James Salter

Moi j'ai bien envie de relire Salter. D'ailleurs, j'ai dans ma Kindle A Sport and a Pastime mais All that is me tente plus.

Epi a écrit:

Moi j'ai bien envie de relire Salter. D'ailleurs, j'ai dans ma Kindle A Sport and a Pastime mais All that is me tente plus.

en comparant ces deux livres, oui, je pense que All that is te plairait mieux  

Et moi aussi, je m'étais dit que j'allais le tenter...qui ne tente rien n'a rien!

je ne saurais pas te dire si cet auteur va te plaire... mais je te souhaite une bonne découverte!

L'homme des hautes solitudes  ( Solo Faces )



Plutôt réservée sur ce livre qui raconte le parcours d'un alpiniste américain, qui s'attaque aux sommets alpins et aux femmes françaises dans une espèce de détermination désabusée. Pour son ami et concurrent Cabot, il éprouve des sentiments mêlés de fidélité et de haine. En dehors de l'escalade sa vie est un tissu de rencontres inabouties et de femmes mal aimées, qui lui assurent au final une solitude qui lui est chère. Après avoir connu la gloire, il connaît la peur.

Les motivations et comportements  de Rand me sont restées assez étrangers, et je n'y ai trouvé aucune logique. C'est sans doute le choix de Salter, d’ailleurs, de décrire dans sa singularité un homme d'une certaine façon hors du monde et de  ses conventions.

Salter écrit dans un style épuré, de nombreuses phrases se succèdent dans un enchaînement de sujet-verbe-complément, où surgit parfois l'incongru, lequel donne du sel à cette sobriété austère. Si cette formule donne de belles réussites sur la lecture d'un paragraphe, elle m'a donné une impression de  distance voire de sécheresse sur la durée.

Citation :

Le soleil faisait une tache incongrue sur la monotonie du ciel. Une chape de silence pesait sur la ville. Dans les rues, les bruits sonnaient creux. Comme un ferraillement de boîtes de conserve. Un de ces jours chamoniards dont la blancheur vous pénètre jusqu'aux os.

Pas convaincue, donc, mais interpellée quand même par ce destin atypique , ce choix délibéré de l'auteur comme de son personnage de s'écarter des moules pré-établis.

topocl a écrit:

L'homme des hautes solitudes  ( Solo Faces )

Pas convaincue, donc, mais interpellée quand même par ce destin atypique , ce choix délibéré de l'auteur comme de son personnage de s'écarter des moules pré-établis.

Déjà , j'aime ce titre ....
J'aime le contexte géographique de ce roman ,
J'aime ce que tu en dis ....
Je vais le rajouter sans hésiter à ma PAL ou LAL sans hésiter ...au risque d'être déçue ...

J'aime bien quand mes commentaires (plutôt) négatifs font que ça attire quand même l’intérêt de quelqu’un. Sauf exception, j'essaie d'ailleurs toujours de les faire dans ce sens là.
C'est sûr que dans les éléments qui me tiennent à distance est le fait que je ne connais pas du tout les termes d'alpinisme, ce qui sera un obstacle de moins pour toi. Mais je suis incapable de te dire si tu vas aimer!
C'est vrai que le titre est beau, mais c'est le titre français ei il a été complètement rebricolé. En anglais, c'était beaucoup plus sobre, en meilleur accord avec le texte (Solo faces)

Je n'ai pas lu ce livre, et je ne sais pas si j'aurais envie (ces mémoires de ses années en Air Force - Cassada - p.ex. ne sont pas non plus dans ma LAL )
mais je l'aime bien pour tous ceux que j'ai lu de lui... surtout ses nouvelles, Last Night (traduit en français par Bangkok)

L'homme des hautes solitudes .

L'histoire d'un alpiniste parmi tant d'autres  !

Un superbe roman , froid , étincellant comme la glace vive dans laquelle Rand enfonce son piolet inlassablement pour ouvrir des voies sur ces immenses parois assassines .
Rand , qui erre dans la vie , sans toit ni loi ,juste le ciel étoilé pour se protéger et la montagne pour unique combat et union .....Une passion dévorante , dévastatrice , qui le vide de son moi intérieur ....Chaque nouvel exploit l'éloignant un peu plus de lui-même , de l'humanité ...Réussir là où d'autres y ont laissé leurs vies , consacrer sa vie à l'ascension sans autre but , les yeux constamment levés vers le ciel : Tel est l'unique "sens insensé"qui lui permet d'avancer !

Citation :

"-C'est une voie formidable .Tu sais qu'elle pourrait nous mener droit au sommet" ".
-Et même encore plus loin."

Oui... à part que ce "plus loin" , c'est l'inaccessible étoile .....

Oui ...à part qu'entre ces deux compagnons de cordées , les yeux rivés vers le même objectif , la rivalité les enchaine plus dangereusement qu'elle ne les assure ....


