Jaime Rosales

Je viens de terminer La Soledad et contrairement à vous, ce film m'a totalement déplu !

Le message, on le connaît : la solitude des hommes au sein des villes, dans leur famille, dans ces confréries où l'on devrait pourtant s'attendre à être entouré alors qu'en réalité, on reste désespérément seul et incompris de tous. Euh, oui, d'accord, je ne conteste pas le message mais je le trouve tellement mal amené ! Ce film se complaît à étaler sa souffrance et sa crasse au grand jour dans le genre "Je suis Jésus sur sa croix, plaignez-moi..."
Un peu plus et je n'hésiterais pas à dire que Rosales vénère la souffrance et la solitude. Il en fait des tonnes. Cette explosion dans le bus, la mort de la mère de famille, le cancer de l'intestin... Le tout pris avec tellement de gravité et pourtant, je n'ai pas l'impression d'avoir appris grand-chose en regardant ce film, ayant l'impression de connaître d'avance le message du réalisateur. Il est bien gentil, il nous prend la main pour nous conduire jusqu'à une destination que l'on connaît déjà depuis longtemps et que l'on a déjà fréquentée à plusieurs reprises...

En ce qui concerne le dispositif du double écran, il n'apporte pas grand-chose de plus à l'histoire ou au jeu des acteurs... Super, on dispose de deux points différents pour une même scène... Mais quels points de vue ! Prétexte à voir deux fois plus de mur ? Prétexte pour accentuer les clivages entre les personnages ? Merci mais on n'avait pas besoin de ça pour comprendre que dans ce film, personne ne peut se blairer...

Enfin, on ne peut pas en vouloir à Rosales. Dans le fond, il semblait avoir de bonnes intentions, mais je reste quand même un peu amère à l'idée d'avoir perdu deux heures de ma vie que j'aurais pu utiliser à meilleur escient.

Rêve et Silence sort le 3 octobre:

Rêve et silence

Citation :

Oriol et Yolanda vivent à Paris avec leurs deux filles. Il est architecte, elle est professeur de lycée. Au cours de vacances dans le delta de l'Ebre, au sud de la Catalogne, un accident bouleverse leur existence.

Dans le domaine de la radicalité, Jaime Rosales avait déjà très fort avec l'épouvantable Un tir dans la tête. Ouf de soulagement, Rêve et silence ne le surpasse pas en la matière et il peut même séduire (le mot est un peu fort) si l'on se sent d'humeur apathique et prêt à se laisser aller malgré le noir et blanc, le jeu d'acteurs amateurs, l'absence de musique, la mise en scène statique à peine égayée de quelques langoureux travellings, bref par le caractère doucement contemplatif, euphémisme revendiqué, et austère de cette oeuvre résolument anti-spectaculaire qui se fraie son chemin hors des sentiers battus de la narration classique. Il y a pourtant un drame atroce au coeur du film et un couple qui vacille sous le poids du deuil mais Rosales choisit l'esquive, à la périphérie de la tragédie. Scènes du quotidien, longs silences ébréchés par des conversations anodines, le réalisateur ne cherche pas l'émotion du moins pas directement. Elle passe par quelques interstices mais il faut une bonne dose de courage pour la dénicher. On appelle cela du cinéma exigeant quand on est poli et ennuyeux quand on est sincère.

Pas de sortie sur Lille malheureusement.