Jean-Pierre Milovanoff

Biographie de Jean-Pierre Milovanoff

Né d'un père russe ayant quitté son pays en 1919 et d'une mère provençale, Jean-Pierre Milovanoff rassemble toutes les dimensions d'une Europe bouleversée par deux guerres, du 'pessimisme de la Méditerranée' à la 'mélancolie de la steppe'. Il suit des études de lettres à Montpellier et à la Sorbonne, tient une émission à la radio, séjourne à Paris, Montpellier et Copenhague, déploie et manipule un langage envoûtant et mélodieux depuis la publication de son premier roman 'La Fête interrompue' (1970). L'homme est aussi calme et posé que la plume est impétueuse et tourmentée : on ne s'étonne pas alors de voir Milovanoff faire de la poésie sa seconde langue. 'Borgo Babylone', 'La Ballade du lépreux' et 'Noir devant' sont les recueils de poèmes dans lesquels il a exprimé la magie des arbres, des grands espaces, de la liberté, préférant l'ellipse à l'outrance. Jean-Pierre Milovanoff a reçu pour 'Le Maître des paons' le prix Goncourt des lycéens.

Source: evene.fr

L'Amour est un fleuve de Sibérie

Citation :

Editeurs
Au départ de ce beau roman, écrit dans la langue même de la mélancolie, mais corrigée par le sens de l'absurde, il y a une voix qui apostrophe le sosie de l'auteur, M. Milianoff : " On se connaît depuis longtemps. Vous fréquentiez le café-hôtel de La Bélugue. Ma mère vous réservait toujours sa meilleure chambre ".
La voix, c'est celle de Silvio, gardien d'un camping au bord de la mer en Camargue, entre ses caravanes vides et ses bungalows clos, un rêveur, un doux perdu, l'un de ces personnages hésitants que l'auteur affectionne. Silvio n'a pas connu son père et croit le retrouver en Milianoff. Mais sommes-nous certains de nos désirs de fils ? Commence alors une enquête sentimentale qui nous mène à la fois dans le passé, sur une plage venteuse de Camargue, décor d'un hôtel au charme fragile, mais aussi au présent des protagonistes retrouvés. Ressuscitent les figures d'un passé englouti, comme submergé par les inondations qui finiront par l'emporter : la mère de Silvio, belle femme de 38 ans à la solitude tendre, Johnny Wood, vrai-faux guitariste à l'accent de l'Alabama mais en fait un plus banal fils de famille du Languedoc au cœur volage, le Yachtman, un skipper à terre qui attend indéfiniment qu'on répare le gouvernail de son voilier et sirote son vin blanc, et Silvio bien sûr, enfermé dans sa chambre à écouter de la musique, si peu réaliste qu'il deviendra le gardien des ruines.

Tant de temps que je voulais vous ouvrir un fil pour cet auteur que j’ai découvert avec Le Maître des paons et qui je suis depuis ce moment plus ou moins fidèlement.

Mais je suis assez indécise après la lecture. Il y a bon nombre de choses qui m’ont fait plaisir – entre autre ses révérences vers le blues, les extraits de chansons.. mais est-ce que cela suffit de faire un ‘beau roman’ comme le dit son éditeur ?
Oui,, probablement.. mais peut être c’est à mon avis ‘trop’ beau.. trop lisse.. je n’ai nulle part eu le sentiment de m’accrocher – ni aux personnages, ni à leurs histoires, leurs destins..
Quelques belles phrases, ici et là une jolie pensée..

Peut être je dois laisser ‘agir’ tout cela un peu. Il y a des livres qui « embellissent » après quelques jours.. faudra voir si cela sera le cas pour L’Amour est un fleuve en Sibérie


Lire le 1er chapitre en ligne: ici


Extrait :

Le Delta, le pays du coton, était le cœur de l’enfer créé par les Blancs, le lieu de naissance du blues. Il fallait la chaleur, la soif, la sueur, mais aussi la ségrégation et la frustration, disait-il, pour que naisse un chant qui fasse le tout de la Terre. « Le soleil cognait si dur du matin au soir qu’un gamin était chargé de servir de l’eau au journaliers qui n’avaient pas le droit de s’interrompre pour aller boire. De temps à autre, l’un d’eux, n’y tenant plus, levait la tête et criait sa soif à l’enfant. Cette modulation plaintive, ce cri repris de rangée en rangée s’appelait le holler. Voilà l’origine du blues. Voilà pourquoi c’est un chant qui prend à la gorge. Le désir de la délivrance, et non l’amour, poursuivait Johnnie en jetant un regard rapide vers ma mère, est la source de la musique… »

kenavo a écrit:

Mais je suis assez indécise après la lecture. Il y a bon nombre de choses qui m’ont fait plaisir – entre autre ses révérences vers le blues, les extraits de chansons.. mais est-ce que cela suffit de faire un ‘beau roman’ comme le dit son éditeur ?
Oui,, probablement.. mais peut être c’est à mon avis ‘trop’ beau.. trop lisse.. je n’ai nulle part eu le sentiment de m’accrocher – ni aux personnages, ni à leurs histoires, leurs destins..
Quelques belles phrases, ici et là une jolie pensée..

