Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Dominic Cooper

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MessageSujet: Dominic Cooper   Dominic Cooper EmptyVen 13 Avr 2007 - 23:03

Dominic Cooper Cooper10
"C'est dans la région d'Argyll, en Ecosse, que réside aujourd'hui l'écrivain Dominic Cooper. Il est l'auteur de trois romans accueillis favorablement par le public et la critique : 'Le Coeur de l'hiver' (1975) , 'Sunrise' (1976) et 'Men at Axlir' (1978). Pour l'heure, seul son premier ouvrage, qui a par ailleurs reçu le Somerset Maugham Award - prestigieuse distinction littéraire britannique - a été publié en France." EVENE
"Le coeur de l'hiver" est le seul roman traduit en français.

Je l'ai lu car il fait partie de la sélection du 5è prix des lecteurs du télégramme. C'est un excellent livre à l'écriture poétique et sublime.

Une île écossaise, l'Atlantique autour, la belle saison décline lentement dans l'hiver. Un homme seul dans sa ferme isolée dans la lande, seule dans un village fantôme déserté par la misère et la dureté de la vie quotidienne. Alasdair Mor, pêcheur de homards, accroché à son univers familier.
Dès les premiers mots, la poésie saisit le lecteur et le séduit. En quelques phrases, l'auteur plante le décor de cette île sauvage et pauvre où les hommes sont dispersés et livrés à la Nature:

« Le soleil.Et ce qui plus tôt ce jour d'automne avait été une explosion de chaleur immense et illimitée était à présent une puissance domptée recouvrant d'une mince couche de cuivre les plaines de l'Atlantique. La lumière scintillante ne cessait de progresser sur la mer, kilomètre après kilomètre, atteignait les rochers et les récifs de la côte, se glissait sur les terrasses de la rive et les traversait, grimpait avec force les cinquante derniers mètres de la falaise où l'herbe et les bouleaux nains avaient été écrasés contre la surface de la terre et puis elle plongeait dans les collines tapissées de bruyère et de sphaigne qui s'étendaient en terrasses et en pentes douces remontant jusque dans le ciel bleu au-dessus de l'île. Une brise légère transportait l'odeur du myrte bâtard et de la bruyère, de la vie marine. Et ainsi tout au long de la côte du grand promontoire dénudé, de sorte que toute la masse rocheuse qui se dressait, avec à son extrémité aplati et arrondie, au milieu de l'océan, adoucie par les dernières semaines du long été qui précédait l'inévitable hiver, avec ses vents et ses pluies, tremblait de chaleur et de vie. »

Ce roman balance entre violence et douceur, entre chaleur et froidure, enveloppant d'une poésie omniprésente la rugosité de l'histoire.
Dominic Cooper utilise une gamme infinie de termes pour décrire l'impétuosité des éléments terrestres ou maritimes, pour peindre les couleurs multiples de la mer et du ciel, pour exprimer la désolation d'une langue de terre battue par les vents et les pluies.
Très vite, le lecteur subodore un drame naissant, un début de tragédie digne des grandes sagas nordiques...un esprit de vengeance souffle parmi les embruns et la bruyère. Une méchanceté terrée ne demande qu'à surgir dans l'immuable des gestes quotidiens. Un antagonisme larvaire entre deux hommes qui ne se connaissent pas, une jalousie grignote l'esprit de l'un pour abattre l'autre. Puis des actes plus inavouables les uns que les autres dans cet univers où la vie rare est précieuse et digne de respect.

Cooper embarque son lecteur dans la monotonie du labeur , dans la communion chaleureuse avec les animaux, compagnons de misère de l'homme solitaire qu'est Alasdair Mor. On ne peut qu'être ému à la description de la traite de la vache des Highlands: Alasdair chantonne une mélopée douce, issue du fond des âges, sertissant ce geste millénaire des beautés poétiques de la langue de la tradition. Le temps s'arrête l'espace d'un instant: l'homme écoute l'animal et tout est apaisé.
Le coeur de l'hiver sera le point culminant de la tragédie humaine jouée sur cette lande désolée, un hiver cinglant, ivre de morsures et de vents malgré la douceur trompeuse d'une neige annociatrice d'un renouveau après l'ombre sanglante d'un massacre.
L'esprit des sagas n'est jamais loin dans ce récit épique et tragique d'une Ecosse où la vie n'épargne personne.

