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| Michael Coney | |
| | Auteur | Message |
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Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Michael Coney Sam 23 Mai 2009 - 9:45 | |
| Je me lance dans l'ouverture d'un fil sur lui, même si je n'ai lu qu'un seul roman "La grande course de chars à voiles". Il me paraît être un auteur essentiel de la littérature de Science-Fiction, et le peu que j'ai lu de lui m'a ravie. Côté biographie, les renseignements glanés sont très très succincts. Il est né à Birmingham, en Angleterre, est parti vivre au Canada et est décédé des suites d'un cancer en 2005. Comme le site est en anglais (et que je n'y comprends pas grand-chose) je le mets en lien ICI | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Michael Coney Sam 23 Mai 2009 - 9:48 | |
| La grande course de chars à voiles
Le Chant de la Terre est l'ouverture d'une épopée de science-fiction, l'ouverture d'un space-opéra au souffle immense, à la démesure géniale! Nous sommes dans un avenir plus que lointain, inimaginable: les hommes ont exploré l'espace jusqu'à découvrir les aléapistes, c'est à dire les myriades de possibles de chaque vie humaine; un dédale infini dans lequel Starquin, le Cinq-en-Un, un être interstellaire, un quasi dieu, s'y est égaré et cherche à en sortir. Puis la technologie qui menaça d'extinction la Terre et ses hommes a été oubliée pour donner jour à la sculpture des êtres vivants, une sculpture de l'ADN, celle qui croise les gènes humains à quelques gènes animaux. Ainsi, Karina, héroïne de ce premier volet, est-elle issu d'un croisement génétique entre un Vrai Humain et un chat faisant d'elle une felina, une Spécialiste: Karina allie la beauté féminine à la souplesse déliée d'un félin. Seulement, les Spécialistes ne sont pas bien perçus par les Vrais Humains qui font tout pour qu'il n'y ait pas entente entre les différents "peuples" et ainsi conserver une hégémonie dans la société. A son corps défendant, Karina se trouve embarquer au coeur d'un dessein qui la dépasse, sous la houlette inquiétante d'une étrange prophétesse, la Suivante, au visage défiguré: celui d'aider Starquin à se libérer des limbes de l'infini en réécrivant l'histoire! Sans pouvoir y faire grand-chose, Karina va suivre le chemin qui la mènera à rencontrer Raoul, le fils d'un capitaine de char à voiles au caractère pugnace, Tonio. De leur rencontre doit naître une aléapiste essentielle pour le retour de Starquin. Dans une langue où la poésie n'est jamais bien loin, Michael Coney, fait vivre à son lecteur de multiples fausses apartés, des rebours et des sauts dans le futur, en une danse complexe mais délicieuse. On se perd avec inquiétude parfois dans les méandres d'une narration heurtée, mystérieuse, aux apparences incohérentes, et on se retrouve joyeusement au coeur du récit fantastique, riche des renseignements glanés dans les chemins de traverses narratifs, petits cailloux permettant de garder la trame, dense, en tête. On glisse sur les eaux calmes et tumultueuses de l'Humanité, que dis-je des Humanités aussi diverses qu'éphémères (à l'échelle du Temps) qui façonnèrent et construiront la Terre, on suit le roulis des rancoeurs, des mensonges, des croyances, des tabous, on vogue sur le clapotis à la trompeuse tranquillité d'un sillage plein d'une promesse d'émotions et d'aventures qu'est ce Chant de la Terre, premier acte d'un récit grandiose. "La grande course de chars à voiles" est un enchaînement de contrastes (qui ne sont que saveurs du récit) tels les felinas, ce peuple fougueux, fulgurant de violence lorsque la colère ou la révolte l'aveugle, mais pouvant aussi faire preuve de douceur et de tendre attachement. Ainsi Karina qui ne peut se résoudre à abandonner le cornac Haleka dans le suicide de son baleinier au coeur des flots ou El Tigre, le père de Karina, qui n'aima qu'une seule femme, celle qui donna naissance au grupo de Karina. Tous les éléments nécessaires, et essentiels, à l'écriture d'une belle épopée de SF sont réunis dans ce prologue, cette mise en bouche d'une saveur subtile et entêtante avec un goût de "revenez-y" tenace: des êtres humains sculptés aux gènes d'animaux, des humains désirant rester aux commandes du monde, un Seigneur des cantons aussi mystérieux et invisible qu'omnipotent, une course de char où les tensions entre Spécialistes et Vrai Humains sont exacerbées et où les pulsions les plus extravagantes sont autorisées, un rail unique de communication, des baleiniers, mastodontes dont la vie se compte en milliers d'années mais qui lentement disparaissent, une forêt vierge où rôde des créatures inquiétantes, un trouvère, une prophétesse et des univers parallèles à l'infini...le tout sur les virevoltes d'un dessein ultime. "La grande course de chars à voiles" est une lecture passionnante qu'on ne lâche qu'une fois la dernière phrase lue....et encore, le lecteur reste-t-il quelques temps habité par l'atmopshère poétique et épique du récit. | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Michael Coney Mer 30 Sep 2009 - 20:35 | |
