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 Nicolas Machiavel [Philosophie]

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kali
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kali


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MessageSujet: Nicolas Machiavel [Philosophie]   Nicolas Machiavel [Philosophie] EmptySam 24 Oct 2009 - 17:23

Nicolas Machiavel [Philosophie] T065430a.th

Machiavel est né à Florence en 1469. Il reçoit une éducation humaniste (Antiquité grecque et surtout romaine). Il fait des études de droit.

L'époque est politiquement très troublée. L'Italie est riche mais divisée en petits états très instables, la proie facile des invasions étrangères.
De 1494 à 1527, ce sont les guerres d'Italie : l'Italie ne cesse d'être envahie et pillée (par les Français, les Espagnols, les Allemands, les Suisses ...)
Machiavel rêve d'une Italie unifiée dans laquelle la paix et la stabilité seraient garanties par un état fort. C'est ce qui le déterminera à écrire Le Prince.

De 1498 à 1511, il exerce les fonctions de secrétaire de chancellerie à Florence et se voit confier des missions politiques importantes et délicates dont il s'acquitte avec efficacité et fidélité.
En 1512, la chute de la république de Florence le fait tomber en disgrâce.
C'est pendant cet exil sur ses terres qu'il écrit ses grandes oeuvres politiques.

En 1526, il reprend des fonctions officielles.
Il meurt en 1527 sans avoir vu la réalisation de ses rêves politiques pour l'Italie.

Par Maryvonne Longeart, professeur de philosophie, pour le Lycée Ouvert de Grenoble (http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/articles.php?lng=fr&pg=9454)
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kali
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MessageSujet: Re: Nicolas Machiavel [Philosophie]   Nicolas Machiavel [Philosophie] EmptySam 24 Oct 2009 - 17:25

Le prince

J'ai lu Le prince dans le cadre d'une lecture commune, me disant que cela me motiverait à entrer dans cette oeuvre politique, de la Renaissance, par l'auteur qui a donné son nom au machiavélisme... Bref, que d'arguments qui me faisaient y aller à reculons.
J'ai donc été pour le moins surprise de découvrir une oeuvre si claire, si moderne, si intemporelle! Je ne regrette absolument pas de l'avoir enfin lue.
Resituons brièvement : Machiavel, ambassadeur florentin, a côtoyé les grands de son époque ; il a pu observer les Borgia père et fils, Louis XII, Ferdinand le catholique... et ce sont désormais les Médicis qui règnent sur Florence lorsqu'il écrit Le prince. Il dédie son oeuvre à Laurent.
Machiavel y analyse les stratégies politiques de ceux qui ont fait l'Histoire, en comparant certains illustres hommes de l'Antiquité à ceux qui étaient ses contemporains. Il tâche de comprendre pourquoi certains ont réussi là où d'autres ont échoué et en déduit une certaine ligne de conduite à tenir pour conquérir le pouvoir et le garder.
Puisque les hommes n'ont pas de morale et n'incarnent pas le bien, ceux qui les gouvernent n'ont pas non plus à suivre coûte que coûte le chemin de la morale. Est-ce machiavélique ou simplement le propre du détachement scientifique, qui observe sans s'émouvoir? Est-ce réellement pour aider Laurent de Médicis à affirmer et à étendre son pouvoir, ou est-ce une mise en garde pour le peuple?
Le fait est que je n'ai pas trouvé Machiavel si machiavélique! Certains de ses conseils sont amoraux, c'est certain ; mais n'est-ce pas simplement quitter le voile de l'hypocrisie pour parler de la politique telle qu'elle est, comme machine de pouvoir? La plupart des grands hommes politiques de l'Histoire n'ont-ils pas appliqué les préceptes décrits? C'est plutôt l'adjectif "cynique" qui m'est venu à l'esprit.

Quelques petits exemples :

Sur la nécessité de savoir être méchant :
Citation :
"La distance est si grande entre la façon dont on vit et celle dont on devrait vivre, que quiconque ferme les yeux sur ce qui est et ne veut voir que ce qui devrait être apprend plutôt à se perdre qu'à se conserver ; car si tu veux en tout et toujours faire profession d'homme de bien parmi tant d'autres qui sont le contraire, ta perte est certaine. Si donc un prince veut conserver son trône, il doit apprendre à savoir être méchant, et recourir à cet art ou non, selon les nécessités".

