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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: John Ford Sam 6 Juin 2015 - 14:55
L'Homme qui tua Liberty Valance (1962)
Western de la légende avec quelques bonnes raisons à commencer par ses têtes d'affiche : John Wayne, James Stewart, Lee Marvin et derrière Woody Strode ou Lee Van Cleef. Mais aussi pour sa densité et son intensité.
Certes "vieux" western, d'une certaine façon conventionnel, et ne se refusant une part de morale classique mais d'abord un film qui assaisonne son drame cinématographique avec plusieurs couches d'éléments qui méritent réflexion, ou l'inverse, ou les deux.
Si on prend les choses dans le désordre, pour resituer le contexte, on peut se rappeler le fond tellement western de cette histoire à savoir l'opposition déséquilibrée entre les grands propriétaires éleveurs et les petits fermiers. Ceux de l'histoire de l'ouest partis d'on ne sait où pour trouver une terre, un refuge pour faire ou refaire leurs vies.
Liberty Valance est un truand et un homme de main de ces grands propriétaires ce qui, en plus de sa méchanceté et de sa violence (Lee Marvin !), lui garantit une tranquille impunité. Le shérif local, fauché, évitant soigneusement toute forme de problème surtout perdu d'avance.
Ensuite Ransom Stoddard (James Stewart avec lequel j'ai toujours du mal) le héros "à l'envers" de l'ouest sauvage, jeune homme éduqué, diplômé en droit du genre vertueux et n'ayant pas dans ses principes l'usage de la force.
En plus il est l'étranger qui vient perturber la tranquille romance entre une jeune femme super gentille (Vera Miles) et un cowboy vieillissant type dur à cuire à l'ancienne (John Wayne).
Anyway dès le début Rance (Ransom) et Liberty Valance ne sont pas faits pour s'entendre et ça prend vite la forme d'un sursis qui joue sur un fil de se défendra/se défendra pas et même s'il le voulait que pourrait-il y faire... Le vieux cowboy et son fidèle homme de main (Woody Strode) en imposant assez pour maintenir ou prolonger le fragile équilibre.
Comme western de la fin de l'ouest sauvage, de la transition entre les bandits et les shérifs à un état de droit il y a tout ce qu'il faut : cours pour apprendre à lire et à écrire à tout ce petit monde et surtout une votation qui doit permettre de savoir si le territoire reste libre (au profit des grands propriétaires) ou deviendra un état.
Liberty Valance meurt et la fille choisit le gentil garçon qui aura une belle carrière politique.
Mais dans ce grand flashback les pertes et les gains ne sont pas toujours évidents à comptabiliser. Si Liberty Valance est une authentique crapule les deux autres ont leurs ambiguïtés, les honneurs du sacrifice allant au perdant et le poids du mensonge au vainqueur. Perdant pour quoi exactement, vainqueur vraiment pour une bonne cause ? On peut hésiter.
Et hésiter d'autant plus longuement que le refus de revenir sur la légende de "l'homme qui a tué Liberty Valance" et l'évidence malgré tout que notre gentil Stoddard fait partie d'une mécanique politique qui se joue à un niveau différent des gens "simples" (comme sa femme), qu'il est un peu de ce jeu du paraître et d'une autre forme de mensonge (malgré ses bonnes intentions), tout comme son adversaire, politique cette fois, lors d'un meeting.
L'idée que le journal local n'est plus l'oeuvre d'un militantisme pour ainsi dire artisanal (oeuvre de son patron alcoolo fini) mais serait devenu une bête petite industrie de pensée unique attirée par "l'événement" plus que par une réflexion à construire.
Ca se complique donc tout ça et le fait que Liberty Valance ne soit qu'un morceau de l'ensemble ne le prolonge que mieux et tout en gardant cette ombre pour planer sur le film.
Un sacré morceau de cinéma !
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: John Ford Sam 6 Juin 2015 - 15:53
Il va falloir que je me fasse une petite sélection. Je n'ai que de vagues souvenirs d'enfance et pourtant c'est un grand. Tant mieux! Tout à découvrir.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: John Ford Sam 6 Juin 2015 - 17:46
on en est à peu près au même point.
très envie de voir Le Sergent noir.
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: John Ford Sam 6 Juin 2015 - 17:49
"C'était mon steak, Valance!". C'est bien ça?
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: John Ford Sam 6 Juin 2015 - 18:13
oui m'dame !
c'est dans la bande-annonce en plus :
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: John Ford Jeu 25 Fév 2016 - 20:55
The Horse Soldiers / Les Cavaliers (1959)
traversay a écrit:
Les cavaliers (The horse soldiers, 1959) : avant tout un spectacle et un divertissement. Avec la sacro sainte opposition entre entre le devoir militaire et le devoir humain.
Il est dur des fois traversay ! Ce n'est pas faux le divertissement avec des caractères affirmés qui s'affrontent dans la durée et le divertissement parce que cavalerie à la bonne hauteur avec des cadrages et des éclairages impeccables...
