Laurent Mauvignier

coline a écrit:

rivela a écrit:

Citation :

La fille – elle a eu treize ans hier -, têtue, bornée,

page 57

Ces deux tirets ont la même fonction que des parenthèses. Ils sont là pour délimiter une incise. Ils servent à mettre cet élément en évidence.

Merci pour ta réponse Coline, c'est une façon de faire qui regarde l'écrivain.
Par moment c'est bizarre quand au milieu d'une page il y a un tirait et c'est tout, juste 1 tirait qui fait une séparation dans la phrase. Est-ce vraiment utile?
par ex. page 76-77
Est-ce que d'autres écrivains écrivent comme ça ?

rivela a écrit:

Merci pour ta réponse Coline, c'est une façon de faire qui regarde l'écrivain.
Par moment c'est bizarre quand au milieu d'une page il y a un tirait et c'est tout, juste 1 tirait qui fait une séparation dans la phrase. Est-ce vraiment utile?

Je perçois ces tirets comme des formes de "respiration" (et de rythme aussi) dans la phrase... Et souvent ils ont grand besoin de souffler les personnages de Mauvignier!

rivela a écrit:

J'ai une question, dans son écriture il y a quelques fois des barres avant une phrase ou à la fin d'une phrase et même au milieu d'une phrase, c'est assez inédit pour moi je ne crois pas avoir vu cela avant

c'est intéressant de voir ton questionnement..
je ne me suis pas posée des questions - probablement parce que j'en utilise personnellement aussi et non, je ne me considère pas comme écrivain - mais surtout parce que je connais cela de la langue allemande ..
ce qui est intéressant en plus: en allemand, ce tiret s'appelle : Gedankenstrich (trait de pensée) - comme quoi l'explication de Li en vient très près.. c'est pour respirer.. pour penser

Trait de pensée - quelle belle invention.

kenavo a écrit:

ce qui est intéressant en plus: en allemand, ce tiret s'appelle : Gedankenstrich (trait de pensée) - comme quoi l'explication de Li en vient très près.. c'est pour respirer.. pour penser

Très chouette explication! Des "traits de pensée"... Joli.

Je ne vais pas revenir sur l'histoire Des hommes, vous en avez déjà suffisamment discuté, et brillamment qui plus est

Mais ce qui m’a le plus interpellé dans ce récit n’est pas l’histoire en elle-même mais l’écriture très particulière de Laurent Mauvignier : les phrases sont aussi pressées que brisées tandis que les mots sont martelés et se cognent sans cesse à de multiples virgules et points de suspension. Cela donne un ton très singulier à l’ensemble du roman, il y a comme une précipitation et une urgence à dire des mots qui se bousculent dans la tête : nous sommes dans l’émotion de l’instant vécu et non dans la reconstruction ‘par après’, nous sommes ici et maintenant dans les pensées des protagonistes, contraints de plonger la tête la première dans leurs angoisses, nous errons au plus près de leurs doutes et incertitudes. Ce procédé confère au récit une grande puissance d’évocation : cette écriture empêche toute mise à distance, on ne peut qu’être ému de partager la pensée hésitante de ces hommes qui ont connu la guerre et qui ne trouvent pas les mots pour en parler à leur retour.

Au final, un roman dont on retient surtout la force, la justesse et l’intensité des émotions. L’écriture si particulière de l’auteur y étant pour beaucoup, mais je me demande tout de même si le risque de m’en lasser ne me guetterait pas à un moment donné, tant j’ai le sentiment que ce style d’écriture peut vite tourner au procédé au risque de tomber dans une certaine facilité. Ce n’est pas du tout le cas dans ce roman, mais je ne peux m’empêcher de me poser la question…

J'ai abandonné Des hommes. Je pense être totalement allergique à l'écriture que je trouve relever du procédé. Et je n'ai trouvé aucun intérêt pour les personnages. Je me suis arrêté vers la page 100, je n'ai pas eu de déclic comme Sentinelle, et je ne pense vraiment pas l'avoir.
Je pense que je vais laisser cet auteur de côté.

Arabella a écrit:

J'ai abandonné Des hommes. Je pense être totalement allergique à l'écriture que je trouve relever du procédé. Et je n'ai trouvé aucun intérêt pour les personnages. Je me suis arrêté vers la page 100, je n'ai pas eu de déclic comme Sentinelle, et je ne pense vraiment pas l'avoir.
Je pense que je vais laisser cet auteur de côté.

C'est marrant depuis le temps qu'on en parle , ma curiosité m'a fait feuilleter en librairie "Des hommes "et d'autres livres de lui ," La foule" je crois , son écriture m'a fait fuir

Compte tenu de mon expérience, je ne vais pas essayer de te faire changer d'avis Darkanny.

