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| Sara Stridsberg [Suède] | |
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+4Queenie animal Maryvonne traversay 8 participants | |
Auteur | Message |
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traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Sara Stridsberg [Suède] Jeu 22 Oct 2009 - 23:35 | |
| - Citation :
- Sara Stridsberg est née en 1972 à Solna. Son premier roman, Happy Sally, évoque Sally Bauer, la première scandinave à traverser la Manche à la nage. En 2007, elle reçoit le Grand Prix de littérature du Conseil nordique pour son deuxième roman Drömfakulteten, une fiction sur Valerie Solanas, l'auteur du SCUM Manifesto, que Stridsberg a traduit en suédois.
Bibliographie :
* Juristutbildningen ur ett genusperspektiv, 1999 (Théâtre) * Det är bara vi som är ute och åker, 2002 (Théâtre) * Happy Sally, 2004 * Drömfakulteten, 2006 - La faculté des rêves, 2009.
Sara Stridsberg écrit actuellement son troisième roman. | |
| | | Maryvonne Zen littéraire
Messages : 4259 Inscription le : 03/08/2009 Localisation : oui, merci.
| Sujet: Re: Sara Stridsberg [Suède] Dim 25 Oct 2009 - 8:06 | |
| Je suis toujours dans "la facultés des rêves".
C'est vraiment une super découverte... je repasserai d'ici peu. Merci pour l'ouverture du fil traversay ! | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Sara Stridsberg [Suède] Dim 25 Oct 2009 - 16:19 | |
| La faculté des rêves - Citation :
- Dans cette fiction, Sara Stridsberg rouvre le dossier de Valerie Solanas, cette féministe radicale qui tente d’assassiner Andy Warhol en 1968, juste après avoir écrit le SCUM manifesto, texte dans lequel elle prône la destruction du genre masculin.
Dès le début du roman, on entend la voix déterminée de Solanas et on plonge avec elle dans son passé. Apparaissent les souvenirs obsédants de conversations avec les personnages clés de son existence : sa mère, ambiguë et destructrice, le directeur de l’université de psychologie dans laquelle elle est admise, Andy Warhol lui-même et son désir obstiné de faire d’elle une matière pour son art, la psychiatre chargée de son cas après la tentative d’assassinat.
Si l’auteur restitue la folie et les souffrances de Solanas, elle plante un décor : l’Amérique des années 1930 aux années 1980, une société marquée du sceau de la violence (Hiroshima, la peine de mort) et une époque au cours de laquelle, en dépit des droits que les minorités conquièrent de haute lutte, l’économie et la presse prennent un pouvoir effrayant, source de mensonges et de manipulations. Et si l’Art lui-même n’était alors devenu qu’une grande supercherie ? Dans une langue tour à tour poétique et familière, provocante et rassurante, drôle et tragique, Sara Stridsberg accomplit la prouesse de nous plonger dans les méandres de cet esprit tourmenté qui nous poursuivra longtemps après la lecture. Et l’on se surprend à souhaiter pouvoir arrêter la machine implacable du destin… Quel livre ! Loin d'être une biographie classique, La faculté des rêves est la recréation d'une vie, celle de "la pute la plus intellectuelle d'Amérique", une fiction fantasmée où la narratrice converse de temps à autres avec son héroïne. Sara Stridsberg ose tout : une chronologie hachée, des conversations d'une crudité rare (et très drôles, aussi, à l'occasion), une attaque en règle des institutions américaines, un déboulonnage de l'icône Warhol... Elle n'a peur de rien et elle assume son amour pour Valerie Solanas, sans pour autant "hagiographer", elle lui tient simplement la main dans les épisodes les plus glauques (viol, prostitution, asile psychiatrique), l'épaule lorsque elle lutte contre la bienséance et la normalité, la suit dans sa chute pathétique. De la crasse et des roses, c'est la vie de Valerie Solanas. Beaucoup de crasse et trop peu de roses. Femme de théâtre, Stridsberg est particulièrement douée pour écrire des dialogues cinglants qui confèrent au roman une énergie dévastatrice. Le livre, tout entier, est fait de cette étoffe, déglingué, déstructuré, déluré. Ce n'est pas de la littérature polie, c'est un ouragan de vulgarité et de poésie cabossée. Impossible de sortir indemne de cet ouragan de mots et de sensations. Quel livre (bis repetitat). | |
| | | Maryvonne Zen littéraire
Messages : 4259 Inscription le : 03/08/2009 Localisation : oui, merci.
