Neill Blomkamp

District 9



Difficile de me positionner pour ce film...
Etrange objet visuellement révolutionnaire qui prolonge ce qu'on commençait à entrevoir dans les meilleurs moments du navet "Transformers" ou dans l'excellent "La Guerre des Mondes" de Spielberg. A savoir un hyperréalisme qui donne un sentiment incroyablement concret aux machines et autres créatures extra-terrestres. Ici l'inscription dans le réel est renforcée par le côté documentaire caméra à l'épaule, à la mode dans des films de genre comme REC, et des extraits de faux journal télévisé comme dans Starship Troopers auquel on pense pas mal. Il y a aussi du "Predator" pour les créatures "crevettes".

Le scénario par contre oscille entre deux eaux. Le démarrage mi-documentaire mi-parodique déroute par son côté "Borat et les crevettes extra-terrestres". C'est potache, un peu lourd et vite lassant. Et puis on rentre dans une sorte de parabole  sur le racisme, l'exclusion, l'exploitation, la dictature... Pour enfin entrer dans de l'action pure avec un dernier tiers très rythmé et efficace avec des effets spéciaux assez inédits. J'aurais presque versé ma larme pour les crevettes!

Le résultat: à  voir!  Mais on se dit qu'avec une ambition et des idées visuelles pareilles ils auraient quand même pu faire un truc plus abouti et vraiment géant.

Marko a écrit:

District 9



Difficile de me positionner pour ce film...
Le résultat: à voir! Mais on se dit qu'avec une ambition et des idées visuelles pareilles ils auraient quand même pu faire un truc plus abouti et vraiment géant.

J'irai le voir, bien que ce que tu en dises confirme un peu mes appréhensions.

Marko a écrit:

District 9

Ce qui est bien, déjà, dans ce film, c'est l'absence de star, ou du moins d'acteur connus. Une superproduction sans Tom Cruise, sans Matt Damon et cie, ça fait du bien ! Pour une fois, ce ne sont pas des sourires pepsodents qui vivent des aventures extraordinaires, juste un gars normal, avec un chouette accent.
L'ultra-réalisme, Marko en a parlé, c'est extrêmement bien fait. Mais il y a un problème de forme : que la caméra bouge quand c'est censé être un reportage, je veux bien... mais à partir d'un moment, ce n'est plus le reportage, on est avec les aliens, à l'intérieur d'une baraque ; or, la caméra bouge quasiment autant. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ca sert à quoi ?
Ca se calme un peu (un tout petit peu) par la suite, comme si le réalisateur hésitait un peu sur la forme. Le bougeotte de caméra donne du rythme, sans doute...
Sur le fond, on voit les humains considérer les extra-terrestres comme des pas grand chose qu'on peut tuer sans se charger beaucoup la conscience, sans doute parce que la plupart n'ont pas l'air fufute. Et là est un autre problème : pourquoi certains semblent plus intelligent ? Y a-t-il des classes d'aliens ? Personne n'a fait de tests de QI, etc. ? Les relations humains-extra-terrestres semblent purement basées sur un aspect militaire (ce que les humains peuvent apprendre militairement parlant des extra-terrestres). Ca fait vingt ans qu'ils sont sur terre, on arrive à communiquer... il y a sans doute un tas de trucs à dire.
Vers la fin, il y a plein de rythme, tout ça, mais c'est un peu trop tendance Transformers, même si c'est bien supérieur.

A part ça, c'est globalement scotchant, assez fascinant par moments, et voir un film d'extra-terrestres aussi "réaliste" fut un vrai plaisir. C'est largement plus intéressant que Le Meilleur de Mondes qui n'est finalement qu'une course poursuite rutilante et dont la fin m'avait parue catastrophique.
Et puis, ça ne se passe pas aux Etats-Unis ! Voilà qui est bien et qui donne une autre dimension.
Ah, et puis dans la bande-son, on a du Zola, comme dans le film Tsotsi. D'ailleurs, on pense assez fréquemment à Tsotsi... sans doute parce que je n'ai pas assez vu de films de ghetto.
Finalement, j'aime bien.

eXPie a écrit:

Marko a écrit:

District 9

or, la caméra bouge quasiment autant. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ca sert à quoi ?


Le Meilleur de Mondes qui n'est finalement qu'une course poursuite rutilante et dont la fin m'avait parue catastrophique.

Ah, et puis dans la bande-son, on a du Zola, comme dans le film Tsotsi. D'ailleurs, on pense assez fréquemment à Tsotsi... sans doute parce que je n'ai pas assez vu de films de ghetto.
Finalement, j'aime bien.

