Laurent Mauvignier

Exactement Kenavo. J'ai pourtant plein de livres que j'ai envie de lire dans ma PAL, mais le 3 septembre, je me précipiterai, et le livre de Mauvignier ne fera même pas de détour par la case PAL! Merci pour ton soutien

Li a écrit:

Là, j'hésite entre : me jeter sur ce magazine, dévorer l'extrait mais en ressortir forcément frustrée (ce sera trop ou pas assez) OU attendre encore 2 mois (mais alors, il faudra que j'évite les marchands de journaux... )

Li...Je vais attendre...

Plus qu'une semaine à attendre pour Des hommes!

En ligne actuellement sur le site de Télérama, les "romans préférés" des journalistes pour la rentrée littéraire. Et parmi cette sélection, le livre de L. Mauvignier.

ici

Citation :

Des hommes,
de Laurent Mauvignier

Voilà trois ans, Laurent Mau­vignier signait Dans la foule, un roman en forme de ola déchaînée, une œuvre sismique sur la tragédie du Heysel, qui frappait par son style déferlant, ses phrases longues et noueuses, son art de l'apnée vorace. Il revient aujourd'hui avec la même endurance à l'estomac, pour explorer une zone trouble, quasi opaque, de l'histoire de France : la guerre d'Algérie, ce « séjour au club bled » que les appelés français ne purent jamais raconter aux leurs, parce que « oui, bon, c'est pas Verdun », alors il ne reste qu'à « continuer, reprendre, il faut avancer, ne pas remuer », et se relever la nuit avec une ques­tion lancinante : « Qu'est-ce qui m'a échappé ? Qu'est-ce que je n'ai pas compris ? Il faut bien que quelque chose soit passé tout près de moi, que j'ai vu, vécu, je ne sais pas, et que je n'ai pas compris. »

Des hommes s'ouvre comme un film de Maurice Pialat : nerveux, élastique, ravageur, le premier chapitre pourrait faire un roman à lui tout seul tant la déflagration est assourdissante. Un repas de départ en retraite, dans la salle des fêtes d'un village enneigé. Parmi les invités, Bernard, alias Feu-de-Bois, fait tache, comme ce verre de vin qu'il lancera sur le pull chiné blanc et jaune de sa sœur. Même son odeur, une puanteur savonnée pour l'occasion, est le symptôme d'un passé mal étouffé. Une quarantaine de pages, pour dire la mise en quarantaine d'un homme qui n'a même plus droit à son prénom, un homme ravagé par ce qu'il a vu en Algérie, quarante ans plus tôt : « Quels sont les hommes qui peuvent faire ça. Pas des hommes qui peuvent faire ça. Et pourtant. Des hommes. »

Au plus près de la flammèche qui maintient cette épave en vie, Laurent Mauvignier traque les dernières preuves de son humanité avec une délicatesse poignante, où la crudité le dispute au merveilleux, où la mesquinerie avoisine la grandeur d'âme. Ses retours à la ligne, au beau milieu des phrases, sont comme des hoquets asphyxiés, des déglutitions étranglées. Ses dialogues sans guillemets, agglomérés à la narration, sont un appel à la libre circulation de la parole : peu importe qui s'exprime, du moment que le non-dit peut vociférer. A moins que cela ne soit le constat désolé de l'impossibilité de faire entendre sa voix.

Des hommes est aussi un livre sur le droit au silence. Au fil des chapitres, respecti­vement intitulés « Après-midi », « Soir », « Nuit » et « Matin », la vérité la plus nauséeuse sur une époque honteuse se fait jour. L'atrocité dit son nom, l'opprobre, l'incrédulité, l'humiliation, la bestialité aussi.

Mais le témoin qui raconte a participé. Il s'appelle Rabut, cousin de Feu-de-Bois. Mystérieux narrateur, il se cache derrière les traumatismes en strates de Feu-de-Bois pour mieux se taire. « Alors, parler de lui, de Feu-de-Bois, Bernard, c'était déjà ça pour ne pas avoir à parler du tout », glisse-t-il au coin de sa confession salutaire. Ce doute sur la nécessité de briser le silence fait la force de ce livre à double fond, confiant dans l'irrémédiable cheminement de la conscience : « Ça a commencé par des mots écorchés, ou plutôt rabotés, escamotés, un flot sans aspérité, sans consonnes ni voyelles pour former des sons identifiables, mais on savait, je savais. »


Des hommes, de Laurent Mauvignier, éd. de Minuit, 288 p., 17,50 EUR (en librairie le 3 septembre). “Dans la foule” paraît en poche, chez Minuit, coll. Double.

Li a écrit:

Plus qu'une semaine à attendre pour Des hommes!

Li qui compte les jours..
cela me rappelle le temps quand j'énervais ma mère avec ma questions: combien de fois est-ce que je dois encore aller dormir avant que le Père Noël est là

Li encore quelques jours

Très bel article de Télérama et surtout très juste

Citation :

Voilà trois ans, Laurent Mauvignier signait Dans la foule, un roman en forme de ola déchaînée, une œuvre sismique sur la tragédie du Heysel, qui frappait par son style déferlant, ses phrases longues et noueuses, son art de l'apnée vorace.

