Rohinton Mistry [Inde]

Je me suis procuré L'équilibre du monde, et vais donc le lire un jour ou l'autre. J'espère aimer autant qu'Une simple affaire de famille.

Je les aime tous, ses livres. Pas de nouvelles publications depuis 2002, malheureusement.

Arabella a écrit:

Je me suis procuré L'équilibre du monde, et vais donc le lire un jour ou l'autre. J'espère aimer autant qu'Une simple affaire de famille.

Je suis impatiente de connaître ton avis, et de savoir si tu auras ou non les mêmes réserves que moi.
Et si tu es aussi enthousiaste qu'Igor, alors il faudra vraiment que je le relise !

En attendant, j'ai très envie de lire Un si long voyage et Les beaux jours de Firozsha Baag qui sont sur ma PAL et dont j'attends beaucoup. En même temps je freine, car comme l'a dit Traversay, il n'a rien publié depuis dix ans, et je trouve toujours dommage de ne plus avoir en réserve de livres d''un auteur que j'aime ! Ca vous fait ça parfois ?

Les beaux jours de Firozsha Baag ce sont des nouvelles, et l'univers est très proche d'Une simple affaire de famille, tu ne devrais donc pas être déçue.

Moi aussi je suis triste quand j'ai fini de lire tous les livres d'un auteur que j'apprécie particulièrement, parfois j'attends de lire les derniers livres qui me restent, mais pour un auteur vivant, on peut toujours espérer de nouvelles parutions.

Invité a écrit:

En même temps je freine, car comme l'a dit Traversay, il n'a rien publié depuis dix ans, et je trouve toujours dommage de ne plus avoir en réserve de livres d''un auteur que j'aime ! Ca vous fait ça parfois ?

Ouh là oui, quand j'approche de la fin d'un auteur, je freine, de sorte qu'il m'en reste un ou deux en réserve, en cas d'urgence.
Rohinton Mistry a publié un petit texte d'une quarantaine de pages (avec quelques illustrations) en 2006, The Scream, jamais traduit en français. On peut le feuilleter sur le site d'Amazon Canada, ici.

eXPie a écrit:

Rohinton Mistry a publié un petit texte d'une quarantaine de pages (avec quelques illustrations) en 2006, The Scream, jamais traduit en français. On peut le feuilleter sur le site d'Amazon Canada, ici.

C'est sûr, ça change des 900 pages de l'équilibre du monde ! Ca me laisse plutôt perplexe, mais je ne suis pas assez douée en anglais pour juger.

Armor-Argoat a écrit:

...900 pages de l'équilibre du monde !

- 687 dans l'édition que j'ai eu à disposition (Albin Michel 09/2010)
plus 5 pour le glossaire.

L'édition de poche fait 882 pages plus le glossaire.

Voilà qui cadre les choses! Chez les parfumés on est précis...
Ce qui me fait penser que vu le plaisir que j'ai eu à le lire j'aurais dû opter pour l'édition de poche: 195p supplémentaires

Une simple affaire de famille

J'ai découvert ce roman grâce aux avis positifs sur ce fil et ai été favorablement impressionné. Il faut se familiariser avec l'environnement de Bombay, ses tensions et la cadre de vie d'une communauté parsie mais l'effort en vaut très vite la peine.
L'analyse des liens intergénérationnels est notamment remarquable : de l'épuisement de la vieillesse au regard tourmenté de l'enfance, chacun doit faire face à ses doutes et ses contradictions, se retourner vers son passé pour mieux saisir la source de failles, de rancoeurs et de frustratons.
Il se dégage du roman une tristesse révélant tout de même une sérénité : la perception d'un échec est aussi une clef vers l'appropriation de son propre devenir. L'écriture est discrète, fluide, toujours au service des protagonistes. Les émotions introduites, de la colère à la tendresse, accompagnent le mouvement de la vie dans sa résolution incertaine.