Un roman où les sensations sont évoquées avec brio et une écriture d'une rare maîtrise. Une balade écossaise aux accents lyriques et désenchantés où l'atemporalité et l'universalité du destin de l'Homme nous sont contées avec une sauvage poésie.
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MessageSujet: Re: Dominic Cooper   Dominic Cooper EmptyVen 20 Avr 2007 - 23:21

"Le coeur de l'hiver." Dominic Cooper. Roman. Editions Métailié, 2006.

Il existe en littérature un thème romanesque, celui du vieil homme confronté à une nature hostile, qui a donné lieu à de nombreux chefs d'oeuvre dont les plus célèbres sont, entre autres, « Le vieil homme et la mer » d'Hemingway, « le vieux qui lisait des romans d'amour » de Luis Sepulveda ou encore « Le jour avant le lendemain » de jorn Riel.

« Le coeur de l'hiver » de Dominic Cooper appartient lui aussi à ce genre littéraire et , à l'instar des exemples cités plus haut, est digne d'être classé en bonne place parmi ces excellents romans.

Le personnage central du récit, Alasdair, est un homme des highlands qui, depuis la mort de son père et le départ de son frère, vit seul et exploite la petite ferme familiale située sur la côte occidentale de l'Ecosse.
Sur ces rivages battus par les vents de l'Atlantique, la vie est âpre et rude, et les quelques hommes qui n'ont pas abandonné le pays pour la sécurité des grandes villes, doivent se contenter d'une vie fruste et solitaire.
Alasdair partage son temps entre la pêche au homard, dont la vente lui permet de subvenir à ses besoins, et l'élevage de ses bêtes. Cet homme dont le physique peu avenant le fait considérer par les autres comme un simple d'esprit, mène sa vie solitaire avec bon sens et simplicité, en accord avec les rythmes de la nature et ses bêtes avec qui il entretient une relation empreinte de respect et de complicité.
Pour lui, la vie s'est toujours écoulée paisiblement, jusqu'au jour où un vient s'établir à proximité un personnage inquiétant qui, sans raisons aucune, voue une haine implacable à Alasdair. Cet homme, surnommé An Sionnach ( « le renard » en gaëlique) va tout faire pour nuire à Alasdair et pousser celui-ci dans ses derniers retranchements.

« Le coeur de l'hiver » est un récit superbe et tragique, un drame épique digne des sagas scandinaves du moyen-âge ( Dominic Cooper cite, en ouverture de son roman "la Saga de Njall le Brûlé", une des plus belles et plus célèbres sagas islandaises), une sombre histoire de vengeance où deux hommes s'opposent au sein d'une nature sauvage, belle et violente.

Cette nature, omniprésente dans le roman, se voit magnifiée par l'écriture puissante et évocatrice de Dominic Cooper qui restitue talentueusement par la magie de sa prose la violence et le déchaînement des éléments qui s'abattent sur cette côte tourmentée qui résiste depuis des temps immémoriaux aux titanesques assauts de l'océan. Qu'on en juge par cet extrait :