J'ai toujours plus ou moins eu cette impression avec Milovanoff mais j'aime bien sa petite musique. Peut-être est-ce moins réussi ici, d'après ce que tu écris, je le lirai sans doute mais quand ?

traversay a écrit:

J'ai toujours plus ou moins eu cette impression avec Milovanoff mais j'aime bien sa petite musique.

oui.. en quelque sorte.. mais tout comme toi, j'aime aussi sa petite musique

traversay a écrit:

Peut-être est-ce moins réussi ici, d'après ce que tu écris, je le lirai sans doute mais quand ?

j'ai l'impression qu'il avait très envie de dire quelque chose sur le Blues.. de donner sa voix à cette musique.. mais je ne sais pas si dans l'ensemble cette histoire colle..
je vais attendre quelques jours.. parfois une impression de lecture change encore avec la distance

Je connais bien les livres de Jean-Pierre Milovanoff.

Il donne souvent l' impression d' avoir écouté en confidence les
histoires qu' il raconte.
D' abord dans sa famille. A commencer par le père parti en catastrophe
de Russie en pleine révolution. A 17 ans, il avait traversé l' Europe
pour arriver finalement en France et épouser une institutrice dans les
Cévennes.
La mère de l' auteur.

Milovanoff avait écrit cette histoire après l' avoir écoutée de son père
et avoir enquété après sa mort pour la compléter.
Et Russe blanc est un livre émouvant.
J' en avais dit un mot dans les Chroniques de la vie quotidienne.

Pour revenir à ses romans, il semble avoir été dans une vie antérieure,
une sorte d' écrivain public, un médecin des pauvres, un colporteur...
Bref un itinérant qui parcourait le pays en écoutant ceux qui venaient
à lui et se racontaient.
Ils disaient leur vie, leurs amours, leurs espoirs et leurs déceptions, leurs drames.
Ils racontaient tout uniment mais en confiance. Comme s' ils étaient
surpris d' avoir un vécu et en meme temps, alourdis par le poids du passé
ils s' en libéraient
.
Les histoires ont du s' entasser dans la mémoire de celui qui les recueillait
jusqu' au jour où il a décidé de les habiller pour montrer ce qu' il y avait
d'étonnant chez eux, de digne, de personnel, de différent et d' unique.
Comme s' il avait mission de leur donner vie et éclat pour les sauver
au moins un moment de l' oubli.
Et de prouver, d' essayer de prouver, que leur pauvre histoire
rejoignait finalement le fonds commun de toutes les hisoires du monde et qui se transmettent depuis la nuit des temps.

Je crois qu' il est important de souligner aussi l' importance des femmes
dans cette oeuvre-là...
Il y a beaucoup de beaux portraits de femmes, de l' Ouvreuse jusqu' à
Emily en passant par la Rosita et Antonia et Auréline et d' autres encore.
Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je doute que ce soit par hasard.

Je connais bien ce pays et les femmes et les hommes de ce pays.
J' aurais pu les rencontrer, les connaitre.
Et leurs histoires me sont proches.
Mais il ne m' auraient pas parlé, ou je n' aurais su leur donner vie.
A chacun son role !

Merci d' avoir ouvert ce fil Kenavo...

A propos, est-ce que tu n'as pas trouvé que les portraits de femmes
étaient beaux et réussis ?

bix229 a écrit:

A propos, est-ce que tu n'as pas trouvé que les portraits de femmes
étaient beaux et réussis ?

dans ceux que j'ai lu.. oui..

il y a aussi une femme intéressante dans son dernier livre..

Clic

J'étais près de l'ordinateur pendant la lecture et j'ai cherché les chansons sur YouTube pour les écouter pendant la lecture..
Merci pour le lien vers le site.. cela aurait aussi facilité ma tâche si je l'aurais eu avant la lecture

Ces blues sont magifiques et je connaissais déjà les chanteurs...

Bonne idée de mettre un lien avec le site...

Pour moi, c'est un grand art de raconter son enfance et les souvenirs - le siens, ceux de ses parents.

