Charles Dickens

Le Signaleur

Un homme conte l’histoire d’un signaleur qu’il connut jadis. Profession disparue d’un monde révolu : à la sortie d’un tunnel ferroviaire, le signaleur pointe le passage des trains, surveille les signaux lumineux, est en communication avec chacun des deux postes : précédent et suivant. Au fond d’une gorge où la lumière ne pénètre que rarement, au fond de sa cahute au bord de la voie, le signaleur raconte voir un spectre à l’entrée du tunnel. Un spectre qui semble l’avertir. De quoi ? il ne saurait le dire. Toujours est-il qu’après chaque apparition un accident est intervenu sur un train durant son service. Aussi est-il tendu de le voir reparaître de nouveau avec une insistance nouvelle.
Entre réalité et surnaturel, cette courte nouvelle plonge le lecteur dans un univers sombre (dans tous les sens du terme) et inquiétant. Folie du signaleur ? Quelle conduite doit tenir son confident ? Prévenir la hiérarchie de l’individu visiblement perturbé ? Accorder un quelconque crédit à ses angoisses ? Atmosphère pesante renforcée par une écriture riche et quelque peu austère.
Sympathique.

Temps difficiles

Un ouvrage de fin de vie pour Dickens, qui est déjà un immense écrivain en temps normal, alors avec la maturité…

Je ne suis d’ailleurs pas capable de le résumer. Il me dépasse !

Disons que l’auteur nous brosse la chronique d’une petite ville industrielle, toute charbonneuse.

MAIS.

Il y a INFINIMENT plus que la stigmatisation des capitalistes, la description des ouvriers, le syndicalisme naissant, bref le choc des classes.

Cette oeuvre est profondément biblique. L’auteur transcende le côté social pour nous livrer ses valeurs, qui sonnent ici comme un testament, notamment l’idée que seul le cœur devrait guider les hommes, et non l’intérêt et les faits, comme pour certains personnages.

D’un constat économique, l’auteur s’élève vers des questionnements essentiels : quel est le sens d’une vie ? D’une éducation ? D’une conviction ? D’une erreur ?

Je retiens particulièrement la figure de Stephen, probablement son alter ego, une sorte de Jésus moderne, un innocent qui finira trahi, abandonné et sacrifié. Un qui porte le feu sacré…

Dickens est aussi magnifique dans la psychologie, avec un sens de la nuance et une capacité à plonger dans l’intimité de ses héros.

Toujours sensible, intelligent et beau.

Mes larmes ont coulé par 2 fois… Avec l’envie de crier : cet homme avait tout compris !

Je note le titre. Merci Tina. J'adore également Dickens.
Par contre, si tu pouvais mettre le titre du bouquin en gras... celui-ci serait plus visible.

Logiquement, c'est fait !
Mais bizarrement, mon ordi. ne prend pas les modifs.

Alors c'est jusqu'à maintenant une de mes plus grandes impasses : je n'ai encore lu aucun livre de Dickens.

Arabella a écrit:

Alors c'est jusqu'à maintenant une de mes plus grandes impasses : je n'ai encore lu aucun livre de Dickens.

J'ai lu des nouvelles de lui.
Et un roman : De grandes espérances. Un vrai régal.
Je te conseille de tenter ta chance !

Sans doute un jour.

Arabella a écrit:

Sans doute un jour.

Une LC d'automne ?

J'ai commencé mon "premier" Dickens (avec un peut d'appréhension car cela faisait 2-3 fois que je tentais de lire ce géant de la littérature Britannique sans aucun résultat) il y a 6 mois avec "Les Papiers posthumes du Pickwick Club ou Les Aventures de Mr. Pickwick" .. je pense que, malgré l'épaisseur du volume, c'est une bonne entrée en matière avec cet auteur, c'est son premier GRAND succès d'une part mais c'est aussi un livre d'une formidable vitalité, d'un humour irrésistible ... les aventures picaresques et épiques d'une sorte de Don Quichotte typiquement anglais du 19éme siécle et de son inénarrable valet: Sam Weller, Sancho pancha en plus rusé.

Une ouvre qui est une suite débridée d'aventures, entre le roman et le feuilleton au sens étymologique du terme.. qui n'a pas tout à fait la structure d'un Roman - une oeuvre jouissive!




