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| Claudia Pineiro [Argentine] | |
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+7Charlie Marko Epi Maline Marie kenavo Aeriale 11 participants | |
Auteur | Message |
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Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Claudia Pineiro [Argentine] Ven 3 Juil 2009 - 9:48 | |
| Claudia Pineiro Claudia Piñeiro est née en 1960, dans la province de Buenos Aires. Elle est romancière, dramaturge et auteur de scénarios pour la télévision. Ce roman a été récompensé par le prix Clarín 2005. Les Veuves du jeudi Traduit de l'espagol par Romain Magras Présentation de l'éditeur - Citation :
- Au-delà des grillages et des barrières de sécurité se cache un écrin de verdure à la périphérie de Buenos Aires ; un havre de paix pour "gentlemen", à l’abri du tumulte d’une capitale grouillante et tentaculaire. Ici, on est entre gens de bonne compagnie. Une poignée d’amis se réunissent chaque semaine, loin des regards, pour discuter entre hommes. Les épouses, exclues de ces soirées, s’appellent avec humour "les veuves du jeudi". Un veuvage somme toute agréable, jusqu’à ce funeste jour de la fin septembre 2001 où la plaisanterie s’avère prémonitoire : les hommes sont retrouvés électrocutés au fond d’une piscine. L’attitude du seul rescapé laisse à penser que ce pourrait ne pas être le tragique accident qu’il y paraît. Derrière les façades clinquantes on découvre les grands secrets et les petites misères de ces nantis. Le regard est ici sans complaisance sur une société hypocrite et ostentatoire, dénuée de scrupules, tandis qu’approche l’effroyable crise économique qui a mis l’Argentine à terre. Déliquescence, chute annoncée d’une bourgeoisie affairiste, à mesure que la situation économique se dégrade croît l’impérieuse nécessité de nier l’évidence, de maintenir à toute force ce standing garant d’un certain statut social. Jusqu’à choisir l’impensable pour préserver les siens, les mettre définitivement à l’abri, tant du besoin que de la médiocrité de la plèbe
Le roman débute par la voix d'une de ces "veuves", ainsi dénommées car leurs maris ont pris l'habitude de se retrouver entre eux le jeudi soir. On comprend tout de suite que quelque chose vient de se passer, mais quoi exactement? L'auteur nous fait ainsi plonger dans cette atmosphère trouble à la façon d'un cinéaste de film noir, s'attachant à des détails qui prendront leur sens plus tard. Pour l'instant on suit Virginia, elle est l'agent immobilier qui a fourni la plupart des villas à ces habitants et elle les connait tous. Elle a même des fiches...Mais derrière les élégantes fenêtres, au delà des pelouses bien tondues ou des habitudes bien réglées, se camoufle ce qui commence à se déliter sournoisement. Un standing de pacotille, une bourgeoisie qui s'ébranle, et une crise économique dont l'ampleur n'est pas encore évidente mais qui va dévaster peu à peu les fondements de ce microcosme déconnecté du réel, figé dans ses certitudes. Claudia Pineiro est un maître en la matière. Sa façon de nous introduire à travers les pensées de chacun, dans leur intimité, et de nous révéler peu à peu leurs secrets, toutes ces choses que l'on cache pour maintenir coute que coute les apparences, est réellement prenant. On est proches d'eux (un peu plus de Virginia à cause du "je") mais on garde cette retenue de bon ton qui nous fait dévorer les pages pour en apprendre un peu plus. L'auteur sait magnifiquement jouer de cette bonne distance, ses anecdotes sont autant d'indices subtilement parsemés pour bien nous imprégner de cette atmosphère, feutrée mais subtilement féroce. C'est la description d'un monde en perdition, cloitré derrière ses privilèges, qui refuse de voir au delà de ses murs parce que tout simplement il n'a plus de repères et qui fint par sombrer. Excellent! - Citation :
- je regardai devant nous, vers le chemin qui nous ramenait à la route; il était désert; Je passai mon badge devant le lecteur et la barrière se leva. Dans le rétoviseur, il y avait les yeux de Juani et de Romina; ils observaient les miens. Ronie me tapa sur la cuisse pour que je le regarde. Il avait l'air effrayé.