| La locomotive à vapeur céleste Le premier volet du Chant de la Terre commençait avec La grande course de chars à voile, volet au cours duquel on découvrait des être hybrides à foison, d'étranges mastodondes paisibles et insensibles à la douleur qui lentement s'éteignaient sans que l'on comprenne pourquoi, des quêtes croisant la route sans fin des possibles du Grand Loin et des espoirs pour l'Humanité. Des millions et des millions d'années sont passées, Starquin est toujours emprisonné dans sa cage cosmique de Dix Mille Ans, et les êtres de cette Terre aux mille visages sont toujours les acteurs inconnus de la Quête. L'Arc-en-Ciel régit le monde où vivent les Humains Sauvages, d'étranges gardiens gèrent un dôme bizarre où déambulent des Spécialistes qui auront leur part d'action, ténue mais ô combien essentielle....les gouttes d'eau font les grandes rivières et les actes les plus minimes peuvent avoir des conséquences primordiales. Ce second épisode, ce chant de la Terre qui se déroule au coeur du 143è millénaire d'une ère que l'on ne peut imaginer, est celui de la naissance d'une triade, la Triade voulue par Starquin, le prisonnier du temps, celle qui détient une des clés de sa libération. Ainsi, les fils du destin invisible des uns et des autres tissent-ils la route qui fera se croiser La Fille, Néoténite aux allures incongrues de gros bébé, le Vieil Homme, le Cuitador Zozuba, gardien du Dôme, et Manuel, l'Artiste, l'Humain Sauvage. Ils s'engagent dans une aventure initiatique au cours de laquelle ils iront de surprise en surprise en rencontrant un monde où les apparences sont plus importantes que l'être, où la vie rêvée est celle que l'on aimerait vivre, une vie virtuelle qui lentement érode l'être que l'on est. La locomotive à vapeur est le dernier endroit où l'on peut enfin connaître de vrai frisson d'une vie qui peut s'arrêter abruptement, le lieu où la mort peut survenir sans crier gare, la route sur laquelle tout peut finir...un délice mortifère qui offre l'envie de continuer aux blasés téméraires d'une réalité virtuelle, fausse et mensongère: cette machine, infernale?, sillonne à un train d'enfer, le Pays des Rêves Perdus, celui qui engrangent les désirs inavoués, les chimères les plus folles, que peuvent receler les subconcients, les inconscients des êtres humains. Michael Coney happe son lecteur par le truchement d'un style oscillant entre poésie et imaginaire débridé où les limites entre la fantasy et la SF sont parfois très floues, au point de se confondre. Il est parfois difficile de raccorder les faits de la Triade à ceux du premier volet qui évoquait la naissance de l'homme qui rassemblerait tous les humains: cet éventuel désagrément ne gâche en rien la saveur de cette épopée futuriste où les références à Huxley (et "Le meilleur des mondes") et à Stevenson et ses aventures, sont autant de pépites à déguster. La place de plus en plus importante de l'ordinateur dans le quotidien du monde contemporain et les craintes que cela inspire, transparaît dans le personnage inanimé et intemporel, froid gérant au caractère imprévisible, de l'Arc-en-Ciel, ce maître invisible qui dirige la vie et le destin de cette Terre assujettie à un progrès dont l'Humanité a perdu les clés. Coney utilise les espoirs et les peurs de notre époque contemporaine vis à vis des progrès technologiques pour alimenter son oeuvre (en excellent auteur de SF!) et les décortique au fil des pérégrinations de notre Triade...et c'est délectable! Les avantages du progrès ont abouti à la création de monstres, les Néoténites et leurs avatars de l'île du delta qui sous leur apparente immobilité cachent une vie spirituelle des plus fines et des plus abouties, à la perte des jalons de la vraie vie et au refus d'accepter la dictature d'un ordinateur permettant alors une émancipation pour devenir des Humains Sauvages (ceux qui vivent, enfantent et meurent en harmonie avec la nature même si elle est hostile!). La course effrénée après les chimères dévoreuses de temps et de psyché qui s'achève dans les wagons emballés de la Locomotive est un peu celle dans laquelle sont entraînés les Hommes cédant aux chants factices des sirènes du faux-semblant clinquant et dérisoire. Mais la rédemption est toujours possible, allégeant ainsi le fardeau des Hommes: la volonté de l'esprit, son désir de liberté ouvrent les portes des cages qu'ils se sont construites...la Triade est le petit grain de sable qui enrayera la machine éructante et écumante, l'oeil qui s'ouvre pour réaliser combien les chimères sont délétères. "La locomotive à va peur céleste" est un roman passionnant, foisonnant et protéiforme: j'ai aimé me perdre dans les lacis du récit, les apartés et les contes pour mieux retrouver le sel du roman. | |
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