« Les nuages remplissaient le ciel après s'être bousculés à l'horizon comme autant d'oiseaux apeurés fuyant un grand incendie. En dessous d'eux les rangées de vagues traversaient la mer sans répit, leur crête blanchie ici et là par un vent tourbillonnant à la surface, et lançaient leur puissance si longtemps retenue sur les rochers du rivage. Lorsque les vagues, poussées par le vent, approchaient de la côte, elles rencontraient les récifs et les talus, prenaient de la hauteur jusqu'à ce qu'il paraisse impossible qu'avec leur frange blanche bouclée elles puissent avancer d'un mètre encore sans culbuter la tête la première à leurs propres pieds. Et pourtant elles avançaient – elles couraient de l'avant comme des jongleurs, maintenant haut leur crête à la limite de la perte d'équilibre de sorte que leur élan prenait d'autant plus de puissance pendant les derniers mètres de leur parcours. Alors enfin elles atteignaient la côte et après un dernier effort elles se dressaient, restaient immobiles une seconde avant de se jeter sur la terre.
Elles explosaient de mille manières différentes – certaines, apparemment, avec hostilité, d'autres avec une haine orageuse, d'autres avec une délicate allégresse, d'autres encore avec soulagement – mais elles projetaient toutes d'immenses nappes d'écume et de lait salé sur les rochers noirs et les promontoires rocheux. Parfois ces vagues sauvages enveloppaient complètement les rochers d'un mélange explosif d'eau et d'air qui dissimulait brièvement toutes choses. A d'autres moments – lorsque une vague se brisait trop tôt – les eaux écumeuses se précipitaient sur les rochers les plus plats comme de jeune s agneaux fuyant par dessus un mur. Et alors des bras, des doigts, des ongles d'écume s'immisçaient dans les fentes et les crevasses, les plis, les tunnels et les grottes au point que la roche morose se retrouvait tout à coup animée d'une vie palpitante et sinueuse. Mais l'élan finissait par mourir, les eaux menaçantes étaient freinées, s'arrêtaient et commençaient à retomber, pour être aspirées et tirées en arrière jusque dans la gueule de la vague suivante. La côte tout entière, aussi loin que l'on pouvait voir, était frangée par cette toison bouillonnante. »


« Le coeur de l'hiver » est un roman aux accents épiques, magistralement mis en scène par la prose de Dominic Cooper, une ode à la nature sauvage, un chant de vie et de mort où souffle le vent du grand large. La violence des hommes, semblable en cela à celle de l'océan, s' y déchaîne sans prévenir et rejette, quand la colère s'est apaisée, les corps brisés de ses victimes.
Ce roman, dont l'écriture, par sa puissance, rappelle celle de Hermann Melville, nous laisse, une fois la dernière page tournée, comme étourdis, sonnés, par le déferlement des vagues et les bourrasques de vent glacial sur la lande déserte. Un grand roman.
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MessageSujet: Re: Dominic Cooper   Dominic Cooper EmptySam 21 Avr 2007 - 10:51

jeudi soir, je suis allée écouter un des auteurs retenu pour le prix des lecteurs du télégramme: Dominique Manotti (une écriavaine en fait et non un écrivain). J'ai eu l'occasion d'échanger avec des personnes participant au prix et celles-ci ont été plus que charmées par "Le coeur de l'hiver"...donc, a priori il fait l'unanimité! Et j'en suis ravie.
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MessageSujet: Austère lande d'hiver   Dominic Cooper EmptyMer 23 Juil 2008 - 18:05

Le roman de Dominic Cooper Le coeur de l'hiver ne ressemble à aucun autre et son action sur les rives d'Ecosse aux fougères battues de vent et de marées violentes et destructrices nourrit 180 pages d'un lyrisme panthéiste qui me fait penser à la littérature indienne(Amérique du Nord).Alasdair Mor exploite une toute petite ferme et vit surtout de la pêche au homard.Mais la haine et la violence vont rattraper ce coin d'enfer pour une histoire de voisinage.

La brutalité qui s'immisce dans le récit n'empêche pas de comprendre les véritables héros de l'histoire,l'océan mugissant,le vent de glace et la lande déserte où pourrait errer le chien des Baskerville par exemple,cette saisissant aventure de Sherlock Holmes qui nous rattache vite à la tourbe écossaise.Livre du temps,aussi,du temps et des saisons,du froid qui dévore les mains d'Alasdair lors de sa rude tournée des casiers de crustacés.Le coeur de l'hiver a été publié en 75 et les Editions Métailié viennent d'en publier la traduction française dans une collection Bibliothèque écossaise attirante comme un vieux scotch au coin du feu.
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MessageSujet: Re: Dominic Cooper   Dominic Cooper EmptyMer 23 Juil 2008 - 19:51