Je lui demandai : "tu as peur de sortir?" | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Claudia Pineiro [Argentine] Ven 3 Juil 2009 - 17:28 | |
| Depuis que je l'ai eu en main dans ma librairie, ce livre me tente.. et maintenant il vient de me poursuivre jusqu'ici Merci en tout cas pour ton commentaire - vraiment très tentant Plus besoin de le noter, c'est déjà fait.. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Claudia Pineiro [Argentine] Ven 3 Juil 2009 - 18:58 | |
| Oui...laisse toi faire Kena, tu ne le regretteras pas! Il n'est pas encore très connu mais je suis tombée sur une critique d'une ancienne Parfumée (Sahkti) sur le web et elle a aussi adoré! - Sahkti a écrit:
- J'ai particulièrement aimé l'élégance de la plume de Claudia Piñeiro, sa manière sensible d'évoquer à pas feutrés ce qui ne peut être dit en pointant le doigt là où réside la douleur. Un excellent roman que je ne peux que conseiller tant il vous emporte dans un autre monde, pas vraiment glorieux mais terriblement envoûtant.
Sources ici | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| | | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Claudia Pineiro [Argentine] Jeu 21 Jan 2010 - 1:56 | |
| Assez réjouissant dans sa noirceur réaliste, ce roman ! Au début, on pense bien sûr au film de Rodrigo Pla, La Zona, propriété privée, ces résidences fermées de toute part dans lesquelles il faut à tout prix éviter de faire tache! Par la couleur de son gazon,la race de son chien l'attitude de ses enfants ou ses origines.. Pas de coréens, pas de juifs! Cette description est d'autant plus réussie qu'elle, on n'en doute pas une minute, la description d'univers tout à fait réels . J'en connais.. Mais si c'est un livre que l'on lit rapidement , pressé de savoir quand même pourquoi les maris ( sauf un..) se sont électrocutés dans cette piscine, même si ces femmes DHW argentines sont assez attachantes, surtout celle qui est agent immobilier et au courant de tout, c'est surtout un roman intéressant par ce qu'il nous raconte de l'histoire argentine récente, notamment sur le plan économique . Maintenant, on peut tranposer un peu partout, bien sûr.. - Citation :
- C'est que beaucoup de nos voisins avaient cru, à tort, que l'on pouvait vivre éternellement en dépensant tout ce que l'on gagnait. Et les sommes que l'on gagnait n'étaient pas rien, et cette manne semblait éternelle. Mais un jour, alors que personne n'avait rien vu venir, le robinet ne coulait plus et ils se retrouvaient dans la baignoire, couverts de savon, à regarder la pomme de la douche d'où plus la moindre goutte ne sortait .
Le vertige de la décennie qui s'achevait me donnait le tournis. Quand j'étais petite, l'argent mettait plus de temps à passer de main en main. Parmi nos connaissances, il y avait des familles très fortunées, dont les noms apparaissaient sous de multiples combinaisons; des propriétaires terriens, le plus souvent. Ils transmettaient ces terres à leurs enfants, qui ne les travaillaient plus, mais qui y installaient des paysans ,ce qui leur permettait d'en tirer encore une bonne rente, même si la somme était partagée entre tous les frères et soeurs. Mais ces frères et soeurs mouraient un jour aussi; alors les terres revenaient aux petits-enfants, et il y avait plus de disputes, plus d'ayants droit, et moins de rentes. Au bout du compte, ce que chaque personne recevait ne lui permettait plus de ne pas travailler, et les terres finissaient par être vendues par lots ou être perdues. Mais, malgré tout, même s'il ne faut jurer de rien, généralement, ce n'est qu'au bout de deux ou trois générations que cet argent qu'ils croyaient acquis ne l'était plus. En revanche, ces dernières années, l'argent changeait de main deux ou trois fois au cours de la même génération, et celle-ci finissait par ne rien y comprendre. Merci pour le conseil, Aériale! | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Claudia Pineiro [Argentine] Jeu 21 Jan 2010 - 7:34 | |
| Contente qu'il t'ait plu Marie! - Citation :
- Assez réjouissant dans sa noirceur réaliste, ce roman
Oui, l'analyse des rapports humains au sein d'un microcosme (ici dans une résidence chic argentine ) est particulièrement bien vu. Comme tu le dis on pourrait tranposer un peu partout mais j'imagine qu'en Argentine l'extérieur, du moins ce que l'on montre aux autres, est encore plus important qu'ailleurs. | |
| | | Maline Zen littéraire
Messages : 5239 Inscription le : 01/10/2009 Localisation : Entre la Spree et la Romandie
| Sujet: Re: Claudia Pineiro [Argentine] Mer 27 Jan 2010 - 21:37 | |
| Claudia Piñeiro n’est plus à son coup d’essai mais « Les veuves du jeudi » fut le premier roman que j’ai lu d’elle. Merci à aériale de m’avoir faire connaître cette écrivaine argentine.