J'ai continué en lisant chronologiquement, l'oeuvre suivante de Dickens avec "Oliver Twist".. Beaucoup de commentaires ont deja été posés dans ce topic, je n'y reviendrais donc pas, hormis pour dire que c'est un grand roman évidemment et l'art propre à Dickens de brosser des personnages, de créer une humanité avec ses tares, ses tics, ses particularités, se confirme amplement dans ce livre - quand je dit "Art" il faut vraiment parler de "génie" propre à Dickens pour cette capacité hors du commun (je ne vois que Simenon comme équivalent) à créer une foultitude d'individus: en quelques lignes il fait naitre une psychologie, une personnalité unique en son genre, ce qui explique sans doute l'aisance qu'il avait de créer des oeuvres d'une longueur monumentale, qu'un personnage apparaisse 2 ou 3 fois, le lecteur s'y retrouve aussitôt.

Il ne faut absolument pas craindre les longueurs toutes "victoriennes" de la plupart des oeuvres de Dickens, car ils sont l'oeuvre d'un créateur doté d'une grande maitrise dans l'art narratif.



Mon 3éme Dickens à été "Nicholas Nickleby", satire implacable des écoles Britanniques de cette époque dont Dickens abhorrait le mode de fonctionnement, corrupteur des âmes selon lui, satire également des injustices sociales et dénonciation des méfaits de la cupidité ... içi aussi les personnages sont inoubliables ... premières pages également sur le mode romantique avec des thèmes cher à l'auteur, l'amour et l'amitié indéfectible.



Lecture ensuite des livres de Noel, dont "Un chant de Noël", "Le Grillon du foyer", "La Bataille de la vie".

avant dernière lecture de Dickens commencée il y a qq semaines et terminée récemment: "David Copperfield", oeuvre en partie largement auto biographique et quelque peut fantasmée de la part de Dickens - oeuvre maitresse içi aussi avec notamment en première partie cette capacité chez Dickens , auteur assez novateur, en perpétuelle évolution et d'une étonnante modernité souvent, de montrer le monde tel qu'un enfant pourrait le ressentir.Petit clin d'oeil de la part de Dickens également avec ce personnage attachant de Mr Dicks (transposition de l'écrivain Dickens lui-même), homme d'un certain age, simple d'esprit, innocent, qui n'en finit pas d'écrire sa grande oeuvre et qui n'aime rien d'autre que de faire du cerf volant, génie auto-proclamé par sa compagne Miss Betsey Trotwood, Uriah Heep aussi évidemment et tant d'autres, dont la transposition du pére de Dickens en la personne de Wilkins Micawber.



En ce moment je commence "La Petite Dorrit", oeuvre beaucoup plus sombre et dénonciatrice de la corruption et de l'hypocrisie généralisé de l'univers "Victorien" - C'est un artiste à la réputation mondiale qui écrit cette oeuvre (même la Reine Victoria le lit régulièrement!), un homme arrivé à maturité qui dénonce, entre autre, le système carcéral et qui jette son dévolu sur l'impéritie des institutions du royaume, notamment avec la mise en scène du fameux "ministère des Circonlocutions", administration protéiforme aussi ubuesque qu'inutile (un Kafka avant l'heure, Dickens ?) - Roman très sombre avec toujours les traits d'humour de Dickens (indispensable et qui permet d'aérer la lecture qui deviendrait, si non, beaucoup trop fastidieuse je pense) écriture presque baroque ou surréaliste, dans laquelle le sentiment de suffocation de la société est admirablement rendu.





ps: je lis les oeuvres de Dickens en pleiade (certaines comme "La Petite Dorrit" sont introuvable ailleurs et puis quel plaisir de lire en pleïade!) et je trouve dommage que les illustrations des fascicules de l'époque n'aient pas été reproduit - il y aurait aussi beaucoup à dire sur les illustrateurs successifs qui ont accompagné Dickens.

Le mystère d'Edwin Drood


Dernier livre de Dickens, qui mourut avant de le finir. C'est une énigme puisque le personnage du titre disparaît et que personne ne sait quelle était l'intention de l'auteur. Y a t-il eu meurtre, fuite ou autre ?
De nombreux écrivains ont tenté d'imaginer la fin du scénario à partir des faibles indices laissés par Dickens.
Notamment quand son fils, à l'époque, lui avait demandé si M. Drood était finalement mort : il avait répondu "oui".