Pourquoi il vaut mieux être craint qu'aimé, si on ne peut obtenir les deux :
Citation :
"Vaut-il mieux être aimé que craint, ou craint qu'aimé ? Je réponds que les deux seraient nécessaires ; mais comme il paraît difficile de les marier ensemble, il est beaucoup plus sûr de se faire craindre qu'aimer, quand on doit renoncer à l'un des deux. Car des hommes, on peut dire générale ment ceci : ils sont ingrats, changeants, simulateurs et dissimulateurs, ennemis des coups, amis des pécunes ; tant que tu soutiens leur intérêt, ils sont tout à toi, ils t'offrent leur sang, leur fortune, leur vie et leurs enfants pourvu, comme j'ai dit, que le besoin en soit éloigné ; mais s'il se rapproche, ils se révoltent. Le prince qui s'est fondé entièrement sur leur parole, s'il n'a pas pris d'autres mesures, se trouve nu et condamné. Les amitiés qu'on prétend obtenir à force de ducats et non par une supériorité d'âme et de desseins, sont dues mais jamais acquises, et inutilisables au moment opportun. Et les hommes hésitent moins à offenser quelqu'un qui veut se faire aimer qu'un autre qui se fait craindre ; car le lien de l'amour est filé de reconnaissance : une fibre que les hommes n'hésitent pas à rompre, parce qu'ils sont méchants, dès que leur intérêt personnel est en jeu ; mais le lien de la crainte est filé par la peur du châtiment, qui ne les quitte jamais."

Je n'émets que deux seuls bémols : le premier est que j'ai dû souvent stopper ma lecture pour aller me renseigner un peu sur tel ou tel personnage, qui sont contemporains de l'auteur qui peut donc y faire référence sans avoir à le présenter, mais que moi-même je ne connais que de nom ; le second est que le traducteur de ma version a opté pour garder le "tu" italien là où le français dirait plutôt "on" ; pas un réel problème mais ça m'a un peu perturbée, parfois.

Cela dit, je maintiens mon avis selon lequel Le Prince est vraiment une oeuvre intéressante à lire. Outre le fait que cette oeuvre est d'un accès bien plus facile que je le pensais, j'ajoute qu'elle ne fait que 140 pages dans mon édition... pas de quoi être effrayé, donc.
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MessageSujet: Re: Nicolas Machiavel [Philosophie]   Nicolas Machiavel [Philosophie] EmptySam 24 Oct 2009 - 17:44

Kalistina, des gens comme Machiavel ou Marx ou Freud ou Nietzsche ou Clausewicz sont interprétés et parfois très abusivement.
Leur pensée devient système, loin de l' original...
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kali
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MessageSujet: Re: Nicolas Machiavel [Philosophie]   Nicolas Machiavel [Philosophie] EmptySam 24 Oct 2009 - 18:30

C'est la réflexion que je me suis faite, et que j'avais déjà eue à l'esprit en lisant je ne sais plus quel roman d'Amin Maalouf mettant en scène Mani, dont la pensée n'avait rien de manichéen!!!
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MessageSujet: Re: Nicolas Machiavel [Philosophie]   Nicolas Machiavel [Philosophie] EmptySam 24 Oct 2009 - 18:47

Ah oui, j’ai aimé cette œuvre. Et les citations que tu proposes, sont parmi celles qui m’ont le plus touchées. En voici d’autres ;
« Lorsqu’on prévoit le mal de loin, ce qui n’est donné qu’aux hommes doués d’une grandes sagacité, on le guérit bientôt, mais lorsque, par défaut de lumière, on n’a su le voir que lorsqu’il frappe tous les yeux, la cure se trouve impossible » ; « Le ressentiment et la crainte sont surtout ce qui rend les hommes ennemis. Véritablement, on ne peut pas dire qu’il y ait de la valeur à massacrer ses concitoyens, à trahir ses amis, à être sans foi, sans pitié, sans religion, on peut par de tels moyens acquérir du pouvoir, mais non de la gloire » ; « Mépriser l’art de la guerre c’est faire le premier pas vers sa ruine, le posséder parfaitement c’est le moyen de s’élever au pouvoir. »

