Sara Stridsberg [Suède]

Je n'ai pas pu m'empêcher de lire la pièce de théâtre adaptée du roman.

Pas grand chose de neuf, on retrouve des dialogues intégralement identiques
à ceux de la "faculté des rêves", et des nouveaux. Les mêmes personnages, un peu plus d'importance à la fille qui fait des recherche sur elle.
Les ripostes verbales sont toujours aussi percutantes, avec un ton vif et désespéré qui m'avait beaucoup plus.
L'intérêt serait de le voir sur scène (il y a déjà eu quelques dates en France, mais je ne retrouve plus où), sinon, je pense que "faculté des rêves" est meilleur (car plus long).

Le 4 mai :

Draling River

Citation :

Ainsi que l’indique le sous-titre du roman, Darling River est une variation autour du thème de Lolita (diminutif de Dolorès) - tant le personnage fictionnel de Nabokov que la figure symbolique.

Après la force peu commune de La faculté des rêves, Sara Stridsberg revient avec Darling River, qui entremêle plusieurs histoires, comme autant de variations autour de la Lolita de Nabokov. J'ai été vite rebuté par la forme de ce faux roman, qui part dans toutes les directions et ne semble avoir d'autre objectif que de créer un énorme malaise. Pour Sara Stridsberg, Lolita est un livre pédophile, et elle multiplie les scènes dérangeantes et les obscénités douloureuses. J'ai abandonné avant la fin, vaincu autant par la crudité du ton que par l'aspect décousu et protéiforme de l'oeuvre. Ce qui avait fonctionné dans La faculté des rêves, et avec quelle puissance, m'a semblé ici artificiel et uniquement sous-tendu par la volonté de choquer. Ce n'est que mon partial avis.

Oui mais c'est un avis quand même
je tenterai mais pas tout de suite.

Citation :

Pour Sara Stridsberg, Lolita est un livre pédophile

Je ne suis pas sûre de comprendre. Elle pense que Nabokov fait l'apologie de la pédophilie dans Lolita?

odrey a écrit:

Citation :

Pour Sara Stridsberg, Lolita est un livre pédophile

Je ne suis pas sûre de comprendre. Elle pense que Nabokov fait l'apologie de la pédophilie dans Lolita?

Elle a dit que pour elle : "Lolita était un livre pédophile." Pas plus, pas moins.

Vous pouvez lire le résumé de la critique du livre de Sara Stridberg sur le fil Glanages dans la
Quinzaine Littéraire, n° 1 040.

traversay a écrit:

odrey a écrit:

Citation :

Pour Sara Stridsberg, Lolita est un livre pédophile

Je ne suis pas sûre de comprendre. Elle pense que Nabokov fait l'apologie de la pédophilie dans Lolita?

Elle a dit que pour elle : "Lolita était un livre pédophile." Pas plus, pas moins.

J'ai du mal à te suivre....
Certes, le livre (l'objet), n'est pas pédophile, mais ça traite bien de la pédophilie, non ?

Je reprends juste les propos de Sara Stridsberg, rapportés par le site rue 89 :

Citation :

Sara Stridsberg avoue avoir lu le roman de Nabokov sur le tard : à 35 ans. Elle y voit « un roman pédophile ».

La faculté des rêves

Les parfumés ont déjà amplement parlé de ce livre et vanté ses mérites. Je vais donc ajouter quelques mots pour tenter de cerner ce qui crée la réussite d'une telle biographie-romancée. Ce qui, à mon avis, fonctionne parfaitement dans ce livre c'est que Sara Stridsberg ne cherche pas à être Valerie Solanas, elle ne cherche pas à dire à sa place les viols, la prostitution, les drogues, la dérive psychologique, le meurtre, elle garde entière l'énigme, l'énigme que représente cette femme : Valerie Solanas, prônant l'amour et tirant par trois fois sur Andy Warhol, cette féministe non-violente qui désire purement et simplement éradiquer les hommes de la terre, cette poète qui ne publiera qu'un manifeste et dont l'unique pièce de théâtre (perdue par Warhol) ne sera retrouvée et montée qu'en 2000. Cette énigme-là, Stridsberg ne cherche pas à l'expliquer, la décortiquer, la percer, la mettre à jour ; sans doute aime-t-elle trop Valerie pour vouloir la disséquer mais des questions qu'elle pose, qu'elle se pose, elle permet au lecteur de cerner un peu, un peu mieux, la personnalité en miettes, la personnalité morcelée d'une femme que tout abîme.

Particulièrement intelligente (elle raflera toutes les bourses et les meilleures places à l'Université du Maryland), particulièrement brillante, Valerie Solanas est avant tout une boule d'angoisse et une écorchée, une femme qui hurle, une femme qui éructe, une femme que tout insulte et qui insulte tout le monde. Elle se prostitue, elle, la lesbienne féministe, elle refuse de manifester avec les mouvements féministes, elle qui a écrit et fondé le SCUM, elle renonce aux études universitaires elle qui rêvait d'être doctorante, elle ne publie aucun roman, elle qui rêvait d'envoyer des livres dans le désert où vit Dorothée, sa mère… etc. D'ailleurs et au passage, la relation évoquée entre la mère et la fille est l'une des plus poignantes, des plus lucides, des plus impossibles de la littérature actuelle… De ces paradoxes, Stridsberg se garde bien de tirer une méthode ou des explications, elle ne peut que tenir la main de celle qui va mourir.

Et là où l'ensemble du livre de Stridsberg éclate de force et de brio est sans doute dans la parcimonie des mots, dans la rapidité, la crudité, la violence des dialogues (Stridsberg est avant tout dramaturge), dans l'hyper agressivité des répétitions, des phrases qui claquent, éclatent, des phrases qui visent juste en plein cœur de la cible. Grâce à une écriture orale très vive, Stridsberg parvient à créer l'attente dans l'esprit du lecteur (lequel connait la fin, tragique, monstrueuse de l'héroïne héroïnée gisant dans sa merde, dans sa pisse et son vomi et agonisant longtemps en attendant l'étouffement final), mais l'écriture alerte, précise, la matière mouvante des rêves (cette faculté) et d'une réalité sordide, l'intervention de personnages tout droit sortis de l'imagination de l'auteure font de ce livre un objet unique, bizarre, intense, dérangeant, poignant et nécessaire…

Colimasson, je pense que tu pourrais être intéressée par cette biographie romancée, très physique, très maîtrisée sous des allures foutraques, bancales et dérisoires, car ce livre interroge aussi la psychiatrie, la violence institutionnelle, l'enfermement et l'impossibilité de se dire/vivre femme dans un monde d'hommes...

Merci pour le plaidoyer, Shanidar !