Pour l'agitation et le flou de l'image (il faut le dire!) c'est pour permettre aux effets spéciaux de paraître réels. Dans Transformers ou le Spielberg on a le même effet de flou et de saccades. ça évite l'image "jeu vidéo" même si c'est un peu agaçant.

"La guerre des mondes" ( ) est plus qu'une course poursuite quand même. Il y a des images "infernales" (cette église qui s'effondre dans la brêche, ce train en feu, ce styx avec ces corps à la dérive, cet exode et ces scènes de panique, ces créatures démoniaques mi serpents mi araignées...), une intensité des séquences d'action qui sont d'une maitrise hallucinante... Le final happy end gnangnan... et oui! Spielberg est assez nul avec la psychologie et il y a toujours un peu de mièvrerie. Son truc c'est le merveilleux qui émerge du quotidien. Mais si tu parles de la chute (leurs extinction par manque d'"immunité") je la trouve plutôt bonne! Ce film est surtout un très beau cauchemar.

La musique de District 9 c'est du plagiat d'Hans Zimmer mais ils n'ont pas trop poussé la gomme quand même ouf!!! (ceci dit Hans Zimmer a fait une bande son géniale avec "La ligne rouge").

Marko a écrit:

Pour l'agitation et le flou de l'image (il faut le dire!) c'est pour permettre aux effets spéciaux de paraître réels. Dans Transformers ou le Spielberg on a le même effet de flou et de saccades. ça évite l'image "jeu vidéo" même si c'est un peu agaçant.

"La guerre des mondes" ( ) est plus qu'une course poursuite quand même. Il y a des images "infernales" (cette église qui s'effondre dans la brêche, ce train en feu, ce styx avec ces corps à la dérive, cet exode et ces scènes de panique, ces créatures démoniaques mi serpents mi araignées...), une intensité des séquences d'action qui sont d'une maitrise hallucinante... Le final happy end gnangnan... et oui! Spielberg est assez nul avec la psychologie et il y a toujours un peu de mièvrerie. Son truc c'est le merveilleux qui émerge du quotidien. Mais si tu parles de la chute (leurs extinction par manque d'"immunité") je la trouve plutôt bonne! Ce film est surtout un très beau cauchemar.

La musique de District 9 c'est du plagiat d'Hans Zimmer mais ils n'ont pas trop poussé la gomme quand même ouf!!! (ceci dit Hans Zimmer a fait une bande son géniale avec "La ligne rouge").

Ca veut créer plus de réalité, cette agitation, mais je ne pouvais m'empêcher de me demander qui était ce type qui semblait être partout à la fois, avec sa caméra à l'épaule. Les gens doivent être habitués à penser que c'est ça, la réalité : il y a quelqu'un qui te filme. Comme dans les émissions de... téléréalité. Les gens parlent comme si le caméraman n'était pas là (certes, dans certains show, la caméra est cachée).
Ca fait "vrai", mais en même temps un peu bizarre.

Pour la musique, effectivement, c'est "alla Hans Zimmer", quand il compose au kilomètre...

Concernant La guerre des mondes, tu dois avoir raison... au cinéma. J'ai vu le film à la télé, et les images ne devaient pas avoir la même force. On voit un film (moi, en tout cas) de façon différente au cinéma et à la télé. Le scénario est plus important à la télé, car les images sont moins puissantes.

District 9, c'est en fait un film à petit budget : 30 millions de dollars.
Il en a rapporté 37 millions le premier week-end aux Etats-Unis.
C'est amusant qu'on puisse le comparer à la Guerre des Mondes, finalement.
Alors que c'est presque un film d'auteur...

eXPie a écrit:

Alors que c'est presque un film d'auteur...

Oui! Dans ce domaine tout est relatif
Mais pour terminer avec cette histoire de flou et de caméra portée... ça permet de ne pas s'attarder sur l'image et d'en voir l'artifice. Les films de zombis comme 28 jours après et 28 semaines après (très bons tous les 2) fonctionnent sur le même principe. La rapidité empêche finalement de bien regarder et donne une illusion de réalité. Par contre dans District je suis assez bluffé par l'animation des "crevettes". Et j'ai oublié dans mes comparaisons La mouche de Cronenberg qui est citée presque littéralement.

Vivement Avatar! Là on sera davantage dans de la féérie.

Marko a écrit:

Vivement Avatar! Là on sera davantage dans de la féérie.

Les effets spéciaux ont tellement progressé qu'on peut en avoir de bonne qualité pour pas cher.
A titre de comparaison : District 9 : budget : 30 millions de dollars ; Avatar : 300 millions de dollars (paraît-il ; initialement, c'était "seulement" 200).

Vu District 9. Pas grand chose à en dire. Efficace ? Sûr que le réalisateur vient de se faire une belle carte de visite pour entrer à Hollywood et diriger une franchise du style Xmen.