J’ai longtemps hésité à lire ce livre ; en fin de compte quand j’ai vu que beaucoup de mes amis qui n’étaient pas lecteurs de romans, mais avaient lu Le Prince, et l’avaient admiré beaucoup, j’ai décidé d’en faire autant.
Ce n’était pas toujours clair, et comme je ne suis pas forte en histoire, je me perdais parfois quand il citait des événements historiques et analysait ses thèses.
En somme, j’ai pu me faire une idée sur l’art de gouverner, les intérêts des hommes, le caractère de l’être humain en général, et puis voir comment des traits qu’on estime contraires à la vertu, peuvent faire la gloire d’un peuple, ou bien le contraire, des vertus qui font perdre et échouer d’humbles hommes.
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MessageSujet: Re: Nicolas Machiavel [Philosophie]   Nicolas Machiavel [Philosophie] EmptyMar 27 Sep 2011 - 10:10

Pour comprendre Machiavel il faut vraiment lire Discours sur la première décade de Tite-Live et ensuite lire le Prince. Pourquoi ?
Tout simplement parce que le système de pensée fonctionne comme il aimerait que fonctionne la société : en conflit.
Pour Machiavel le conflit entre le peuple et le(s) dirigeant(s) est une émulation telle qu'elle est créatrice de pouvoir politique et de liberté de discussion. Pour lui, le meilleur moyen d'affirmer un régime politique est de mettre en opposition les libertés des différentes classes, le peuple et le prince. Il prend d'ailleurs souvent l'exemple de la plèbe, les représentants des peuples sous Rome, qui s'était révolté contre le Sénat car elle se sentait marginalisée et qui avait ainsi obtenu un statut politique important. Pour Machiavel c'est le meilleur usage du pouvoir et ce qui permet le meilleur fonctionnement de l'Etat. Cela empêche l'immoblisme. Dans le discours sur la première décade de Tite-Live la leçon est adressée au citoyen : il faut qu'il s'exprime et qu'il se batte pour imposer sa liberté et son prérogative politique. Dans le prince la leçon est faite au chef de l'Etat : comment préserver le pouvoir et la responsabilité suprême en tentant de contrôler la population.

Pour Machiavel aucun ne doit prendre le dessus sur l'autre sinon c'est l'anarchie si le peuple domine ou la tyrannie si le peuple est totalement opprimé. C'est en fait l'un des premiers philosophes à avoir mis en exergue la nécessité de pouvoir et de contre-pouvoirs.
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MessageSujet: Re: Nicolas Machiavel [Philosophie]   Nicolas Machiavel [Philosophie] EmptyMar 29 Jan 2013 - 0:58

L'ART DE LA GUERRE

Écrit entre 1519 et 1520, L’art de la guerre se présente comme un manuel des affaires militaires à destination du prince italien, d’où sa forme discursive. Nicolas Machiavel, dont je n’aurai pas ici l’impudence de rappeler l’influence sur les sciences politiques du XVIe siècle jusqu’à nos jours, y dispense les conseils susceptibles d’animer la virtù de tout général en chef. Par virtù, concept central de la pensée machiavélienne, il faut entendre la capacité humaine, éminemment politique, à s’adapter et à influer sur le cours des événements.

