humour (est-ce encore décalé ?) et d'intelligence, et de sensibilité (qui peut frôler le nounouille si on se braque sur la tournure infantile pour tirer le mouchoir)... c'est un peu... horrible ?

le paradoxe, ou la peur, c'est que la lecture ne donne pas le sentiment d'horreur, c'est juste quand on commence à divaguer entre les lignes.

huhu, je suis un affreux panda...