Vu District 9...

J'avais pas lu vos commentaires, pour ne pas trop m'influencer, mais j'avais l'impression d'en entendre des éloges partout autour de moi... alors je me demandais bien ce que les parfumés en tiraient de ce film.

Et je suis bien contente de constater qu'on est du même avis mitigé.

Alors pour résumé mes impressions premières et redire ce que vous avez déjà dit :
Comme Marko, pour le début docu comico-pathétique... j'ai eu peur. Je m'ennuyais ferme, et le fond était finalement aussi creux que la forme.

En fait ça prend un temps fou pour donner quelques informations qui auraient pu être données en quelques minutes. Mais ça doit être pour poser le style documentaire réaliste, caméra à l'épaule, témoignage, enquête... etc... et suspens (oui parce qu'il distille d'emblée l'information qu'il y a un truc pas net qui s'est passé).

En même temps ça sert à quoi de poser un truc style docu si c'est pour ne pas l'assumer franchement, ou sombrer dans des incohérences bizarres (comme dit eXPie - des moments où la caméra bouge, floute... etc... ça donne l'impression qu'il y a un caméraman, que c'est du docu, alors on se demande : mais comment ce gars est arrivé là ? Et pourquoi personne ne le voit ? Et qui c'est d'abord ? - Et puis, on "comprend" : en fait c'est la partie "film". C'est juste que Blomkamp avait du l'oublier lui aussi... ou tenter de nous immerger dans le truc mais sans prendre en compte qu'il faut quand même un parti pris : soit c'est le spectateur qui est dans l'action, soit c'est un blaireau à travers les yeux duquel le spectateur est dans l'action. Là on sait pas, ça embrouille, et c'est incohérent, et c'est chiant)


Pareil qu'eXPie quant aux incohérences ahurissantes question scénario!!! 20 ans qu'ils sont là et pas une seule petite armée révolutionnaire intelligente pour les sortir de la mouise ? Sur deux millions, ils sont... 2 + 1 enfant : wa.
Alors qu'ils fabriquent des armes de malades, qui ne fonctionnent qu'avec leur adn, ces armes sont aux mains de l'armée qui n'en fait rien, et les Crevettes trouvent pas le moyen de tout faire péter (alors que ça prend... 1 seconde au super héros à moitié mort et à l'extra terrestre sentimental...).

Alors oui, ok, c'était peut-être pour bien trancher dans le vif la comparaison avec l'exclusion, le racisme, les bidonvilles... mais bon... c'est PAS CREDIBLE.

Et ça me saoule que le gringalet concon devienne encore une fois un super héros balèze au grand cœur.
Et le gros militaire barbare qui aime faire des exécutions sommaires à tour de bras... mouaich'

Sinon ça s'emballe après, et là on n'a plus trop le temps de réfléchir, et puis c'est pas le but. Les effets spéciaux sont bien faits, les bonzhommes crevettes sont biens, l'histoire de fond est intéressante, la forme est pas mal aussi.
ça reste comme dit Marko, que ça aurait pu être 10 000 fois mieux...

Et c'est trop manichéen... pour un film qui se veut "intelligent" et divertissant, c'est con de sombrer dans le Pas Beau Méchant et le Tout Beau Gentil.

Je ne suis pas certaine que je le conseillerais en fait. Finalement je suis super déçue.

(Mais j'ai même pas remarqué la musique, pour une fois. Et je pense que c'est un bon point, non?)

Pffff...

J'irai pas le voir alors... J'en ai vraiment MARRE de ces films qui partent d'une bonne idée mal exploitée...

Ezechielle a écrit:

Pffff...

J'irai pas le voir alors... J'en ai vraiment MARRE de ces films qui partent d'une bonne idée mal exploitée...

Hier soir, j'ai réussi à dire à un copain : non, vraiment, n'y va pas...
C'est rare, surtout qu'il ne va pas souvent au ciné, et qu'il était motivé... j'aime pas trop freiné les gens dans ce genre d'impulsion... mais j'ai pesé le pour et le contre, et je crois qu'aujourd'hui si on me le demande je dirais d'éviter ce film, malgré ses points positifs.