Oui ... à part que ce chemin , qui pourrait être celui de la sagesse, de l'amour et de la fraternité  , de l'humilité , les conduit à nourrir un ego de plus en plus vide de sens ....

Et au bout du compte , la solitude comme seule réalité possible pour ces soi disant "héros", incapables de se frotter à une autre réalité que la paroi hostile de la montagne , et retournant à la vie "sur le plancher des vaches" presque désincarnés et déshumanisés....Voilà peut-être le dernier danger de la montagne , une fois le sommet atteint ....

une lecture foudroyante , qui ne pouvait que m'interpeller , connaissant un peu ce monde-là : Salter est brillant , aurait-il flirté lui même avec la roche dans sa jeunesse pour écrire sur le sujet avec autant de justesse  ? !

ET bien, ça n'a pas traîné!!!
Contente (et pas vraiment étonnée) qu'il t'ait plu!

Je en vois pas bien comment on pourrait écrire un tel livre sans avoir soi même pratiqué l'escalade.

Je ne veux pas spoiler donc je reste allusive, mais la scène avec le pistolet m'a paru bien étrange . Pas toi?

Voila ce que j'ai pu trouver dans un article de Libération en 1995.

Citation :

Aujourd'hui Salter avoue tout de go qu'il s'est lancé dans l'écriture pour les mêmes raisons qu'il s'est porté volontaire en Corée: «Je voulais être célèbre», dit-il simplement

Ca c'est Rand tout craché.

et puis :

Citation :

Et même, bien plus tard: quand Redford lui a demandé de lui écrire un scénario sur l'alpinisme, Salter ne s'est exécuté qu'après s'être mis sérieusement à l'escalade, à un âge où beaucoup de praticiens abandonnent cette discipline. Salter avait déjà écrit la Descente infernale, un film sur le ski de compétition qu'il n'estime pas beaucoup, mais qui lui ressemble néanmoins par sa sécheresse, sa précision et sa vacherie. C'est aussi le meilleur rôle jamais joué par Redford. Basé sur la rivalité entre David Hemming et un autre alpiniste que Salter avait pu rencontrer à Chamonix avant que celui-ci ne périsse sur l'Eiger, le script de Salter n'eut pas l'heur de plaire à l'acteur. Un ami, éditeur à l'époque, se montra plus enthousiaste et persuada Salter d'en faire un roman. Solo Faces est le livre de Salter qui s'est le mieux vendu à sa sortie initiale (12 000 exemplaires) et il fut traduit en son temps par Denoël sous le titre l'homme des hautes solitudes. Le roman a ses fans, dont Peter Matthiessen, voisin et ami de Long Island, qui le considère comme ce que Salter a écrit de mieux.

topocl a écrit:

Je en vois pas bien comment on pourrait écrire un tel livre sans avoir soi même pratiqué l'escalade.

Je ne veux pas spoiler donc je reste allusive, mais la scène avec le pistolet m'a paru bien étrange . Pas toi?

Avant tout merci pour cette piste de lecture !  
Non je ne pratique pas l'escalade , juste en cas de nécessité , dans des courses alpines classées "alpinisme PD (peu difficile ) .
Ma fille par contre a un haut niveau et fait de la competition donc je suis quand même "dans le move ".


La scène du pistolet ?

Spoiler:

églantine a écrit:

La scène du pistolet ?

Spoiler:

Oui, c'est sans doute cette histoire de volonté qui serait suffisante qui m'a exaspérée! Et cette façon de décider pour l'autre ce qui est bon pour lui!
Quand au reste, merci tes explications sont très intéressantes!

topocl a écrit:

Voila ce que j'ai pu trouver dans un article de Libération en 1995.

Citation :

Aujourd'hui Salter avoue tout de go qu'il s'est lancé dans l'écriture pour les mêmes raisons qu'il s'est porté volontaire en Corée: «Je voulais être célèbre», dit-il simplement

Ca c'est Rand tout craché.

et puis :

Citation :

Et même, bien plus tard: quand Redford lui a demandé de lui écrire un scénario sur l'alpinisme, Salter ne s'est exécuté qu'après s'être mis sérieusement à l'escalade, à un âge où beaucoup de praticiens abandonnent cette discipline. .

Oui !!!! C'est bien ça !  

A un moment il dit :

Citation :

En fait , il ya très peu de choses à quoi je m'intéresse, tout le problème est là , murmura-t-il.Tu veux que je te dise ce qui m'intéresse vraiment ? C'est assez immonde .Inspirer de l'envie aux gens , voilà tout .Je n'ai pas toujours été comme ça remarque .J'avais peut-être une tendance mais pas à ce point là . J'étais plus costaud .

Ah enfin la réponse au questionnement qui me taraudait l'esprit tout au long du livre : comment-a-til pu écrire un livre aussi juste sur le plan du ressenti sans être alpiniste ou avoir pratiqué un peu !
Merci pour ces recherches Topocl !

Ben on est bien contentes l'une de l'autre !