| Sujet: Re: Sara Stridsberg [Suède] Lun 26 Oct 2009 - 9:01 | |
| Hop là, l'auteur parle de son livre ici : Lien sexy?
(pas de lien sexy, tout déconne ici, pardon pour la mise en page pas jolie). | |
| | | Maryvonne Zen littéraire
Messages : 4259 Inscription le : 03/08/2009 Localisation : oui, merci.
| Sujet: Re: Sara Stridsberg [Suède] Lun 26 Oct 2009 - 9:19 | |
| Souviens-toi que je suis la seule femme ici qui ne soit pas folle.
Ca ferait une chouette signature pour un profil, non ? | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Sara Stridsberg [Suède] Lun 26 Oct 2009 - 11:06 | |
| - Maryvonne a écrit:
- Souviens-toi que je suis la seule femme ici qui ne soit pas folle.
Ca ferait une chouette signature pour un profil, non ? Hej Maryvonne, Tack pour le lien. J'attends ton avis pour bientôt.... Souviens-toi que je suis le seul homme ici qui ne soit pas normal... | |
| | | Maryvonne Zen littéraire
Messages : 4259 Inscription le : 03/08/2009 Localisation : oui, merci.
| Sujet: Re: Sara Stridsberg [Suède] Lun 26 Oct 2009 - 11:39 | |
| J'ai pondu mon avis... et ensuite j'ai effacé, j'en ai marre d'écrire comme une ado.
Ceci explique cela.
Merci pour le lien sexy. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Sara Stridsberg [Suède] Lun 26 Oct 2009 - 13:08 | |
| - Maryvonne a écrit:
- J'ai pondu mon avis... et ensuite j'ai effacé, j'en ai marre d'écrire comme une ado.
Meuh ? je me disais bien avoir lu une chose disparue ... c'est dommage, c'est pas pire que d'écrire avec des moufles et une cervelle de panda ! | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Sara Stridsberg [Suède] Lun 26 Oct 2009 - 17:34 | |
| - Maryvonne a écrit:
- J'ai pondu mon avis... et ensuite j'ai effacé, j'en ai marre d'écrire comme une ado.
Ceci explique cela.
Merci pour le lien sexy. Bien dommage. | |
| | | Maryvonne Zen littéraire
Messages : 4259 Inscription le : 03/08/2009 Localisation : oui, merci.
| Sujet: Re: Sara Stridsberg [Suède] Lun 26 Oct 2009 - 19:22 | |
| Bon, je suis tout à fait d’accord avec Traversay… la première raison de lire ce livre, ce sont les dialogues. Percutants. Valérie a une répartie comme j’aimerai rencontrer plus souvent. De plus, on retrouve certaines phrases quelques soient les époques ou les interlocuteurs, ce qui renforce un peu son aspect un peu barré. On assiste à un langage cru, mais par ailleurs, extrêmement sensible, à fleur de peau (ce que certains de la littérature « trash » n’ont jamais réussi à faire).
Le personnage de Valérie Solanas est extrêmement attachant. On suit, par brides, une enfance chaotique, une ascension sociale par le biais d’études, au début, brillantes. Puis sa descente, et tout ce qu’elle craignait le plus : le total anonymat et la non-reconnaissance de ses travaux. Une fin de vie on ne peut plus sordide.
