Jean-Pierre
Milovanoff revisite une dernière fois la grande maison sous les platanes à Nimes, où il vécut son enfance et sa jeunesse.
Il rafraichit les souvenirs et s' il ne fait pas parler les morts, il leur donne la parole.
Notamment son père. Ce russe "blanc", victime colatérale de la Révolution d' octobre.
Toute vie est un roman non écrit. Mais parfois, les circonstance historiques, les guerres, les révolutions fabriquent des personnages
hors normrmes. Des personnages romanesques, héros ou martyrs, qui défient la vraisemblance.
Sauf que de cette réalité-là, les personnages en sortent meurtris, muets et exilés.
Quittant la Russie et l' Ukraine à feu et à sang, à quinze ans, Pavel s' enfuit et pendant des mois il va simplement éviter de mourir de faim
ou les balles.
Il rencontrera de bonnes gens qui, meme dans les pires circonstances, lui donneront à manger et le cacheront un instant. Tels
sont les russes très pauvres, dira Pavel.
Son errance à travers l' Europe va durer des années. IL parvient à Sébastopol puis à Constantinople. Il obtiendra un diplôme d' ingénieur et va atterrir dans les Cévennes.
Il va vivre dans un village de baraquements en bois à la recherche de minerais à exploiter. C' est là qu' il va rencontrer deux sœurs,
dont l' une, une institutrice, va devenir son épouse.
Ce qu' il adviendra de lui, je ne vous le dirai pas. C' est aussi l' interet de ce roman quasi autobiographique dont l' auteur avait déjà
effleuré le sujet dans un recit autobiographique, Russe blanc.
Sachez seulement que la vie de Pavel fut un échec et une somme de frustrations. Et pire, un double exil. De son pays et de sa vie.
C' est pour cela que l' auteur a tenté de le faire revivre une dernière fois avant que son fantome ne regagne la bouche d' ombre qui
nous attend tous.
Son livre est une juste mesure entre le règlement de compte et la volonté de réconciliation.
Il semble qu' on ne parle jamais mieux que de ce qu' on connait et qu' on aime et qu' on a gardé en mémoire pendant tant d' années.
Accordez un peu d' attention au pauvre Pavel !