Oh lala ! Encore un que je note !!
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MessageSujet: Re: Dominic Cooper   Dominic Cooper EmptyMer 23 Juil 2008 - 20:06

Je l'avais déjà noté, il est bien rangé, dans une pile....
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Bédoulène
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MessageSujet: Re: Dominic Cooper   Dominic Cooper EmptyMer 23 Juil 2008 - 20:44

Je note aussi, conquise par les commentaires de Chappy et Biblio !
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MessageSujet: Re: Dominic Cooper   Dominic Cooper EmptySam 31 Oct 2009 - 18:29

Vers l'aube,roman de Domnic Cooper,auteur peu distribué à ma connaissance,chez Métailié,comme Le coeur de l'hiver.
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MessageSujet: Re: Dominic Cooper   Dominic Cooper EmptyMer 4 Nov 2009 - 17:29

Vers l'aube

Il en faut pour tous les goûts, mais je dois dire qu'à la lecture de ce livre, je me suis principalement… ennuyée ! Le thème de la fuite, de l’errance, le retour à la nature, le début d’une nouvelle vie à presque soixante ans, voilà qui aurait pu me plaire, mais la rencontre n’a pas eu lieu.
L’écriture est très belle, très évocatrice, on croit sentir l’odeur de la tourbe, entendre les cris des oiseaux ou le bruit des pas sur un sol spongieux, être ébloui par la lumière sur la mer, mais au bout des deux tiers du livre environ, j’ai trouvé toutes ces descriptions de paysages répétitives, et j’avais envie de voir l’Ecosse pour de bon et pas sur le papier ! Les interrogations de Munro m’ont aussi paru intéressantes durant un temps, mais pas assez pour empêcher mon esprit de vagabonder ailleurs, ce qui est précisément la chose à ne pas faire avec ce genre de livre !
Je ne pense pas faire un autre essai avec cet auteur, trop contemplatif à mon goût.
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kenavo
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MessageSujet: Re: Dominic Cooper   Dominic Cooper EmptyMer 4 Nov 2009 - 17:37

kathel a écrit:
Il en faut pour tous les goûts, mais je dois dire qu'à la lecture de ce livre, je me suis principalement… ennuyée ! Le thème de la fuite, de l’errance, le retour à la nature, le début d’une nouvelle vie à presque soixante ans, voilà qui aurait pu me plaire, mais la rencontre n’a pas eu lieu.
oups.. à peine que je découvre, Kathel me refroidit Very Happy
mais j'aime toujours plusieurs avis.. je pense que je vais avoir envie de découvrir.. mais alors certainement pas après une lecture que je fais à l'instant avec Stifter - aussi TREEEEES contemplatif- , sinon je vais jeter le livre immédiatement par la fenêtre Cool
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Marko
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MessageSujet: Re: Dominic Cooper   Dominic Cooper EmptyMer 4 Nov 2009 - 17:39

Merci Kenavo d'attirer mon attention sur ce fil... Un style de littérature qui me convient complètement. J'ai commandé le livre dont parlent les chaperlibibliopettes Very Happy
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Bédoulène
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MessageSujet: Re: Dominic Cooper   Dominic Cooper EmptySam 25 Fév 2012 - 17:03

je viens de terminer "le coeur de l'hiver" !

Chappy et Biblio l'ont si bien et justement commenté, donc je veux seulement dire que je suis sous le charme de cette écriture poétique.