La lecture de L’art de la guerre peut parfois s’avérer fastidieuse, notamment lorsque l’auteur s’attarde à nous décrire par le menu sa composition idéale d’une armée, bataillon par bataillon, ou encore la manière de dresser un camp, avec les emplacements précis de chaque tente ou corps de garde. Heureusement la traduction proposée par La Pléiade ne tombe jamais dans le poussiéreux, et ravive la nature moderne de ce discours. La plume de Machiavel résume ainsi avec clarté tous les aspects quotidiens de l’ordonnancement militaire : l’armement, l’exercice des soldats, les dispositions tactiques, la garde d’un camp, le rôle des officiers, la manière d’organiser et d’assiéger les fortifications, les ruses de guerre, etc. Par ailleurs, n’oublions pas que Machiavel milite pour la constitution permanente d’une milice nationale de métier, seule armée capable, à ses yeux, d’assurer une certaine pérennité du pouvoir militaire. Cette milice nationale doit être composée prioritairement d’infanterie (piquiers, gens d’armes, vélites) : « il est hors de doute que le nerf d’une armée est l’infanterie ». Si cela ne l’empêche pas d’aborder de temps à autre l’utilisation de la cavalerie ou de l’artillerie, son ouvrage pêche dans l’absence d’une réelle pensée interarmes, enjeu qui se dégageait pourtant alors du conflit géographiquement proche de la Guerre de Cent Ans. À cette limite géographique de L’art de la guerre machiavélien, dont l’efficience est forgée dans le contexte historique des rivalités entre principautés italiennes, s’ajoute le peu de variété de ses sources d’influence. Le penseur florentin s’inspire en effet quasi exclusivement des méthodes de l’armée romaine antique, qu’il érige en exemple suprême. L’art de la guerre romain a bien sûr beaucoup de choses à nous apprendre, mais l’on peut toutefois regretter que Machiavel n’ait pas convoqué des exemples stratégiques tirés d’époques et de civilisations plus diverses. Il n’en reste pas moins qu’il relie ici de manière assez talentueuse les enjeux politiques du pouvoir régalien à l’impératif de professionnalisation des armées.


LA VIE DE CASTRUCCI CASTRACANI DA LUCCA

La vie de Castruccio Castracani da Lucca se lit comme un roman. Elle raconte la passionnante destinée de Castruccio Castracani, condottiere qui fut seigneur de la ville de Lucques de 1316 à 1328. Non content de raconter la vie mouvementée de ce grand capitaine italien, Nicolas Machiavel mêle la fiction aux faits historiques pour en dresser un véritable panégyrique, le plaçant même à la hauteur de Philippe de Macédoine et de Scipion l’Africain. « Il vécut quarante-cinq ans, et fit voir une grandeur d’âme digne d’un souverain, dans toutes les périodes de sa vie. (…) Comparable en sa vie à Philippe de Macédoine, père d’Alexandre le Grand, et à Scipion, ce célèbre enfant de Rome, il mourut à l’âge de ces deux héros, et sans doute il les aurait surpassé tous deux si, au lieu de naître à Lucques, il eût eu pour patrie la macédoine ou Rome. ». L’histoire de Castruccio Castrani nous ramène au cœur des complots et conflits armés qui mettaient alors aux prises les différentes principautés italiennes. Avec en toile de fond la vielle opposition entre Gibelins, Guelfes et leurs partisans respectifs pour le contrôle de la Toscane. Ce qui stupéfie chez Castruccio Castracani, c’est avant tout sa capacité, quel que soit le contexte, à adopter les meilleures dispositions militaires. C’est comme si, au vu des succès et des victoires qui s’accumulent dans son escarcelle, le condottiere lucquois ne faisait simplement qu’appliquer les maximes livrées par Sun Tse dans L’Art de la guerre. Ruses de guerre, division des ennemis, utilisation optimale de la topographie, répartition experte de ses troupes, ténacité dans l’adversité, tout y passe !

Mais l’auteur cherche ici à forger une légende, en écrivant une vie exemplaire à la manière de Plutarque et Pétrarque. Comme l'a rappellé Edmond Barrincou, Machiavel n’hésite ainsi pas à inventer tel ou tel personnage, à modifier la filiation de son héros, ou encore à résumer deux batailles en une seule (en l’occurrence la bataille de Serevalle, qui « mixe » en fait celles d’Altopascio et Montecarlo). En seulement trente pages, il démontre que l’historien des Histoires florentines ou du Discours sur la première décade de Tite-Live fut aussi un remarquable conteur de hauts faits.
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