Le live n’est pas essentiellement un lent roman policier mais le portrait de la bourgeoisie argentine aisée qui vit dans une zone résidentielle clôturée pendant la crise économique qui frappa le pays au début du nouveau siècle. Cette réalité reste sciemment à l’extérieur des murs jusqu’à ce qu’on ne peut plus la nier. Les familles vivent sans se soucier réellement du lendemain, les maris sont les seuls qui travaillent, qui gagnent l’argent pour une vie aisée et pourtant leurs familles dépensent d’avantage, sont pris au dépourvu dans la crise du crédit.
C’est en ce sens que le roman dépasse la réalité argentine et devient un livre beaucoup plus universel sur la vie nonchalante menée par une minorité alors que la société dans son ensemble soufre de ses excès. L’histoire es t essentiellement raconté par Virginia qui tient une agence immobilière pour cet ensemble résidentiel sécurisé - car son mari est au chômage - et qui grâce à son journal permet un regard discerné sur cette communauté. | |
| | | Epi Escargote Zen
Messages : 14255 Inscription le : 05/03/2008 Age : 64 Localisation : à l'ouest
| Sujet: Re: Claudia Pineiro [Argentine] Mer 27 Jan 2010 - 23:15 | |
| Vos commentaires font bien envie, heureusement, je vais bientôt le commencer, je vais faire durer mon Paul Auster jusqu'à vendredi et hop je m'y mets | |
| | | Epi Escargote Zen
Messages : 14255 Inscription le : 05/03/2008 Age : 64 Localisation : à l'ouest
| Sujet: Re: Claudia Pineiro [Argentine] Lun 15 Fév 2010 - 21:45 | |
| Les veuves du jeudi
Claudia Pineiro nous offre avec Les veuves du jeudi, la description d'un monde hyper protégé, autant par les hautes barrières de la résidence et ses gardes que par l'argent qui leur confère un pouvoir souvent abusif sur les moins favorisés, un pouvoir qu'ils exercent sans états d'âme, figés qu’ils sont dans la certitude de leur légitimité à garder à l’écart ceux qui ne font pas partie de leur classe. Ils sont à la recherche d'un monde parfait, c'est-à-dire un monde qui leur ressemble où l'autre renverra une image en tous points semblables à la leur et qu'ils pourront comprendre et aimer. Ils s’isolent, pour mieux profiter de leurs privilèges, pour échapper aux menaces réelles ou pas, de la société qui les entoure et qu’ils nient.
Et puis, peu à peu, la jolie bulle se fissure et laisse entrer un peu de cette réalité qui a été tenue à distance. La crise économique n'est plus ce vague problème qui ne touche que les autres, ceux de l'extérieur, elle fait son entrée, doucement, sournoisement, à l'intérieur de ce cocon et bouleverse les habitudes, les croyances, elle a raison de l'optimisme régnant et leur condition de nantis, fragile, est menacée. A travers l’histoire de quelques uns des habitants de la résidence, Pineiro dénonce le mode de vie d’une classe fermée qui ne se rend même pas compte de l’hypocrisie dans laquelle elle baigne, du racisme bon chic bon genre qui ne dit pas son nom mais qui fait partie intégrante de leur vie, du mépris dans lequel les classes inférieures, ici les domestiques, sont tenues. Leur vie est une comédie amorale et souvent vide de sens et C. Pineiro appuie exactement là où ça fait mal.