A la fois déstructurée, et terriblement lucide sur certains points. On se retrouve face à un dilemme… comment doit-on la considérer ? comme une victime ? une folle ? une intellectuelle provocatrice ? une âme esseulée ?
Par ailleurs, c’est une vraie tête à claque. Elle a souffert de l’abandon. Mais vlan, dans le livre, elle lâche successivement Silkyboy et cosmogirl, trop omnibulée par ses travaux, et ayant de la m*rde dans les yeux pour voir quelles sont les personnes qui tenaient vraiment à elle dans son entourage.
Sa dureté apparente contraste avec les diagnostics des psychiatres. Cette relation patient/medecin m’a rappelé (je me répète) 4.48 Psychosis de Sarah Kane. Quand les mots ne sont plus assez nombreux pour expliquer un état. Quand le désespoir ne semble plus compréhensible pour les biens – portants (pensants ? ).
Quant au SCUM manifesto, il faut que je le lise… Valérie Solanas (dans le livre) tente de le diffuser. Puis rappelle plus tard qu’il ne s’agit qu’un exercice de style, et que le SCUM n’a jamais existé. J’aimerai en savoir plus. | |
| | | Maryvonne Zen littéraire
Messages : 4259 Inscription le : 03/08/2009 Localisation : oui, merci.
| Sujet: Re: Sara Stridsberg [Suède] Lun 26 Oct 2009 - 22:45 | |
| Et hop hop, un extrait : - Spoiler:
DOCTEUR RUTH COOPER : En dépit de tes efforts acharnés pour apparaître comme une misanthrope rigide, implacable et cynique, tu es en réalité une enfant épouvantée et terriblement déprimée.
VALERIE : Appelle ça comme tu veux. Mon vrai nom, tu ne le connaîtras jamais.
DOCTEUR RUTH COOPER : Une petite enfant épouvantée, voilà ce que tu es. Mon sentiment, c’est que tu es minée par la peur, minée par la haine de soi.
VALERIE : Mon sentiment, c’est que tu es une petite femme-mec épouvantée. Mon sentiment, c’est que tes efforts sont totalement vains. Mon sentiment, c’est que tu n’es qu’une petite suceuse de bites vraiment bêtassonne. Mais ce n’est pas de ta faute. Tout est lié à ton enfance malheureuse dans le patriarcat.
DOCTEUR RUTH COOPER : Nous parlons donc d’une réaction schizophrénique de type paranoïde, doublée d’une dépression profonde et de potentialités destructrices colossales.
VALERIE : Je ne suis pas malade.
DOCTEUR RUTH COOPER : Tu es très malade, Valérie. Ce qui ne signifie pas que tu ne sois pas une femme obstinée et très intelligente.
VALERIE : Ce n’est pas une maladie. Au risque de me répéter : mon état n’est pas pathologique. Mais plutôt un état d’une extrême clarté, un état de lumière blanche éblouissante projetée par une lampe scialytique sur tous les mots, toutes les choses, tous les corps, toutes les identités. Rien qu’une brasse coulée pour m’éloigner de toi, rien qu’un cri proféré loin de toi, Docteur Cooper, et tout parait déjà différent. Ton prétendu diagnostic correspond à la description exacte de la place de la femme dans un système de psychose de masse. La schizophrénie, la paranoïa, la dépression, les potentialités destructrices. Au sein du patriarcat, toutes les filles savent que la schizophrénie, la paranoïa, la dépression, ne correspondent nullement à une description d’un état pathologique individuel. Mais au diagnostic parachevé d’une construction sociale, d’un régime politique fondé sur des outrages incessants perpétrés contre la capacité cérébrale de la moitié de la population, un régime fondé sur le viol.
DOCTEUR RUTH COOPER : Je veux t’aider, Valérie. Mais j’ai besoin d’en savoir plus sur toi pour être en mesure de le faire.
VALERIE : J’ai moi-même une formation universitaire au sein d’une institution psychiatrique et d’un laboratoire animalier dans une université du Maryland. Ce qui signifie que je pose moi-même les diagnostics.