Cet homme frustre, solitaire lorsqu'il traie sa vache, c'est un acte d'amour : "Ici, dans le chant qu'il fredonnait tout bas au moment de la traite, son âme, en dépit de lui-même et de son incapacité habituelle à s'exprimer, s'épanouissait en quarts de tons tremblants et en immenses points d'orgue mouvants qui se prolongeaient à la manière des fils de laine entremêlés à la trame complexe du ruisseau et du ressac lointain.
Il trayait lentemnet, tentant de prolonger les moments d'oubli, les yeux parfois grand ouverts, parfois mi-clos, la la tête rejetée en arrière puis s'inclinant lentement vers l'avant pour se poser sur le flanc de la vache où il sentait la douceur et la pulsation tiède de l'animal se mêler aux rythmes liquides de la mélopée. Son front glacé se ressa contre l'épais poil rouille, son nez pointu inhala les parfums de la vie terrestre, plus riches selon lui que toutes les concoctions des humains. Puis il fit rouler sa tête vers la gauche afin que son oreille touche le flanc de la vache et il entendit, pareils aux vagues notes pincées et résonnantes d'une basse obligée, les mouvements intestinaux de la bête."


" car le ciel était vide de tout nuage et la terre recouverte d'une tente d'un bleu délavé arrimée à l'horizon par un ourlet de lumière qui luisait comme un éclair glacé"

"Alasdair, plissant violemment les yeux, regarda le soleil. Le nouveau soleil, le soleil d'hiver. Un citron de feu glacial ce matin, une orange sanguine ce soir"

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MessageSujet: Re: Dominic Cooper   Dominic Cooper EmptyMar 25 Sep 2012 - 11:14

Nuage de cendre

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L’Islande du XVIIIème siècle est une colonie qui subit la présence danoise ; pays sauvage, où la nature est à la fois superbe et hostile, les conditions climatiques infernales, la famine et la variole font rage. Et tout ceci laisse sa marque sur les comportements des hommes et est une porte ouverte aux pires excès.
Deux jeunes frères et sœurs orphelins sont condamnés à mort pour une relation incestueuse dont est né un enfant. Certains les honnissent, d’autres cherchent à les excuser, les protéger. Ils vont dans ce sombre contexte être les otages de deux shérifs, qui règlent à travers eux leurs comptes personnels avec sadisme et insouciance. Leurs ressources de vilenies sont assez impressionnantes.

Cette histoire se base sur des faits réels. La description du contexte islandais est à la fois instructive et passionnante
On regrette un peu une certaine difficulté à suivre le récit. Il est déjà difficile de s’orienter parmi des personnages nombreux, des lieux multiples (et j’ai beaucoup de mal à retenir leurs noms islandais compliqués), et l’on s’y perd un peu, la carte proposée en début d’ouvrage ne permet pas toujours de s ‘y retrouver. En outre, Dominic Cooper, qui entretient jusqu’à la fin l’ambiguïté sur ses personnages, fait le choix d’utiliser de nombreux retours en arrière (et retours en arrière dans les retours en arrière, qui sont autant de grands écarts temporels), de changer son point de vue de narrateur en passant d’un personnage à l’autre sans toujours le nommer, d’entretenir le mystère en ne précisant pas toujours l’identité du personnage qui intervient, nous le laissant supposer ou deviner. Cela donne un roman aux péripéties intéressantes, certes, mais un peu maladroitement touffus, voire confus par moments, dont on se demande parfois si ce n’est pas un brouillon qui aurait mérité d’être retravaillé

Tout cela fait un roman qui tentera les amateurs de nature souveraine, de personnalités perverses et tortueuses,mais artificiellement compliqué par la narration, alors que les personnages étaient bien assez complexes pour satisfaire le lecteur. Dommage.
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MessageSujet: Re: Dominic Cooper   Dominic Cooper EmptyMar 26 Fév 2013 - 14:36

Nuage de cendre

On dirait une tragédie antique : il y a d'abord, en toile de fond, l'Islande, qui après deux hivers interminables (de la neige en juin !), connaît une période apocalyptique quand, en 1783, les volcans recouvrent le paysage de cendre. Il y a aussi une haine entre deux hommes, haine qui se transmet ensuite aux descendants, et va donner lieu à une terrible vengeance. Il y a aussi un amour maudit, condamné par la loi. Puis il y a les habitants, affaiblis par la variole, le froid, la faim, qui donnent chacun leur avis différent sur les événements. Et comme dans les tragédies, presque tous les personnages principaux périssent ou deviennent fous. Un très beau récit, sobre et glaçant.
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