Heureusement, d'autres voix, celles des enfants Romina et Juani, qui refusent le modèle parental, viennent apporter un peu de nuance, un peu de fraîcheur dans ce monde lisse et glacé. On se dit qu’il y a de l’espoir, que ce modèle n’est pas et ne deviendra pas la norme.
Le livre est riche en critiques caustiques sur tout ce petit monde un peu ridicule et pathétique et les portraits que C. Pineiro brosse de ces gens, qui placent leur confort et leur sécurité au-dessus de tout, sont souvent savoureux d’humour et d’ironie.
J'évite généralement la littérature sud américaine, et j’avoue avoir eu un peu peur lorsque Aériale m’a proposé ce livre pour la chaîne. Eh bien, j'ai été agréablement surprise et j'ai passé un vrai bon moment. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Claudia Pineiro [Argentine] Lun 15 Fév 2010 - 21:53 | |
| Ce roman a-t-il influencé le cinéaste de "La zona"? | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Claudia Pineiro [Argentine] Mar 16 Fév 2010 - 0:13 | |
| - Citation :
- Ce roman a-t-il influencé le cinéaste de "La zona"?
Oui, j'avais pensé à ce film dès le début.. mais c'est de l'autre côté des barrières.. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Claudia Pineiro [Argentine] Mar 16 Fév 2010 - 19:16 | |
| Tout au long du roman j'imaginais ce qu'il pourrait donner filmé. Je le trouve assez visuel... Sinon, merci pour ton chouette commentaire Epi, qui rend bien compte de l'ambiance du roman et de l'idée qui en ressort. J'aime bien sa façon de pointer l'air de rien les petites bassesses de ses concitoyens à cette dame. Je la relirai surement mais pour l'instant elle n'est éditée qu'en espagnol. Rien à voir avec la littérature sud-américaine traditionnelle avec laquelle j'ai moi aussi un peu de mal | |
| | | Epi Escargote Zen
Messages : 14255 Inscription le : 05/03/2008 Age : 64 Localisation : à l'ouest
| Sujet: Re: Claudia Pineiro [Argentine] Mar 16 Fév 2010 - 20:35 | |
| - aériale a écrit:
- Tout au long du roman j'imaginais ce qu'il pourrait donner filmé. Je le trouve assez visuel...
J'ai vu tout à l'heure qu'une adaptation en a été faite, le film est sorti en Argentine en septembre et je crois en Espagne. Il faut que je retrouve ça pour les détails. Ca me plairait bien de le voir en tout cas. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Claudia Pineiro [Argentine] Mer 17 Fév 2010 - 12:40 | |
| Moi aussi ça me plairait drôlement! Je guetterai sur Amazon... Merci pour l'info Epi! | |
| | | Charlie Agilité postale
Messages : 970 Inscription le : 12/01/2010
| Sujet: Re: Claudia Pineiro [Argentine] Mer 17 Mar 2010 - 15:11 | |
| Encore un livre découvert grâce aux parfumés et….encore un très bon moment de lecture ! Epi, j’ai beaucoup apprécié la critique que tu en as fait : d’accord à 100 % avec toi… Ces quartiers résidentiels fermés, surveillés par des gardes, hyper-sécurisés…beurk, ça fait froid dans le dos…ces gens tellement sûrs de leur bon droit que c’en est écoeurant… - Citation :
- Quand elle sortit de la salle de bains, une serviette nouée autour du corps, Antonia [leur bonne] était déjà rentrée de l’école [conduire les enfants], elle avait fait sa chambre, laissé un plateau avec son petit-déjeuner sur la table de chevet, et elle était en train de ramasser le linge qu'elle avait jeté en boule au pied de son lit.
De toute évidence, ces femmes-là ont un biorythme différent du nôtre, pensa Mariana, ce sont de vraies bêtes de somme. Et elle se rallongea cinq minutes dans son lit. Et puis, peu à peu, l'air de ne pas y toucher, l'auteur nous fait découvrir les dessous…et c’est moche, très moche… - Epi a écrit:
Heureusement, d'autres voix, celles des enfants Romina et Juani, qui refusent le modèle parental, viennent apporter un peu de nuance, un peu de fraîcheur dans ce monde lisse et glacé. On se dit qu’il y a de l’espoir, que ce modèle n’est pas et ne deviendra pas la norme.
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