Sauf que ce n'est pas si simple.
L'histoire : Edwin est "promis" à épouser Rosa, qui vit chez les religieuses. Leurs pères respectifs ont tout organisé avant leur mort. Seul hic : les jeunes gens ne sont pas amoureux. Ils s'aiment bien, sans plus.

Interviennent d'autres personnages, comme le ténébreux Jasper, oncle d'Edwin, maître de choeur à la cathédrale de Cloisterham, très épris (en cachette) de Rosa. Se serait-il débarrassé de l'encombrant neveu, qu'il adore pourtant ?

Ce livre voulait-il concurrencer les intrigues de W. Collins, l'ami admiré ? Est-ce un de ces whodunit du moment, genre nouveau pour le populaire Dickens ?

Il est malaisé de répondre. J'ai trouvé de très bons passages, avec des dialogues très vifs, mais il y a aussi une lenteur, comme une atonie même, qui nuit au rythme général. Dickens ne sait pas faire dans le suspens, car on décroche assez vite, faute de pouvoir bien saisir la psychologie des personnages.

De ce livre, Henry James a dit qu'il était laborieux. Certains jugements sont sévères : on sent un écrivain fatigué, qui a perdu sa fougue. D'autres encensent au contraire le côté dissolvant de l'ambiance car Jasper est un opiomane.

J'avoue avoir vite décroché et j'ai persisté pourtant. Mais je ne le recommande pas aux vrais amateurs du bonhomme car on ne retrouve pas les qualités littéraires habituelles.

L'auteur tâtonne et est mal à l'aise. L'histoire est décousue. Malgré de bons morceaux (il y a un pastiche gothique, des références aux colonies, quelques coups de griffe bien sentis etc...), tout s'essouffle, faute d'unité.


Ou bien Dickens était épuisé, ou bien il a été très maladroit avec un genre qui a ses propres codes.

Je reste très perplexe.

Queenie a écrit:

Ce matin jme suis lancée dans le livre audio de David Copperfield. Et ce premier chapitre est vraiment excellent !

Et la suite du livre ? Tu l'as autant apprécié que ce premier chapitre ?




Après presque 200 pages tournées, j'abandonne la lecture. Malgré toute la sympathie que j'éprouve pour cette oeuvre et sa sincérité, je n'ai malheureusement pas réussi à me passionner pour cette histoire. Je tiens tout de même à préciser que, n'ayant pas accroché dés le départ, j'ai continué la lecture de manière sporadique et décousue. J'aurais peut être du laisser une vraie chance à David Copperfield en m'investissant à 100% dans la lecture mais se faisant, j'espérais que peu à peu mon intérêt naitrait. Au lieu de ça, je suis restée devant la porte d'un livre que j'aurais dévoré lorsque j'étais enfant ou adolescente.

Je partage, cependant, un élément de la page Wikipédia que je trouve touchant :

Citation :

Dickens appose le point final à son manuscrit le 21 octobre 1850 et se sent à la fois déchiré et heureux comme à chaque fois qu'il termine un roman :

« Oh, mon cher Forster, écrit-il à son ami, si je vous disais la moitié de ce que Copperfield m'inspire ce soir, qu'étrangement je vous paraîtrais, oui, même à vous, complètement chamboulé ! J'ai l'impression que la moitié de mon être s'en est allé au Royaume des ombres. »

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A Christmas Carol / Un chant de Noël

Citation :

Présentation de l’éditeur
La veille de Noël. tous s'affairent aux préparatifs. Mais, préférant la solitude à ces fêtes joyeuses, Ebenezer Scrooge refuse les invitations. Pour ce vieux grincheux que tous prennent soin d'éviter, Noël se résume à un simple mot : "Sottise !" Il n'y voit qu'un prétexte pour cacher la misère de cette société et jamais ne s'associera à cette vaste fumisterie. Mais ce soir-là, les esprits de Noël en décident autrement. Plongé malgré lui entre passé, présent et futur, le vieux grippe-sou reçoit une leçon de vie. Paru en 1843, écrit en six semaines, Un chant de Noël est le premier et le plus célèbre des contes de Dickens. Devenu un classique de la littérature de Noël, ce conte en cinq couplets enchante par une fraîcheur et un humour intemporels.

Je ne sais pas depuis quand je connais cette histoire et combien d’adaptations en film j’ai bien pu voir.
Mais jamais je n’aurais pensé de franchir le pas pour lire ce livre, si ce n’aurait été pour la LC de Noël. Et quelle bonne idée !