L’Equilibre du Monde
A Fine Balance
Rohinton Mistry




Premier contact avec cet écrivain que j’avais depuis longtemps envie de découvrir et je n’ai franchement pas été déçue par ce livre fleuve qui se déroule lentement autour de quatre personnages et qui touche à d’innombrables aspects de la vie des petites gens en Inde depuis les années 70 jusqu’au milieu des années 80. Quatre personnages : trois hommes et une femme.
Om et Ishvar qui tentent de sortir du métier traditionnellement attaché à leur caste, celle des tanneurs et qui deviennent tailleurs, ils seront poussés jusqu’à la grande ville de Mumbay par l’injustice et les mauvais traitements infligés par le potentat local qui a visiblement droit de vie et de mort sur les petites gens vivant dans le district.

Manekh, un jeune homme d’une famille de commerçants qui voudrait bien faire évoluer le commerce de son père mais se heurte à lui et qui finit par aller étudier à la ville et logera chez une amie de jeunesse de sa mère Dinah. Et enfin il reste Dinah, une jeune veuve qui avait fait un mariage d’amour qui accueille ce jeune homme contre un loyer, ce qui l’aide à survivre et à rester indépendante sans avoir à épouser un homme qui serait choisi par son frère.

Ce sont ces quatre personnages attachants que le destin réunit à Mumbay après bien des péripéties pour vivre une courte période de calme et de bonheur.
C’est à travers eux que Rohinton Mistry nous parle du climat politique du pays à cette époque, de la confrontation entretenue entre la communauté musulmane et les autres, de la corruption rampante qui gangrène tout, du régime autoritaire d’Indira Gandhi largement dévoyé par des exécutants sans scrupules, des problèmes urbains de Mumbay, de logement notamment, de la grande pauvreté et de l’impuissance des petites gens face à l’injustice, des castes bien sûr, un peu des mariages arrangés, du poids des traditions et du quand dira-t-on….mais surtout du couvercle de plomb posé sur ce système broyeur de vies et qui préserve l’Equilibre d’Un Certain Monde. Il s’en dégage une forme de désespoir, de tristesse face à la fragilité de la vie des misérables que rien ne pourra sauver durablement.

C’est un roman fleuve, un roman fresque d’une époque entre tradition et modernité, qui, je l’espère a évolué dans le bon sens. Je l’ai lu avec beaucoup de plaisir mais aussi avec de nombreuses pauses car tout ce que l’époque réserve de malheurs s’abat sur ces seuls quatre personnages ou presque, ce qui devient parfois un peu difficile. L’intérêt du roman réside plus dans cette gigantesque fresque et dans sa construction en boucles successives que dans un style d’écriture simple mais fleuri.

Cela reste pour moi un très bon livre et un premier contact que je compte bien prolonger avec d’autres romans de l’auteur.

domreader a écrit:

Je l’ai lu avec beaucoup de plaisir mais aussi avec de nombreuses pauses car tout ce que l’époque réserve de malheurs s’abat sur ces seuls quatre personnages ou presque, ce qui devient parfois un peu difficile.

Ah je suis contente de lire ça. Car c'est l'aspect du livre qui m'avait vraiment dérangée. J'avais eu l'impression que l'auteur voulait dénoncer bien des maux de l'Inde, et que, de ce fait, certaines péripéties étaient plus là pour aborder un sujet de société que pour servir réellement l'intrigue.
L'accumulation de malheurs qui s'abat sur les héros en devient excessive, et à mon sens, dessert quand même le propos.

Je te conseille vivement de lire Une simple affaire de famille. Un petit bijou d'équilibre et de sensibilité. La réalité parfois si cruelle de l'Inde est bel et bien présente, mais en toile de fond ; l'auteur s'est cette fois vraiment concentré sur ses personnages, et déploie tout son talent pour décrire l'infinie complexité des rapport familiaux, avec une subtilité et une tendresse qui m'ont durablement marquée. D'ailleurs, je crois que sur ce livre, nous sommes jusqu'ici tous d'accord !