Maria Edgeworth

Voici une femme de lettres assez rare pour son époque qui a su donner vie et vérité à la vie paysanne irlandaise qui était au centre de ses romans. C’est une écriture généreuse, non dépourvue d’humour et d’humanisme qui nous livre aussi les vices et les quelques vertus des grands de son époque.



Née en 1767 dans l’Oxfordshire, et elle est envoyée à Derby jusqu’à 14 ans pour y faire ses études. La mort de sa mère la rapporche de son père qui tient à ce qu’elle reçoive une éducation complète, ouverte à tous les types de littérature. Elle ira ensuite à Londres poursuivre ses études.

A 25 ans elle rejoint son père sur ses propriétés irlandaises à Edgeworthstown et devient son assistante pour diriger le domaine. C’est là qu’elle vient à connaître de façon intime la vie des paysans irlandais dont elle fera le centre de ses romans à venir. Elle joue aussi un rôle prépondérant dans l’éducation de ses frères et sœurs.

C’est en 1795 qu’elle publie son premier ouvrage sur l’éducation à donner aux femmes, un écrit révolutionnaire pour l’époque qui rejoint les vues de son père sur la question. Son premier roman Castle Rackrent sortira en 1800, et rencontrera un succès immédiat.

Admiratrice de Walter Scott elle le rencontre en 1825 et tous deux se feront des visites mutuelles, en Angleterre et en Ecosse. Maria ne se mariera jamais bien qu’elle ait été courtisée à plusieurs reprises. Elle écrira peu après 1817, à part pour une œuvre importante ‘Helen’ qui sera le premier roman dont l’héroïne se mêle de politique.

En 1845 La grande famine apparaît en Irlande et les Edgeworth feront ce qu’ils pourront pour aider leurs paysans à survivre. Eux-mêmes y survivront tout juste et Maria Edgeworth meurt à l’âge de 82 ans.

Castle Rackrent
Maria Edgeworth

Castle Rackrent se présente sous la forme de mémoires, les mémoire de ‘Old Thaddy’, le fidèle serviteur attaché au domaine de Castle Rackrent en Irlande, possédé par un aristocrate anglais. Old Thaddy raconte dans un anglais vernaculaire bien teinté d’expressions typiquement irlandaises, et parfois avec l’accent, comment les maîtres du domaine se succèdent et se ressemblent. C’est la jeunesse dorée aristocratique, qui boit, joue beaucoup et se livre à toutes sortes de vices en dilapidant l’argent que rapporte le domaine. En parallèle bien sûr, ils ne s’occupent pas de sa gestion. L’un après l’autre défilent après en avoir hérité, jusqu’à épuisement complet des fonds et la ruine, c’est alors le fils de Thaddy qui récupère le tout, à la grande honte de son père, qui sera jusqu’au bout dévoué à ses maîtres de oeu de vertu.
Un thème très en vogue au 18ème que celui de la jeunesse aristocratique très corrompue qui finit dans la destitution la plus complète, on leur donnait un nom ‘rake’.

Cette œuvre de fiction se lit presque d’une traite tant l’œil de Thaddy est vif et ne laisse passer que peu de choses, malgré une apparente bonhommie. Elle n’est vraiment pas difficile d’accès malgré son grand âge, les personnages y sont hauts en couleur et attachants et on ne manque pas de penser à Defoe et aussi aux peintures de Hogarth. En voici quelques reproductions. Tirées de The Rake's Progress depuis les fiançailles du bon-à-rien jusqu'à sa déchéance totale (il manque sûrement un ou deux tableaux).