Tandis que Harelde trouve que l’écriture est un peu vieillotte, je la trouve tout à fait sublime et extraordinaire (lu en anglais). Certes, c’est un peu plus ‘élaboré’ qu’on a tendance à trouver chez les auteurs de nos temps, mais rien de ‘vieux’ dans tout cela. C’est frais et vibrant et c’est un pur plaisir de suivre Ebenezer et ses visiteurs nocturnes.

Tout à fait idéal pour cette saison et je comprends pourquoi cela est devenu un tel classique, rien de mieux pour rentrer dans le ‘mode festif’

Et depuis cette lecture je dois aussi dire que cette adaptation est la plus fidèle :



qui va se retrouver dans mon lecteur DVD ce soir !!

oh oui combien de versions cinématographiques et toujours autant démotions !

merci Kena !

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The Chimes / Les Carillons

Citation :

Présentation de l’éditeur
Paru un an après le célèbre Cantique de Noël, Les Carillons détaille les angoisses et les espoirs d'un vieux porteur dont le temps se passe à attendre les commissions dans la pluie et le vent, sous le beffroi lugubre d'une église de Londres. C'est l'un des textes les plus directement engagés de Dickens, qui y réaffirme le droit des pauvres à la vie et à la dignité. Mais c'est aussi un grand moment d'invention poétique, où la fantasmagorie des ténèbres londoniennes, avec ses terreurs et ses prestiges, se concentre dans des pages d'anthologie.

Charles Dickens est certainement connu en tant qu’auteur moralisant et défendeur de la classe ouvrière. Ce « comte » est probablement le plus moralisant de ses écrits.

Tout comme Scrooge dans Un chant de Noël, le personnage principal de ce récit va avoir une ‘leçon de vie’ durant une nuit assez à part. Il n’y aura pas des fantômes comme chez Scrooge mais les cloches de son église préférée vont lui apparaître dans une sorte de rêve et parcourir quelques moments d’un futur qu’il ne va pas connaître puisqu’ils lui font croire qu’il est mort.

Il manque beaucoup de la magie que j’ai rencontré dans Un chant de Noël et la ‘leçon’ est à mon avis trop lambda pour justifier tout cet investissement.

Je ne suis pas étonnée que ce comte est le moins apprécié de ses cinq livres autour du sujet de Noël.

Le mystère d'Edwin Drood

Très bonne lecture avec sa part de mystère obligé puisqu'on ne saura jamais ce qu'est devenu le jeune Edwin.
Et j'ai envie de dire que ce n'est pas plus mal, à chacun sa lecture des faits, même si le tout est parfois confus j'en conviens, comme Tina le souligne un peu plus haut.

Chaque personnage est un tant soi peu énigmatique et l'auteur défie quiconque de bien vouloir cerner Jasper, chantre de la cathédrale, opiomane à ses heures, oncle d'Edwin, Durdles, l'homme à tout faire, Sapsea, le Maire, drappé dans son discours suffisant, Neville qui débarque d'on ne sait où, impulsif et tourmenté.

D'autres sont plus limpides, le bon Chrisparkle, chanoine mineur, et encore le tuteur de Rosa, la promise d'Edwin, bienveillant.

L'ironie est bien présente, la drôlerie l'emporte quelquefois dans les tics et manies de tous, c'est comme dans une pièce de théâtre, vaudeville gothique dont le personnage principal s'incarne en la ville de Cloisterham et plus précisément sa cathédrale, son cloître, sa crypte, son cimetière.

Tous évoluent dans ce milieu fermé où des enjeux qui nous échappent quelque peu voient le jour ou plutôt la nuit avec son vent persistant et son atmosphère sombre et fantasque.

Les discours sont policés, la courtoisie est de rigueur mais derrière les mots se cachent des intentions pas toujours avouables.
Chacun s'épie, et se cache pour mieux observer, qui derrière une tombe, qui dans l'embrasure d'une porte.

Et des personnages pittoresques, le petit Diteby, lapideur à ses heures, la vieille dame dealer d'opium, sorte de sorcière éclairée.

Et des lieux non moins pittoresques comme l'Auberge du Voyageur à deux sous....

Quelle ambiance.

Décidément Dickens est un sacré conteur malgré des faiblesses dans ce livre.

Et du coup je n'ai lu que Olivier Twist ainsi que Les grandes espérances et le conte de Noel, c'est pourquoi je me suis procuré les oeuvres complètes, ben tiens!