Perso j'ai un peu de mal en apnée et je me souviens avoir souffert avec lui dans cette foule, mais il y a une puissance là dedans que l'on ne peut nier.

Comme vous j'attends ce dernier qui est encore parait-il un roman coup de poing détonant, un truc à marquer les âmes, d'après ce que m'en a dit une amie -elle l'a lu dans le cadre de la sélection Fnac- Le roman de la rentrée, pour elle en tout cas.

kenavo a écrit:

cela me rappelle le temps quand j'énervais ma mère avec ma questions: combien de fois est-ce que je dois encore aller dormir avant que le Père Noël est là

Tout à fait cela sauf que moi, je vous embête vous!

aériale a écrit:

Comme vous j'attends ce dernier qui est encore parait-il un roman coup de poing détonant, un truc à marquer les âmes, d'après ce que m'en a dit une amie -elle l'a lu dans le cadre de la sélection Fnac- Le roman de la rentrée, pour elle en tout cas.

Je ne doute pas que ce nouveau livre sera poignant... En y réfléchissant, c'est curieux au final d'attendre avec tellement d'impatience un livre qui fera mal. Mais c'est qu'il contient de la justesse, de la force, un style tellement particulier qui étouffe mais qui nous plonge au plus près d'émotions, de sentiments vibrants, de questionnements.

Li a écrit:

sauf que moi, je vous embête vous!

tu ne m'embêtes en aucun cas.. au contraire.. j'adore ton enthousiasme.. et une chose est certaine - ce livre je vais aussi le voir de plus près

kenavo a écrit:

Li a écrit:

sauf que moi, je vous embête vous!

tu ne m'embêtes en aucun cas.. au contraire.. j'adore ton enthousiasme..

... mais je floode un peu sur le fil de Mauvignier quand même avec mon décompte!

kenavo a écrit:

et une chose est certaine - ce livre je vais aussi le voir de plus près

Li a écrit:

Plus qu'une semaine à attendre pour Des hommes!

En ligne actuellement sur le site de Télérama, les "romans préférés" des journalistes pour la rentrée littéraire. Et parmi cette sélection, le livre de L. Mauvignier.

ici

Vu aussi...et fébrilement attendu...

Li a écrit:

Tout à fait cela sauf que moi, je vous embête vous!

mais non Li! au contraire, c'est ce qu'on aime ici: des lecteurs passionnés qui savent donner un echo à leurs sensations.

Je vais retenter l'immersion Mauvigniesque avec vous, c'est certain!

Puisque je tiens des passionnées de l'auteur....pensez-vous que mon achat (pour une bouchée de pain) parisien Apprendre à finir ne me fera rien regretter?
Lorsque j'ai vu le nom de l'auteur, Coline et Aériale me sont tout de suite venues à l'esprit et je n'ai pu résister à l'appel de la découverte

Chatperlipopette a écrit:

Puisque je tiens des passionnées de l'auteur....pensez-vous que mon achat (pour une bouchée de pain) parisien Apprendre à finir ne me fera rien regretter?

Personnellement, je suis une inconditionnelle de Laurent Mauvignier...Ce titre m'avait énormément touchée pour des raisons personnelles...Mais tous ses ouvrages me touchent pour leurs qualités littéraires.
J'espèreque tu ne regretteras pas Chappy...

aériale a écrit:

Je vais retenter l'immersion Mauvigniesque avec vous, c'est certain!

Chaperlipopette a écrit:

Puisque je tiens des passionnées de l'auteur....pensez-vous que mon achat (pour une bouchée de pain) parisien Apprendre à finir ne me fera rien regretter?

Je suis aussi une inconditionnelle. Si je devais n'en conseiller qu'un cependant, ce serait sûrement "Dans la foule"... Mais j'aime tous les livres de Mauvignier.

Bonne future lecture de Apprendre à finir!

Li a écrit:

aériale a écrit:

Je vais retenter l'immersion Mauvigniesque avec vous, c'est certain!

Chaperlipopette a écrit:

Puisque je tiens des passionnées de l'auteur....pensez-vous que mon achat (pour une bouchée de pain) parisien Apprendre à finir ne me fera rien regretter?

Je suis aussi une inconditionnelle. Si je devais n'en conseiller qu'un cependant, ce serait sûrement "Dans la foule"... Mais j'aime tous les livres de Mauvignier.

Bonne future lecture de Apprendre à finir!

Ouep!...Nous allons nous mettre routesensemble à la lecturedu dernier Mauvignier...

Et je suis d'accord avec toi Li, Dans la foule est le plus grand pour l'instant, même si je les aime tous...
C'est immense d'avoir réussi à ce point un roman sur un tel sujet...

Il passe de main sur France inter dans Esprit critique de 9h10 à 9h35.

Citation :

Vincent Josse reçoit l'écrivain Laurent Mauvignier à l'occasion de la parution de son dernier roman "Des Hommes" (ed. Minuit). Ces "Hommes" ont été appelés en Algérie au moment des « événements », en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d'autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies. Mais parfois il suffit de presque rien, d"une journée d’anniversaire en hiver, d’un cadeau qui tient dans la poche, pour que, quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier.

Je mettrai le lien sur le fil A la radio demain dans la journée.