En fait c'est plus un film de guerre qu'un western, un film qui d'ailleurs repose sur des faits historiques : une incursion de cavalerie du Nord loin derrière les lignes ennemies avec pour cible la voie ferrée et le ravitaillement des soldats confédérés.
En route le Colonel Marlowe (John Wayne), le soldat pur et dur, et le Major Kendall (William Holden), le médecin se trouvent contraint d'emmener dans cette... aventure une belle sudiste (Constance Towers) qui leur en veut terriblement.
Si la précision de l'image et l'allure des acteurs et actrices ne devaient pas vous suffire et que vous vous retrouviez aveugle aux paysage et décors très simplement "sud" ou encore que la discrètement brutale tension entre le calme champêtre et la guerre venait à vous échapper, vous auriez encore trois axes de progression pour rester aux aguets.
L'aventure que représente cette expédition d'abord, et ce n'est pas la moitié d'un truc de dingues. Ensuite l'évolution du trio principal entre la rivalité des deux hommes et le duo amoureux qui d'une façon inattendue se fait plus fin au fil des minutes. Et enfin, et ce n'est pas rien, le creusement du film de guerre. L'éclat des scènes clef comme la charge des confédérés dans les rues de la ville ou de l'assaut des cadets, véridique aussi, définissent un héroïsme qui s'avère assez vain et dont d'ailleurs essentiellement nos deux mâles sont longtemps éloignés.
Ca ne rigole donc pas de ce côté là, avec deux, trois et plus de manières de faire avec sans accepter pour autant, avec toujours, rappelée par des touches visuelles ou dans les dialogues, la vie civile. Une vie qui est celle d'avant et celle d'après. Autre touche du film, reconnaître une noblesse et une histoire à chacun tout en les rapprochant.
Ne pas s'y tromper non plus. Une guerre fair-play mais cruelle...
Visuellement c'est scotchant sans appuyer ou exagérer ses effets, c'est de la folie tranquille. Vous aurez d'autres images plus tard !
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: John Ford Sam 27 Fév 2016 - 9:06
ça doit donner envie :
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Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: John Ford Sam 27 Fév 2016 - 23:50
J'ai beaucoup d'affection pour ce Ford loin d'être mineur. Et quelles couleurs !
Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
Sujet: Re: John Ford Dim 28 Fév 2016 - 8:28
revu avec plaisir il y a quelques mois (je suis abonné à TCM)
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: John Ford Mar 29 Mar 2016 - 22:29
Sergeant Rutledge / Le Sergent noir (1960)
Fini la rigolade ! A la fois film de procès, western et film d'actualité politique et social, Le Sergent noir repose sur plusieurs contrastes sans perdre son suspens policier. Une société provinciale de notables avec en tête les femmes des gradés de la court martiale, des "laborieux" de la cavalerie qui s'avèrent être noirs et en traits d'union le couple en puissance formé par Tom Cantrell (Jeffrey Hunter) et Mary Beecher (Constance Towers). Ils sont blancs eux et lui qui cumule les rôles de supérieur et d'avocat est moins "ouvert" qu'elle qui a eu bien peur mais n'en a perdu ni son charme dévastateur ni sa (charmante) détermination.
Et puis au centre du problème il y a le très tendu "sergent noir" incarné par un Woody Strode intense au-delà du possible. Déserteur d'abord, ou ensuite, et accusé de double meurtre et du viol d'une jeune fille blanche.
On est dans l'ouest pas encore pacifié et la présence des indiens veut dire danger, presque boucs émissaires aussi mais d'un point de vue scénaristique ils permettent le développement des personnages et des enjeux. Le procès qui s'annonce en clichés, préjugés et un coupable obligatoire opposé à la vie militaire de ces "buffalo soldiers" esclaves devenus soldats, égaux dans le règlement, se devant d'être exemplaires.
En somme le film joue le grand écart entre la théorie et la pratique en faisant pencher la balance du suspens du verdict du côté de l'injustice sociale plutôt qu'en jouant sur les doutes que le spectateur pourrait avoir.
Ca ne manque pas de sens tout ça. Mais avec des acteurs extraordinaires et une mise en scène et des éclairages parfaits de chez parfaits avec des moments très "posés" qui ont l'air artificiels au possible certes mais c'est tellement beau, puissant, cinématographique.
C'est beau, ça met les pieds dans le plat, ça a jusqu'à une façon très sérieuse de jouer avec l'humour au milieu du drame, c'est beauuuuuuuuu. C'est un chef d'oeuvre.
Chamaco Zen littéraire
Messages : 4366 Inscription le : 10/03/2013 Age : 78 Localisation : là haut, vers Aix...
Sujet: Re: John Ford Mer 2 Nov 2016 - 19:22
Revu hier "La prisonnière du désert" toujours avec le même plaisir, un tres bon John Wayne en compagnie de certains de ses accolytes, des scènes mythiques dont celle de Moïse l'accroc du rocking chair, bon sang que c'était agréable...