Milovanoff dans 'Russe blanc" que je viens de lire, le fais d'une mainere extremement emouvante! Le jeune Jean-Pierre parle de son enfance dans la propriete "Les Platanes" avec une belle delicatesse, sans jamais franchir la frontiere de la pudeur. C'est nouveau pour moi, je n'ai pas lu des souvenirs raconte avec autant de sincerite et poesie. On dirait un chant, un poeme (il y en a des poemes dans le livre).
On sens que cela n'a pas ete facile, la vie des Milovanoff et le reste de la famille, surtout du pere russe, ayant quitte la Russie en pleine guerre civile et en plus, tout jeune et tout seul. Ses souvenirs passionnent le jeune Jean-Pierre, mais il ne s'impose pas a son pere pour les connaitre, il respecte sa peine pour le passe que le pere cherche a laisser derriere, il respecte son esprit d'"etranger" sur la terre d'accueil, la France.
Le pere en quete permanence de travail, ne perd pas son amour pour la musique, ne se met pas a detester sa profession, son sort. Quel caractere de ce Paul, je l'ai beaucoup aime.
Le jeune Molovanoff n'est pas malheureux dans Les Platanes ou son ame d'homme des letres decouvre sans cesse des merveilles. Mais il n'est pas malheureux non plus parce que la famille est unie et on se protege l'un l'autre, on s'aime.
"Russe blanc ou russe rouge" - cette question qu'un prof maladroit pose a l'enfant Milovanoff est peut-etre le choc assimile plus tard, qui a fait l'ecrivain parler du passe de son pere, des annees de son enfance.
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Le pere Milovanoff est passe par la Bulgarie comme beaucoup de russes blanc venant d'Istanboul, cela m'a encore emue. La Bulgarie a ete assez clemente pour Paul, il a termine ses etudes secondaires a Sofia. Il parle d'une revolution communiste qui eclatait lors de son sejor, mais c'etait en 1923,juste une insurrection etouffe dans le sang...c'est un autre sujet.
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Apres avoir connu l'auteur en tant qu'enfant, je vais relire le premier chapitre de "L'Amour est un fleuve de Siberie" qui existe sur le Net et puis aller vers "ses femmes _"Aureline".

Merci pour ton commentaire, Orientale !

Les guerres et les révolutions produisent des histoires souvent à peine croyables, pleines de dangers
et de misères pour ceux qui les vivent...
Mais parfois follement romanesques pour ceux qui les écrivent en les réinventant.
Peut etre les aventures de son père ont elles inspiré les talents de narrateur de Jena Pierre
Milovanoff...

"Areline" terminee - Milovanoff avec la melancolie et sa nostalgie, c'est un grand charmeur! Et un ecrivain de talent! Le roman est ecrit a "quatre mains" - par les deux admirateurs d'Aureline - Maxinme et sa soeur jumelle Zita.


Dans le decor de la vie familiale de Maxime, il y a toujours la presence d'Aureline et la passion de Maxime pour elle, son unique amour.
Il y a plein de personnages curieux, le pere de Maxime. p.ex, un Don Juan local, ironique et chaleureux.

Maxime, pisniste de jazz, tres excentrique, melancolique, bon coeur.

Aureline, l'eternelle seductrice qui s'entoure toujours du mysterieux, tout comme ses amants - prestidigitateur, policier, speculant enrichi de Camargue.

J'ai beaucoup aime la description du decor - Nimes, la Camargue, le reste de la region, c'est presque palpable!
Et l'humour (amenant parfois des larmes) de l'auteur a travers le recit de Maxime est delicieux a lire et relire!

L’hiver d’un égoïste et le printemps qui suivit

Citation :

Présentation de l'éditeur
Misha Miriaki, un Français résidant depuis de nombreuses années au Japon, revient s’installer en Languedoc, près de la mer, sur les lieux de son enfance. Séducteur désenchanté, charmeur malgré lui, il tente d’échapper à toutes les sollicitations sentimentales. Mais l’indifférent, le sceptique, tombe amoureux, ce qui ruine tous ses plans. A l’hiver d’un égoïste succède le printemps d’un homme vivant. Ce bonheur durera-t-il ?
Le temps de deux saisons, Jean-Pierre Milovanoff emporte le lecteur dans un univers où s’entremêlent les images du Japon, les émotions de l’enfance et les aléas d’une intense et fragile histoire d’amour.

Comme je l’ai dit sur le fil karambolage, du moment que j’ai trouvé une première phrase, plusieurs autres veulent bien suivre et je peux donner un petit ressenti d’une lecture.
Pour ce livre il m’est difficile de la trouver, cette première phrase. À part que j’ai adoré ?!

J’ai lu plus d’un livre de cet auteur et avec lui, c’est comme avec la plupart des auteurs qu’on lit, on reste attaché au premier livre. Cette première sensation d’entendre une nouvelle voix, la joie d’aller à la rencontre d’un nouveau style…

Pour moi c’était donc Le Maître des paons et depuis j’ai l’impression que je recherche cette sensation... sans jamais l’avoir retrouvé tout à fait.

Et bien, c’est fait ! Ce livre pourrait bien remplacer le top 1 de mon livre préféré de lui.
Un personnage tout à fait attachant (et que je n’éprouve en aucun cas égoïste, égaré et perdu, envie de le prendre dans mes bras), des notes (le livre est composé comme un journal), de petits chapitres qui racontent un peu de tout et de rien, mais surtout il y a tous ces gens dont il fait connaissance et qui peuplent à merveille les pages.

Des scènes à ne pas oublier comme celle où il va à la pêche avec son voisin en fin de nuit avec de la brume sur l’étang, il y avait tout de suite cette photo dans ma tête :

Roger Becker, Birds Sitting in the Fog


Et cela se termine sur une note bien plus sérieux, le tremblement de terre et le Tsunami au Japon.

Citation :

…je suis un témoin désarmé qui observe la planète de son balcon et voit flotter sur un champ de ruines la devise de notre époque : chacun pour soi et la catastrophe pour les autres.

Un livre qui va prendre une place à part dans ma bibliothèque

J' ai le livre et je ne vais pas tarder à le lire... J' espère que JPM lira ton commentaire !