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| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Sara Stridsberg [Suède] Lun 26 Oct 2009 - 22:55 | |
| - Maryvonne a écrit:
Quant au SCUM manifesto, il faut que je le lise… Valérie Solanas (dans le livre) tente de le diffuser. Puis rappelle plus tard qu’il ne s’agit qu’un exercice de style, et que le SCUM n’a jamais existé. J’aimerai en savoir plus. Sara Stridsberg a elle-même traduit le SCUM Manifesto en suédois. En Anglais, ça doit pouvoir se trouver. En français, j'sais pas. | |
| | | Maryvonne Zen littéraire
Messages : 4259 Inscription le : 03/08/2009 Localisation : oui, merci.
| Sujet: Re: Sara Stridsberg [Suède] Lun 26 Oct 2009 - 23:04 | |
| Si si, il existe.. on me l'avait prété dans le temps, mais je ne m'y étais pas penchée. Je viens de voir que Michel Houellebecq a fait la préface d'une traduction... | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Sara Stridsberg [Suède] Jeu 2 Sep 2010 - 12:15 | |
| La faculté des rêves.
Incroyable bouquin (merci Maryvonne !). Une vraie écriture, avec plein de bouts qui s'éparpillent, de styles différents : oui les dialogues sont terribles, ils frappent juste, fort, avec des pointes de cynisme à faire sourire les coins de lèvres. Mais les descriptions sont aussi extra. C'est de la poésie en prose, mais très facile à lire. Ça émeut, ça bouleverse. On sent tout l'amour de la narratrice pour Valérie Solanas, son admiration, son fantasme. C'est crade, c'est désespéré, c'est en colère. Une femme qui lutte contre une société phallocrate, qui cherche l'amour, l'affection, qui ne trouve que moqueries et incompréhension. Du coup, elle déteste tout le monde (ou presque).
A la fois misanthrope et terriblement romantique, Valérie Solanas sous les mots de Sara Strisberg devient palpable, devient la fille qu'on aurait aimé rencontrer, celle qu'on aurait aimé sauver surtout. Inéluctablement Strisberg nous rappelle sa mort, son enfermement, inéluctablement on a envie de déchirer les pages pour faire mal à ces ennemis !
Un livre incroyable.
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| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Sara Stridsberg [Suède] Ven 3 Sep 2010 - 8:36 | |
| Valérie téléphone à sa mère, qui ne lui répond plus. Elle l'appelle, pour lui annoncer qu'elle est acceptée à l'université. (Ed. Stock. Traduction : Jean-Baptiste Coursaud) - Citation :
- Des sonneries sonores noires comme la suie et esseulées traversent les paysages de sable. Tu gardes un souvenir impérissable des sonneries qui tranchaient la cuisine et la chaleur quand avec fierté Dorothy traversait en trombe la maison pour aller répondre. Mais aujourd'hui le désert ne répond pas, et à Ventor il n'y a guère qu'un coyote qui se carapate dans la cour. Lorsque les sonneries téléphoniques dégringolent et que la pluie à l'extérieur de la cabine téléphonique dégringole, tu distingues Dorothy dans les bras de Red Moran, tous les deux enfoncés ensemble dans un profond sommeil sans rêves. Dorothy dans le lit, sous le papier peint à fleurs, une main grasse protégeant sa tête, la chemise de nuit remontée, jusqu'à la taille. Elle a la touffe raide et foncée, hérissée et baisée de frais, il flotte tout autour de sa chatte cette odeur de petite culotte qui pue le malheur. Et il n'y a personne à Ventor qui daigne répondre, et sur la lettre de bienvenue envoyée du Maryland les lettres se diluent dans une buée bleu clair, un fleuve de solitude qui n'attend que la noyade.
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| Sujet: Re: Sara Stridsberg [Suède] | |
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| | | | Sara Stridsberg [Suède] | |
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