Séance d'aujourd'hui : Elysium

En bonne fan de SF, et ayant adoré District 9 et son renouveau du genre (oui si un peu... un SF réaliste, et pleine de sueur et de poussière, on avait pas encore vraiment fait...).
Alors, c'est sûr qu'on ne renouvelle jamais un genre 2 fois en 2 films... mais hormis de "non effet de surprise", j'ai fort bien aimé ce film.
Et quoiqu'il se passe, il y a toujours la patte de Blomkamp, une photo "nette", sans grain ni coloration et ce côté "crade" et poussiéreux, qui témoignent de la même volonté de s'inscrire dans une réalité le plus proche possible de la nôtre, donc d'un futur possible (du coup, on est plus dans l'anticipation que dans le space opera type Star Wars) qui fait qu'on y croit d'emblée (surtout qu'il y a un eu du travail de recherche je pense quant aux choix des armes, notamment avec les exo-squelettes et l'utilisation des micro-ondes, et le rapport au "tout informatique").
On retrouve aussi le côté un peu "politique" de District 9 et un forme nouvelle d'apartheid (les riches et les pauvres cette fois), mais réaliste finalement...
Le scénario tient en haleine, l'action est tendue, pas une seconde de "perdue" et le film est relativement court pour un film de ce genre (1h50, alors que Star Trek, Man of Steel et consort font tous 2h/2h30) ce qui fait qu'on a pas trop le temps de regarder sa montre.
Et le casting est bien choisi, Jodie Foster est impeccable en reine des glaces prête à tout pour le pouvoir, et Matt Damon et crédible et humain dans son rôle de héros malgré lui...

Elysium de Neill Blonkamp

Citation :

En 2154, il existe deux catégories de personnes : ceux très riches, qui vivent sur la parfaite station spatiale crée par les hommes appelée Elysium, et les autres, ceux qui vivent sur la Terre devenue surpeuplée et ruinée. La population de la Terre tente désespérément d’échapper aux crimes et à la pauvreté qui ne cessent de ne propager. Max, un homme ordinaire pour qui rejoindre Elysium est plus que vital, est la seule personne ayant une chance de rétablir l’égalité entre ces deux mondes. Alors que sa vie ne tient plus qu’à un fil, il hésite à prendre part à cette mission des plus dangereuses -  s’élever contre la Secrétaire Delacourt et ses forces armées – mais s’il réussit, il pourra sauver non seulement sa vie mais aussi celle de millions de personnes sur Terre.

Je n'ai pas été convaincu par ce second film de Neill Blonkamp qui reprend des thématiques de District 9, la faute à un scénario à mon avis bâclé, à la fois naïf et démagogique. La dimension visuelle est aussi décevante, à travers une opposition binaire entre les deux décors (la Terre, Elysium) sans parvenir à construire un univers ambitieux. Le duel à distance entre Matt Damon et Jodie Foster éveille certes l'attention, mais l'accélération finale est tristement prévisible tant Blonkamp utilise tous les poncifs des blockbusters.

Avadoro a écrit:

Elysium de Neill Blonkamp

Citation :

En 2154, il existe deux catégories de personnes : ceux très riches, qui vivent sur la parfaite station spatiale crée par les hommes appelée Elysium, et les autres, ceux qui vivent sur la Terre devenue surpeuplée et ruinée. La population de la Terre tente désespérément d’échapper aux crimes et à la pauvreté qui ne cessent de ne propager. Max, un homme ordinaire pour qui rejoindre Elysium est plus que vital, est la seule personne ayant une chance de rétablir l’égalité entre ces deux mondes. Alors que sa vie ne tient plus qu’à un fil, il hésite à prendre part à cette mission des plus dangereuses -  s’élever contre la Secrétaire Delacourt et ses forces armées – mais s’il réussit, il pourra sauver non seulement sa vie mais aussi celle de millions de personnes sur Terre.

Je n'ai pas été convaincu par ce second film de Neill Blonkamp qui reprend des thématiques de District 9, la faute à un scénario à mon avis bâclé, à la fois naïf et démagogique. La dimension visuelle est aussi décevante, à travers une opposition binaire entre les deux décors (la Terre, Elysium) sans parvenir à construire un univers ambitieux. Le duel à distance entre Matt Damon et Jodie Foster éveille certes l'attention, mais l'accélération finale est tristement prévisible tant Blonkamp utilise tous les poncifs des blockbusters.

Ce n'est pas tant que Neill Blomkamp ait voulu refaire son District 9 avec de gros moyens mais les thématiques d'Elysium sont voisines toujours dans la métaphore du temps de l'Apartheid. On ne peut pas faire plus caricatural que ces deux mondes opposés, celui des nantis et celui des déshérités (on voit la même chose dans Upside Down) et malgré un savoir faire certain, le réalisateur ne parvient jamais à transcender son postulat simpliste. L'impression est celle d'un film écrit sur ordinateur avec l'injection de tous un tas d'ingrédients classiques de la SF humaniste : de l'action et de la violence, mais sans en rajouter, des clivages sociaux énormes, des tourments psychologiques, des héros en sursis et qui n'ont rien à perdre, une très légère touche sentimentale. Au demeurant, c'est efficace et sans grande surprises. A côté, Blade Runner semble encore 1000 fois plus moderne et pertinent.