Mais je pense que d'autres vont s'y essayer

Merci pour tes mots sublimes Sentinelle, qui me redonnent la sensation de ce que j'ai moi même éprouvé lors de ma lecture...

sentinelle a écrit:

Au final, un roman dont on retient surtout la force, la justesse et l’intensité des émotions. L’écriture si particulière de l’auteur y étant pour beaucoup, mais je me demande tout de même si le risque de m’en lasser ne me guetterait pas à un moment donné, tant j’ai le sentiment que ce style d’écriture peut vite tourner au procédé au risque de tomber dans une certaine facilité. Ce n’est pas du tout le cas dans ce roman, mais je ne peux m’empêcher de me poser la question…

la question est justifiée je pense.. je me suis précipitée après Les Hommes sur Apprendre à finir et bien que je suis encore une fois sortie toute enthousiasmée - pour La foule que je me suis aussi achetée par apèrs, il me faut une pause..

Arabella a écrit:

Je pense que je vais laisser cet auteur de côté.

ce n'est pas si grave, il y a encore tellement d'autres lectures à faire.. et puisque lire doit rester un plaisir, pourquoi se forcer avec un auteur qu'on n'apprécie pas

Arabella a écrit:

Mais je pense que d'autres vont s'y essayer

en ce qui me concerne, certainement pas.. je me réjouis si d'autres aiment un livre que j'ai aimé, dévoré, ... mais comme Darkanny a déjà fait quelques 'tests' en librairie et n'a pas accroché - je ne pense pas qu'il faut encore pousser plus

J'ai lu Des Hommes.

C'est un livre fort, le récit des atrocités de la guerre d'Algérie est parfois insoutenable, l'histoire de ces hommes est bouleversante.
Comment continuer à vivre après avoir vu autant d'horreurs effroyables ?

Un petit bémol : même si j'ai beaucoup apprécié le style qui porte bien le propos de l'auteur, le manque de ponctuation dans les dialogues (il faut "entendre" les phrases....) rend parfois le texte très dense et c'est assez difficile de lire longtemps en gardant un maximum de concentration.

Charlie a écrit:

Un petit bémol : même si j'ai beaucoup apprécié le style qui porte bien le propos de l'auteur, le manque de ponctuation dans les dialogues (il faut "entendre" les phrases....) rend parfois le texte très dense et c'est assez difficile de lire longtemps en gardant un maximum de concentration.

ah oui.. Laurent Mauvignier est un auteur qui "demande" quelque chose de son lecteur moi je suis arrivée à le terminer en faisant des pauses pendant la lecture.. ce n'est pas un 'tourne pages'.. on doit lui laisser le temps d'agir.. et on doit se donner le temps d'absorber.. pour moi une, sinon LA lecture marquante de l'année dernière

kenavo a écrit:

ce n'est pas un 'tourne pages'.. on doit lui laisser le temps d'agir.. et on doit se donner le temps d'absorber.. pour moi une, sinon LA lecture marquante de l'année dernière

C'est le forum qui m'a donné envie de découvrir cet auteur

Je vais laisser un peu décanter...mais je pense que ce livre va me marquer aussi ....

kenavo a écrit:

Charlie a écrit:

Un petit bémol : même si j'ai beaucoup apprécié le style qui porte bien le propos de l'auteur, le manque de ponctuation dans les dialogues (il faut "entendre" les phrases....) rend parfois le texte très dense et c'est assez difficile de lire longtemps en gardant un maximum de concentration.

ah oui.. Laurent Mauvignier est un auteur qui "demande" quelque chose de son lecteur moi je suis arrivée à le terminer en faisant des pauses pendant la lecture.. ce n'est pas un 'tourne pages'.. on doit lui laisser le temps d'agir.. et on doit se donner le temps d'absorber.. pour moi une, sinon LA lecture marquante de l'année dernière

Moi j'apprécie ce style, pas de ponctuation c'est pas grave car en lisant je donne mon propre rythme au phrases qui défilent, on appelle ça une écriture musical pour certains auteurs.
Il faut de la concentration être attentif aux mots et petit à petit tu entend résonner les mots dans ta tête comme une musique, et c'est toi le lecteur qui donne vie à la ponctuation du texte.
C'est ce qui m'est arrivé avec ce livre, ce que j'apprécie énormément et qui fait que pour moi c'est un livre très réussit

Charlie a écrit:

J'ai lu Des Hommes.

(il faut "entendre" les phrases....) .

Oui, la langue de Mauvignier est celle de l'oralité le plus souvent...